31. Déconnecté
Je donnerais huit ans à Célien, l'enfant, même s'il a vécu bien plus longtemps. Son visage juvénile aux grands yeux mauves brillant d'une intelligence et d'un savoir immense est en partie caché par une épaisse mèche violet sombre, presque noire. Ses lèvres étirées en un franc sourire dévoile des dents d'une blancheur éclatante. Pour couronner le tout, il porte une casquette sombre avec des décorations jaunes, comme son sweat.
Grégoire, quant à lui, a attaché ses longs cheveux blancs en une queue de cheval. Ses yeux vert émeraude sont surmontés de sourcils fins et de rides parsemant son front. Des lunettes rouges sont posées sur son nez aquilin, accordées à ses deux petites cornes. Dans son dos, deux ailes noires de chauve-souris sont visibles. Le vieillard ne sourit pas, son visage donne l'impression de n'être d'accord avec rien. Il semble prêt à faire la leçon à tout moment.
Nodj continue de m'ignorer superbement, faisant tout simplement fi de mon existence. De leur côté, Dace et Rhys se montrent des hôtes exemplaires, surtout la particulière. Elle est à l'écoute de chacun, n'hésitant pas à servir ses invités, relançant la conversation si besoin, reprenant ceux qui se montrent trop véhéments dans leur propos. Kiran, lui, a l'air heureux de retrouver ses amis. Ils ne doivent pas se voir souvent, au vu de leurs occupations respectives.
- Cordax, tu es sérieux ? C'est déjà la troisième volaille que tu termines sans en laisser une seule miette !
- Et alors ? C'est trop bon, je ne vais pas me retenir.
Je me demande de plus en plus souvent si c'est vraiment un adulte.
- Alors, Jasen, comment tu as fait pour te retrouver ici ?
- On ne te l'a pas dit ?
Les discussions laissent place au silence, tout le monde est visiblement très intéressé par la réaction que va avoir Kiran. Ce dernier jette un regard réprobateur en direction de l'elfe.
- Non, ils voulaient à tout prix que tu me le dises toi-même.
Je gigote sur ma chaise, comme un enfant. C'est vraiment le sentiment que j'ai en ce moment, l'impression d'avoir fait quelque chose de grave et qu'on va me réprimander pour ça. Personne n'a fait aucun commentaire à ce propos jusque-là, il doit bien y avoir une raison.
- Il est possible que... comment dire... j'ai formé une source d'ischys...
- Tu peux répéter sans marmonner dans ta barbe ?
Il fait soudain très chaud dans la pièce. Les regards de tous sont braqués sur moi. Je croise les yeux de Rhys, elle me sourit gentiment. Alors je le dis d'une traite, le plus vite possible, comme si ça allait changer quelque chose.
- J'aiforméunesourced'ischys.
- Tu as quoi ?
Kiran se lève, ses paumes claquant sur la table.
- Ran, calme-toi. Et assieds-toi, qu'on puisse en discuter calmement.
Les mots de Dace ont de l'effet, l'immortel reprend place. La tension baisse d'un tout petit minuscule nanoscopique cran.
- Rhys, je peux avoir un verre ? S'il te plait.
Elle se lève, revenant un instant plus tard avec une bouteille de whisky. Kiran boit cul sec, lui en demandant directement un autre. Je sens que je vais me prendre un sermon comme on en a rarement vu.
- Donc, Jasen, tu me dis que tu as formé, de ta propre initiative, une source d'ischys. Il semblerait que tu n'aies rien retenu à mes cours d'histoire, pour avoir fait une chose aussi INCONSCIENTE ! IRRESPONSABLE ! NON MAIS TU PENSAIS À QUOI ?
Il prend une grande inspiration.
