Possibles
Un texte très autobiographique-mais-pas-tant-que-ça, qui m'a pas mal aidée.
J'ai d'abord eu énormément de mal avec, j'étais proche des événements et la fin me plaisait pas du tout. Et avec le temps, j'ai pu m'en détacher et le compléter pour qu'il prenne une dimension, certes toujours personnelle, mais à laquelle je pense que d'autres personnes que moi pourront s'identifier.
Il n'est pas toujours facile de s'affranchir de ses émotions ^^
J'avoue aimer tout particulièrement le petit poème au milieu, qui évoque notamment un épisode de dépersonnalisation mais qui, je pense, fonctionne aussi dans le cadre du texte. C'est un moment qui m'a beaucoup marquée et pouvoir le mettre quelque part, comme un témoin ou un pic, ça me fait du bien, je crois. Dans la nouvelle comme dans mon existence, c'est une petite parenthèse.
Prospective
TW : mention de pulsions suicidaires, angst, alcool, mention d'infidélité, déréalisation, mention de noyade, mention de rupture.
Dear, dear loneliness, fuck you. J'ai à nouveau le regard qui furette et cherche dans le ballet des têtes masquées un visage connu et désiré, évidemment, mais je ne veux pas, pas déjà, être tombée si bas et l'aimer si fort ; elle aime un autre.
*****
Ça a commencé sans préavis. Un jour, la solitude m'a élue, et puis plaf, mon cœur toujours à se serrer et mes bras s'enroulent autour de mon corps sous la couette (j'ai les mains froides). Rien de bien grave, ça passera, pour une fois tente de créer une relation, tiens, pour voir, ça serait bien. J'essaie, bien sûr. Ça avance, probablement vers rien, mais ça aide un chouïa.
Mais toujours le soir, quand les ombres tombent, c'est là que mes défenses s'abaissent et que je sens que je suis seule. Bien sûr, c'est faux ; bien sûr, c'est terriblement vrai. J'écris toujours dessus. Oui les ami•e•s, oui les ami•e•s proches, oui les colocs', mais l'intimité et la respiration de l'autre et puis ce trou sans fond dans mon ventre qui se nourrit d'émotions, d'attention, de présence, mais jamais rassasié, d'où il vient ?
*****
Je suis la plus jeune de la soirée, même pas 25 ans au milieu de trentenaires – et surtout des mecs, grumpf, mais ça va aller. Je sais faire. La prise de contact est toujours facile, surtout dans un moment où c'est normal. Juste avoir l'air seule ou viser les isolé•e•s. Et puis ensuite, la valse des questions habituelles : « tu t'appelles comment, tu es qui pour les anniversairées, tu fais quoi dans la vie ? » et de là trouver un sujet ou choper un verre pour rompre le contact. Fa-cile. Je suis rodée, même pour moi, c'est gérable.
Quelques têtes passent, sympa sans plus, on se reparlera pas, c'est pas grave. J'ose pas aller vers le groupe de mecs, trop compact et ils se connaissent déjà. Tant pis. Et là, c'est le drame, mais je ne le sais pas encore : tu t'approches, ton copain dans la main et une éco cup remplie de bière dans l'autre.
*****
Another party, another night crushed by loneliness. The day before, I asked a girl out. I wanted to talk with her, maybe more. I was clear about it, she said no, it's fine. My psych had told me to let me feel, so I tried: it was not that bad. I couldn't help thinking about it, though, as I walked towards the tram: had I really did that? What would she think going from now? Just then, an old guy asked me if I wanted to come to his and "have a nice time together". I laughed hard after I said no. I was under the impression that my life was out of control; I always feel that way when I dare to do unusual things. And then I don't feel real and my memories turn into a film I saw but was not part of.
