Chapitre 18 : Baignade et trouble-fête ✔️
Les jours suivants s'écoulèrent rapidement. Tom et Élizabeth, qui s'était bien remise de sa mésaventure, passèrent beaucoup de temps à avancer les travaux sur le vaisseau et Maxim aida le plus possible Anya dans ses tâches quotidiennes. Il savait maintenant identifier plusieurs arbres, plantes, poissons et petits animaux de toutes sortes en plus d'être capable de dépecer des proies et tanner leur peau.
En fin de journée, lorsque Tom et Élizabeth dormaient au vaisseau, Maxim et Anya avaient pris l'habitude d'allumer un feu et de manger autour de celui-ci en discutant. Les températures plus chaudes des derniers jours faisaient en sorte qu'il était impensable de cuisiner à l'intérieur.
Quand il avait quelques moments de libres, Maxim en profitait pour parcourir les livres qu'Alexander lui avait prêtés. Il apprit plusieurs informations sur Proxima B, comme le fait que sa révolution autour du soleil était de douze jours. Cette révolution rapide ne laissait place qu'à deux saisons : l'hiver et l'été. Cependant, il n'y avait pas de neige dans la région d'Anya, seulement des températures plus fraîches et un peu de pluie. Néanmoins, les nuits d'éclipses, toujours présentes en hiver, étaient plus froides. Elles se manifestaient quatre fois par cycle de vingt-quatre jours, ou lunes comme le disaient les Proximiens.
Il apprit aussi que Proxima B était verrouillé gravitationnellement. Sa rotation sur elle-même était en parfaite synchronicité avec sa révolution autour du soleil. C'était la raison de l'absence de nuit dans certaines régions. Plus à l'est, la nuit régnait sur un désert de glace. Austeen et ses environs se situaient entre l'étendue glaciaire et la partie désertique de Proxima qui était toujours exposée au soleil.
Un après-midi, alors que vingt lunes s'étaient écoulées depuis leur arrivée, Anya donna à Maxim la responsabilité de faire seul le tour des collets. C'était la première fois qu'elle ne l'accompagnait pas, ce qui démontrait qu'elle lui faisait de plus en plus confiance avec les tâches importantes.
Il réalisa donc sa mission avec sérieux, récoltant les tamins pris dans les pièges et réarmant ceux-ci avec minutie. Une fois tous les sites inspectés, il reprit le chemin du retour avec trois bestioles bien dodues. En route, il repéra un nid de sinitsa, une sorte d'oiseau à écailles qu'Anya lui avait appris à identifier. Il se hissa sur la pointe des pieds pour ramasser deux gros œufs.
À son arrivée, il trouva Anya au jardin, accroupie à désherber les rangées.
— La récolte s'est bien passée, lui demanda-t-elle en se relevant pour l'accueillir.
— Oui ! Trois tamins et en prime : deux œufs ! Je m'occupe de les faire frire ce soir !
Anya lui sourit.
— Bravo ! Nous aurons un vrai festin !
Elle essuya la sueur sur son front, y laissant un peu de terre au passage.
— Tu as besoin d'aide avec les peaux et la viande ? demanda-t-elle.
— Je pense être capable de le faire seul.
Il se dirigea vers l'établi, mais à mi-chemin s'arrêta net et se retourna vers elle, un sourire contraint sur les lèvres.
— Mais si jamais tu ne veux pas souper trop tard, tu peux m'aider un peu.
Anya rit doucement avant de lui lancer un clin d'œil moqueur.
— Oui, je pense que ça serait plus sage. Je termine cette rangée et je te rejoins.
Ils travaillèrent ensemble le reste de l'après-midi, Anya s'occupant de découper la viande et la faire mariner pendant que Maxim écharnait. Comme Anya finit avant lui, elle lui proposa d'aller nettoyer les deux premières fourrures à la rivière.