- Les guerres ayant fait des millions de morts, les personnes ayant souffert de la faim, de la maladie, les villes abandonnées, les combats ravageant des zones entières pour le contrôle des SOURCES, ça te dit quelque chose ? Non ? Alors la possibilité qu'une personne s'emparant d'une source afin de multiplier ses pouvoirs pour prendre le CONTRÔLE DU MONDE ET DE LA SOCIÉTÉ, une personne prête à tuer pour avoir TOUT CE QU'ELLE VEUT sans que quiconque puisse s'opposer à elle, ça te parle ? Toujours pas ? Tu arrives à imaginer un MONDE COMPLÉTEMENT VIDE, ou il ne resterait ABSOLUMENT PLUS RIEN, parce que l'ISCHYS A ÉTÉ PERTURBÉ DURABLEMENT, là tu as une idée de la scène ? PARCE QUE C'EST EXACTEMENT CE QUI AURAIT PU SE PASSER SI DACE N'AVAIT PAS ÉTÉ LÀ ! À QUOI TU PENSAIS ? TU VEUX DÉTRUIRE LE MONDE ET TOUT CE QUI S'Y TROUVE ?
Il se ressert un verre, le finissant aussitôt.
- Jasen, tes actes ne resteront pas sans conséquence. Vois-tu, je peux pardonner beaucoup de choses, je suis tolérant de nature. J'ai souvent vu des gens agir inconsciemment, sans penser aux résultats de leurs actes. Tu as sans doute déjà entendu « De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités », je ne devrais pas avoir à t'expliquer le sens de cette phrase. Tu as été élevé par des banos, il y a encore beaucoup de choses sur ce monde que tu ignores, je te l'accorde. MAIS CE N'EST PAS PARCE QUE TU ES CAPABLE DE FAIRE N'IMPORTE QUOI QU'IL FAUT QUE TU LE FASSES ! UN PEU DE BON SENS, BON SANG ! TU VEUX TOUS NOUS TUER ? TU COMPTAIS FAIRE QUOI APRÈS ? METTRE UNE AFFICHE : SERVEZ-VOUS, PUISSANCE À DISPOSITION POUR FAIRE CE QUE VOUS VOULEZ, Y COMPRIS DEVENIR SURPUISSANT ET DÉTRUIRE TOUT CE QUI SE TROUVE À VOTRE PORTÉE ?! ÇA T'ARRIVE DE RÉFLÉCHIR PARFOIS ? PARCE QU'ON NE DIRAIT PAS !
La bouteille se vide rapidement, à l'inverse de sa colère qui ne semble faire que grandir.
- Alors tu vas bien m'écouter, imprudent irréfléchi. Dès que nous serons de retour à Epap, dès le moment où tu poseras un pied dans le périmètre scolaire, tu auras l'interdiction absolue d'utiliser tes pouvoirs, et ce, jusqu'à ce que j'en décide autrement. Qu'importe ce que tes profs en diront, TU VAS REVENIR AUX BASES ET NE PLUS MANIPULER L'ISCHYS. TU M'AS BIEN COMPRIS, ESPÈCE D'IGNORANT INCONSCIENT ?
J'acquiesce, ma gorge étant trop nouée pour articuler le moindre mot. Je ne suis vraiment pas prêt de recommencer.
- Tu sais quoi ? Je ne te fais pas confiance. Nous allons donc procéder autrement. Célien, tu veux bien me rendre un service ? Tu pourrais bloquer complétement la particularité et les capacités générales de Jasen ?
L'enfant se tourne vers notre hôtesse.
- Rhys, tu en penses quoi ?
- Du moment qu'en cas d'urgence, il peut récupérer ses compétences, ça devrait aller. En tout cas jusqu'en janvier.
Elle n'en dit pas plus. Qu'est-ce qu'il va se passer en janvier ?
- Ok, je m'en occupe ! Mais tu es sûr que tu ne vas pas le regretter, Ran ?
- Vas-y. Il lui faut une leçon à la hauteur de ce qu'il a fait.
Célien s'approche de moi, posant ses deux petites mains de chaque côté de ma tête. Il se penche, chuchotant à mon oreille :
- Ferme les yeux. Ça risque de te faire bizarre.
J'obtempère. Un picotement envahit mon crâne, se propageant rapidement dans mon torse, mes bras, mes jambes. Une sensation d'engourdissement se loge dans mon corps tout entier.