Mais cette nuit, alors que je rentre seule de la soirée, hurlant avec ma musique parce que j'ai envie de pleurer (on a dit d'exprimer mes émotions), je me rends compte que je tiens presque plus. Il ne reste que la peur ou presque pour m'empêcher de sauter – le pas. Bordel, je m'inquiète. Message time with my nightowl friend:
00:35 « La solitude, je pense, me pèse fort, accentuée par la fatigue et l'angoisse sur le futur. »
00:47 « Je suppose avoir besoin de sentir une connexion forte et que je ne suis pas seule, mais je ne trouve pas et ça m'écrase d'être enfermée en moi.
Il faut que je dorme. »
00:54 « Pourquoi c'est si dur en ce moment ?
Enfin bon, ça passera. »
J'suis tellement une emo quand je m'y mets. Encore trop peur de mourir pour sauter devant le métro ; trop mal pour ne pas y penser, ne pas l'envisager. J'ai perdu espoir dans ma capacité à aller mieux, je trouve plus ma vie assez chouette. Plus que la peur, donc, mais ce ne sera pas assez.
Mais toujours, je n'ose pas penser à toi. Trop peur de sombrer dans un amour débile alors que je te connais à peine, mais je sais pas, tu m'attires terriblement. En plus, tu m'as répondue, alors que j'y croyais plus, que je commençais à t'oublier. Fais chier. J'ai trop hâte de te revoir. Foutu ventre qui refuse de se calmer, qui refuse de me laisser en paix dans mon déni. Soit, soit, on verra ce que ça donne.
*****
Ça commence normal, puis on parle trop longtemps de prénoms, ensuite je gaffe pour faire une blague naze mais me rattrape (ton sérieux, excuses plates, acceptées) et tout va bien. Tu commences à expliquer ton métier d'un ton docte. Petit à petit, les autres s'écartent, et on est plus que nous deux. On commence à se parler de trucs sans importance mais essentiels. En lunettées, on compare notre vue (très similaire, c'est fun) et tu t'approches à quelques centimètres de ma tête pour montrer à quelle distance tu me vois nette. C'est pas nécessaire, on avait déjà établi qu'on avait la même vue. Je rentre dans le jeu, parce que pourquoi pas, au point où on en est. Mon visage a moins d'un doigt du tien. Je raconte ensuite l'histoire de mes bagues et puis on parle de nos pendentifs : tu as le même tic que moi, le serrer pour aller mieux, se rassurer. À ce moment précis, tu commences à m'intéresser. Tu remarques ma robe ultra classe, demande à la voir, j'ouvre ma cape (il faisait froid dans la pièce) et mon gilet « pas la peine de te déshabiller » « bwarf, ça va, jvais pas me déshabiller complètement. » Air faussement déçu. Là, je note qu'on a passé un genre de cap. Blagues à sous-entendus. Bon bon bon. Son copain est à quelques mètres. Elle flirtouille ? Ils sont en couple non exclusif ? Polys ? Je sais pas, ça frémit en moi. La discussion continue encore un peu et puis on se déplace et change de groupe.
*****
Je suis beaucoup trop stressée. Mais j'ai un plan ! I've a plan, I can cling to something. Il est simple : discuter et puis si ça redevient ambiguë, demander une explicitation. Simple, donc. Mais après ? Et si elle dit non ? Et si elle dit oui ? Je peux pas accepter. Peut-être qu'elle est poly ? You're raising your hopes, prends garde. Ça ira, ça ira. Pas la première interaction étrange. Pas le premier râteau. Alors quoi, pourquoi tu as peur ? Mais oui, c'est bien ça, tu espères que ça va être possible, tu en crèves d'envie, ma grande ! Il faut bien avouer que tu as flashé. Non, ne pas admettre, ce sera plus dur. C'est parce que je l'aime tant qu'il faut que je me le cache autant que possible. Pour pas souffrir. Et la psy alors, et s'autoriser les sentiments ? Je ne sais pas, j'ai trop peur.
Elle arrive.
