Chapitre 1: Un contact
Londres.
16 juin. 19h06
Londres est toujours en ébullition. Même la nuit on la voit vivre, on l'entend respirer et elle vous envoute. Elle ressemble à une danseuse dont la jupe virevolte dans le ciel. Londres fait de l'ombre aux étoiles et à la lune. Le clapotis de la pluie raisonnait sur la tôle du toit de la petite maison du centre-ville. La rue sinueuse était calme et déserte, les lampadaires éclairaient faiblement l'impasse qui menaient à la petite cour de la maison. C'était une ancienne grange rénovée, de briques rouges et de poutres en bois.
Alice revenait du lycée, en trottinant sous la pluie, elle tentait d'éviter d'être trempée. Le bonnet en laine vissé sur la tête, elle avançait a vive allure. Ses bottes glissaient sur les pavés de la route. Ses écouteurs aux oreilles, elle tentait de se couper du monde.
"How you remind me " résonnait dans ses oreilles.
Arrivée devant la maison, Alice cherche ses clés. Tourne la serrure. Et entre dans la maison. Le salon est vide et les lumières sont éteintes. Personne ne semble être rentré à la maison. Alors qu'elle cherche quelque chose à manger dans les placards de la cuisine, Alice se rend compte que le chien est toujours enfermé dans le jardin. Ses parents laissent toujours le chien dehors lorsqu'ils sont absents. Pris de pitié pour "Pat" laissé dehors toute la journée, Alice ouvre la porte de la cuisine qui mêne au jardin.
- Pat, se mit-elle a crier, ramène toi.
L'animal semblait ne pas entendre ses appels. Elle fini par sortir dans le jardin à sa recherche. Le jardin se trouvait à l'arrière de la maison et ressemblait plus a un cube de verdure, entouré de haies et de rosiers, et fermé par un portillon de bois qui menait sur la ruelle.
- Paaat, hurla-t-elle
En chausettes dans l'herbe et une tartine à la main, Alice perdait patience avec le chien. Elle l'entendait aboyer. Alice le cherchait du regard, mais il semblait s'être caché sous un buisson.
Un étrange sentiment la traversa. Cela commença par une légère chair de poule sur les avant-bras. Elle tenta de se réchauffé en frottant ses mains sur ses bras. Son regard se perdit dans la verdure.
En un instant, une vague de frissons envahis tout son corps. Elle se mit a tremblé. Ses jambes restaient figées dans le sol. Elle oublia l'espace d'un instant l'existance du chien. Elle senti un regard se poser sur elle. Ce genre d'impression que quelqu'un vous observe.
Le frisson s'arrêta. Elle reprit ses esprits.
Le chien fit son apparition de derrière un buisson et se dandina jusqu'à ses pieds. Alice fit entrer le chien dans la cuisine et elle referma la porte en jetant un dernier regard vers l'extérieur. Comme si elle attendait que quelqu'un fasse son apparition dans le jardin.
Elle donna des croquettes au chien et monta à l'étage en direction des chambres. Elle ouvrit la porte de sa chambre et s'y enferma.
Tout le monde a ses propres habitudes. Que ce soit au moment de se lever, de se coucher ou bien en pleine journée. Nous faisons tous ces gestes répétitifs, presque programmés quotidiennement. Pour Alice, cet automatisme était focalisé sur son ordinateur. Chaque soir, alors qu'elle rentrait des cours, elle s'installait sur son lit, assise en indien, ses coussins dans son dos. Elle branchait ses écouteurs et installait son ordinateur portable sur ses genoux. Puis, elle se connectait sur Omegle, célèbre site internet de rencontre aléatoire avec un étranger.
Plusieurs conversations s'enchaînèrent. Certaines sans intérêts, d'autres carrément gênantes. Une conversation sur Omegle peut durer seulement quelques secondes, au bon vouloir de son interlocuteur, ou bien des heures. Ce soir là, Alice est entrée en communication avec des canadiens, des indous, quelques français. Mais un seul Londonien tout comme elle. Ce dernier interlocuteur attira son attention. C'est bien vrai, on fait plus attention à ce que l'on dit avec quelqu'un qu'on a peut être la chance de croiser un jour, qu'avec un parfait inconnu qui habite à l'autre bout du monde.
Une nouvelle page de conversation s'ouvrir sur l'écran de son ordinateur et la conversation commença comme elles débutent toutes sur Omegle.
"asl ?" Écrivit Alice dans une bulle bleue.
(PS: pour les non initiés : asl = âge, sexe et localisation)
C'était le seul et unique moyen d'avoir quelques informations sur son interlocuteur. Encore fallait-il avoir confiance que notre interlocuteur dise la vérité. Mais pour être honnête, sur Omegle la vérité importe peu. Vous pouvez être sultan ou bien marchant de tapis on vous accueillera de la même façon.
"22" répondit l'étranger dans un premier message dans une bulle verte.
"M from London" ajoute-t-il dans un deuxième message.
