Solitude

Le lendemain, Jeanne vint en cours avec une feuille de classeur.
Elle se mit devant le tableau et se lança:
- Ceci est de la prose, il n'y a pas de rime. J'ai écrit ça pour ma sœur, hier, à près de 23h.
Alors, Jeanne se mit à lire:

Tu l'entends qui pleure,
Pleure, dans le vent.

Tu l'entends qui hurle,
Hurle, dans la nuit.

Tu l'entends gémir,
Gémir, dans la cloison.

Tu l'entends gratter,
Gratter à la porte.

Tu l'entends toquer,
Toquer à ta fenêtre.

Tu l'entends grincer,
Grincer sous ton lit.

Tu la sens s'accrocher,
S'accrocher à tes pieds.

Tu la sens monter,
Monter jusqu'à ton coeur.

Tu la sens emprisonner,
Emprisonner ton esprit.

Tu la sens paralyser,
Paralyser tes idées.

Tu connais ce sentiment,
Ce sentiment si dure.

Son nom, tu le connais,
Oui, ça tu en es sur.

Il t'est soufflé chaque matin,
Lorsque tu te réveilles.
Le cœur battant et les yeux humides.

Dans ton esprit,
Ces mots tournent sans relâche :
"Je suis solitude."

Le silence tomba sur la classe et le professeur sourit dans sa barbe.
Il demanda à son élève d'en lire un autre le lendemain.
- Même consigne qu'aujourd'hui ?
Son professeur acquiesça et laissa son élève reprendre sa place dans la classe.
Il continua son cours et lorsque la cloche sonna laissa ses élèves sortir.
Seule Jeanne resta plus longtemps car elle voulait dire quelques mots à son professeur. Elle s'approcha du bureau de l'enseignant et attendit qu'il lève les yeux vers elle.
- Tu n'as pas cours, Jeanne ?
- Si monsieur mais je voulais vous prévenir d'une chose. Tout ce que j'écris est souvent noir. Vous êtes sûr que c'est une bonne idée ?
- On va faire une chose, lui répondit le professeur après un instant de réflexion, on va tester ta classe... Chaque jour, tu nous liras un de tes poèmes adressé à l'un de tes camarades et ils devront deviner de qui il s'agit... D'accord ?
L'idée paraissait bonne et Jeanne accepta avant de filer à son cours de chimie, à l'autre bout du bâtiment.

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