Chapitre 11
Ron ne savait pas s'il devait être soulagé ou inquiet.
D'abord, Harry semblait redevenu lui-même. Ou plutôt, il n'était plus enragé comme au début du mois. Il lui suffisait de regarder en direction de la table Serpentard pour se rendre compte que la fouine semblait également être redevenu lui-même. Prétentieux et pénible mais capable de contrôler son sale caractère.
À la pensée du blond imbu de lui même, il grimaça, et secoua la tête, incapable de comprendre pourquoi Harry faisait une telle fixation sur lui.
Ensuite, tout semblait retourné à la normale, hormis qu'il n'y avait plus la moindre dispute Gryffondor - Serpentard. Tout Poudlard semblait tendu, comme si les deux maisons étaient une bombe prête à exploser. Et bien évidemment, toute cette fragile armistice reposait sur la relation entre les deux élèves les plus emblématiques de chaque maison. Harry et Malefoy donc.
Tous ces éléments étaient rassurants à ses yeux. Il avait tant prié pour un retour à la paix qu'il osait à peine y croire. Cependant, il y avait des détails qui le chiffonnaient.
D'abord, Harry avait des moments où il semblait ailleurs. Il se perdait dans ses pensées, totalement déconnecté de la réalité. Il ne répondait à aucune sollicitation, et après quelques minutes, il reprenait le cours de sa vie, sans se poser la moindre question.
Puis, Ron s'était rendu compte d'un élément bien plus inquiétant. Harry disparaissait la nuit.
Le jeune homme s'était éveillé plusieurs fois au cours de la nuit pour trouver le lit de Harry vide. Il était resté éveillé longuement avant de se rendormir sans le moindre signe de son meilleur ami. Cependant, au matin, il avait trouvé Harry sagement endormi dans son lit, comme s'il n'avait jamais bougé.
À son réveil, le brun s'était étiré et avait largement baillé, en déclarant qu'il avait parfaitement bien dormi et qu'il ne s'était jamais senti aussi bien.
Ron avait essayé de le questionner discrètement, puisque Harry ne savait pas mentir, et il avait dû se rendre à l'évidence : Harry n'était pas conscient de sa propre balade nocturne.
Avec un soupir, il suivit son ami en direction de la Grande Salle, se demandant pendant encore combien de temps il allait agir de cette façon étrange...
*
En prenant place pour prendre son petit déjeuner, Harry soupira de bien-être. Comme il l'avait dit à Ron, il se sentait parfaitement bien. Il avait l'impression de déborder d'énergie, d'avoir passé une nuit parfaite.
Il se servit tranquillement, affamé, et leva la tête.
Cette fois, il eut un sourire franc en croisant le regard de Drago Malefoy. Il s'était résigné à cette étrange attirance, et il se disait que croiser le regard du Serpentard chaque jour pour ne plus exploser de rage était une contrepartie supportable.
Autrefois, le blond aurait grimacé ou détourné le regard peut-être. Mais lui aussi semblait s'être résigné, et il lui retourna son sourire, plus discrètement. Cette réciprocité provoqua une chaleur en lui, une agréable chaleur qui prit place dans son ventre et de diffusa en lui, lui tirant un frisson délicieux.
Ses joues rosirent, mais il ne baissa pas la tête, fixant Malefoy. Il mangea distraitement, profitant du calme qui l'envahissait, satisfait de sentir la colère reculer en lui, si loin qu'elle semblait inoffensive.
Il entendait Ron marmonner à ses côtés, mais il ne l'écoutait pas. Ron savait, bien évidemment, qu'il parlait dans le vide. Harry avait parfois une pointe de culpabilité à laisser son meilleur ami de côté de cette façon. Mais ce n'était que pendant les repas, que lorsque Malefoy était dans son champ de vision. Le reste du temps, il était redevenu presque lui-même, plaisantant avec Ron, passant son temps avec lui.
Harry avait tenté de s'excuser, une fois. De lui dire que c'était plus fort que lui, qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'être... distrait. Il n'avait pas prononcé le nom de Malefoy, parce qu'il savait à quel point Ron le détestait. Mais... l'ombre du Serpentard s'était dressée un instant entre eux, et Harry avait eu peur de perdre son tout premier ami.
Il avait regretté d'avoir douté lorsque Ron avait haussé les épaules et répondu qu'il était trop occupé à manger pour s'en rendre compte. Ils avaient échangé un sourire un peu gêné, peu habitués à avoir des conversations aussi sérieuses au sujet de leur amitié.
Perdu dans ses pensées, le regard perdu dans un océan de mercure en fusion, Harry sursauta violemment lorsque Ron lui donna un coup de coude dans les côtes. Il cligna des yeux et reçut un regard moqueur.
- Tu devrais manger, mon pote.
Harry cligna des yeux une seconde fois, et attrapa presque à tâtons son verre de jus de citrouille, tout en capturant de nouveau le regard de Drago. Face à lui, ce dernier l'imita, levant très légèrement son verre comme pour porter un toast et Harry ne put s'empêcher de sourire.
*
Pour la toute première fois depuis son arrivée à Poudlard, Ron quitta la table du petit déjeuner avant Harry. Il engloutit son repas à toute vitesse, tapota l'épaule de Harry et l'informa qu'il devait retourner à la Tour Gryffondor. Il aurait pu dire n'importe quoi, y compris qu'il se rendait sur la lune, sans que Harry ne réagisse.
Il roula des yeux en partant et se rendit à toute vitesse à la bibliothèque. Il hésita un instant, parce qu'ils avaient toujours laissé Hermione maître de leurs recherches, mais après quelques minutes à tourner en rond, il finit par trouver ce qu'il cherchait. Le fameux grimoire dans lequel Hermione avait trouvé le sort.
En se mordillant les lèvres, il tourna les pages jusqu'à arriver au passage qui l'intéressait. Il se laissa tomber sur une chaise à proximité, le front plissé par la concentration, lisant soigneusement les quelques lignes. Puis les relisant.
Il soupira, laissant ses yeux se perdre dans le vide et secoua la tête, avec l'impression de ne pas être plus avancé qu'avant. Il feuilleta le livre, puis le rangea à sa place.
D'après ce qu'il venait de lire, le sort était prononcé pour lier deux sorciers ayant formulé une promesse. Dès lors, aucun des deux ne pouvait trahir sa parole, sous le contrôle strict de la Magie.
C'était terriblement simple, presque trop simple. L'objet de la promesse n'était même pas mentionné, et Ron marmonna en sortant de la bibliothèque.
- Comment la magie peut-elle savoir si la promesse est trahie ou non, si la promesse en elle-même ne fait pas partie du serment ?
La question lui semblait bien trop complexe pour être résolue en quelques minutes, aussi il la repoussa dans un coin de son esprit, se jurant de creuser la question. Plus tard.
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