Chapitre 1 : Yuna

La sonnerie de mon portable retentit bien trop tôt pour un dimanche matin. J'ouvre péniblement les yeux regardant le nom de la personne assez suicidaire pour me réveiller à huit heures ce jour-là. Miya... J'aurais néanmoins dû m'en douter.

Je décide alors de laisser sonner mon téléphone et de me rendormir. Mais c'est sans compter l'obstination de cette fille... Elle rappelle au moins trois fois avant que je ne daigne décrocher, légèrement agacée.

― Tu sais quelle heure il est bordel ! Huit heures ! Huit putains d'heures ! J'espère pour toi que ça en vaut la peine, maugréé-je encore à moitié endormie.

J'éloigne le téléphone de mon oreille tandis qu'elle me répond, avec trop d'enthousiasme pour un dimanche à huit heures :

― Roh toujours à te plaindre toi ! Bien sûr que ça en vaut le peine ! Devine où on dort ce soir ?

― Hum... Dans notre lit peut-être ? Réponds-je en voyant le pire venir.

― Eh non ! Crie-t-elle presque dans le téléphone à tel point qu'il se retrouve encore à cinquante centimètres de mon oreille. Dans un manoir ! Bon... À l'abandon peut-être mais ça reste un manoir ! Ça va être hyper flippant la nuit se sera super !

― Pff, m'exaspéré-je la voix pâteuse, je ne sais pas ce qui m'inquiète le plus entre ton idée de merde ou le fait que tu trouves ça « super »...

― Les deux ! S'enthousiasme-t-elle.

Je l'imagine presque danser derrière le téléphone, ce qui me fait soupirer de désespoir... Cette fille est vraiment irrécupérable...

― Bref, reprends-je, que nous vaut cette idée de génie ?

― Bah dans une semaine on part à l'Université, reprit-elle d'une petite voix, donc je me disais qu'on pourrait se faire une dernière sortie entre pote, histoire de marquer le coup... En plus le reste de la semaine on le passe avec nos familles, c'est la seule occasion... Ça te dit ?

― Mais où tu vas chercher tes idées toi...

― Au parc des enfants !! Avec ma camionnette ! S'écrie-t-elle comme une folle.

― Mais tu me fatigues... Qu'en pensent les autres de ton idée à la noix ?

― Ah merde faut que je les prévienne !

Et elle me raccroche au nez, sans plus d'explications... Il faut vraiment qu'on la fasse interner celle-là... Je tente de me rendormir mais le soleil chaud de mi-août ne me laisse pas faire. Ses rayons inondent ma chambre d'une intense luminosité. Je soupire puis, maudissant intérieurement Miya, je finis par me lever, enfilant rapidement un legging aux motifs triangulaires noirs et blancs et un t-shirt ample symbolisant la maison Serdaigle, avant de me diriger d'un pas traînant vers le salon.

― Déjà debout ? S'étonne mon père, une tartine grillée et beurrée à la main.

Je grogne pour toute réponse tout en me rendant à la bouilloire. Je mets l'eau à chauffer et en profite pour m'éterniser devant le placard à thé... Tout ça pour au final opter pour un thé à la menthe comme chaque jour. J'installe le petit sachet dans ma tasse préférée, une blanche représentant une panthère noire, puis termine pile quand la bouilloire se met à siffler.

Encore endormie, je la retire et verse l'eau dans la tasse. Je retourne dans le salon puis expire de lassitude une fois assise. Je reçois alors un message de Miya :

"Tout le monde est d'accord," écrit-elle, "rendez-vous ce soir à 19 h devant de manoir en bordure de la ville."

Je laisse échapper un soupir, je sens d'ici les ennuis arriver à plein nez...

Je décide alors d'envoyer un message à Théo, un des seuls mecs de notre groupe avec Milles, le jumeau de Miya.

''Qu'est-ce qui lui a pris à la surfeuse là ?'' Envoyé-je.

"Je ne sais pas mais bon... De l'urbex pour une dernière sortie ça peut être pas mal non ?" Répond-il dans la seconde. "En plus de drôle de rumeurs circulent à propos de cette partie là de la ville, ce manoir plus précisément, il paraît que des choses étranges se produisent là-bas."

"Ah parce que tu crois au fantôme toi ?" Me moqué-je.

Sa seule réponse fut d'envoyer un émoji haussant les épaules.

"Je te laisse", écrit-il, "je dois aller aider ma mère tu la connais... À ce soir !"

"Ouais, ouais c'est ça", réponds-je.

Mais il s'est déjà déconnecté. Je soupire longuement, buvant enfin mon breuvage favori avant d'annoncer à mon père :

― Je dors chez Miya ce soir, dis-je à haute voix. Autant éviter de l'inquiéter, pensé-je ensuite.

Il hoche la tête sans détourner son regard des infos.

Visiblement c'est plus important...

Je me rends alors dans ma chambre, ma tasse à la main afin de préparer mes affaires pour cette soirée qui a tout pour virer au cauchemar...

J'attrape vite-fait un sac assez grand pour y ranger quelques vêtements de rechanges et des objets utile pour cette nuit, puis je troque mon pyjama de fortune contre un débardeur noir près du corps et une veste kaki aux allures un peu militaires. Je garde néanmoins un legging gris que je retrousse comme à mon habitude au-dessus des chevilles.

J'attache mes longs cheveux noirs en une queue de cheval haute faite à l'arrache, avec plusieurs grosses mèches qui s'en échappe, et attrape mon casque, posé sur mon bureau encombré, puis l'enfile autour de mon cou. Avant de sortir de ma chambre, je check mentalement mes affaires puis sort d'un pas décidé.

Mon père n'a toujours pas bougé du canapé... Et ne le fera sans doute pas avant midi.

― J'y vais, lancé-je en étant sûre de ne pas obtenir de réponse.

― Où ça ? Me répond une voix plus féminine.

Eh merde, c'est ma mère...

Un froid s'installe immédiatement dans la pièce. On se dévisage longuement avant que je ne daigne répondre d'un ton plus que glacial :

― Chez Miya, je dors chez elle ce soir...

― Oh que non jeune fille tu vas réviser ! s'énerve ma mère.

Mais j'avais déjà enfilé mes gants de vélo et claqué la porte sous son nez. Je traverse rapidement la cour pendant qu'elle me crie :

― Yuna ! Yuna Stepherd ! Tu reviens là ! Immédiatement !

Mais je l'ignore royalement, enfourche mon vélo, puis part en lui criant :

― À demain !

Une fois loin de chez moi, j'envoie un message à Amandine.

"Je pars de chez moi, ma mère m'a encore pris la tête. Je suis là dans vingt-trente minutes. À plus."

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