La rime facile
Ainsi, chaque jour, pendant l'heure de cours de son professeur, Jeanne lisait les textes qu'elle écrivait chaque soir. Et chaque jour, un nouvel élève trouvait sa place dans la classe.
Ainsi, Jeanne poussa Thibault à déclarer sa flamme à Marine, aida Valentine dont le seul rêve était de devenir amie avec Lisa, arriva à convaincre Louis de faire la paix avec Rose, fit comprendre à Lucy qu'il suffisait qu'elle se lave plus régulièrement pour que Justine accepte de revenir s'assoir à côté d'elle en cours de maths et convaincu Bastien de passer au dessus de ses complexes physiques et de ne plus se cacher sous sa capuche.
Durant 26 soirs, Jeanne se pencha sur son carnet pour y écrire des textes. Elle choisissait au hasard un de ses camarades et se concentrait pour se rappeler tout ce qui lui avait dit sur ce qui ne lui plaisait pas par rapport aux autres. Et puis, une fois qu'elle avait trouvé, elle se mettait à écrire.
Jeanne avait ce que sa mère appelait "la rime facile". Même si tout ce qu'elle écrivait était de la prose, les mots venaient tout seuls. Elle n'avait cas poser son crayon sur le papier et laisser sa main faire. Les mots s'enchaînaient sans qu'elle y pense. Sa main survolait la feuille à la vitesse de l'éclair si bien que seules les traces d'encres laissaient des preuves de son passage.
L'objectif que Jeanne s'était fixé était d'arriver à ce que toute sa classe ne soit plus qu'un grand groupe, une grande troupe où tout le monde soit ami avec tout le monde, sans différents, sans critiques, un groupe où tout le monde s'accepterait.
Alors chaque soir, elle plongeait sa main dans le seau et retirait un petit papier sur lequel était écrit le nom d'un de ses camarades. Elle y plongea 26 fois la main dans ce seau.
Jusqu'au jour où il ne resta plus qu'un nom dans le seau. Le nom de la personne dont elle avait le moins envie de parler.
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