~8~ L'autobus
Bien que Mikasa reste convaincu que Floch est l'auteur de cette boucherie, nous décidons de retourner le chercher, mais le garder en tout temps ligoter. Eren ne s'est pas opposé à cette demande, marchant en avant du groupe à pas rapides, le visage sévère sous la peur. Il doit s'inquiéter pour son meilleur ami, ce que je comprends parfaitement. Je ne me souviens pas avoir déjà vu l'un sans l'autre à l'école. Quand le brun se faisait sortir des cours à cause de son mauvais comportement, le roux le suivait rapidement. Pour sauver Marco, je serais surement tout aussi déterminé.
Marcher dans les bois, entourés de l'obscurité, c'est très angoissant. J'ai peur qu'à tout moment un psychopathe sorte d'entre deux arbres pour tous nous descendre avec son arme à feu. Armin serre avec force ma main, le visage neutre. J'ai l'impression qu'il est terrifié, mais qu'il est incapable de le démontrer. Dans tout ce merdier, sa présence est rassurante.
-FLOCH!
En avant du troupeau, Eren s'élance en courant vers son meilleur ami. Je vois la tente, donc l'arbre auquel le roux est attaché ne doit pas être loin. C'est si silencieux. Nous marchons encore un peu, puis je me fige en voyant le brun accroupi sur le sol, sanglotant. Qu'est-ce qui se passe?
Nous accélérons le pas pour le rejoindre, puis une fois de plus, mon cœur se lève désagréablement. Floch est toujours attaché à l'arbre où nous l'avons laissé, du moins, son corps. Sa tête git un peu plus loin, beignant dans une mare de sang. Nous l'avons livré à une mort certaine... nous l'avons abandonné dans un lieu où rôde un assassin sanguinaire, sans moyen de défense. Le fou n'aura eu qu'à le tuer sans prise de tête, sans besoin de lui courir après. Je me sens coupable.
-C'est nous qui l'avons tué, crache Eren le visage couvert de larmes, nous l'avons livré sur un plateau d'argent à un psychopathe et je n'étais pas là pour le protéger. Je l'ai abandonné...
-Tu ne l'as pas abandonné, réplique Marco, comment aurais-tu pu savoir ce qui allait arriver? C'est nous qui avons pris cette décision, pas toi.
-MAIS J'AURAIS PU LE PROTÉGER! J'ai... j'ai été trop lâche pour rester à ses côtés et maintenant, il n'est plus là... nous sommes tous des assassins.
Eren tremble et son ton est méprisant. Jamais je n'ai vu tant de colère émaner de lui, les yeux brillant différemment sous un besoin de vengeance. Je pense qu'en ce moment, sa peur n'existe plus et tout ce qu'il ressent, c'est la rage. Pourquoi est-ce que quelqu'un s'en prend de la sorte à notre groupe? Ça n'a pas le moindre sens.
-Ne perdons pas de temps et allons à l'autobus, recommande Armin.
Nous acquiesçons, mais Eren pénètre dans la tente sans dire un mot. Ne voit-il pas que ce n'est pas le moment de prendre ses valises et qu'il faut fuir? Je l'entends fouiller dans quelque chose, puis il ressort avec un objet. Je fais un pas à reculons lorsque je reconnais un pistolet.
-Qu'est-ce que tu fais avec ça dans tes valises? M'enquis-je.
Eren ne lève pas la tête vers moi, se contentant de le remplir de balles. Son visage est plus froid que jamais je ne l'ai vue.
-C'est à Floch, souffle-t-il, il a une phobie du terrorisme et ne se sent pas en sécurité s'il n'a pas son fusil près de lui. Je l'ai acheté avec lui au marché noir, mais jamais il n'a eu à l'utilisé... si je vois l'assassin, je jure de le tuer.
Je regarde Eren avec inquiétude. Serait-il vraiment prêt à tuer un être humain? Entre ma vie et celle d'un fou furieux, mon choix est facilement fait.
-Et pourquoi c'est toi qui as l'arme? Grogne Armin, on ne sait pas, mais peut-être que c'est toi l'assassin?
-Premièrement, pauvre con, j'ai toujours été avec vous. C'est moi qui ai l'arme puisqu'elle appartenait à mon meilleur ami que vous avez laissé crever!
-On va en discuter dans l'autobus, se mêle Marco, fermez-la jusqu'à ce qu'on soit tous en sécurité.
J'ai l'impression que le regard de Eren s'assombrit davantage, mais il se contente finalement d'acquiescer. Laisser un pistolet chargé à un garçon qui rêve de se venger, c'est surement la pire des idées, mais nous n'avons pas vraiment le choix. J'ai toujours sus que ce brun pourrait exploser et que la folie risquait de le gagner un jour. Ce jour, c'est aujourd'hui.
