Chapitre 7 : Yuna

J'observe avec curiosité la trouvaille de Tyna, tandis qu'elle s'en approche avec prudence. Comme si ce tableau fait pas un gamin de sept ans allait prendre vie quoi !

À bout de patience, je me précipite vers elle, la dépasse et attrape vite fait ce foutu papier.

― Yuna ! râle Tyna. T'es intenable !

― Bah dépêche-toi aussi le tableau ne va pas te manger, rétorqué-je avec un sourire en coin.

― Ça aurait pu être un piège, argumente-t-elle en croisant les bras, mécontente.

― Roh ça va fait pas ta parano AHHH ! M'exclamé-je soudain.

J'entends un rire provenir de derrière moi et me retourne comme une furie.

― Théo ! Crié-je sur le roux, littéralement en train de se rouler de rire.

― Bah quoi, rétorque-t-il, fait attention on pourrait croire que tu as peur Yunette.

J'explose littéralement.

― Appelle-moi encore une fois comme ça et je t'envoie voir un concert avec Johnny Hallyday et Michael Jackson compris !

― Oh génial ! Merci Yunette !

Je sers le poing et me jette sur lui, prête à le lui coller dans sa face quand une voix désespérée m'arrête :

― Yuna... Calme-toi deux secondes s'il te plaît, soupire Milles. Bon du coup il y a écrit quoi dessus ?

Mon regard oscille entre la face de Théo, toujours à deux centimètres de mon poing et les yeux dépité de Milles, qui ajouta :

― Lis nous le truc après tu peux le tuer si tu veux, mais ce serait dommage, plaisanta-t-il.

― Ok, accepté-je avec un sourire maléfique.

― Milles traître s'écria Théo en tentant de se libérer de ma prise.

Tout le monde éclate alors de rire tandis que Milles se passe la main sur la figure, fatigué par mes conneries.

― Bon du coup ça dit, reprends-je en dépliant le petit papier :

« Leur magie est scellée, mais non leur courroux,

Dans l'ombre des pierres, résonne cri doux.

Les chaînes du sort n'ont pas tout apaisé,

Leurs esprits tourmentés cherchent à se venger.

Une soif inextinguible de résurrection,

Alimente leur haine, nourrit leur obsession.

Et tant que leur dessein reste insatisfait,

Jamais ne s'éteindra, leur sombre volonté.

Si vos yeux rencontrent ce funeste écrit,

Ne jouez pas avec le destin qui vous guette ici.

Fuyez ces couloirs où la pierre murmure,

Où chaque pas résonne d'une peine obscure.

Dans le murmure du vent, l'avertissement :

Des âmes oubliées cherchent leur avènement.

Quittez les lieux, avant qu'il ne soit trop tard,

Ou vous serez l'écho d'un funeste départ. »

Le silence plane à la suite de ce message. Théo se libère enfin, mais je n'y fais même plus attention. Finalement, Miya ouvrit la bouche, énonçant à voix haute ce que l'on pensait tous :

― C'est gai dis donc... Et je parle pas de toi, Théo hein t'inquiète, ajouta-t-elle morte de rire tandis que l'intéressé lève les yeux au ciel.

― Tu vas me lâcher avec ça ? Tu sais très bien que c'est faux en plus... soupire-t-il.

― Oui je le sais, réplique-t-elle en me lançant un regard chargé de sous-entendus.

Ne sachant comment l'interprété je me reconcentre, préoccupée sur ce bout de papier avant d'avouer :

― Quelqu'un peut traduire je suis pas sûre d'avoir tout compris, lancé-je avec un léger sourire.

Amandine, alias la dingue de français, esquisse un sourire en m'arrachant le papier des mains, afin de le relire vite fait.

― En gros il y a des types scellés d'après ce truc ce sont des mages, et leurs esprits cherchent à se venger, à ressusciter. Et tant qu'ils ne l'auront pas fait, leur volonté ne disparaîtra jamais. Si on lit ça, on doit partir immédiatement avant que ça ne soit trop tard. En gros on risque... De... achève-t-elle.

Sa voix s'éteignit, ne pouvant continuer sa phrase. Mais tout le monde a compris. Les sourires apparus suite à la blague de Miya retombent bien vite.

