Chapitre 16 : La jalousie est un poison mortel ✔️
Au matin, Maxim fut heureux d'apprendre de la bouche de Tom qu'Arkadi n'avait pas passé la nuit au campement. Toutefois, il était parti très tard selon son ami, après un long tête-à-tête avec Anya près du feu.
Il commença donc la journée d'une humeur massacrante, ne voulant pas admettre qu'il était jaloux d'Arkadi. Anya paraissait tellement à l'aise avec le Proximien ! Ses iris teintés de rose quand elle lui parlait trahissaient son bonheur. Maxim aurait aimé... non, VOULAIT être la cause de cette coloration. Il rêvait même de revoir ses yeux verts croiser les siens et à chaque fois qu'il y pensait, son ventre s'échauffait et tout son sang affluait dans une seule direction.
Pendant le petit déjeuner, malgré sa mauvaise humeur, Tom lui proposa de les accompagner au chantier. Maxim accepta, voulant se changer les idées au plus vite.
Alors qu'Anya revenait de sa baignade matinale, Tom et lui étaient prêts à partir, mais Élizabeth n'était toujours pas levée. Maxim terminait de ramasser la table, lorsque Tom s'impatienta et s'accroupit près de la couche de son amie pour la réveiller.
— Éli, tu peux te lever ? On est prêt à partir au vaisseau et on t'attend.
Un long gémissement quitta les lèvres de la pilote, mais elle ne bougea pas.
— Éli !
Tom la secoua en douceur, tentant de la sortir de son sommeil. Il dégagea les cheveux de son visage et toucha son front de sa paume.
— Bon Dieu de merde !
Maxim qui les observait se figea.
— Quoi ?!
— Elle est brûlante !
Il lâcha le bol qu'il tenait et se précipita vers Élizabeth. À genoux près d'elle, il la retourna sur le dos. Sa respiration était rapide, trop rapide. Ses joues étaient écarlates, ses cheveux humides et son débardeur complètement détrempé.
— Bon sang ! Tom, va chercher l'exoscan !
Tom sautilla illico vers les bagages d'Élizabeth tandis que Maxim écartait les fourrures pour aider son amie à mieux respirer. Pendant ce temps, Anya s'agenouilla près de la couche et examina la pilote. Elle palpa les lèvres d'Élizabeth, ouvrit sa bouche pour inspecter à l'intérieur avant de scruter ses bras, ses jambes et ses mains.
— Tiens !
Tom lui lança l'exoscan que Maxim attrapa. Il balaya le corps d'Élizabeth à l'aide de l'appareil. Au bout d'une éternité, un « bip » retentit et le diagnostic apparut.
— Empoisonnement ?! s'écria Maxim en regardant tour à tour Tom et Anya.
Cette dernière affichait un air impassible et calme.
— Est-ce que vous avez rencontré des animaux en chemin ? Ou manger des fruits que vous ne connaissiez pas ? demanda Anya.
— Non ! répondit Tom.
— Avez-vous rencontré des muraveys ?
— Des quoi ?
— Un insecte. Long comme un demi-doigt avec des points rouges sur son dos.
Tout à coup, le visage de Tom devint livide. Ses yeux s'arrondirent et sa bouche s'ouvrit.
— Oui ! Il y avait un nid dans le trou de la coque. On a dû le nettoyer avant de le colmater.
Anya hocha la tête puis se leva.
— Maxim, va préparer un feu dehors pour faire bouillir de l'eau. Tom, déshabille-la pour que son corps refroidisse.
Maxim bondit sur ses pieds, attrapa le briquet sur l'étagère et se précipita à l'extérieur. Anya le rejoignit quelques secondes plus tard avec une boîte de métal qu'il avait déjà vu dans l'armoire. Elle la déposa près du feu et attrapa la marmite pour foncer vers le chemin menant à la rivière.
Quelques minutes plus tard, alors que des flammes commençaient à crépiter, elle revint avec la marmite remplie d'eau qu'elle accrocha au-dessus du foyer. Elle s'accroupit et farfouilla dans la boîte qu'elle avait emportée. Maxim la regarda, cherchant désespérément ce qu'il pouvait faire de plus. Elle se releva, une plante séchée dans les mains, et la jeta dans l'eau qui frémissait déjà.
Après quelques minutes qui parurent des heures, Anya récupéra une partie de la mixture avec une louche et un verre qu'elle avait apportée de la cabane. Elle se dirigea à l'intérieur, Maxim sur ses talons.