Voilà qui était clair pour Alice. Elle était en contact avec un homme de 22 ans proche de chez elle. Au premier instant elle ne semblait pas y croire. C'est tellement rare d'être en contact sur ce site avec quelqu'un de sa propre ville. Elle l'imagina grand, séduisant et tatoué avec un bandana. Quelle importance qui il était vraiment. Leur conversation dura plus d'une heure à propos de tout et de rien au début. Puis ils parlèrent de leur propre vie, de leurs rêves et de leurs espoirs.
Sans s'en rendre compte, Alice parla avec cet étranger qui s'est dit s'appeler Alex, une bonne partie de la nuit. A tel point qu'elle eu une crampe aux cuisses à force de rester dans la même position. Elle saisit son courage à deux mains et lui posa une question.
"Je dois aller dormir. Tu veux qu'on s'ajoute sur Skype pour parler plus tard ?" Lui écrivit-elle
"[email protected]" lui répondit-il accompagné d'un smiley.
Dès lors, et durant les jours qui suivirent, Alice se hâtait deux fois plus de rentrer chez elle après les cours. Ses pensées étaient intégralement absorbées par l'idée de parler avec Alex. Elle imaginait mentalement durant des heures de quoi elle allait bien pouvoir lui parler. Et surtout elle l'imaginait, lui. Alice le pensait avec un visage rieur, des yeux malicieux et des bras forts qui la protégerait du monde extérieur. C'est comme si il n'y avait plus que lui. C'est comme si il n'y avait plus qu'elle sur terre. Chaque soir elle devait endurer le repas en famille, qu'elle avalait en vitesse, afin de rejoindre le plus vite possible celui qui l'attendait. Chaque jour à 20h elle le voyait entrer en ligne et commencer à lui écrire.
Chaque soir, sauf celui-ci.
Alice était plantée devant son ordinateur, mais son correspondant n'était pas au rendez-vous. Elle patienta durant de longues minutes qui lui semblait interminables. Elle trépignait et avait beau faire des aller-retours dans sa chambre, Alex n'était toujours pas en ligne.
Au bout de 10 minutes, elle se décida à lui envoyer un message même s'il n'était pas en ligne.
"Coucou! Tu es sûrement occupé ce soir. Fais moi signe quand tu as du temps pour parler" écrivit Alice.
Elle s'efforça d'être aimable dans son message mais elle commençait à bouillir intérieurement. Elle ne voyait aucune raison qui l'empêcherait de lui parlait. Un cours instant elle a pensait qu'il était avec une autre fille. Mais elle lui avait demandé si il était en couple et il avait dit non. Alors pas de raisons de s'inquiéter pensa-t-elle. Et puis après tout, ils n'étaient pas en couple alors pourquoi ressentir de la jalousie ? Conclu Alice.
Soudainement Alex apparu en ligne. Un sourire fendit le visage de la jeune femme.
Alors qu'elle commençait à écrire un deuxième message, le statut d'Alex passa de "en ligne" à "occupé". Alice perdit son sourire. Elle attendit encore, mais Alex ne lui écrivit aucun message. Son sourire s'était transformé en frustration.
"T'es là ?" Lui envoya-t-elle fermement.
Alex ne mit pas longtemps à répondre.
"Occupé. Dsl pas le temps" écrivit il simplement. "Je dois y aller. C'est la merde ne cherche pas à me recontacter" ajouta-t-il.
Le visage d'Alice se figea face à l'écran. Ses jambes se contractèrent tout comme sa mâchoire car la colère et l'incompréhension commençaient à l'envahir.
"Pourquoi ? Mais qu'est-ce qui se passe ?" Lui écrivit la jeune femme. Elle n'eut pas le temps d'obtenir une réponse que son correspondant était en hors ligne. Pour elle s'était l'incompréhension totale. Que pouvait-il bien se passer pour qu'il refuse de discuter avec elle ce soir. Peut-être était-ce juste une excuse pour arrêter de se parler ? Tant de questions traversèrent l'esprit d'Alice. Son esprit troublé bouillonnait dans tous les sens et elle ne savait pas quoi choisir entre la colère et la tristesse. D'un mouvement brusque, elle balança son ordinateur au pied du lit. La jeune femme s'enroula dans sa couverture ... Et se mit à pleurer.
Comment avait-elle pu en arriver là ? Se demande-t-elle intérieurement. Pourquoi la souffrance d'avoir perdu ce parfait inconnu, qu'une semaine plus tôt elle ne connaissait pas, lui tordait les boyaux à ce point. Pourquoi ressentait elle toute cette souffrance, elle qui souhaitait depuis toujours ne plus rien ressentir comme émotion.
Recroquevillées sur elle-même, elle resta dans cette position et tentait de s'effacer de la surface de la terre. Qu'on l'oublie, qu'on l'efface. C'était tout ce qu'elle demandait, pour qu'elle ne ressente plus rien.
Elle l'avait perdu. Lui. Celui à qui elle s'était tant confiée.
Et elle pleura.
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Voilà pour le premier chapitre ! J'espère que la tournure des choses vous plaît et que vous avez envie de lire la suite !
Full love. Xx N.
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