*****
Elle arrive sur la piste de danse et je me dissous du dedans. Elle est magnifique. Non pire, elle est sublime. Fabuleuse. Je suis irrémédiablement attirée par les gen•te•s qui dansent et osent et dont le corps ondule et se trouve paré d'une qualité presque mystique : c'est l'air qui vibre à travers iels. À cet instant précis, c'est fini, je suis conquise, il n'y a plus qu'à aller jusqu'à la consommation.
*****
Dans le bar. Je bois une gorgée de limonade, qui peine à refroidir mon ventre. Tu me fais face, tout sourire et je donnerais tout pour savoir ce qui se passe derrière tes yeux en ce moment. Vois-tu que je peine à ne pas te dévorer du regard ? Que chacun de tes gestes est analysé et apprécié ? Vois-tu comme je cache mes bouffées d'envie de contact physique by clutching to my glass and taking a sip?
« Je suis désolée pour la dernière fois, quand j'ai dit que ton métier était pas terrible avant de le connaître, c'était vraiment stupide.
– T'inquiète, c'est rien.
– Mais quand même...
– Mais du coup, toi, tu fais quoi dans la vie ?
– J'écris. Enfin, j'essaie d'en vivre.
– Quoi comme textes ?
– Un peu de tout. Surtout des nouvelles et des poèmes. Stylistiquement, je m'inspire des modernistes. Pas mal de longues phrases, de jeux sur la syntaxe. »
Tu hoches la tête, frottes ton pendentif entre ton pouce et ton majeur, m'encourages à continuer d'un regard.
« Je cherche encore mon style, mais cette méthode me permet assez bien d'exprimer la confusion des sentiments et la pensée en action. Stream of consciousness. Après, j'aimerais bien écrire des scénarii de jeux vidéo.
– J'aime bien les artistes. »
Merdemerdemerde tout s'active en moi, j'ai envie de l'embrasser heureusement qu'il y a la table entre nous, comment garder la tête froide vite une gorgée hahaha non je me laisse entraîner, ça n'a rien d'un sous-entendu : les artistes c'est cool, mais en même temps, ça pourrait, et sa tête penchée sur le côté qui dit « tu m'intéresses, je t'écoute », ça va, ça va, je peux gérer, j'ai déjà parlé de mon travail des dizaines de fois, je peux le faire. Voix indifférente pour ne pas qu'elle explose et que je stutter dozens of words a second in a confusing jumble of passion for art and her.
« L'art, c'est vraiment ce qui m'anime. Enfin, les gens aussi, évidemment (et puis j'ai besoin d'être entourée, ça éloigne ma dépression). Mais l'art, c'est... waw. Je sais pas, la possibilité d'approcher la perception du monde de quelqu'un, c'est assez incroyable. L'impressionnisme en peinture, c'est génial pour ça. De mon côté, j'essaie, quand j'écris, de retranscrire l'émotion des personnages, la façon qu'un moment a de... passer à travers moi à tous les niveaux. Importance de ce que je ressens, donc. Mais du coup, c'est assez rigolo parce que je ressens énormément d'émotions quand j'écris, alors qu'au quotidien, vraiment pas trop. En fait, c'est comme au théâtre – j'ai fait dix ans de théâtre : tu ressens les émotions du personnage sur le moment, puis tu t'en débarrasses comme d'une veste. Voilà, je fais pareil. Je plonge dans des émotions avec notamment de la musique, un peu comme une transe (haha, c'est une blague aussi, sur les trans et tout hem), mais une transe maîtrisée, assez consciente, et ça part d'un coup, shlaaaa, puis je me relis pour améliorer. Le premier jet reste important parce qu'il capture l'émotion brute. »
Et merde.
« Désolée, c'était très confus. »
Je rougis, j'ai peur d'avoir tout foutu en l'air.
« T'inquiète, c'est grave intéressant ! »
Elle pose sa main sur la table, une bague en argent sur le majeur. Comment la frôler sans que ce soit gênant ? Non calme toi, tu la touches pas, tu es son amie, voilà, un rôle comme au théâtre.
