Bonus : Hasard

« Ce soir ma douce, je veux te parler de quelqu'un qui a beaucoup joué dans ma vie. Ses surprises m'ont apporté plusieurs fois du plaisir, déclara Prosopopée les yeux brillants et le sourire aux lèvres, quelque peu nostalgique.

— Comment s'appelle-t-il ?

— Hasard.

Hasard était un vieil homme. Il se fondait très bien dans la masse puisqu'il ressemblait à n'importe qui. Ainsi, personne ne faisait vraiment attention à lui. Habillé toujours en noir, il jouait le rôle d'une ombre avec beaucoup de pouvoir. Cet homme avait l'expérience de la vie. Il savait ce qui rendait heureux et mettait toujours le bout de son nez dans les affaires d'autrui. Il avait du pouvoir parce qu'il pouvait agir dans la vie des autres comme il le souhaitait et cela pouvait bouleverser pas mal de choses.

Par exemple, un jour alors que je me promenais dans un parc, Hasard me prit la main et m'emmena dans la ville sans me dire ce qui le prenait de faire ceci. Puis il m'ordonna de continuer de marcher tout droit. Je l'écoutai sans vraiment réfléchir n'ayant étrangement aucune envie de lui désobéir. Je continuai lorsqu'il revint vers moi en tenant la main d'un bel homme de mon âge et l'arrêta face à moi. Après avoir fait connaissance avec cet inconnu, je tombai amoureuse de lui et lui de moi. C'est Hasard qui m'a fait rencontrer ton grand-père et il a ainsi agi de nombreuses fois dans ma vie et pas seulement dans la mienne. Il guidait de cette manière beaucoup de personnes sans qu'on ait à lui demander quelque chose. Il agissait, comme bon lui semblait, quand et où il le voulait. C'était étrange parce personne ne semblait lui résister.

Pourtant, Hasard n'avait jamais suscité de la reconnaissance et personne ne croyait en lui. Tout le monde disait que c'était de la chance ou de la malchance mais que ce n'était jamais dû à Hasard. Il était soit ignoré soit pris pour un fauteur de trouble. Dans tous les cas, Hasard était un incompris. Ce dernier s'en contentait et acceptait de ne pas être pris au sérieux malgré le fait que certains n'aimaient pas qu'il procédât ainsi. Ceux-ci souhaitaient tout contrôler et se retrouvaient bien vite frustrés quand Hasard se décidait à prendre leur main.

Quant à moi, je le voyais comme un danseur qui vagabondait, qui zigzaguait de point en point en y mettant un peu de lui, par-ci par-là, en attrapant des mains, en versant un peu d'inattendu sur la tête des passants. Personne ne pouvait l'empêcher d'agir ainsi.

Certains le considéraient même comme un mystère qui s'avérerait heureux ou malheureux pour celui qui subirait les actions de Hasard.

— Donc tu aimes bien Hasard ?

— Oui. J'aime me laisser guider sans savoir ce qu'il se passera, sans savoir ce qu'il fera. Même si j'admets que dans certains cas, j'aurais aimé qu'il s'abstienne. Et toi qu'en penses-tu ? »

La petite ne répondit pas et s'endormit en rêvant d'un vieil homme en noir dansant entre les passants.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top