Chapitre 21


Finalement, ils avaient passé la nuit à parler et à s'embrasser. Leur conversation avait été un peu décousue, c'était plus une suite d'informations sur leurs enfances qu'un véritable dialogue, le tout lié par leurs baisers de plus en plus tendres, de moins en moins maladroits.

Au petit matin, ils s'étaient séparés à regrets, et ils avaient fait une bonne partie du chemin ensemble, leurs mains se frôlant à chaque pas.
Au moment de se séparer, Harry avait dû se faire violence pour ne pas entraîner le Serpentard à sa suite, pour ne pas l'emmener dans son propre dortoir et terminer la nuit dans ses bras.


Lorsque le réveil de Ron sonna, Harry ne dormait pas vraiment. Il était dans une sorte de légère somnolence, repensant à la nuit merveilleuse qui venait d'avoir lieu.

*

En réveillant Harry, Ron ne put retenir une exclamation choquée en le voyant. Il affichait des cernes impressionnants, et semblait peiner à rester éveillé.
- Harry ? Tu as dormi cette nuit ? Tu sembles... épuisé ?

Il nota avec fascination les joues de son ami rougir, et il soupira, refusant d'en savoir plus. Il marmonna qu'il allait sous la douche et il battit en retraite.

En s'habillant, Ron pensa soudain qu'ils n'allaient pas vraiment pouvoir prendre le temps de rassembler plus d'informations. Ni Harry ni Malefoy ne tiendraient le coup s'ils s'empêchaient de dormir de cette façon, à cause du sort...
Avec une grimace presque résignée, il laissa la place à Harry et l'attendit, se demandant s'il pouvait lui avouer la vérité alors qu'ils étaient seuls et laisser Malefoy se débrouiller avec ses propres amis, ou rassembler tout le monde comme ils l'avaient envisagé pour une explication commune.

Le sourire rêveur de Harry lorsqu'il sortit de la salle de bain lui donna la réponse : visiblement, son ami acceptait plutôt bien ce nouveau lien avec Malefoy. Autant lui montrer qu'il acceptait la situation, aussi détestable que puisse être la fouine...

*

La Grande Salle sembla plus bruyante que d'habitude à Harry, et il grogna en se laissant tomber à sa place, avant de bailler pour regarder en direction de la table Serpentard. Il sourit immédiatement en croisant le regard gris familier et il se détendit, se laissant aller à une légère somnolence, regrettant de ne pas être à la même table que Drago.
Un bref instant, il s'imagina pouvoir s'installer contre lui et se blottir dans ses bras.

Sa rêverie fut brutalement interrompue lorsque quelqu'un le secoua sans ménagement. Sursautant, il se tourna pour tomber nez à nez avec Ginny.
- Bon sang, Harry ! Tu pourrais me répondre au moins quand je te parle !
Ron voulut intervenir mais la jeune fille l'ignora, continuant de secouer Harry, rouge de colère.
- Tu me laisses croire que tu m'apprécies et après tu m'ignores ! Tu es vraiment un idiot !

Les yeux de Harry s'obscurcirent sous la colère et il repoussa brusquement Ginny.
- Ce n'est pas parce que ton frère est mon meilleur ami que je te dois quelque chose, Ginny ! Je n'ai rien à te dire, alors fiche-moi la paix.

Il y eut un lourd silence, et les joues de Ginny devinrent écarlate, alors qu'elle réprimait un mouvement de recul, humiliée. Elle secoua la tête, et s'apprêta à gifler Harry mais Ron la stoppa au vol, jetant un coup d'oeil inquiet en direction de Malefoy. Ce dernier était visiblement furieux, et s'agrippait à la table pour ne pas intervenir. Blaise avait la main posée sur son épaule et lui parlait avec désespoir.
Priant pour que les choses en restent là, Ron écarta sa soeur sans ménagement et siffla.
- Bon sang ! À quoi tu joues ? Laisse Harry tranquille, Ginny ! Il ne t'a rien promis, il est libre de faire ce qu'il veut !

La rouquine bouscula son frère, des larmes de rage perlant à ses paupières et quitta la Grande Salle à pas rageurs. Ron se laissa tomber près de Harry et se pencha légèrement pour n'être entendu que de lui.
- Harry mon pote. Je t'en prie, rassure Malefoy, fais quelque chose, avant qu'il ne démolisse Poudlard pierre par pierre.

Le brun sursauta et leva les yeux vers la table des vert et argent. Il sourit doucement en croisant le regard furieux de Drago et ce dernier sembla se détendre. Fasciné, Ron le vit se calmer, passer de la rage à un sourire tendre à destination de Harry.
Il secoua la tête, ébahi.
- Harry, mon pote... on va devoir avoir une discussion. Toi, moi et les serpents.


*

La demande de Ron fit sursauter Harry et il se tourna vers son ami, les sourcils froncés.
- Il y a un problème ?
Évitant soigneusement son regard, Ron haussa les épaules.
- Je... Écoute. On doit juste parler, ok ? J'espère juste que tu ne m'en voudras pas d'avoir autant attendu, mais...

Harry le coupa avec un soupir.
- Ron. J'ai conscience d'avoir eu un comportement un peu étrange ces derniers temps. Et j'ai aussi conscience que tu as été présent pour moi.

Son ami hocha la tête, l'air misérable et il se frotta le visage. Harry se mordilla la lèvre, soudain inquiet. Il chercha les yeux de Drago, et se plongea dedans avec un soupir satisfait, soudain plus calme. Il avait mis du temps avant d'accepter cette attirance étrange. Maintenant qu'il se sentait bien avec Drago, maintenant qu'il apprenait à le connaître autrement, il craignait de le perdre.

Son trouble dût se lire sur son visage, puisque Drago fronça les sourcils, l'air inquiet. Cette réaction instinctive, cette inquiétude pour lui réchauffa le coeur de Harry. Il aimait définitivement cette sensation d'avoir autant d'importance aux yeux de son rival d'autrefois.

Il soupira, et eut un sourire un peu crispé pour le rassurer. Puis, il lui fit un léger signe de tête pour lui proposer de se rencontrer loin des regards trop curieux de leurs camarades. Il faisait trop froid à l'extérieur pour profiter du parc, mais le château abritait suffisamment de coins abandonnés et oubliés pour qu'ils puissent s'isoler et avoir la fameuse conversation.

Il ne put s'empêcher d'être surpris en voyant Drago hocher lentement la tête, le comprenant parfaitement. Il pensa qu'ils se battaient autrefois parce qu'ils n'arrivaient pas à se comprendre. Or, depuis le début du mois, ils semblaient avoir enfin réussi à se déchiffrer... et ça changeait tout.

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