- C'est fait.
La voix me parvient comme à travers un voile. Battant des paupières, j'observe le monde autour de moi. Tout me semble étrangement terne, les éléments manquent de netteté.
- Il ne peut plus utiliser sa particularité ?
- Ni rien d'autre lié à l'ischys. Tu n'as qu'à lui demander pour voir.
- Jasen, donne-moi un diamant.
Kiran me parait lointain, comme s'il n'était pas dans la même pièce que moi. C'est très étrange.
Je me concentre. De quoi est constitué un diamant déjà ? Il n'y avait pas un lien avec du carbone ? Oui, je crois que c'était ça. Ah, j'ai la sensation de réfléchir à deux à l'heure. Comment on fait déjà pour former un diamant ?
Levant le bras, je pose ma main sur la table, paume vers le haut, dans l'espoir que ça m'aide. Des fourmis parcourent ma peau. C'est comme si je me mouvais dans de l'eau, mes gestes sont devenus si durs à effectuer, ça me demande un effort conscient.
- Je n'y arrive pas.
Ma voix sonne faux à mes oreilles, lente, pâteuse. Ma gorge m'irrite.
- Tu es sûr que c'est ce que tu veux, Ran ? Jasen n'a pas l'air bien.
- C'est normal qu'il soit dans cet état, Célien ?
- Oui. Son corps a besoin d'ischys pour fonctionner normalement. Là, il est dans une sorte de transe qui ne s'arrêtera que quand il sera de nouveau en symbiose avec l'ischys qui l'entoure.
- Ça ne risque pas de lui laisser des séquelles ?
- Non, aucune. Mais c'est une punition particulièrement cruelle, Ran. Même moi je suis de cet avis.
- Il faut bien qu'il comprenne que ses pouvoirs sont importants. Il ne peut pas s'en servir n'importe comment, sans réfléchir.
Ils parlent trop vite pour moi, j'ai de la peine à suivre. Ça me rappelle quand j'ai eu une forte fièvre, il y a un moment déjà. Tout me paraissant étranger, comme faisant partie d'un monde à part dans lequel je ne me trouve pas.
- Grégoire, tu m'aides à débarrasser ?
- Seulement si tu m'offres un verre de cocoroco après.
- Validé, tu es engagé !
Rhys sourit. Je crois.
- Et si nous allions voir la source maintenant, Jasen ?
Dace a une main posée sur mon épaule. Quand est-ce qu'il est arrivé à côté de moi ?
Précautionneusement, je me lève. Mon environnement ne me parait pas particulièrement stable, je n'arrive pas à bien sentir les objets contre ma peau. Le dragon reste à côté de moi, s'assurant que je ne tombe pas. Ça vous est déjà arrivé de vous lever et de ne plus sentir votre jambe ? C'est à peu près comme ça que je me sens en ce moment, comme si mon corps avait disparu. Alors faire bouger un corps qui ne me parait pas être là, c'est déconcertant.
Tant bien que mal, nous sortons du chalet. Cordax ondule à ma droite, soutien muet.
- C'est par là.
Nous faisons le tour de la maison en bois, marchant en silence pendant un certain temps. Je serais bien incapable de l'estimer, c'est comme s'il s'était arrêté dans mon esprit. Puis nous arrivons près d'un grand arbre, je ne le reconnais pas.
- Pose ta main sur le tronc.
Je m'exécute, sans chercher à comprendre pourquoi. Un instant plus tard, l'arbre a disparu, le paysage a complétement changé. Je me tiens debout au bord d'une immense étendue d'eau claire semblant recouvrir tout l'horizon. Le ciel d'un noir velouté est parsemé d'étoiles pareilles à des pierres précieuses. L'herbe sous mes pieds me semble argentée. Il n'y a rien d'autre aux alentours. C'est calme. J'essaye de voir l'ischys. Un mal de tête horrible me compresse le crâne, m'empêchant de penser, de respirer, des points noirs dansent devant mes yeux.
