Promets-moi la lune

Saï vit la façon dont le visage de Sakura se tordit dans une expression torturée et pendant un instant, il voulut avoir la capacité de pouvoir trouver les bons mots. Pourtant, dès que les larmes tachèrent les joues de l'adolescente, il remercia Danzo de tout son être parce que vivre avec autant d'émotions que la médecin semblait être un supplice des Dieux.

Parce qu'il était plus une machine à tuer qu'un humain, il exprima ce que personne ne disait. Les bruits de sanglots reprirent de plus belle. Pendant un instant, Saï regretta. Puis, il se rappela qu'il brisait la fille en face de lui pour Naruto. Naruto qui serait bien plus bénéfique au village que la chunin. Alors, il la détruisit parce qu'elle n'était qu'un pion de plus sur son chemin pour mener l'Uzumaki à la gloire.

La neige s'attaquait à sa gorge. Des cristaux décoraient ses poumons. Sa langue était une magnifique sculpture de glace. Le froid saisissait tout son être, mais il continuait de suivre cette fille qu'il condamnait.

Ils s'arrêtèrent soudainement. Les pieds de Saï se transformèrent instantanément en givre. Ses joues étaient craquelées par le froid, si bien que quand il s'adressa à elle, un bruit de papier sablé retentit.

-Mocheté ?

Peut-être qu'elle eut pitié, peut-être qu'elle ne faisait que son devoir de médecin, mais cela l'importait peu. La chaleur presque brûlante de la main posée sur sa joue l'importait. Le temps d'une respiration frigorifiée, il se sentit mal de sacrifier cette étoile filante pour son soleil.

Naruto et Sakura brillaient de mille feux. La médecin étincelait autant que le blond, le tachant d'ombre çà et là. Ce n'était pas grave. Bientôt, Saï l'absorberait dans son ombre et Naruto pourrait être le seul à éblouir les alentours.

L'air se coinçait dans la trachée gelée de Saï. La neige couvrait ses cheveux durs. Des petits glaçons s'échappaient à chacune de ses expirations. Un nuage de buée rencontrait ses cristaux. Des yeux verts chauds défiaient les siens, noirs et froids. Les doigts bouillant de la fille se posèrent sur sa bouche, capturant ses lèvres bleues. Sa langue rencontra ses phalanges en quête de chaleur. Une larme éclaboussa la main fine.

-Je suis désolée, Saï.

Le froid l'engouffra et elle le laissa se faire dévorer par la morsure de la brise glaciale. Elle laissa la neige cueillir son corps empoisonné. Saï sourit presque. Ils n'étaient que des pions dans le jeu de l'autre. Elle avait beau scintiller autant que le soleil, ses mains étaient aussi sales que les siennes. C'était la différence qui causerait sa perte. Saï ne laisserait pas un soleil teinter le monde de sang.

La température se réchauffa. Sa gorge s'inonda. Ses poumons se remplirent de liquide. Il ignora l'eau qui s'écoulait de sa bouche à chaque toux. Il continuait de poursuivre cette fille. L'étoile filante finirait bientôt son voyage dans le ciel et il voulait pouvoir exercer un dernier vœu.

La noirceur saturait l'atmosphère. Au milieu, la lueur d'une bougie. Un autre toussotement du garçon et les gouttelettes balayèrent cette frêle lumière. L'odeur du feu lui brûla les narines. Son odeur lui brûla le nez.

Naruto l'éblouissait presque. Dans le noir total, il suivit ce filet de fumée. Ses oreilles bourdonnaient. Son nez l'élançait. Son coeur était affreusement vide. Ce n'était pas le vide du soldat de Danzo. C'était un vide douloureusement réel. Le sang s'échappait de ses ventricules baignant son système. Il se noyait dans ce raz-de-marée et personne n'était là pour lui tendre la main.

Saï s'étouffait sur son sang. Le liquide bordait ses lèvres, recherchant une issue hors de ce corps nocif. Il agonisait. Pourtant, le garçon forçait son corps à continuer vers cette bougie éteinte.

ll l'atteignit finalement. Deux bougies côte à côte, épuisées par la vie. Saï savait ce qu'il devait faire.