― On fait quoi du coup ? Demanda Théo en se mordant la lèvre, signe chez lui de grande anxiété.

― Quelle question ! S'écrie Tyna. On fout le camp immédiatement.

― Attendez vous n'y croyez quand même pas, intervins-je, déjà depuis quand la magie existe s'il vous plaît ? Ça doit être une farce, affirmé-je en étant pourtant assez nerveuse.

― Je suis plutôt d'accord avec Tyna, on devrait partir affirme à son tour Amandine.

― Moi je suis du côté de Yuna : la magie ça n'existe pas il y a forcément une autre explication, lance Miya venant se placer à mes côtés.

Son frère acquiesce et la suit. Les deux camps se tournent alors vers Théo. Inconsciemment, tout le monde savait que s'il venait de notre côté, les filles resteraient avec nous. Mais s'il choisissait de les rejoindre, les trois partirait sans doute et, ne voulant pas que notre groupe se sépare, nous partirons à notre tour. Face à tant de pression il soupira puis baissa la tête.

― Je suis d'accord avec Tyna, nous devrions partir, avoua-t-il. Mais, ajouta-t-il tandis que les deux filles se réjouissaient, il est tard, on a plus aucun bus pour rentrer et on ne peut pas traverser la ville à pied de nuit, c'est trop dangereux. Donc je pense qu'on ferait mieux de dormir ici puis de partir dès l'aube demain...

Tyna rouspète à voix basse tandis qu'Amandine réfléchit puis acquiesce.

― C'est vrai... C'est sans doute plus raisonnable, marmonne-t-elle.

Voyant qu'elle se retrouve « seule » Tyna cède. Non sans cesser de nous répéter combien notre idée est merdique et dangereuse.

On part donc en quête d'une pièce, dans ce manoir de plus en plus lugubre, pour y passer la nuit. Après ce mot, malgré ce que j'affirmais deux minutes auparavant, je ne suis plus du tout sereine et ne veux pas rester seule. Sans qu'ils ne le disent, je sais que tout le monde pense la même chose. La tension est palpable, presque visible.

Qui aurait crû qu'une telle soirée tourne comme ça ? À vrai dire, ça n'aurait jamais pu se passer autrement, notre groupe est toujours fourré dans les mauvais coups, on aurait dû prévoir depuis le temps.

On finit par trouver une vielle chambre, pleine d'animaux empaillés. Ce n'est pas le top mais ça fera l'affaire pour une nuit. On s'installe gaiement, déballant nos sacs de couchage et nos casse-croûte. On parle de tout et rien, de notre vie au lycée.

― J'ai une idée ! lance alors Miya.

― Oh non, marmonné-je en rigolant.

― Théo : action ou vérité ?

― Je le sens mal, marmonne-t-il avant de répondre : action !

Cette espèce de sadique fit semblant de réfléchir.

― Fais un câlin à quelqu'un !

Il soupira avant de regarder chaque membre de la pièce. Après de longues secondes, son regard hésitant se posa sur moi. Je hausse les épaules, geste signifiant « essaye et je t'en colle une » mais qu'il semble interpréter comme « fais ce que tu veux ». Il s'approche donc de moi et me serre brièvement dans ses bras, une fois sa tâche accomplie, il s'assoit, se laisse tomber plutôt, brutalement à côté de moi puis lança à son tour :

― Milles ? Action ou vérité ?

― Vérité, flemme de bouger, soupira-t-il.

Un sourire machiavélique apparu sur son visage.

― T'as une crush ?

Il le regarde sans ciller, le visage plus que neutre, répondant simplement :

― Oui.

― C'est vrai ?! C'est qui ?! s'exclame le rouquin.

Le jumeau soupire.

― Une seule question à la fois, le nargue-t-il.

Miya donne une tape sur la tête de son frère.

― Tu devrais lui dire, c'est simple il suffit de dire : « j'ai un crush sur toi, mon cœur accroche sur toi et tu ne le sais même pas... »

― « Je n'attends rien de toi t'habites trop loin de moi mais le dire fait contrepoiiiiiids » continué-je, suivant Miya dans les paroles de ma chanson préférée.

