Chapitre 25 : La virilité de la fertilité ✔️

Anya se réveilla dans les bras de Maxim qui semblait encore dormir profondément. Sa respiration calme et sereine sur sa nuque ne pouvait faire autrement que gonfler sa poitrine de bonheur. Elle profita quelques instants de sa chaleur de la quiétude du moment.

Mais bientôt, la faim la rappela à l'ordre et elle finit par gigoter pour se libérer de ses bras. Ce fut peine perdue, car ceux-ci se refermèrent plus fort sur elle.

— Non, tu restes ici, grommela Maxim qui déposa un baiser sur sa nuque.

— Jusqu'à quand ? gloussa-t-elle.

— Pour toujours, chuchota-t-il en lui mordillant l'oreille.

Anya frissonna de plaisir en riant et se retourna pour l'embrasser. C'est ce moment que choisit Stuart pour cogner.

— Le déjeuner est servi, Dame Anya, annonça sa voix étouffée par la porte. Lord Alexander vous attend en bas.

— D'accord ! Merci, Stuart ! répondit Anya en sautant du lit pendant que Maxim avait baissé la garde.

Ce dernier grogna, mais finit par se lever pour s'habiller.

***

Après déjeuner, Anya amena Maxim dans le quartier des artisans pour faire quelques courses. Ils commencèrent par aller à l'échoppe de Dimitri afin d'échanger les peaux contre des crédits. Ce dernier ne manqua pas de remarquer la nouvelle complicité entre Maxim et Anya et ne se gêna pas pour les taquiner à maintes reprises pendant la transaction.

Ils passèrent ensuite chez Feng, une vieille amie qui travaillait maintenant comme forgeronne. Maxim expliqua ce dont il avait besoin à celle-ci ainsi que les dimensions nécessaires pour couvrir la partie endommagée du vaisseau. Feng proposa à Maxim un métal résistant à la chaleur souvent utilisé par les souffleurs de verre. Devant son hésitation, elle le rassura sur ses propriétés thermiques et lui promit que la pièce serait prête le lendemain, en fin de journée.

Le dernier arrêt qu'ils devaient faire dans le quartier était l'apothicaire. Ils entrèrent dans la boutique encombrée d'étagères remplies de différentes bouteilles de toute forme et grandeur. Chacune d'elles était soigneusement identifiée à l'aide d'étiquettes écrites à la main. Anya se dirigea sans s'attarder vers le comptoir pour parler préposé.

— Bonjour ! J'aimerais un traitement d'infertilité.

L'apothicaire, un homme d'un certain âge au crâne dégarni, lui sourit gentiment. Il déposa le contenant qu'il tenait dans les mains.

— Oui, bien sûr ! Pour combien de temps ?

Anya regarda Maxim pour avoir son opinion, mais celui-ci lisait les renseignements sur une fiole qu'il avait pris dans une étagère. Il ne prêtait pas du tout attention à la conversation.

Anya se retourna vers le commis.

— Un mois, je pense.

— Parfait ! Monsieur, si vous voulez bien me suivre.

Maxim se tourna vers le préposé, manifestement surpris.

— Vous suivre pour... ?

— Pour le traitement, répondit Anya. Je croyais que tu étais d'accord ?

— Un traitement ? Un traitement de quoi ?

— De Tripterygium, Monsieur, déclara l'apothicaire d'un air suffisant. C'est une plante qui ralentit vos spermatozoïdes. Ainsi, ils n'atteignent pas l'ovule. Est-ce la première fois pour vous ?

Anya vit la couleur quitter le visage de Maxim. Il hocha la tête, plus blanc que neige. Elle n'aurait jamais pensé qu'il était du genre à craindre les aiguilles.

— Et euh... il n'y a rien qu'elle pourrait prendre à la place, bégaya-t-il.

Le préposé regarda Maxim avec horreur.

— Non ! Cela pourrait affecter sa fertilité à long terme, c'est inconcevable !

— Et la mienne ? grommela Maxim, probablement plus pour lui que pour l'homme devant lui, mais celui-ci l'avait entendu et lui répondit avec mépris.

