Chapitre 30 : Vision terrienne ✔️
Après la discussion avec Arkadi, Maxim et Tom rejoignirent Élizabeth dans le vaisseau. Ils devaient lui transmettre les nouvelles informations reçues par le Proximien.
— Je pense que c'est un plan risqué, mais plus réaliste que celui avec un propulseur qui ne fonctionne qu'à moitié, conclut Tom à la suite des explications.
Élizabeth haussa les sourcils tout en se mordillant les lèvres.
— Vous croyez vous introduire là sans que personne ne vous remarque ? Si un tel endroit existe, ils doivent le surveiller logiquement, non ?
— Peut-être oui, répondit Maxim. Mais je n'ai vu qu'un seul garde à Austeen et il n'était pas armé. Arkadi est le seul Proximien que je connais qui se rapproche le plus d'un vrai garde, mais il a affirmé qu'il nous aiderait.
— Et Anya, est-ce qu'elle...
— Je préfère ne pas la mêler à ça, la coupa Maxim.
Ce qui lui valut un regard réprobateur de la part d'Élizabeth.
— Je pense qu'on ne perd rien à aller voir le site. On décidera une fois sur place, conclut Tom.
La pilote hocha la tête avant d'ajouter qu'elle resterait au vaisseau pour s'assurer que les Anciens ne viennent pas le réquisitionner à leur insu. Ils connaissaient peut-être l'emplacement. Le fait d'avoir quelqu'un sur place pourrait les empêcher de le revendiquer. Maxim était celui qui connaissait le mieux Proxima, il était donc logique qu'il les accompagne et Tom était le seul à savoir quelles pièces récupérer des vaisseaux proximiens.
Maxim sortit rejoindre Arkadi dehors. Il discutait avec Anya qui souriait légèrement. Une vague de colère monta en lui. Alors qu'il s'était inquiété pour elle toute la journée, qu'il croyait ne plus jamais la revoir, elle réapparaissait avec Arkadi dans ses jupes. Sans doute avait-elle passé la nuit avec lui, blottie dans ses bras, oubliant déjà ce qu'ils avaient partagé ensemble.
Il s'efforça de se calmer en marchant vers eux, mais tous les moyens qu'il employait en temps normal pour se tempérer ne fonctionnait plus depuis qu'il était sur cette foutue planète ! Ou peut-être depuis qu'il avait rencontré Anya...
Il prit tout de même une grande inspiration afin d'éviter toute confrontation inutile avec Arkadi. Il était le seul à connaître l'endroit de l'institut technologique.
— Tom et moi t'accompagnerons, annonça-t-il un fois près du couple. On décidera sur place si on tente le coup ou non. Tom est en train de ramasser ses outils, on part dans quelques minutes.
Arkadi acquiesça.
— Je viens aussi, lança Anya.
— Non ! ordonnèrent Maxim et Arkadi en même temps.
Maxim toisa Arkadi et retrouva dans son regard la même colère luisant sans doute dans le sien. Il finit par détacher ses yeux du Proximien et se tourner vers Anya.
— Il n'est pas question que tu brises une loi pour nous. Tu restes ici !
— À ma connaissance, il n'existe aucune loi qui interdit la promenade en forêt ! répliqua-t-elle, une lueur de défi dans ses iris rouge. Je viens avec vous et personne ne va m'en empêcher !
Maxim ne sut quoi dire d'autre, frappé par la colère et la détermination dans ses yeux. Il ne voulait pas qu'elle devienne une exclue, mais ne pouvait l'empêcher de prendre ses propres décisions. Arkadi tenta lui aussi de la raisonner, mais les foudres de la belle Proximienne s'abattirent encore plus fort sur lui.
Ils partirent donc tous les quatre vers le sud, d'abord en empruntant la route jusqu'à Austeen. Ils continuèrent par la suite dans la même direction au lieu d'entrer dans les premiers quartiers de la ville.
Maxim fut soulagé de constater que Tom arrivait à les suivre. Un œil averti aurait vu qu'il boitait encore légèrement, mais peut-être plus par précautions que pour éviter une douleur. Il semblait en outre apprécier le voyage, discutant avec Arkadi une bonne partie de la route. Anya, elle, s'était enfermée dans un mutisme impénétrable qu'il n'osa percer.
Ils s'arrêtèrent en chemin pour dormir quelques heures avant de repartir et déboucher, en milieu de journée, à un campement rudimentaire semblable à celui d'Anya. Un site de feu reposait près d'une cabane de bois très simple.
— Nous sommes au camp sud, leur annonça Arkadi. À partir d'ici, nous devons quitter la route et aller vers le sud-est. Lana ne doit pas être loin. Elle nous montrera le reste du chemin.
Arkadi fit le tour de l'endroit avant d'entrer dans l'habitation. Il en ressortit quelques minutes plus tard, mais se figea aussitôt près de la porte.
Un sourire énigmatique se dessina alors sur ses lèvres.
Soudain, Maxim sentit du mouvement sur sa gauche. Il tourna le regard, mais ne vit que la forêt.
— Ils sont plutôt mignons tes Terriens, Arkadi ! lança une voix sur sa droite. Je m'attendais à d'horribles monstres gluants.
Maxim sursauta et pivota en direction de la voix. Une grande femme élancée aux nombreuses tresses blondes et aux yeux aguicheurs se tenait devant lui. Elle ne portait qu'un cuissard et un foulard enroulé autour sa poitrine plus que généreuse.
