Chapitre 2 : Amandine

Mes doigts dansent de corde en corde alors que je rejoue ces quelques mesures pour la énième fois. Satisfaite, je souris et passe enfin aux notes suivantes, bien plus dures à jouer. C'est pas encore ça...

Je bloque sur une croche particulièrement aiguë et pose mon violon un instant pour attraper un porte-mine –et pas criterium-, corrigerait mon prof de violon.

― Sol, La, Si, Do, Ré...

Je note le doigté, récupère mon instrument, puis le repose immédiatement en me demandant quelle heure il peut bien être. Cela fait un moment que je m'entraîne, et ma mère ne devrait pas tarder à rentrer : elle et ma sœur sont parties faire des courses, et, dans ma grande passion pour le shopping, j'ai préféré rester ici. C'est alors que je remarque trois notifs de Yuna :


Il y a 35 min.

[Je pars de chez moi, ma mère m'a encore pris la tête. Je suis là dans vingt-trente minutes. À plus.]


Il y a 5 min.

[Je suis devant chez toi]


Il a 1 min.

2 appels en absence


Oups...

Le temps de taper une réponse courte et approximative pour mon amie qui doit s'impatienter sur le palier, je range mon violon dans son étui, et sans prendre la peine de le mettre lui-même à sa place, j'attrape en trombe une chaussure. Je l'enfile tout en remplissant ma gourde, avant de mettre ma deuxième basket et de faire un rapide tour aux WC.

Quelle idée de venir à l'imprévu aussi !

Je traverse l'appartement au pas de course, attrapant la clé au passage, fait demi-tour pour récupérer mon téléphone abandonné sur le canapé, sors sur le seuil et tourne deux fois la clé dans la serrure. Après avoir dévalé les marches quatre à quatre et manqué de glisser sur le carrelage de la cage d'escalier, j'ouvre enfin la porte à la jeune femme qui tape du pied sur le trottoir.

― C'est pas trop tôt, remarque-t-elle en guise de salut.

― Oh ça va hein, tu sais très bien que je regarde jamais mon téléphone, répliqué-je en levant les yeux au ciel.

― Mais il doit bien sonner ton téléphone !

― Non, il est en silencieux.

Elle soupire. Je hausse les épaules, amusée.

― Alors il vibre, s'énerve-t-elle.

― Non plus, il est en mode « nuit ».

― 'tain... Qu'est-ce que c'est que cette invention d'Einstein encore ? Soupire-t-elle en se passant une main sur le visage.

― On est vraiment en train de débattre sur les fonctionnalités de l'Iphone mini là ?

― Oui, confirme-t-elle en riant. Et puis, t'as pas besoin qu'il soit en silencieux pendant les vacances.

― Oui bon, ça va, ris-je en enlevant la fonction « ne pas déranger ».

Elle me propose finalement d'aller manger au McDo, car ma mère et ma sœur ne seront pas rentrées avant un moment et j'accepte, heureuse de pouvoir passer un moment avec elle. Laissant donc Yuna esseulée dans la cage d'escalier, je remonte pour me couper du saucisson. Cette mesure pourrait sembler étrange à qui ne me connaît pas, mais tous mes amis savent que, faute d'aimer les Hamburgers et les produits conditionnés de ce genre de restauration, je ne prends que des frites. Que je mange avec du saucisson.

Cherchez pas, y a aucune logique.

Bref, toujours est-il que je ne me suis jamais fait virer de McDonald's par un serveur qui aurait remarqué ma petite boite en plastique de 5 cm² remplie de tranches de saucisse sèche.

Je rouvre donc la porte de l'appartement pour préparer mon pique-nique et en profite pour récupérer la clé du cadenas de mon vélo. Je redescends en vitesse et nous sortons dans la rue avant d'enfourcher nos vélos.

Nous parcourons les rues bondées de cette fin d'été – vive les villes touristiques en bord de mer – quand la sonnerie de mon téléphone sonne, m'obligeant à stopper ma progression sur la piste cyclable.

― Eh oh ! Préviens quand tu t'arrêtes, m'apostrophe Yuna en m'évitant de peu.

Je décroche sans prendre la peine de répondre.

― Allô Miya ? Je lance à tout hasard.

Amandine, tu ne devineras jamais ! S'exclame mon amie, euphorique.

― Ton livre va être publié ? T'as mère as changé de job ? Nooon... Me dis pas que ton chat est tombé du premier étage ?!

Eh ! Pas mon chat !

― Alors qu'est-ce qu'il y a ?!

Je jette un coup d'œil à Yuna qui pouffe en entendant l'hystérie de mon interlocutrice. Difficile de ne pas l'entendre à vrai dire, elle cri si fort que je suis obligée d'éloigner le combiné de mon oreille pour éviter la surdité.

On fait une soirée dans un manoir hanté ce soir ! Tu sais, celui qui se situe en bordure de la ville ? Yuna, Théo et mon frère sont d'accord, même si Théo a été plutôt difficile à convaincre...

― Stop, stop, stop, je l'interromps avant que mes neurones restant ne disjonctent, emportant avec eux le peu de santé mentale qu'il me reste. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Pourquoi je suis au courant que maintenant ?

Avant que la jeune fille ai pu répondre, Yuna me prends l'Iphone Mini des mains.

― T'inquiètes Mi', je lui explique ton idée de merde. On mange au McDo et on te rejoint chez toi, ça te va ?

OK, ça me va. Merci Yuna !

La brune raccroche en levant les yeux au ciel.

― Elle s'est mis en tête d'aller faire de l'urbex tous ensemble avant de partir pour la fac. On a pas trop eu voix au chapitre, mais c'est un détail...

Je confirme ironiquement et nous repartons en direction du McDo. Miya nous a encore sorti une idée de psychopathe dont elle a le secret et je le sens très mal. J'ai jamais été à l'aise pour outre-passer les interdis, surtout quand ça risque de nous mettre en danger, mais j'imagine que je me fais des idées : ce manoir est vide de tout habitant depuis des années, voire plus, et il n'y a aucune raison que ça tourne mal. Surtout qu'on sera six ! Il ne peut rien nous arriver.


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