Le lendemain, Maxim fut réveillé par les bruits ambiants de la cuisine et les chuchotements de Tom et Élizabeth. Il avait dormi profondément, un sommeil bien différent de la nuit dernière. Certes, s'endormir avec Anya dans ses bras aurait été encore plus agréable, mais il ne voulait pas créer de malaise vis-à-vis ses compagnons. Il était donc resté sagement sur sa couche. À son plus grand malheur.

Il s'étira puis s'assis en tailleur sur ses fourrures. Voyant qu'il était réveillé, Anya lui apporta une assiette d'œufs frits et de fruits mauves qu'elle déposa près de lui, mais avant qu'elle ne puisse se sauver, il attrapa sa main. Elle leva un regard mi-rose, mi-violet vers lui.

— Tu as bien dormi, murmura-t-il.

— Très bien, répondit-elle tout bas.

Un sourire timide ornait ses lèvres.

Sans quitter son regard, il embrassa sa paume. Ses joues se teintèrent délicieusement de rouge et l'idée de la renverser sur sa couche et de s'emparer de sa bouche lui passa par l'esprit. Il dut toutefois se résoudre à la laisser repartir vers la cuisine.

— Anya, lança Tom de la table, nous aimerions commencer à préparer des provisions pour notre voyage de retour. Tes conseils et ton aide seraient les bienvenus. Nous devons avoir des aliments qui se préservent longtemps. Sur Terre, on nous fournit des sachets de nourriture déshydratée, mais je doute qu'on puisse en trouver ici.

— Combien de temps vous faudra-t-il pour revenir sur Terre ? demanda Anya après avoir réfléchi un instant.

— En fait, nous visons Titania, la lune minière la plus proche d'ici, répondit Élizabeth. Une fois là-bas, ils pourront nous réapprovisionner afin de continuer jusqu'à la Terre. Selon mes calculs, c'est un voyage de huit mois.

— Je ne connais pas la durée d'un mois terrien, mais la viande séchée, à l'abri de l'humidité, peut se conserver quatre à cinq séries éclipses. Vous pourriez amener également des fruits séchés en grande quantité, des noix et certains légumes qui se conservent longtemps.

Maxim, qui avait beaucoup lu à ce sujet grâce aux livres d'Alexander, se joignit à la conversation.

— Si j'ai bien compris, vos mois sont plus courts que les nôtres. Environ vingt-quatre jours terriens entre chaque série d'éclipses.

Anya hocha la tête.

— Je peux vous donner une bonne quantité de viande. Maxim et moi en avons fait sécher beaucoup dans les derniers jours. Plus que j'en aurai besoin quand vous serez partis...

Elletourna soudain son regard vers Maxim. Il fut étonné d'y voir des iris teintésde gris, couleur qu'il n'avait vue qu'une seule fois auparavant, lorsqu'ellelui avait parlé de ses parents auprès du feu. Peut-être venait-elle de réaliserqu'ils partiraient bientôt? Ce qui signifiait que la passion qu'il avait partagéehier n'était que passagère.

— On a encore le temps de faire sécher des fruits ? questionna Élizabeth, sans remarquer l'échange silencieux entre Maxim et Anya.

Cette dernière quitta le regard de Maxim pour revenir vers Élizabeth.

— Ça prend environ huit lunes.

— C'est parfait, alors on devrait commencer dès aujourd'hui.

— Maxim doit retourner à Austeen dans quelques jours pour rencontrer les Anciens, ajouta Tom. Il pourrait nous rapporter quelques provisions en plus de la pièce de métal pour la coque ?

— Oui, sûrement, approuva Maxim d'une oreille distraite, le regard toujours tourné vers Anya.

Tom et Élizabeth continuèrent à discuter des préparatifs pour le voyage de retour, mais Maxim n'y prêta plus attention. Il observait Anya assise sur son lit qui enfilait ses bottes en silence. Elle attrapa ensuite son arc, une poche de linge et sortit.

Maxim, encore en caleçon sur sa couche, engouffra son petit-déjeuner manquant de peu s'étouffer. Il sauta dans son pantalon, ramassa sa chemise et fila à l'extérieur.

Une fois dehors, il chercha Anya des yeux, mais elle n'était pas à proximité de la cabane. Il alla voir au jardin puis dans la remise, mais la trouva finalement sur le bord de la rivière. Elle avait retiré sa tunique et n'était vêtue que de son cuissard noir et du foulard qui enveloppait sa poitrine. Les mains dans sa chevelure, elle s'affairait à dénouer sa longue tresse épaisse.

Maxim alla la rejoindre, en s'assurant de faire le plus de bruit possible pour l'informer de sa présence. Elle ne se retourna pas, mais ses doigts ralentirent leurs mouvements. Il s'approcha jusqu'à être derrière elle et lui caressa la nuque tendrement.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-il d'une voix douce.

Elle pivota et posa ses yeux gris sur lui.

— Vous pensez partir bientôt, n'est-ce pas ?

— Je ne sais pas, avoua-t-il en haussant les épaules. Tom et Élizabeth pensent que oui, mais il faudra d'abord mettre la main sur un propulseur. On en saura davantage dans quelques jours quand nous irons à Austeen.

Anya ne sembla pas satisfaite de sa réponse. Elle se retourna vers la rivière sans un mot. Voulant la rassurer, Maxim embrassa doucement sa nuque puis enroula ses bras autour de sa taille. Il l'attira vers lui et la serra contre son torse avant de déposer un baiser dans ses cheveux qui sentaient les petits fruits.

