Épisode 34

Ariane a fermé les yeux.

La bouche de Julien est sur la sienne. Leurs langues se touchent et créent les frissons les plus électrisants qu'elle a jamais ressentis.

Elle se tient debout et son dos repose contre le mur. Ses bras enlacent Julien et elle sent dans ses cheveux les mains former des caresses, comme l'océan forme des vagues.

Non, elle ne doit pas. Julien est un criminel, Ariane ne doit pas se laisser aller avec lui. Elle gémit. Julien cesse de l'embrasser et il la regarde.

Son visage est rouge et il respire lourdement.

Quelque chose déferle dans la tête d'Ariane. Un immense barrage s'est rompu, des milliards de litres d'eau se sont libérés et cette force la pousse vers Julien, comme une immense vague qui va la déposer sur une île sauvage.

Il est un homme dangereux qui planifie de torturer, de tuer des êtres humains et de mourir ensuite. Mais l'idée de le fuir est risible. Plus rien ne compte que son corps et le sien.

Il prend sa main et la mène au divan. Ses mains caressent le chemisier blanc, puis déboutonnent le haut.

Ariane s'effraie. Quand son ennemi écarte les pans du chemisier, elle cache son soutien-gorge avec ses mains.

— C'est la première fois, chuchote-t-elle.

— Je sais.

Elle jette un coup d'œil vers la porte et il comprend. Il se lève et pousse la table pour la bloquer. Personne ne va les déranger.

Ariane enlève le chemisier, le soutien-gorge et attend, les seins nus.

Julien demeure près de la porte, épaules tombantes. Ses traits se sont alourdis. On dirait que toute énergie l'a quitté, qu'il est triste, et une peur immense gagne Ariane. « Je ne suis pas assez belle » pense-t-elle. Mais les yeux la fixent avec désir. Pense-t-il qu'elle ne veut pas? L'adolescente ouvre les bras.

— Viens, dit-elle.

Il la rejoint et se penche, dépose un baiser sur ses lèvres, un autre sur le nez, les joues, l'épaule qui n'est pas blessée, le cou... Ariane frémit. Julien la lèche.

Il soupire.

— Je rêve à ça depuis que je te connais, dit-il.

— À quoi?

— Goûter ton corps. J'y ai tellement pensé.

C'est trop bon. Ariane doit lui demander d'arrêter, il est encore temps, elle doit se protéger et le fuir. Mais elle pose les mains dans les cheveux de Julien et attire sa tête contre elle.

La jeune fille a l'impression d'être dans un volcan. Les mains et la bouche la brûlent comme de la lave, sauf qu'elle s'est transformée en créature indestructible et que la sensation est merveilleuse.

Il se déshabille et enlève sa chemise. Le tatouage apparaît et Ariane voit la dernière scène, horrible. La mort qui rit tandis que Julien saute vers sa fin. Maintenant, elle réalise que des gens se trouvent en haut de la falaise. Des policiers. Julien a sauté dans le vide pour leur échapper.

Ça ne doit jamais, jamais arriver. Ariane voudrait effacer le tatouage et elle le touche du bout des doigts. La peau est douce, les muscles durs.

Elle aussi tombe dans un précipice. Mais ce n'est pas celui de la mort, c'est celui de la vie.

— Je t'aime, dit-elle.

— Chut, répond-il.

Ils s'embrassent, puis Julien explore le corps d'Ariane avec ses mains. Tout en étant délicieusement torturée par ses caresses insupportables et divines, et en tentant de l'imiter au mieux de son expérience, Ariane prononce une phrase.

Julien se raidit.

— Qu'est-ce que tu as dit? demande-t-il.

Ariane demeure silencieuse. Après un instant, il recommence à la caresser à l'endroit où il était parvenu, le bas du dos. Les caresses sont moins intenses et il embrasse l'épaule d'Ariane, où se trouvent ses blessures.

— Pas là, dit-elle. Ça fait mal.

Il embrasse ses cheveux, puis se détourne et se relève. La terreur envahit Ariane.

— Qu'est-ce que tu fais? demande-t-elle.

Julien ne la regarde plus. Il se tient au centre de la pièce, a déjà passé ses pantalons et se dépêche d'enfiler sa chemise, alors qu'Ariane demeure sur le divan, presque nue et fondante de désir.

Elle ne comprend pas. On dirait qu'elle est devenue inintéressante.

Il tire la table pour libérer la porte, se retourne et regarde Ariane avec douleur et désolation.

Sans un mot, il quitte la pièce.

Ariane retient ses larmes. À son tour, elle se rhabille. Elle a honte et veut mourir.

Jamais elle ne s'est sentie aussi seule. Julien lui a tout donné et il a tout repris.

Le chauve pénètre dans la pièce. Ariane rougit, baisse la tête et détourne les yeux, non parce qu'elle est en train de reboutonner son chemisier, mais parce que Julien n'a pas voulu d'elle.

— Suis-moi, dit-il.

Il la ramène au grenier, retire avec une clé le bracelet de surveillance qu'elle porte au poignet et verrouille la porte. Ariane est de nouveau prisonnière.

Elle se jette sur le matelas et éclate en sanglots. Julien l'a rejetée. Des électrochocs de colère électrifient son cerveau. Il n'avait pas le droit de commencer puis d'arrêter comme ça, sans raison... Son instabilité s'est encore manifestée. C'est un fou et elle le déteste.

Quand elle se rappelle la tristesse qu'il avait en quittant la pièce, elle comprend. C'est la phrase. La phrase qu'Ariane a dite a tout gâché.

Pourquoi n'est-elle pas restée silencieuse? Et lui, pourquoi a-t-il réagi comme ça? Même s'il veut se venger, commettre des crimes et mourir ensuite, pourquoi ne peut-il pas oublier ça un moment et faire l'amour?

La phrase n'était pas si importante. C'était une phrase belle, mais une phrase banale. Juste avant, Ariane lui a dit qu'elle l'aimait et ça ne l'a pas arrêté.

Si Ariane avait prononcé d'autres mots, ils seraient allés jusqu'au bout. Les larmes reparaissent.

Il n'est pas trop tard. Un moyen de réparer ça doit exister. Allongée sur le matelas, la jeune fille essuie ses larmes et cherche ce qu'elle va faire pour effacer ce qui vient de se passer et ramener Julien vers elle au moins un moment. Elle va lui expliquer que ses paroles ne signifiaient rien de sérieux. Les mots défilent dans sa tête. La phrase qu'elle a dite et qui l'a rendue inintéressante aux yeux de Julien, c'est...

[suite vendredi après-midi le 13 janvier]

[encore désolée de mon retard. Ce chapitre était difficile à écrire mais j'avoue avoir procastiné et commencé trop tard. Espérons que je vais retenir la leçon.]

[j'ai décidé de changer le moment de la semaine où je publie et de passer du dimanche matin au vendredi après-midi à cause de l'algorithme wattpad. Il paraît que l'algorithme wattpad favorise les histoires publiées le vendredi et défavorise celles publiées samedi et dimanche. Je ne sais pas si c'est vrai... mais je verrai bien s'il y a une différence XD]





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