- Jasen ! Eh, Jasen, ça va aller. Calme-toi, tout va bien. Jasen. Continue comme ça, respire. Respire.
J'halète. Mon souffle reste court, ma respiration se stabilise lentement. Je reprends mes esprits. Je suis accroupi par terre, Dace a un regard inquiet. Il me soutient tandis que je me redresse.
- Rentrons. Ça doit être éprouvant pour toi de ne plus pouvoir faire ce que tu veux.
Je me laisse guider. Tout se passe dans un brouillard qui ne me laisse qu'un vague souvenir des événements. Je ne peux plus utiliser ma particularité. Tous les talents appris que j'ai perfectionné au fil des deux derniers mois me sont désormais inaccessibles. Mon corps ne m'obéit plus aussi bien qu'avant, j'ai perdu tous mes réflexes et ma réactivité. Mon esprit est embrouillé.
- On est arrivé, c'est ta chambre. Repose-toi.
Kiran ferme la porte. Je m'écroule sur mon lit. Fermant les yeux, je laisse un lourd sommeil m'emporter, fuyant cette réalité.
>>>
Jasen me fait peur. Avec Mihela, nous avons terminer le camp en six jours, enchainant les déplacements et les épreuves. Je voulais rentrer le plus vite possible, alors nous avons pris un niveau de difficulté normal et ne nous sommes pas attardées. En rentrant à Epap, après avoir débriefer avec nos tuteurs (Sam Vinguel pour moi et PHS pour Mihela), j'ai été voir la liste. Elle indique qui a choisi quelle mission (groupe et difficulté) ainsi que ceux qui sont déjà de retour. Avec surprise, j'ai constaté que Jasen était le premier affiché, ayant terminé le camp en seulement trois jours alors qu'il était parti en solitaire. Bien entendu, je me fiche de ce qui lui arrive, mais je voulais m'assurer qu'il n'était pas blessé. On ne sait jamais. Mihela m'a accompagné jusqu'à sa chambre pour le féliciter. Elle a frappé. Jasen a ouvert. Son air hagard, complétement abruti, m'a choqué. Ce n'est pas vraiment lui en face de moi. Le Jasen que je connais est en pleine forme, ses yeux brillent de malice et d'intelligence. Il est plein de vie, parfois un peu fatigué mais toujours attentif à son environnement. La personne que j'ai en face de moi n'est pas vraiment lui. C'est impossible.
- Vous voulez entrer ?
Sa voix est étrange, plus lente que d'habitude. On dirait qu'il a de la peine à parler.
- Tu vas bien ?
Les yeux de Jasen se posent sur Mihela sans vraiment la voir.
- Oui. Peut-être. Je ne sais pas.
Ma meilleure amie se tourne vers moi.
- Je vais vous laisser. Eléa, c'est ton moment ! Prends soin de lui. Si tu as besoin d'aide, je laisse mon débit allumé, alors laisse-moi un message.
J'acquiesce. Elle s'en va, s'efforçant de saluer Jasen avec le sourire. J'entre dans la chambre de mon pair, prenant place sur la chaise à côté de la fenêtre. La porte claque en se fermant. Il s'asseye lourdement sur le lit.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, Jasen ? Pourquoi tu es aussi...
- Bizarre ? Lointain ? Déconnecté ?
Je le regarde attentivement. Il n'a vraiment pas l'air bien.
- C'est ma punition.
Une vague de colère m'envahit. Ce n'est pas une punition de rendre quelqu'un aussi apathique, c'est du sadisme pur et simple !
- J'ai merdé. J'assume.
Il le prend calmement. Il est physiquement proche de moi et pourtant tellement lointain.
- Ah, j'ai un truc pour toi.
Il se lève difficilement, comme s'il ne contrôlait pas bien son corps. Atteignant son bureau, sa main s'attarde sur sa veste grise, tentant d'atteindre une poche. Je vais l'aider.
- C'est dans la poche droite ?
- Oui.