Une dizaine de minutes plus tard, Maxim admira le travail qu'il avait accompli avec la dernière peau. Il la trouvait particulièrement bien réussie, épurée de toute graisse ou chair animale. Il ne semblait pas l'avoir abîmée non plus. Fier de lui, il s'empressa d'aller rejoindre Anya à la rivière.
Il la découvrit enfoncée dans l'eau jusqu'aux genoux. Elle avait terminé de nettoyer les peaux qui reposaient sur une souche près de la berge. Sa redingote enlevée, elle la frottait sur un rocher avec une barre à savon.
Il l'avait vu à plusieurs occasions sans tunique, ne portant qu'un cuissard qui moulait à la perfection ses petites fesses fermes et bombées. Une longue écharpe noire s'enroulait autour de sa poitrine, ce que Maxim avait appris à identifier comme l'équivalent du soutien-gorge proximien. Chaque fois qu'il la voyait ainsi, son ventre s'embrasait et il devait utiliser toute son énergie à contrer le désir qui prenait possession de son corps. Elle n'avait pas conscience de sa beauté et de l'effet qu'elle avait sur lui.
Éloignant ses pensées qui se dirigeaient tout droit dans la mauvaise direction, Maxim retira lui aussi ses vêtements, pour ne garder que son caleçon. Il attrapa la peau qu'il avait écharnée et alla la rejoindre dans l'eau pour lui montrer. Anya déposa sa tunique et son savon sur le rocher avant de la prendre dans ses mains. Elle l'examina avec attention. Un sourire éclaira son visage et ses yeux se colorèrent de rose.
— Très beau travail, lui dit-elle en lui redonnant. Il n'y a aucune déchirure et elle est parfaite !
Maxim lui rendit son sourire, fier de lui. Il immergea la peau dans l'eau pour la nettoyer et ensuite en profita pour laver sa tunique et son pantalon en compagnie d'Anya. Une fois terminé, ils retournèrent vers la berge pour suspendre leurs vêtements sur des branches.
Alors qu'il accrochait son dernier morceau de linge, il entendit Anya plonger dans l'eau derrière lui. Il se retourna pour la regarder nager, sa tête ne remontant à la surface que plusieurs mètres plus loin telle une magnifique sirène qui émerge des profondeurs. Lorsqu'elle se retourna vers lui, ses yeux illuminés de rose et ses lèvres humides ne demandant qu'à être asséchées par les siennes, Maxim dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas se jeter à l'eau et la prendre sur le champ.
— Allez viens ! lança-t-elle avec bonne humeur. Ça fait vraiment du bien avec cette chaleur !
Poli, Maxim lui renvoya son sourire, mais se retourna tout de même le temps de finir d'accrocher ses vêtements mouillés et reprendre ses esprits. Il inspira à quelques reprises pour ensuite s'avancer vers la rivière et y plonger à son tour. La fraicheur de l'eau l'aida à refroidir le feu qui brûlait dans ses veines et en quelques mouvements de brasses habiles, il la rejoignit dans la partie plus profonde. Lorsqu'il refit surface, une vague énorme l'accueillit en pleine tronche. Anya éclata de rire alors que Maxim aveuglé essuya ses yeux puis lui jeta un regard étonné.
— Pour mieux te rafraichir, se moqua-t-elle en lui lançant un clin d'œil.
— Ah oui ? Attends que je t'attrape !
Maxim prit une bouffée d'air et plongea sous l'eau. Il empoigna ses pieds et entreprit de la tirer vers le fond. Elle se débâtit en riant, tentant de se libérer de ce prédateur improvisé. Maxim remonta à la surface pour reprendre de l'air, il n'était pas assez agile pour la faire couler avec lui. Elle l'arrosa encore, prenant plaisir à le taquiner. Il leva les mains en signe de reddition.
— Ça va ! Tu gagnes !