« Merci ! J'ai pas trop l'occasion de parler écriture, même si j'ai récemment intégré d'un groupe d'écrivains et écrivaines. Trop de scientifiques autour de moi, c'est con. Au moins j'apprends plein de trucs. Tu fais de l'art, toi ?
– Moui, j'écris un peu. »
Ses doigts m'aimantent. Je pose ma main pas loin mais quand même pas trop près, tape du doigt le rythme de la musique diffusée dans le café.
« Oh sympa ! Tu publies ça quelque part ?
– Oula non ! Je garde ça chez moi !
– J'comprends ! Ben si tu veux un jour une relectrice...
– C'est très sympa ! Tiens, si ça te dit, on peut aller chez moi pour que je te les montre. »
Au même instant, elle fait glisser sa main pour la rapprocher de sa bière, effleurant la mienne.
Okay.
DON'T PANIC
Ça peut être le hasard. Tu sais que tu surinterprètes. Est-ce que tu veux voir ses textes ? Oui. Est-ce que tu es prête à gérer si ça va plus loin.
AAAAAAA –
« AAAAAAAlors. Une seconde. »
Je me calme tant bien que mal. Me pince l'arête du nez, yeux fermés, je peux pas faire autrement, pas la regarder. Ça tambourine tellement dense dans moi qu'on dirait qu'une bête en furie essaie de s'échapper.
« Ça va être super awkward. Mais j'ai besoin d'explicitation. Est-ce que c'est juste pour me montrer tes textes ?
– C'est-à-dire ?
– Euh... »
Peut-être que tu avais tort, en fait, ma grande.
« Je sais pas, des fois je trouve que c'est un peu ambiguë entre nous deux, j'ai juste besoin de savoir si... tu as d'autres intentions ?
– Comme... ? »
Elle veut me faire cracher le morceau elle s'amuse avec moi elle joue l'innocente elle veut vérifier si je suis intéressée elle se demande si je pense vraiment qu'elle me propose de pécho.
« Euh ben, pécho ? »
Elle hésite. Sur quoi ? Assumer ou comment me rembarrer sans trop de dégâts ? Je meuble.
« Je sais que tu as un copain, hein, mais genre là c'est compliqué pour moi de savoir où me tenir. Désolée si ça te met mal à l'aise.
– Okay. »
Ses épaules s'abaissent légèrement, elle souffle un coup : elle a pris une décision.
« Oui, c'est pour potentiellement pécho, si tu es d'accord aussi. »
Et merde. Oh oui. AAAAAAA.
*****
La soirée suit son cours, indifférente à mes états d'âme et je discute avec d'autres gens très chouettes. En me levant pour remplir mon verre, je croise ton regard fixé sur moi. Ou qui ne fait que m'effleurer parce que je fais du mouvement. Pas de surinterprétation. En revenant vers ma place, c'est un regard du coin de l'œil. Tu as vu que je te regardais ? Shit, fixer le regard sur ma chaise à côté du radiateur, pas de risque de se planter.
Plus tard encore. Je passe voir vite fait les gens pour dire au revoir. Échange de sourires et de mercis, On se frôle et tu t'empêches de justesse de me prendre dans tes bras, ou l'inverse je ne sais pas.
« C'était cool de te rencontrer ! »
Je n'ai pas un regard pour ton copain.
C'est sur le trajet que ça me prend. Le malaise. ON NE SORT PAS AVEC UNE PERSONNE EN COUPLE. Oui oui je suis d'accord. Mais pourquoi tu flirtais avec moi ? Non, c'est qu'une impression. Je projette trop, je le sais. Mais quand même, on s'est approchées très très beaucoup fort de la ligne, non ? Non ? Je me fais des idées ? Te revoir, oui, vérifier si ça se reproduit, puis mettre au clair. Ou me faire une raison. Ou demander un râteau. Simple. Mais si elle dit oui ? D'accord, ma conscience et tout. Mais elle sait ce qu'elle fait, elle est adulte, elle est capable de faire des choix. Alors moi, qu'est-ce que je veux ? D'accord, être serrée dans ses bras, mais encore ? Ne pas me sentir coupable. Coupable de quoi ? Du fait qu'elle fait quelque chose que je considère très très bof à cause de moi ? Et puis, est-ce que je veux relationner avec quelqu'un qui agit comme ça ? Non, clairement. Alors quoi ?