Mes doigts frôlent les siens. Ils sont chauds. Sans m'attarder sur cette sensation, je fouille la poche, jusqu'à me saisir d'un petit objet. Je le sors.
- C'est pour toi.
Sur ma paume, un pendentif ovale et délicatement décoré de minuscules et magnifiques amaryllis brille dans la lumière du jour déclinant. Une simple chaîne me permet de l'accrocher autour de mon cou.
- Ouvre-le.
Les yeux de Jasen sont si beaux. Ils renferment un univers tout entier qui n'appartient qu'à lui. En ce moment, son attention se porte uniquement sur moi, ça me réchauffe la poitrine. Bien que nous soyons en novembre, il fait chaud.
À l'intérieur du médaillon, deux petites photos sont visibles. Sur celle de droite, toute ma famille se trouve. Mon père Hector, ma mère Jasma, ma sœur Alia et moi. C'était durant le dernier Noël que nous avons passé tous les quatre ensembles. À gauche, ma jumelle et moi jouons avec Farthe, la renarde de mon père. Nous devons avoir cinq ans.
- Il est magnifique. Mais comment... ?
- Ton père m'a aidé. Je peux ?
Je lui tends le collier et mets mes cheveux sur mon épaule. Il passe son bras autour de mon cou pour mettre le collier. Un frisson me parcourt au contact de sa peau. Je me souviens d'un coup qu'il n'avait pas l'air bien, je me demande s'il va réussir à actionner le fermoir. Il y arrive. Ses doigts s'attardent sur ma nuque. Il me dit à voix basse :
- C'est fait.
Sans savoir ce qui me prend, je me penche légèrement en arrière, m'appuyant contre lui. Ses bras m'entourent naturellement. Je me sens tellement bien, protégée. Je voudrais que cet instant dure éternellement.
- Tu m'as manqué.
Les mots m'échappent. Au moment où ils quittent mes lèvres, je sens à quel point ils sont justes.
- Toi aussi, Eléa.
Il n'y a que lui pour prononcer mon nom de cette manière. Nous ne bougeons plus pendant un moment, profitant pleinement de l'instant présent. Les cloches sonnant cinq heures du soir retentissent, brisant la magie. Je m'éloigne, les joues en feu.
- Tu es belle même quand tu rougis.
Un sourire désarmant étire les lèvres de Jasen. Je ne sais pas comment réagir à ce qu'il vient de dire. Il s'étire.
- Ah, merci. Je me sens bien mieux.
Il semble avoir retrouvé ses esprits. Je me sens soulagée.
- Merci pour le collier. Il est magnifique.
Se rapprochant de moi, il me prend la main. Son visage est sérieux.
- Eléa, ça fait un moment que je voulais te dire un truc...
Ses yeux sont hypnotisant. Son visage éclairé par les rayons du soleil couchant est chaleureux.
- Quoi ?
Ma voix est si faible, tel un murmure. J'appréhende autant que je me réjouis des mots qu'il va prononcer.
- Je...
Il s'arrête. Ses joues rosissent, c'est mignon.
- Je t'aime.
Une véritable explosion envahit ma poitrine. Des sentiments s'entremêlent, se mélangent, enflent. Je ressens de la joie, de la sérénité, de l'espoir, de la fierté, un certain amusement, de l'enthousiasme, de la passion et tant d'autres encore... mais par-dessus tout, un amour débordant envers Jasen empli tout mon corps. C'était donc ça. À chaque fois que je le voyais, je me sentais bizarre. Mihela ne faisait qu'en rajouter une couche, je ne savais pas vraiment ce que c'était. Et Jasen vient juste de m'ouvrir les yeux.
- Moi aussi. Moi aussi, Jasen. Je t'aime.
Ah, ça fait du bien. Je me sens libérée. Si légère, si libre. Si euphorique. Je ris. Il rit avec moi. Il me prend dans ses bras. Je suis si bien avec lui, c'est merveilleux. Le monde est merveilleux, si lumineux, si beau. Son regard plonge dans le mien. Je me mets sur la pointe des pieds. Il m'embrasse.
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