En entrant, ils découvrirent Élizabeth en sous-vêtement, couchée à même le sol.
— Je me suis dit qu'elle aurait moins chaud que dans les fourrures, se justifia Tom.
— C'est parfait, tu as bien fait, le rassura Anya avec flegme. Maintenant, mets-toi derrière elle pour la redresser et appuie là sur toi.
Tom s'exécuta et Anya s'agenouilla à côté. Maxim marchait de long en large dans la cabane, se sentant complètement inutile. Son cœur tambourinait contre sa poitrine et il suait à grosses gouttes. Il ne pouvait perdre Élizabeth, pas comme ça, pas maintenant !
— Élizabeth, tu dois boire ceci, c'est important, murmura Anya.
Elle pressa le verre contre les lèvres de son amie, sans résultat.
— Éli, s'il te plaît ! Fais un effort ! la supplia Tom.
La pilote gémit ouvrant à demi ses yeux noisette. Ils étaient vitreux, presque sans vie. Elle écarta quelque peu ses lèvres puis referma ses paupières. Anya en profita pour y verser une petite quantité du liquide. Elle avala une gorgée avant de tousser et recracher le reste.
— Encore un peu, murmura Anya.
Élizabeth hocha mollement la tête et tenta une autre gorgée, mais cette fois-ci elle déglutit sans s'étouffer. Avec patience, la Proximienne continua à la faire boire, gorgée par gorgée sans la brusquer. Au bout d'une éternité, elle avait avalé la concoction en entier.
— Tu peux la recoucher maintenant.
Pendant que son ami s'exécuta, Anya se leva et sortit de l'habitation. Maxim en profita pour s'approcher d'Élizabeth avec un linge qu'il avait imbibé d'eau. Il le déposa sur son front. C'est tout ce qu'il avait trouvé à faire, se sentant démuni face à la situation. Non, pas démuni, stupide. Stupide de ne pas savoir quoi faire, de ne pas avoir prévu qu'un jour l'un deux pourraient tomber malade ou s'empoisonner. Peut-être aurait-il pu protéger son amie s'il les avait accompagnés au vaisseau. Pendant que lui restait ici avec Anya et appréciait sa compagnie, eux se tapaient tout le boulot et couraient un grand risque, seuls dans les bois.
Anya revint dans la cabane avec une compresse fumante qu'elle enroula autour de la main d'Élizabeth.
— Elle s'est fait piquer par une muravey, sous son pouce droit. Le venin est parfois mortel. Les symptômes apparaissent une lune après la piqûre et la mort survient souvent en deux jours. Avec la tisane, son état devrait s'améliorer bientôt.
— Merci, souffla Maxim.
Anya hocha la tête avant de se relever.
— Vous pouvez la mettre dans mon lit, je vais retirer les fourrures. D'ici un demi-sablier, la fièvre devrait descendre.
Maxim souleva Élizabeth du sol pour la déposer dans le lit d'Anya. Tom et lui s'assirent au bout et ni l'un ni l'autre n'osèrent la quitter des yeux.
Peu de temps après, comme l'avait prédit Anya, l'état de leur amie s'améliora. Ses joues reprirent une coloration plus naturelle et la fièvre tomba. En milieu d'après-midi, elle reprit connaissance et en fin de journée, elle se permit quelques commentaires désobligeants sur la fermeté du matelas d'Anya. En gros, elle allait beaucoup mieux.
— Il faudra remercier Arkadi de nous avoir traînés de force jusqu'ici hier, lança Tom au dîner pendant que la pilote somnolait dans le lit. Sans lui, Élizabeth serait morte sur place. Je n'aurais jamais pu la ramener ici avec mes béquilles.
— Le venin de la muravey n'est pas toujours mortel, mais son corps a très mal réagi, répondit Anya.
Maxim les écouta, sans trop savoir quoi dire. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'ils avaient failli perdre leur amie. Il s'en voulait encore.
— Ça va, Maxim ? demanda Tom, le sortant de ses pensées.
— Oui...
Il se frotta les sourcils, réalisant qu'il était épuisé. L'adrénaline était retombée, laissant place à une grande fatigue.
— Je crois que je vais aller me coucher.
Il tourna son regard vers Anya qui trempait son pain dans la sauce de son plat.
— Merci encore, Anya. Sans ton aplomb et ton savoir, nous l'aurions perdue.
— De rien, murmura la Proximienne, une teinte de violet dans les yeux.
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