*****
« Et... ton copain est OK avec ça ?
– ... Non.
– Ah.
– C'est un problème ?
– Assez, oui. »
Et de sa tranche d'ombre dans mon dos surgit la solitude. C'est elle qui manie mes viscères et mon cœur et agite mon cerveau. Elle veut, exige que là tout de suite maintenant je dise oui et fonce chez toi me vider l'esprit dans tes bras. Mon cerveau freine des quatre fers. Ola ! C'est trop, ça, je suis pas d'accord, hein, moi si tu continues, j'me casse et ce sera bien fait pour ton cul ! Tu vas même pas profiter !
Meubler.
« Mais... vous êtes pas poly ? Ou en couple non-exclusif ?
– Non non. »
J'ai peur de l'agacer avec mes questions. Quelles conséquences ? Non, c'est la solitude à nouveau, mais la conscience tranquille, et les regrets. Oui, c'est combler un peu mon abysse et dieu sait que j'en ai besoin, mais c'est aussi la peur de me faire choper, la frustration de pas pouvoir agir comme j'aimerais. Entre les deux, mon corps balance, tiraillé, se déchire et –
« Je te propose d'en parler à ton copain, si possible en ma présence. Histoire de pouvoir mettre ça au clair. »
Actually, that's not what happened. Not at all. We met at a feminist choir. I loved her humour, her smile, her gaze seemed to linger on me for too long. I don't know, maybe that was because I looked often at her. We sung and I felt like I begun to master my untrained voice. At first, there were vertigos (lack of oxygen, not because elle me faisait tourner la tête). But then, I felt somewhat confident. I wanted to talk about her, know her a bit more. We finished late, so I offered to walk her home. Big smile on her face. "I'd rather cycle: I learnt not too long ago and I want to prove myself I can do it. But you're nice." Ah, the disappointment. So I came back alone, screaming in the streets, screams which were a way to sing, screams which were a way to faire surgir l'ouragan hors de mon corps.
It was not until the next morning that I felt in love with her.
*****
Loneliness digging a tomb in the sky
Tomber dans le bleu
Lost path
*****
Je me réveille dans un salon de thé, voile en vapeur d'eau entre elle et moi. Instant de panique, et puis les souvenirs remontent, gras. Sa proposition de nous revoir après la manif où l'ivresse du groupe, de la lutte, de la fierté m'avait prise jusqu'à ce que lui dise que je la trouve trop cool et que j'ai grave envie de la revoir avant même de pouvoir ravaler mon air et moucher mes mots.
Bon donc elle entoure son bol de ses mains pour se réchauffer alors que je suis un bloc de glace et de stress. Tétanisée. On parle mais je ne nous écoute pas, terrifiée à l'idée de vouloir lui dire là maintenant tout de suite que je l'aime et que ça la mette en pause, jusqu'à ce que je voie ses neurones trouver une façon gentille de me dire de dégager de sa vie. Alors je repense à l'ombre blanche. Admiration si forte pour quelqu'un qui est ce qu'on voudrait être, causée par un ego pas ouf, entraîne une impression d'amour. Travailler sur soi plutôt que se précipiter vers le feu. Je sais plus où j'en suis. Trop de crushs, cette impression de chercher à compenser... Elle voit que je suis plus là, regard interrogateur. ANGOISSE
« Désolée, c'est juste que... je pense à plein de trucs.