— Toutefois, une chose est certaine, chuchota-t-il. Je souhaite passer tous les jours qui me restent sur Proxima en ta compagnie.

Elle s'accrocha à ses bras, laissant son poids basculer vers l'arrière pour mieux reposer sur lui. Ils restèrent un moment en silence, leurs yeux rivés sur la rivière qui murmurait à leurs oreilles les mots qu'ils leur manquaient. Ce moment figé dans le temps, Maxim aurait aimé qu'il dure pour toujours. Il ignorait la date de son départ ni même s'il arriverait à repartir, mais il préférait ne pas y penser. Tout ce qu'il voulait là, maintenant, était de profiter du bonheur de pouvoir enfin tenir Anya entre ses bras.

Malheureusement, celle-ci finit par se détacher de lui et se retourner. Ses yeux avaient repris leur nuance bleue habituelle. Ses cheveux bouclés, à présent dénoués, reposaient somptueusement sur ses épaules. Maxim ne put s'empêcher de tendre la main pour les toucher, appréciant leur douceur.

— Tu es magnifique.

Un sourire timide étira ses lèvres, ses yeux prenant une teinte violette.

— J'allais me laver, annonça-t-elle d'une voix hésitante. J'aimerais que tu te retournes un moment.

Maxim ne put retenir un haussement de sourcil avant de lui obéir, même si la tentation était forte de jeter un coup d'œil par-dessus son épaule. Quelques instants plus tard, il l'entendit s'enfoncer dans l'eau.

— Tu viens me rejoindre ?

Maxim se retourna et vit que le reste de ses sous-vêtements reposaient sur la berge. Aussitôt, il regarda vers la rivière. Anya était nue dans une eau qui n'était pas assez translucide à son goût. Même s'il ne pouvait qu'imaginer les courbes alléchantes de la belle Proximienne sous l'eau trouble, son corps lui s'en foutait, car une décharge électrique le parcourut de haut en bas.

Sans attendre, il retira sa chemise et son pantalon pour aller la rejoindre. Il s'enfonça jusqu'au genou et l'eau, plus froide qu'à l'habitude, le fit frissonner. Il ralentit ses ardeurs et laissa à sa peau le temps de s'acclimater.

— Tu n'enlèves pas ton caleçon ?

Surpris, Maxim leva les yeux vers elle. Il étudia son regard qui brillait d'une teinte verte invitante. Un instant, il pensa lui demander de se détourner elle aussi, pendant qu'il retirait son dernier morceau de linge, mais il se ravisa. Le regard gourmand d'Anya en était la cause. Il descendit son caleçon, dévoilant de ce fait son sexe en érection, puis continua la progression vers ce qu'il considérait maintenant comme sa proie.

Elle le reluqua, sans gêne, pendant qu'il entrait plus profondément dans l'eau et finit par le rejoindre de quelques coups de brasses. Une fois à sa hauteur, il l'attira à lui et l'enlaça sans plus attendre. Il se délecta de la chaleur de son corps contre le sien, de ses seins pressés sur son torse. Anya passa ses bras autour de son cou en même temps qu'il s'empara de ses lèvres avec avidité. Elle répondit à son baiser avec la même ardeur, entrouvrant la bouche pour qu'il puisse y passer la langue et jouer avec la sienne.

Lorsqu'il sentit sa toison effleurer sa chair dure, il faillit perdre tout contrôle. Toutefois, sans qu'il ne sache comment, il réussit à réfréner ses instincts primaires et concentra ses efforts à lui caresser le dos. Bien vite, il glissa les mains plus bas jusqu'à atteindre ses fesses rebondies qu'il pétrit sans ménagement et, sans doute attisée par la caresse, Anya remonta une jambe et l'enroula autour de sa taille, l'amenant plus près que jamais de l'entrée tant convoitée. Sans réfléchir, il roula langoureusement des hanches, caressant son entrejambe avec son sexe. Aussitôt, cela déclencha un doux gémissement chez Anya qu'il étouffa par sa bouche sur la sienne. Il poursuivit son mouvement de bassin, retardant le moment avant de pouvoir la pénétrer.

— J'aimerais te sentir en moi, gémit-elle entre deux baisers, mais c'est risqué.

— Risqué ...? murmura-t-il d'une voix rauque.

Il déposa quelques baisers le long de sa mâchoire tout en continuant son manège plus bas. Elle gémit encore une fois, avant de lui répondre avec difficulté.

— Je... je ne dois pas tomber en.. enceinte.

Maxim grogna doucement dans son cou puis arrêta avec regret son roulement de bassin.

— Vous avez des moyens pour éviter cela sur Proxima, chuchota-t-il entre deux baisers près de son oreille.

— Mmhmoui, mais à Austeen, chez... chez l'apothicaire.

Maxim mordilla la peau tendre de son lobe d'oreille.

— Alors ce sera notre premier arrêt une fois là-bas, murmura-t-il en remontant vers sa bouche.

Il l'embrassa de nouveau, exprimant par ce geste tout le désir qu'il ressentait envers elle. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, à bout de souffle, il laissa aller un long soupir qui fit sortir la tension qui oppressait sa poitrine et son bas ventre. Son front soudé au sien, il fixa ses yeux émeraude tout en caressant son visage.

— Bon sang que tu es belle...

Il l'embrassa encore un peu avant de mettre une distance entre leurs deux corps. Elle fit la moue, mais Maxim savait que s'il restait encore près d'elle, il ne pourrait se retenir plus longtemps.

Les prochains jours seraient difficiles. Très difficile.