Le feu sortit de sa bouche, du liquide sanguin le contaminant. Il ne serait jamais Naruto. Il ne pourrait jamais dégager de la chaleur sans que le sang ne le tache.

Naruto explosa et la lumière l'aveugla. Son corps brûla sous la chaleur soudaine. Les yeux bleus étaient brillants. Saï les ignora. La blancheur des mains du garçon était la seule chose importante. Il protégerait ces mains pour que jamais elles ne soient teintées du rouge des prunelles du Kyuubi.

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Ils enterrèrent un cercueil vide. Plusieurs paires d'orbes accusateurs transpercèrent son être. Il les ignora parce que tant que les mains de Naruto étaient blanches, il avait fait le bon choix.

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La pluie le glaçait jusqu'aux os. Le sang sur ses doigts s'écoulait lentement, ne se lavant jamais réellement. Il poussa une porte, laissant une empreinte sanglante sur la poignée. Maintenant qu'il était au sec, la même odeur de fumée que depuis ce jour envahit ses narines. La senteur lui donnait le tournis. Il ne voulait que retourner dans la tempête pour laisser son esprit oublier quelques instants son odeur.

Les gouttes décoraient la fleur blanche que ses doigts tachaient de rouge, les mêmes couleurs des mains de Sakura. Il inspira la fleur. L'arôme floral brisa quelconque barrière chez le garçon. Les larmes se mirent à couler. C'était la même odeur que les cheveux roses avaient. Les perles salées se mêlèrent à la pluie sur le lys. Il savait qu'il avait fait le bon choix, mais pendant un instant, son cœur oublia tous les enseignements de Danzo. Pendant un infime lapse de temps, le sang cessa de s'échapper de ses ventricules pour battre douloureusement.

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Éventuellement, les amis de Sakura lui pardonnèrent. Il n'avait pas tué Sakura, il avait juste fait disparaître son corps. Les lueurs de culpabilité dans leur regard faillirent mettre à genoux Saï. Personne ne le savait sauf lui et elle, mais il était celui qui avait éteint sa flamme vacillante.

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Peut-être que des mois avaient passé, Saï n'aurait su le dire. Il se cachait dans la noirceur pour échapper à ces gens qui essayaient de l'approcher. Il voulait percer ce cœur qui s'était remis à fonctionner pour la première fois depuis une décennie et laisser son sang se perdre dans l'ombre d'une ruelle. Pourtant, la vue d'une main immaculée l'en empêcha. Il s'était battu pour cette absence de saleté. Il ne pouvait pas laisser son sacrifice être en vain en abandonnant maintenant.

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Ino posa une main sur sa joue. La paume était chaude, mais le contact effraya son cœur fonctionnel. Les larmes tachèrent les ongles manucurés. La blonde la dévisagea parce qu'il était supposé être un soldat de Danzo. Son cœur était supposé être percé, mais elle l'avait réparé, sa mort l'avait réparé. Il aurait juste souhaité être réparé avant qu'elle ne disparaisse parce qu'alors, son cœur ne battrait peut-être pas aussi douloureusement.

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Les mains immaculées saisirent un chapeau. Les dents brillèrent de mille feux. Des applaudissements retentirent. Saï applaudit. Saï l'applaudit, elle.

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Ino passa une bague sur son doigt gelé. La chaleur de la femme l'insupportait, mais il ne dit rien parce qu'il ne pouvait pas sacrifier quelqu'un d'autre. Des mains immaculées applaudirent vigoureusement. Saï les observa, un instant. Il pouvait presque voir ses yeux verts se refléter dans la pureté de la peau.

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Il fit l'amour à Ino et son coeur battit douloureusement. Elle avait réparé son cœur, mais elle avait détruit son esprit comme il l'avait fait. Il ne guérirait jamais, peu importe combien de fois il regardait ces yeux bleus pâles. Saï ne verrait jamais autre chose que le fantôme de prunelles vertes brillantes.

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Peu importe combien de fois, Saï regarderait le soleil, il n'y verrait qu'une pâle imitation de la supernova en laquelle il l'avait transformée des années auparavant.

***Je vais corriger le texte sous peu, mais j'étais excitée de le publier parce que j'en suis quand même fière. J'espère que vous ne trouvez pas ça trop sans queue ni tête, mais bref, merci d'avoir lu ! C'est un gros soutien :D***

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