Chapitre 10 : Théo

Un quart d'heure plus tôt...

La lumière vient brusquement de s'éteindre, j'entends comme d'habitude Yuna se plaindre et les autres commencent enfin à paniquer, tout le monde s'appelle, cherche à se retrouver. Mais au moment même où je tente de faire savoir ma présence, un vide glacial m'entoure alors et je sens le sol se dérober sous mes pieds.

Avant même que je n'ai eu le temps d'appeler qui que se soit, je heurte brutalement le sol. Je me relève, frottant mon épaule endolorie. Dire qu'elle venait à peine de guérir d'une tendinite...

Quoi qu'il en soit, une fois mes yeux habitués à la soudaine luminosité, je détaille la pièce dans laquelle j'ai atterri.

Une grande chambre brune et jaune, je pense alors immédiatement à Mandy et Yuna qui se serait sûrement exclamé en chœur : Poufsouffle !

Et voilà que leur obsession pour cette fichue série de sorcier me contamine...

Je pouffe tout seul puis m'arrête, sentant presque le regard jugeur de Yuna sur moi. Je me retourne quand même par acquit de conscience puis soupire. Évidemment qu'elle n'est pas là, qu'est-ce que j'allais m'imaginer franchement...

Je pousse un nouveau soupire puis reprend mon examination de la pièce. Ni fenêtres ni porte à première vue... Seulement le vieux tapis à moitié mangé par je-ne-sais quelle bête et recouvert de terre, et la vielle tapisserie représentant un très grand arbre. Lorsque je m'en approche, je m'aperçois qu'il s'agit d'une sorte d'arbre généalogique. Malheureusement, le temps a fait son œuvre et les mots, ou noms d'ailleurs, sont illisibles.

Je dois me faire une raison, je suis coincé ici... Je laisse échapper un râle de colère : envers moi-même pour m'être laissé embarqué dans cette affaire douteuse, et surtout envers Miya et Yuna, aussi barrées l'une que l'autre pour nous avoir tous entraînés dans cette « idée de génie » comme dirait si bien la surfeuse.

Yuna... Je revois l'image de mon amie et l'imagine sans mal en train de râler et de me chercher partout. Je souris malgré moi, je la connais trop bien...

― Théo?! Oui-Oui ?! Tytyyyyy ?! Bordel on va me répondre oui ou non ?!! Ohé y'a quelqu'un ?!!!!

Voilà que j'entends sa voix... Je déraille vraiment en ce moment...

― Si vous êtes là c'est vraiment pas drôle les gars !

Je prends soudain conscience que Yuna déambule vraiment quelque part en dehors de cette pièce et réagis enfin :

― YUNA ?! C'est toi ?!

Je vais me faire rembarrer à coup sûr mais tant pis...

― THÉO ! Non non c'est le pape crétin !!

― Très drôle, ironisé-je, t'es où ? Lui demandé-je en tâtonnant sur le mur à la recherche d'une quelconque issue miracle.

― Bah c'est pas ma faute si t'es con aussi ! Répliqua-t-elle, sûrement avec son éternel sourire en coin. Et devine où je suis ? Dit-elle malicieusement.

Mais pourquoi je pose la question moi aussi... ? On a tous toujours le droit à la même réponse façon. Mais aussi détendue soit-elle, ce n'est vraiment pas le moment de plaisanter.

― Yuna s'il te plaît sérieux ! T'es plus une gosse et là on est dans une belle merde donc concentre-toi ! T'es où ?

― Dans un couloir, mais je sais pas où exactement ! Et toi ?

La tentation de lui faire la même réponse est forte, mais je me retiens tant bien que mal... Sa voix vient de ma droite ! Je me précipite à tâtons vers elle en répondant :

― Dans une sorte de chambre sans porte ! Je cherche une sortiiIIIIIIIE !!

Au même moment, mes doigts trouvent enfin une poignée cachée et un mécanisme s'enclenche. Le mur bascule et je me retrouve enfin dehors. Je n'ai pas le temps de me réjouir que Yuna pousse un nouveau cri :

― Théo ?! T'es mort ?! AHHH il y a une pote à Miya !!!!

Je souris face à la stupidité de sa question... Sa voix vient du mur en face de moi, je m'approche prudemment mais aucune poignée cette fois...

― Non c'est bon je suis là ! Lui crié-je. Par contre on en parle de ta question ouuuuu ? Et je savais pas que Tyna te faisait peur à ce point !

Je rigole à ma propre blague, bien qu'elle soit vraiment pourrie...

― Oh ta gueule ! Me réplique-t-elle. Et non y'a une putain d'arai... AHHH TA MÈRE ELLE BOUGE !!

Je fais tous les efforts du monde pour me retenir de rire. Mais un nouveau bruit sourd nous ramène soudain à la réalité. Une sorte d'explosion venant d'au-dessus de nous.

― Il faut vite que l'on retrouve la sortie ! Lancé-je à Yuna. Tu sais où sont les autres ?

― Tu crois que je fais quoi depuis tout à l'heure ? Aucune trace d'eux.

Je me creuse les méninges pour réfléchir mais rien à faire. Il n'y a aucune solution, à part celle de s'enfuir à l'aveugle qui est sans doute la plus risquée...

― Bon pas le choix, reprend Yuna.

Son ton a changé, pour qu'elle devienne aussi sérieuse, il faut vraiment que la situation soit grave...

― On doit tenter un chemin au hasard, affirme-t-elle.

Cette décision ne me plaît pas du tout... Mais faute de mieux, autant tenter de rester ensemble. Je pense alors à un moyen... Je m'approche du mur et tape trois coups assez fort dessus.

― Je suis ici, dis-je.