On éclate toutes les deux de rire tandis que Milles râle :

― Putain vous me faites chier vraiment.

― On devrait peut-être aller dormir, si on veut se lever tôt demain ? Suggère Tyna afin de calmer les tensions en train de se créer.

Tout le monde acquiesce, sûrement à contrecœur pour certains. On s'installe dans nos duvets, sans même prendre le temps de revêtir nos pyjamas.

― Donc demain on se lève le plus tôt possible, rappelle encore une fois Tyna, qui visiblement ne veut absolument pas rester ici.

― Oui maman... plaisante Théo. Allez bonne nuit la compagnie !

Personne ne lui répond. Les secondes passent, se transformant lentement en minute... Je tourne dans mon sac de couchage sans parvenir à trouver le sommeil. Le mot de tout à l'heure occupe la totalité de mes pensées.

Autour de moi, les ronflements de mes amis se font peu à peu entendre. Tout à coup, une voix, un murmure semblant provenir des murs même du manoir se fit entendre :

― « Lors de la nuit sans lune, les élus arriveront. Prenez garde, ils vous retrouveront »

Je me redresse en sursaut, en même temps que Miya qui visiblement ne parvenait pas non plus à dormir.

― T'as... T'as entendu... Toi aussi ? Bégayé-je.

Elle acquiesce, sans doute la gorge aussi nouée que moi. Je jette malgré moi un coup d'œil par la fenêtre... Bien sûr la lune n'apparaît pas... Non ! C'est simplement une coïncidence... Je me retourne vers Miya.

― On fait quoi ? Chuchoté-je.

Elle haussa les épaules avant de proposer :

― On va explorer ? De toute façon j'arrive pas à dormir.

J'esquisse un sourire : c'est clairement une mauvaise idée. Pourtant je réponds :

― Ok ça me va. Moi non plus de toute façon. On réveille les autres ?

Je me tourne vers nos amis, avant de m'apercevoir que les ronflements ont cessé...

― Pas la peine, grogne Milles, vous êtes tellement discrètes...

On échange un regard malicieux avec Miya.

― Et les autres ? Demande-t-elle.

― On vous accompagne bien sûr ! Répond Théo en se redressant, suivi de Tyna et Amandine.

― Non mais vous êtes tous inconscients, râle Tyna, avec malgré tous un sourire aux lèvres.

― Au fait, vous avez entendu à l'instant ? Demandé-je innocemment.

Ils se regardent hésitants.

― Entendu quoi exactement ? Demande Amandine.

Je me mords la lèvre en regardant Miya.

― Non rien, laissez tombez j'ai du rêver, affirmé-je en me dirigeant vers la porte, tentant de me convaincre moi-même de cette affirmation.

On sort donc de notre confortable pièce afin de se lancer dans l'exploration de ce beau manoir. En passant devant une salle, la porte légèrement entrouverte, on aperçoit une lueur mauve qui s'en émane. On s'arrête puis se regarde. On sait tous qu'on devrait continuer notre route, mais personne n'en est capable, c'est pour ça que nous sommes amis : on est tous aussi timbrés, inconscients et fous les uns que les autres.

Ironiquement, c'est Tyna la râleuse qui ouvre la porte, poussée par sa curiosité. On tombe alors sur une immense bibliothèque. Les dizaines d'étagères s'élèvent à plusieurs mètres de hauts et sont remplies d'innombrable livre. On s'arrête, bouche bée, sauf Théo qui soupire. Il n'a jamais été très littéraire le pauvre. Milles lance alors à sa sœur :

― Eh Miya tu penses que tu peux atteindre les livres du haut ? Plaisante-t-il.

Elle lui envoie un coup de poing dans l'épaule puis nous éclatons tous de rire. La bonne humeur revenue entre nous, nous nous approchons de la source lumineuse : un vieux, très vieux, grimoire violet foncé avec six pierres incrustés dans sa couverture : une bleue, une transparente, une rouge, une jaune, une verte et une noire.

On se regarde de nouveau puis je ne peux résister à l'envie de le feuilleter. Je l'attrape donc et l'ouvre. Je n'aurais pas du...

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