Chapitre 29 : Message d'Arkadi ✔️

Après le départ de Maxim vers la cabane, Anya demeura assise un long moment à regarder le feu. Elle n'avait aucune envie d'aller dormir.

Il allait partit quand même. Il allait désobéir au Conseil malgré la peine encourue. Il préférait risquer sa vie plutôt que rester ici, avec elle.

Un soupir s'échappa de ses poumons. Elle s'était attachée trop vite à lui et s'en voulait terriblement. À quoi avait-elle pensé ? Elle savait très bien qu'il ne pourrait vivre ici à tout jamais, qu'il désirait repartir.

Peut-être avait-il eu simplement l'envie de s'amuser avec elle, sans trop réfléchir au lendemain ? Elle se trouvait stupide de ne pas avoir pensé plus loin que le désir qui l'attirait vers lui. De ne pas avoir songé que si elle y succombait, elle développerait des sentiments. Mais ces sentiments étaient bien là. Ils lui compressaient la poitrine, l'empêchaient de respirer et noyaient ses yeux dans l'eau.

Elle secoua la tête pour évincer les larmes qui voulaient encore faire surface. Elle devait mettre une croix sur Maxim et se changer les idées. Elle fit ce qu'elle avait toujours fait lorsque les émotions étaient trop fortes : s'occuper et s'isoler jusqu'à ce que toutes traces de douleur disparaissent.

La lune était déjà haute, mais c'était l'avantage de vivre dans une région au soleil éternel : elle pouvait chasser quand elle le voulait. Elle récupéra ses armes à l'intérieur où tout le monde semblait déjà dormir et quitta le campement en espérant laisser derrière elle sa peine.

Elle marcha plusieurs heures dans les bois, récoltant les proies dans les collets ou pistant un animal. Après quelques heures de traque inattentive, elle abandonna l'idée d'attraper quoi que ce soit. Elle se rafraichit près d'un ruisseau un peu avant le coucher de la lune puis s'adossa à un arbre et ferma les yeux quelques instants.

Elle sursauta, réveillée par le bruit d'une petite bestiole qui passa tout près. Elle ignorait combien de temps elle avait dormi, mais la lune n'était plus dans le ciel. Maxim, Élizabeth et Tom devaient être levés. Elle attrapa son équipement et se dirigea vers le campement.

En arrivant à la cabane, elle réalisa qu'il n'y avait plus aucune trace des Terriens. Ils avaient ramassé leurs affaires et défait leur couche. La petite pièce était maintenant comme elle l'avait toujours été, vide et silencieuse.

Elle s'empressa d'aller voir dans la remise et constata qu'ils étaient partis avec les réserves de nourriture qu'ils avaient emmagasinées pour leur voyage de retour. Ils ne reviendraient pas au campement. Elle ne pourrait pas dire adieu à Maxim ou l'embrasser une dernière fois.

Anya tenta de contrôler les larmes qui menaçaient de s'emparer encore une fois de ses yeux, mais c'était peine perdue. Elle s'assit un instant près du jardin et essaya de se raisonner. Elle avait vécu de bons moments, avait développé des sentiments qui finiraient par s'éteindre, malgré la douleur qui lui déchirait la poitrine. Elle devait reprendre sa vie là où elle l'avait laissée plusieurs lunes plus tôt, avant l'arrivée des Terriens.

Elle finit par se convaincre de s'occuper l'esprit encore une fois et entreprit de dépecer les tamins qu'elle avait trouvés dans ses collets et nettoyer les peaux, mais sans grand enthousiasme.

En fin de journée, alors qu'elle revenait de la rivière, elle aperçut Arkadi sortir de la cabane.

— Ah ! je te cherchais, lança-t-il pendant qu'elle remontait la pente. Où sont les Terriens ?

— Ils sont partis.

— Tu veux dire qu'ils ont quitté Proxima ?!

Anya faillit lui répondre que oui, mais se souvint soudain de la demande que lui avait faite Maxim avant de quitter le feu hier. Elle devait garder leur départ secret.

— Je ne pense pas. Ils ne sont plus ici, c'est tout.

— J'ai un message à leur transmettre. Ils doivent être à leur vaisseau ? Tu peux venir avec moi ? Il y a plus de chances qu'ils m'écoutent si tu es là.

