Chapitre 5
En ce cinquième jour, Ron crut que tout était rentré dans l'ordre.
Harry se leva d'un bond, souriant. Il ne se montra pas vraiment bavard mais... c'était Harry. Après tout, il avait toujours été un peu secret, parfois renfermé. L'important était qu'il ne semblait pas furieux et qu'il semblait clairement plus détendu.
Ils échangèrent quelques banalités sur le Quidditch en se rendant à la Grande Salle, Hermione devant eux plongée dans un livre. C'était un retour bienvenu à la normalité et le rouquin souffla doucement de soulagement, heureux de retrouver son meilleur ami.
Dans la Grande Salle, Harry prit place avec un large sourire, les yeux pétillants, et commença à manger de bon appétit. De temps à autres, il levait la tête, et Ron comprit immédiatement qu'il regardait Malefoy.
Lorsqu'il se tourna vers la table des Serpentard, il haussa un sourcil stupéfait. Malefoy semblait lui aussi d'excellente humeur, riant avec Zabini.
C'était une trop grosse coïncidence pour que les deux changent d'humeur exactement le même jour. Tout à son observation, Ron nota que Malefoy levait souvent la tête, lui aussi pour regarder Harry.
Avec un soupir, il nota dans son esprit ce nouveau rebondissement, et continua de les observer discrètement tout en profitant du retour de son ami. C'était plutôt reposant de pouvoir plaisanter sans craindre de déclencher l'apocalypse...
*
En se réveillant ce matin là, Harry se sentit pour la première fois depuis près d'une semaine parfaitement reposé. Et surtout, il se sentait lui-même. Il n'avait plus l'impression d'étouffer sous la colère.
Il prit plaisir à débattre avec Ron sur la meilleure équipe de Quidditch et se fit un plaisir de charrier son ami sur le score minable des Canons de Chudley. Il en profita pour planifier mentalement un moment où il pourrait aller voler et évacuer le trop plein d'énergie qu'il ressentait.
Une brève pensée le déstabilisa. L'espace d'une seconde, il s'était demandé si ça serait dérangeant d'inviter Malefoy à voler avec lui. Rapidement, il repoussa cette idée étrange, en se persuadant que de toutes façons, le Serpentard refuserait.
Harry grimaça brièvement en entrant dans la Grande Salle. Le volume sonore l'agressa mais il n'eut pas l'envie de faire un carnage comme les jours précédents. Ce qui était indubitablement une amélioration certaine. Il repoussa avec soin toutes ses questions au sujet de son humeur si changeante et se servit copieusement à peine installé à sa place.
Il leva la tête, pour se plonger accidentellement dans les yeux de Malefoy. Presque malgré lui, il sourit, apaisé. Un sourire large et sincère, destiné à une seule personne.
Il s'attendait à une grimace agacée en retour, ou à un regard noir. Certainement pas à ce sourire retourné. Un sourire loin des expressions supérieures de Malefoy. Un sourire qui accéléra les battements de son coeur et fit se contracter son estomac.
Il se sentit presque euphorique, baignant dans un bien-être soudain. Il avait l'impression que chaque chose était à sa place, et il savoura la sensation, mangeant avec appétit, souriant. Et contemplant deux lacs de mercures qui le fixaient avec avidité.
*
A la fin du petit déjeuner, Ginny essaya d'attirer son attention. Il lui répondit avec une pointe d'agacement, presque imperceptible, cachée derrière son sourire amical.
Lorsqu'elle insista pour qu'il l'accompagne à Pré-au-Lard lors de la sortie hebdomadaire, il refusa sèchement et lui tourna le dos.
Lorsqu'il leva la tête vers Malefoy, ce dernier avait les sourcils froncés et les poings serrés. Visiblement quelque chose avait fait perdre son calme au Serpentard.
Harry soupira et lui adressa un sourire hésitant, comme pour se faire pardonner de quelque chose. Bien évidemment, il était conscient qu'il n'avait rien fait de mal, mais il ressentait le besoin idiot de ramener le sourire sur le visage de son rival.
Si ce dernier ne retrouva pas immédiatement le sourire, il se détendit, et reprit sa conversation avec Zabini, lui jetant de temps à autres des coups d'oeil discrets.
*
Si au début de la journée, Harry se sentait bien et était plein d'optimisme, son humeur s'obscurcit au fil des heures. Ce n'était pas au point des premiers jours, il n'était plus... enragé. Simplement plus soupe-au-lait qu'à son habitude.
Ron le surveillait toujours, perplexe, essayant de trouver une logique à la situation. Il était certain d'une chose : l'état de Harry était lié à l'état de Malefoy. Et le tout était visiblement une conséquence du sort jeté par Hermione pour les empêcher de se battre. Il en était certain, mais il ne pouvait pas le prouver.
Le jeune homme hésitait à faire part de ses doutes à Hermione, lorsqu'il perdit le fil de ses pensées en voyant Harry se crisper. Probablement parce qu'il commençait à bien connaître son meilleur ami, il eut le réflexe de l'attraper par le bras pour l'entraîner plus loin, ignorant ses protestations...
*
L'étrange bien être que Harry ressentait commença à se dissiper peu à peu, et il se sentit de plus en plus agacé. Il avait l'impression d'avoir les nerfs à vifs, et il devait se faire violence pour ne pas hurler sur tous ceux qui l'approchaient.
En voyant Malefoy arriver au loin, il se détendit légèrement, tout en cherchant une solution pour l'approcher un peu plus.
Cependant toute pensée cohérente s'envola de son esprit lorsqu'il vit Pansy Parkinson pendue à son bras, penchée vers lui, babillant stupidement comme à son habitude. Harry grogna presque comme un animal, tous ses muscles contractés, prêt à se jeter à la gorge de cette idiote qui le touchait. Une vague de jalousie le submergea et si Ron ne l'avait pas entraîné plus loin avec fermeté, il aurait attaqué.
Désagréable, il protesta contre leur changement de trajet, luttant pour retourner dans le couloir où Malefoy était, mais Ron tint bon.
Malgré lui, Harry abdiqua. Cependant, sa bonne humeur s'était envolée définitivement, et il envoyait des regards noirs à tout va, défiant quiconque de s'approcher. Une bonne bagarre l'aurait probablement soulagé mais personne ne fut assez stupide pour le provoquer ou pour le défier.
Harry avait l'impression d'être une cocotte-minute sous pression, prêt à exploser. Il suivit les cours dans un brouillard permanent, sans en retenir un seul mot, agissant automatiquement, ses yeux verts obscurcis par la colère.
Il ne se rendit pas compte que Ron l'entraînait vers la Grande Salle, ni qu'il le servait. Il se mit à manger mécaniquement, lorsqu'enfin il croisa les yeux gris qui l'obsédaient.
Il soupira de satisfaction, d'autant plus en se rendant compte que Pansy Parkinson était exilée à l'autre bout de la table Serpentard, et il eut l'impression de retrouver sa lucidité.
Avec un soupir, il termina son assiette rapidement, et il se laissa aller en arrière dans sa chaise, sans quitter des yeux Malefoy.
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