Arkadi s'approcha en riant.
— Pas mal, petite sœur ! Tu m'as presque eu !
Il attrapa la jeune femme et de son poing lui frotta le cuir chevelu. Elle s'écarta aussitôt en protestant.
— Je te présente Tom et Maxim, reprit Arkadi. Et tu connais Anya bien sûr.
La nouvelle venue les salua tous de la tête.
— Bienvenue sur Proxima, roucoula-t-elle en accompagnant ses paroles d'un clin d'œil. J'espère que notre planète vous plaît.
— Oui beaucoup, lança Tom qui la dévorait des yeux sans vergogne.
Cette dernière effectua une révérence théâtrale puis tourna les talons et se dirigea vers la cabane, non sans accentuer le mouvement de ses hanches, ce qui attira encore plus le regard de Tom.
Maxim leva les yeux au ciel avant de retourner son attention sur Arkadi.
— Alors, on peut repartir ?
— Oui, dès que Lana est prête.
Celle-ci sortit de la cabane quelques minutes plus tard, vêtue plus convenablement. Elle avait enfilé un pantalon de cuir et une tunique sans manches, semblable à celle d'Anya, bien que plus courte. Un arc et une ceinture chargée de petits couteaux bien affutés complétaient sa tenue. Maxim fut soudain frappé par sa ressemblance avec Arkadi.
— Allez ! C'est par ici, les guida-t-elle tandis qu'elle s'enfonçait dans la forêt.
Le groupe la suivit pendant un long moment avant d'arriver à l'orée d'une vaste clairière artificielle. Et au milieu de celle-ci, se dressait une vision qui leur rappelait la Terre.
Plusieurs bâtiments de bétons étaient entourés d'une immense clôture de métal. Entre les édifices, une grande cour contenait des dizaines de vaisseaux et véhicules de toutes sortes. On pouvait également y déceler de l'activité humaine. Certains motorisés se déplaçaient ainsi que des gardes, surtout aux abords des grillages.
— Bon Dieu de merde ! s'exclama Tom. On dirait une base militaire ! Est-ce qu'Austeen ressemble à ça également ?
Maxim secoua la tête.
— Non, plus à un village de la Renaissance. On se croirait sur la Terre ici plutôt que sur Proxima. Si on fait abstraction de la forêt autour...
— J'avoue que je n'ai jamais rien vu de tel non plus, murmura Arkadi.
Ce dernier se pencha vers Anya qui observait la base.
— Peux-tu mémoriser les plans de cet endroit pour mieux planifier notre intervention ?
Anya hocha la tête.
— Je vais faire le tour pour l'analyser.
— Je viens avec toi, annonça Lana.
Avant même que Maxim ne puisse s'y opposer, elles partirent toutes les deux vers le nord, en prenant bien soin de toujours rester à la lisière de la forêt, à l'abri des regards. Maxim les suivit des yeux du mieux qu'il le put à travers les feuilles des arbres. Toutefois, il les perdit de vue lorsqu'elles arrivèrent de l'autre côté de la base. Le temps parut très long jusqu'au moment où il crut apercevoir du mouvement dans les buissons du sud. Elles finirent par réapparaître près d'eux sans s'être fait repérer.
— Je pense qu'on a une bonne idée de l'endroit, déclara Lana dès qu'elles parvinrent à leur hauteur.
— Parfait ! Retournons à ton campement, Lana, pour qu'Anya puisse nous dessiner le plan, proposa Arkadi.
Maxim se sentit tout à coup complètement inutile et Tom sembla partager cette sensation à en croire le regard qu'il lui lança avant de reprendre la direction du camp.
Arrivée là-bas, la sœur d'Arkadi donna un papier jaunâtre ainsi qu'un crayon à Anya. Celle-ci s'installa sur une surface plane près de la cabane et s'affaira à reproduire la base.
Maxim ne put s'empêcher de s'approcher d'elle et jeter un coup d'œil par-dessus son épaule pour observer les traits qu'elle dessinait avec agilité sur le papier. Lorsque son odeur fruitée caressa ses narines, un frisson le parcourut et sans trop s'en rendre compte, il se pencha davantage. Elle s'arrêta net et tourna la tête vers lui. Leurs regards se croisèrent, la cage thoracique de Maxim se compressa.
Elle scruta son visage à la recherche de quelque chose. Maxim se figea, ne sachant quoi dire. Il ouvrit la bouche puis la referma lorsqu'il prit conscience que leur petit groupe était attroupé près d'eux. La déception se lut sur ses traits et dans ses yeux gris. Elle baissa à nouveau son regard sur le dessin pour continuer, mais avec moins d'entrain.
Maxim, confus, laissa la place à Tom qui souhaitait également observer le travail d'Anya. Il entreprit d'arpenter le camp en attendant qu'elle ait terminé, tentant de remettre de l'ordre dans ses idées. Il en voulait à Anya de s'être jetée dans les bras d'Arkadi après l'annonce de son départ imminent, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir le besoin d'être près d'elle, de s'envelopper de son odeur, de la voir sourire, comme si... comme si...
Comme s'il l'aimait.
Oui, il l'aimait.
Et les deux dernières lunes sans pouvoir la toucher, l'embrasser ou la sentir contre lui avaient été un supplice. Il réalisa soudain que ce serait encore pire lorsqu'il quitterait Proxima. Ce serait une éternité sans pouvoir la serrer dans ses bras.
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