Nous retournons à l'autobus sans le moindre encombre et devons passer dans le camp couvert de cadavres pour y parvenir. Chaque pas entre ces corps morts me donne la nausée, mais je parviens à me contenir. Comment les soldats font-ils pour voir tant d'horreurs sur un champ de bataille...? Aucun être humain ne devrait supporter cette vue.
Jamais je n'aurais cru être si joyeux de voir ce gros bolide jaune. Un sourire se grave sur mes lèvres. Tout est enfin terminé? Je m'apprête à courir jusqu'au véhicule, mais Armin me retient par le poignet.
-Si tu étais un psychopathe et que tes victimes n'ont qu'un seul moyen de fuir, est-ce que tu les regarderais tranquillement te filer sous les doigts?
Je jette un regard vers l'autobus, conscient d'avoir grandement manqué de jugement. Armin a raison.
-Alors, on doit faire quoi, monsieur l'expert? Crache Marco, si on ne peut pas monter dans l'autobus, on doit attendre sagement de mourir ici?
-Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je pense que Eren et son fusil doivent passer devant pour s'assurer qu'il n'y a personne de cacher sous les bancs et qui nous attend.
Eren n'hésite pas une seconde et fonce vers l'autobus, son pistolet bien chargé, prêt à tirer sur la moindre personne suspecte. De loin, je le vois pénétrer dans le véhicule, puis ce n'est que quelques minutes plus tard qu'il en ressort et nous fait signe de venir. Je soupire de soulagement, puis nous allons le rejoindre.
Nous montons rapidement dans le véhicule et Eren s'empresse de prendre place derrière le volant pour refermer la porte, Marco debout à ses côtés pour l'aider à démarrer. Je me laisse tomber dans un banc près de Armin qui prend ma main en me souriant.
-On part d'ici, souffle-t-il joyeusement.
Je hoche positivement ma tête avant de me pencher pour l'embrasser sans la moindre gêne. On quitte enfin cet endroit maudit, saint et sauf! Armin répond à mon baiser en glissant ses mains derrière ma tête. Puis-je l'appeler mon petit ami? Je me décolle du beau blond quand je remarque que l'autobus n'a pas démarré. Le moteur ne fait qu'un bruit bizarre avant de s'arrêter.
-Sale cochonnerie, tu vas démarrer! Tonne Eren avant de frapper le volant avec colère, je ne veux pas mourir !
-Eren, qu'est-ce qui se passe? S'enquiert froidement Mikasa.
-Il ne veut pas démarrer! Je ne sais pas pourquoi, merde!
Le brun commence à jurer contre ce véhicule alors que mon cœur se sert. Nous sommes prisonniers de ce lieu... l'assassin a dû penser à tout pour nous empêcher de fuir. Comment s'y est-il pris? Qui est-il?
-C'est peut-être un manque d'essence ou la batterie qui est vide, essaie Marco, si c'est le démarreur, je ne pense pas qu'on pourra la réparer.
-Ce n'est pas l'essence et si c'était la batterie, le bruit serait différent.
Eren cesse de tourner la clé dans le contact, probablement pour attendre un miracle qui n'arrivera jamais. La tête entre ses mains, il se la laisse tomber contre le volant. Marco caresse ses cheveux pour le rassurer, mais à voir son regard perdu dans le vide, il se rend compte aussi que la situation est perdue. Je me sens désemparé... impuissant. Malgré moi, je pense à mes parents qui doivent m'attendre sagement à la maison, à mon gros chat que j'adore qui doit dormir sur mon lit. Je ne peux pas mourir sans les voir à nouveau. Je le refuse. Il y a tant de choses que j'aimerais encore faire dans ce monde avant de le quitter. Ma vie vient tout juste de commencer et déjà, on veut me l'arracher.
-Je m'y connais un peu en mécanique, souffle Marco, j'aide souvent mon père. Je pourrais aller voir ce qu'il y a? Avec un peu de chance, ce n'est rien de grave et quelques coups sur le démarreur vont aider.
-Dans les films d'horreur, celui qui se retrouve est toujours le premier à mourir, déclare Armin, c'est un classique.
Mon meilleur ami grimace et je le vois bien trembler. Il fait son fort, mais au fond, Marco a affreusement peur. Pourquoi devrait-il sortir pour nous? Eren se lève, prêt à l'accompagner, mais c'est moi qui choisis d'être courageux.
-Je l'accompagne, affirmai-je, Eren, tu dois rester avec les autres pour les protéger. On va vite revenir.
Plus personne n'ose répliquer et c'est après avoir embrassé Armin une dernière fois que je sors avec Marco en dehors de l'autobus.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top