Je m'éloigne de plusieurs pas vers le côté qui me semble le moins sombre et retape trois coups.

― On va par là suis-moi !

Elle me répond, tapant deux petits coups à ma hauteur. On s'élance donc en courant à travers les couloirs, tapant régulièrement afin de ne pas se perdre. Finalement, au détour d'un coin, j'aperçois enfin une grande pièce lumineuse.

― On y est ! Crié-je.

― Théo ? Me répondit une voix plutôt grave en contrebas.

Je m'approche de la rambarde. On avait donc atterri à l'étage... Je remarque enfin Milles, et il est avec Tyna !

― Milles ! S'exclame justement Yuna en arrivant derrière moi.

― Vous êtes là, descendez vite ! nous appelle Tyna.

Nous nous regardons puis acquiesçons, en nous dirigeant vers l'escalier. Enfin arrivés en bas. J'allais justement demander quoi faire lorsque Tyna s'exclama, fixant un point derrière moi :

― Vous êtes là !

Je me retourne et voix Miya et Mandy arriver en courant, pour ensuite initier une étreinte collective dans laquelle même Yuna se joint... Mais pas trop longtemps quand même.

Nous nous tournons vers la grande porte du manoir.

― On y va immédiatement, nous ordonne Tyna.

Personne ne le contredit et on ouvre donc la grande porte, ce manoir chelou ne nous manquera vraiment pas !

Mais alors qu'on était sur le point de sortir, on voit que la grande allée sinistre à soudain été remplacé par un grand champ brumeux et constitué de haies d'une hauteur ahurissante... Un labyrinthe...

― On... On fait quoi maintenant... ? Demande Mandy la voix tremblante.

― On a pas vraiment le choix, dit Milles l'air sérieux, soit on entre dans ce labyrinthe avec l'espoir de sortir, soit on retourne dans ce manoir...

― Le pire, ajouté-je, c'est quo'on voit la ville tout là-bas regardé, dis-je en pointant la « fin » du labyrinthe. Comment a-t-il pu arriver là ? Quelque chose ne tourne vraiment pas rond décidément !

Je vois Miya baisser la tête d'un air penaud, elle doit sûrement s'en vouloir... Malgré tout, je conserve un peu de rancune au fond de moi. Son frère la regarde mais ne dit rien pour la réconforter, ne serait-ce qu'un petit peu...

À l'heure où les querelles éclatent,

Les cœurs se brisent, sombres et écarlates.

Dans ces failles, les Six s'infiltrent,

Mêlant leur ombre à celle qu'ils filtrent.

Ils troublent l'âme de leur hôte,

Amplifiant leur méfiance et leur doute.

Héritiers prenez gardes,

Car maintenant nul n'est envisageable. »

Nous nous figeons tous, glacés par cette voix fantomatique.

― On ferait mieux de retourner à l'intérieur, propose Tyna, visiblement à contre-cœur, je ne le sens pas du tout ce labyrinthe.

On hoche la tête d'un même mouvement en se retournant, mais... le manoir pourtant juste derrière nous à l'instant s'est à présent... éclipsé... On ne voit plus que de hautes haies à perte de vue... Nous sommes dans le labyrinthe !

― Il... Il n'est plus là... Je... Je ne rêve pas ? Demande Milles la gorge serrée.

On n'a pas le cœur de lui répondre. La situation dégénère de plus en plus vite. Comment cette histoire peut-elle bien se terminer ?

― Le... murmure alors Yuna blême. Le grimoire...

En effet, l'épais bouquin violet et là, semblant flotter dans les airs, ouvert...

Semblant deviner ce qu'elle a en tête, Amandine et Tyna s'élancent d'un même mouvements pour la retenir. Les jumeaux semblent amorphes, inanimé, même Yuna ne cherche pas à se débattre. Contre toute attente, je choisis de m'en approcher.

― Théo ! Clame alors Tyna. Arrête.

― Je n'y touche pas, promis-je, mais c'est notre seule piste les filles, vous voulez que l'on fasse quoi d'autre ?

Pas de réponse... je m'approche alors doucement, comme s'il s'agissait d'une bête féroce. Je parcours les premières ligne et mes yeux s'écarquille.

― Écoutez ça, dis-je, tremblant. « Deux galaxies jumelles dansaient ensemble, à la création de l'univers, une se faisant appeler Voie Lactée, l'autre Abraxas. L'une conservait les Hommes, l'autre la magie. Tout semblait aller pour le mieux mais un beau jour les six Royaumes composant Abraxas furent touchés par un étrange mal d'origine humaine. Six Êtres traversèrent alors le passage reliant leur destin et s'emparèrent du pouvoir sur Abraxas. Cela eut pour effet de désynchroniser leur danse céleste et leurs habitants sombrèrent dans la folie. Mais l'avidité humaine en demandant toujours plus, ceux qui se faisaient désormais appeler les Six décidèrent de revenir sur Terre afin de l'asservir aussi. Par chance, un vieux mage exilé les intercepta et, à la suite d'une longue bataille, les enferma dans le Dédale Maudit. Nombreux furent ceux qui tentèrent de les délivrer mais nul n'en est jamais ressortir vivant. Mais parmi les habitants d'Abraxas, une vieille légende persistent encore : la conscience des Mages, avide de toujours plus de pouvoirs, leur ferait parvenir six humains, afin de rompre le sort qui les retient et, qu'ils puissent enfin assouvir leurs sombres dessins »

Il y eut un grand blanc, Tyna et Mandy lâchent Yuna, qui de toutes manières ne se débattait pas. Une sueur froide me traverse le dos et la panique monte en moi. Tyna pose enfin la question que tout le monde redoute :

― Bon... On fait quoi maintenant ?

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