– Ah je t'ennuie, c'est ça ? »
Moue faussement boudeuse, je peux pas ne pas rectifier.
« Non ! ... J'ai toutes ces pensées qui tournoient dans ma tête comme des vautours et quand je regarde le ciel, ça m'effraie, tous ces nuages noirs qui tourbillonnent façon tempête de feuilles mortes. Je veux pas finir enfouie, ou dévorée.
– Je vois, je crois. Tu veux en parler ? »
Air inquiet. Je préfère son sourire, qui étire son visage mi gamine, mi mamie. Elle l'air immortelle et ses bras si légers, une hirondelle qu'on aurait laissé voler.
Je suis encore partie.
« Ben en fait, ça te concerne. »
Shiiiit I really said that? Quick, find something to say, don't let her in the flou des surprises qu'on refusait de voir.
« Alors voilà en gros c'est un peu compliqué – et là j'essaie juste de me faire parler jusqu'à ce que ça sorte – mais tu vois, je sais pas trop où j'en suis mais j'ai l'impression de crusher sur toi, mais t'inquiète je sais que t'as un copain et c'est pour ça que ça m'agace, pask'en fait, je te trouve super chouette et que je voudrais être ton amie et pas que tu te sentes mal de me parler. »
L'iceberg au-dedans se fissure et d'énormes blocs tombent dans l'océan, ça fait des vagues immenses qui menacent de me submerger et j'ai les yeux humides.
« Okay okay, respire, ça va aller.
– Désolée pour ma logorrhée, j'espère que ça t'a pas fait peur.
– Non non, enfin si, pour toi parce que t'avais l'air à la limite de l'apoplexie.
– Ça va. Et du coup, est-ce que tu veux bien qu'on soit amies ? J'ai pas envie de foutre ton couple en l'air, hein. »
Bloc sombre d'angoisse venu du ventre qui me dévore ronge mes nerfs la tête qui tourne impression que les couleurs bavent c'est la solitude qui s'impose à moi et me rappelle que peut-être je l'aime et que je vais peut-être la perdre deux fois alors hein c'est ça que tu veux finir seule dans ton trou d'écrivaine déprimée à moins que tu n'en finisses avant c'est ça c'est ça là elle va se barrer t'as tout foutu en l'air
« Franchement, ouais. J'apprécie ton honnêteté. Et t'es fun. Mais effectivement, pas d'amour entre nous.
– Trop cool ! »
Dans la nuit d'hiver en moi, un feu.
Non finalement, ça s'est déroulé autrement. An immense sky above our heads bathed in hot light. The screaming rays. Water flowing so quickly and seemingly not moving at all. I imagine the current under the surface, imagine being flung away, absorbed, désarticulée. I want to take your hand. Nous trouvons un coin de sable qu'on pourrait abusivement appeler plage et nous asseyons sur la grève. Brise + fleuve = vaguelettes vers l'amont. Impression d'immobilité. Une caresse remonte tout mon abdomen, mon larynx et avec douceur, I make a statement:
« J'aime bien être avec toi, je crois que je t'aime. »
Elle hoche la tête. Je revois le visage de personnes aimées, comme un long couloir temporel décoré de tableaux colorés ou monochromes.
Tu te penches vers moi et j'anticipe, veux finir le mouvement, t'embrasser, tes lèvres sont toutes proches mais
« Et ton copain ?
– Mon ex : on a cassé ya quelques jours.
– Oh merde.
– Ça ira. Si tu m'embrasses. »
Sourire espiègle et yeux tristes jusqu'à ce que je m'approche et qu'ils se ferment avec comme dernier éclat le désir. Tendresse mélancolique, je me perds dans le puit des sentiments enfermés trop longtemps qui wash over me, focus on my right hand, I put it on your neck. Ça dure encore et encore, coule, libre. Séparation, j'inspire.
C'est comme si je respirais pour la première fois depuis des mois.
Tout bien considéré, ça se passera différemment.
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