Elle le regarda, le sourire aux lèvres, manifestement très fière d'elle. Il lui renvoya son sourire. Ses yeux rosés étaient plus brillants que jamais et ses mèches rebelles lui collaient au visage. Elle était sublime.
Soudain, Maxim prit conscience de leur proximité. Et surtout, de leur nudité partielle. Un seul petit geste, c'est tout ce qu'il avait à faire pour l'attirer à lui et sentir son corps chaud contre le sien. Il pourrait l'embrasser, là, maintenant, et goûter à la douceur de sa peau. Un désir violent s'empara de lui, enflammant son corps en entier.
Anya dut percevoir son changement d'humeur, car son sourire disparut. Ses yeux passèrent du rose au bleu. Il la fixa ardemment, empreint d'une incroyable lutte intérieure. Il cherchait un signe, un mouvement, n'importe quoi qui lui confirmerait qu'elle le désirait autant qu'il la désirait.
Soudain, la respiration d'Anya s'accéléra. Ses iris se teintèrent de vert, la couleur qu'il attendait depuis longtemps.
— Anya ! Chto ty delayesh ?!?
D'un même mouvement, Maxim et Anya se retournèrent vers la berge. Arkadi s'y trouvait, manifestement, en colère.
— Arkadi ! ya plavayu, lui répondit Anya.
— Habillez-vous, j'ai à vous parler !
Anya regarda Maxim de ses yeux maintenant bleus puis regagna la rive en quelques coups de brasse. Il réprima son envie de cracher tous les jurons qu'ils connaissaient. Cette fois-ci, Arkadi arrivait vraiment au mauvais moment. Celui qu'il attendait depuis des lunes.
— Fait chier, grommela-t-il à lui-même.
Il prit le temps de se calmer avant de rejoindre Anya qui remontait déjà le sentier avec Arkadi.
Ils retournèrent au campement enfiler des vêtements secs pendant qu'Arkadi patientait à l'extérieur, près du feu.
— Les Anciens veulent vous rencontrer tes amis et toi dans six jours, lança Arkadi à Maxim sans plus de préliminaires.
— Pour quelles raisons ? l'interrogea-t-il en ajustant son chandail sur son torse.
— Alexander m'a dit de te préparer à défendre ta cause. Il semblerait que certains Anciens n'apprécient pas votre présence ici. Ils ne désirent pas non plus vous voir repartir.
— Ils ne veulent pas qu'on reste ici ni qu'on parte ? Ça n'a aucun sens ! s'indigna Maxim.
Arkadi renifla avec mépris.
— C'est le message qu'on m'a demandé de vous livrer. Si tu veux mon opinion, plus vite vous partirez, mieux ce sera, conclut Arkadi en crachant au pied de Maxim.
Surpris, il se figea, ne sachant comment réagir à ce geste. Mais il n'eut pas à répliquer, Anya s'en chargea pour lui, avec toute la fureur dont elle était capable.
— Arkadi Voronov ! Espèce de cuistre ! Tu es chez moi ici et je ne tolèrerai pas un tel comportement !
Anya avait les poings serrés près de son ventre et ses yeux à l'iris rougeâtre ne laissaient place à aucune interprétation.
Avant même qu'Arkadi ne puisse rajouter quoi que ce soit, Élizabeth et Tom surgirent du sous-bois.
— Arkadi mec ! Ça fait plaisir de te voir ! s'exclama Tom. Il y a longtemps qu'on n'avait pas eu de nouvelles de toi ! Tu restes pour le dîner ?
Maxim soupçonna Tom d'avoir entendu la conversation et de vouloir calmer les choses.
Arkadi se retourna vers les nouveaux arrivants. Il jeta un regard méprisant à Tom, mais qui s'adoucit lorsqu'il vit Élizabeth. Il revint ensuite vers Maxim pour ancrer ses yeux ambre dans les siens.
— Je reste pour le dîner, tu peux en être certain ! siffla-t-il entre ses dents.
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