Anya hésita. Elle voulait revoir Maxim une dernière fois, mais peut-être que lui n'en avait pas envie. Il était parti sans lui dire au revoir, il l'avait rejetée, préférant mourir dans l'espace plutôt que rester ici avec elle. Elle ne souhaitait pas qu'il la voie pleurer à nouveau.

Elle secoua la tête.

— Je n'ai pas très envie.

— S'il te plaît Anya, la supplia-t-il avant d'utiliser son sourire enjôleur. Alexander risque de me trucider si je ne leur transmets pas et je crois que sans toi, ils ne m'écouteront pas.

Elle finit par accepter à contrecœur, n'ayant jamais pu résister aux supplications d'Arkadi. Elle ramassa son arc, sa ceinture de voyage et prit le chemin de la navette, Arkadi sur ses talons.

Une boule d'angoisse se formait dans son ventre à chaque pas qui la rapprochait de sa destination. À quelques mètres du site, le nœud avait remonté jusqu'à sa gorge et l'empêchait de respirer.

Son cœur bondit dans sa poitrine lorsqu'elle entendit au loin la voix de Maxim qui s'adressait à ses amis. Il n'était pas encore parti ! Sans même le réaliser, elle accéléra la marche et traversa les derniers bosquets avant de voir le vaisseau ainsi que Maxim et Tom qui soudaient la coque.

Tom l'aperçut et arrêta son travail pour la saluer de la main. Maxim tourna la tête dans sa direction. Leurs yeux se croisèrent. Une lueur de joie anima ses yeux bruns et un sourire de soulagement se dessina sur ses lèvres. Il lâcha la torche de soudure et se précipita vers elle, mais s'arrêta net après quelques pas. Son regard s'assombrit tandis qu'il fixait un point derrière elle.

Arkadi venait de sortir des bois.

Ce dernier s'approcha et dépassa Anya.

— Pour des Terriens qui ont l'interdiction de partir, vous semblez très actifs sur la réparation du vaisseau, se moqua-t-il.

Maxim serra les dents et braqua son regard vers Anya.

— Je croyais t'avoir demandé de ne rien dire.

Son ton froid et accusateur la fit sursauter.

— Je n'ai rien dit, se défendit-elle. Arkadi a quelque chose à vous dire d'important.

Maxim fit signe à Arkadi de parler, même si tout son corps trahissait sa colère et son désintérêt pour ce qu'il avait à dire.

— Il y a quelques lunes, Alexander est venu me voir à mon campement. Il m'a demandé de recueillir quelques renseignements pour lui.

Il fit une pause théâtrale, fixant Maxim dans les yeux.

— Il voulait que j'aille voir mes consœurs et confrères éclaireurs pour valider une rumeur. Alexander est persuadé qu'il existe un institut technologique près d'Austeen.

— Et... ? grogna Maxim qui semblait irrité et impatient d'en finir avec cette conversation.

Arkadi se renfrogna

— C'est pas un propulseur plasma que vous cherchez ?! C'est là que vous allez le trouver !

— Tu veux dire qu'ils pourraient s'en procurer un là-bas ? l'interrogea Anya.

— Procurer, je ne sais pas. Voler, certainement. Selon Lana, il y aurait une panoplie de vaisseaux, véhicules motorisés, armes et d'autres trucs qu'elle n'a jamais vus.

— C'est notre chance Maxim, approuva Tom en s'approchant. Il y aura sûrement des propulseurs ou les pièces manquantes pour réparer le nôtre.

Maxim se frotta les sourcils.

— Est-ce que tu peux nous indiquer où c'est ? grommela-t-il après un certain temps.

Arkadi jeta un œil à Anya, avant de lui répondre.

— Oui, mais il faudrait agir vite. Lana m'a dit qu'il semblait y avoir plus d'activités qu'à l'habitude. Ils préparent quelque chose.

Un silence tomba sur le groupe. Maxim regarda Tom puis revint vers Arkadi :

— Comment savoir si tu nous dis la vérité ?

Arkadi éclata d'un rire méprisant avant de bomber son torse et s'avancer vers Maxim pour le défier. Il avait une tête de plus que lui et le surplombait de toute sa stature.

— Je n'ai pas une once de mauvaise foi dans mes gènes. Je ne mens jamais. Et plus vite vous partirez, mieux ce sera pour tout le monde.

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