— La fertilité d'un homme est remplaçable par un autre homme. Si une femme devient infertile, c'est une génération complète qui risque de ne jamais voir le jour.

Maxim regarda Anya, toujours aussi livide et hésitant :

— Le préservatif n'existe pas ici ?

— Le quoi ?

Ses yeux s'arrondirent et ses joues s'empourprèrent.

— C'est euh... un genre de truc qu'on met sur mon machin, tu vois...

Anya arqua un sourcil. Un truc, un machin. De quoi parlait-il ?

— Ça protège contre les grossesses et contre les maladies qu'on pourrait s'échanger.

Anya secoua la tête, complètement perdue. Par chance, le préposé sembla comprendre.

— Vous viviez dans une caverne pour ignorer que les infections sexuelles ont disparu depuis la quatrième génération ?

Les yeux de Maxim s'arrondirent encore plus, assez pour qu'Anya craigne qu'ils ne lui sortent de la tête.

— Alors Monsieur, vous désirez le traitement oui ou non ? reprit l'apothicaire d'un ton impatient.

Il releva un rideau qui se trouvait près du comptoir pour inviter Maxim à y entrer.

Anya caressa gentiment l'épaule de Maxim pour le rassurer, bien qu'elle ne comprenait pas ses craintes. Elle lui fit signe d'y aller, ce qu'il accepta non sans jeter un dernier regard inquiet vers elle.

Il ressortit de la petite pièce quelques instants plus tard, l'air morose.

— Le traitement devrait avoir son plein effet dans deux lunes. D'ici là, veillez à prendre les précautions nécessaires, récita le préposé de manière automatique.

— Merci, Monsieur, lança Anya avant de quitter la boutique derrière Maxim qui paraissait impatient de s'enfuir de cet endroit.

Le reste de la journée fut consacrée à quelques achats de provisions dans des commerces malgré l'humeur maussade de Maxim depuis leur visite chez l'apothicaire. Elle tenta de le faire parler pour comprendre ce qui n'allait pas, mais tout ce qu'elle réussit à faire sortir de sa bouche furent des grognements et les mots « viril » et « confiance ».

Anya n'arrivait pas à saisir pourquoi le traitement l'avait rendu si renfrogné. Tous les Proximiens en âge de concevoir passaient par là, et ce, à de multiples reprises. Ce n'est pas comme si la virilité d'un homme se résumait à sa capacité de procréer, du moins pour le prochain mois. Celle-ci se mesurait plutôt avec ses paroles et les gestes qu'il posait, de la manière dont il prenait soin des autres et de sa famille. C'était sans doute une question de culture. Ou peut-être de la crainte face aux connaissances médicales des Proximiens, ce qui était compréhensible bien sûr. Quoi qu'il en soit, elle s'efforça le plus possible de lui changer les idées et l'amena visiter quelques coins de la ville qu'elle appréciait tout particulièrement, comme le parc central, l'Académie, le Palais et le marché public.

Après cette tournée, Maxim semblait de meilleure humeur et recommença même à lui poser des questions sur l'architecture de certains bâtiments et les variations de passants qu'ils croisaient dans la rue. Ils terminèrent la journée avec un bon repas en compagnie de son grand-père et de Stuart bien sûr, qui se fondait, comme toujours, dans le décor de la salle à manger.

Durant le repas, Alexander leur expliqua en détail comment se déroulerait la séance du Conseil le lendemain et les renseigna sur les membres qui le constituaient. Maxim écouta les informations attentivement. Il s'efforçait de paraître calme, mais tout son corps le trahissait. De ses muscles tendus jusqu'à sa mâchoire qui se contractait à intervalle régulier. Anya n'avait qu'une seule fois fait face au Conseil et c'était lors de son déclassement. Elle s'imaginait très bien l'angoisse qu'il pouvait ressentir alors que sa vie et celles de ses compagnons allaient se jouer devant de parfaits inconnus. La journée de demain s'annonçait forte en émotions autant pour Maxim que pour Anya qui, secrètement, hésitait sur la décision qu'elle espérait du Conseil. 

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