9 • Et tu m'as souri @fawnyh
Titre: Et tu m'as souri
Thèmes: cancer - mort - lettre - amour - tristesse
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Hogwart Damian
4th West End Avenue
Le 13 février 2015,
Dieu seul sait à quel point je t'aime.
Depuis le jour où j'ai croisé tes adorables yeux gris, depuis le jour où tu m'as hurlé de ne pas fumer dans ton appartement.
Tu me hurlais dessus alors que tu m'avais appelé au secours pour un robinet que tu n'arrivais pas à fermer !
Je ne m'attendais pas à tomber sur une femme comme toi, pas dans ce quartier si mal famé. Ton air si innocent m'intriguera toujours autant.
Lorsque tu m'as dérobé ma cigarette pour la mettre à la poubelle après l'avoir passée sous l'eau, j'ai ri et je t'ai demandé pardon même si je ne le pensais pas. Oh, je ne voulais pas te froisser, tu paraissais si sensible. Mais je me trompais, une fois encore.
Nous nous sommes plus parlé pendant une semaine environ. Ce serait te mentir si je ne t'avouais pas que je rêvais secrètement de revoir tes yeux qui se dilataient lorsque tu me voyais.
Je ne pensais qu'à toi. Mes amis étaient amusés et surpris, de voir soudainement mon monde tourner autour d'une seule et même personne. Toi.
Oh, Ruth. Qu'est-ce que tu m'as fait ? Moi, un amoureux transi ? J'enchaînais les coups d'un soir.
Je n'en pouvais plus de ne plus te voir, ça me tuais. Mais je n'étais pas aussi malheureux que maintenant.
Et puis, à mon plus grand malheur, je me suis lancé. Tu ne savais probablement pas que j'étais du genre à donner des rendez-vous. Je me suis étonné moi-même.
Et lorsque nous sommes rentrés dans cette cafétéria, tu as exigé que l'on aille dehors. Je me suis exécuté, et tu as sorti l'objet de mes tourments. Une cigarette.
Tu as pris ton briquet, et tu l'as allumé. J'ai tranché; tu ne devrais pas fumer. Mais tu n'écoutais pas, tu n'écoutais rien. Alors, je ne te l'ai pas arrachée.
Elle paraissait si belle, entre tes lèvres. Je ne savais pas encore que j'adorerais les embrasser.
Tu as été si têtue. Pourquoi ne l'as-tu pas lâchée ? Pourquoi n'as-tu pas laissé tomber cette idée absurde qui est de fumer ? Je ne peux te le reprocher, je ne suis pas mieux.
Tu n'arrêtais pas de répéter: Damian, j'ai 24 ans ! Laisse-moi vivre !
Oh, que j'aurais aimé te laisser vivre, et moi partir...
Tu as ensuite demandé qu'on se revoie bientôt. J'étais aux anges. J'ai accepté, évidemment.
Les rendez-vous ont défilé, sans même que je puisse les compter. Je t'aimais tellement Ruth, mais désormais je ne sais plus ce qu'est le véritable sens du mot «amour».
Plusieurs mois plus tard, nous nous voyions toujours autant. Deux ans que nous partagions nos cigarettes et que nous étions ensemble.
Mais, tout a changé lorsque nous sommes allés en vacances tous les deux.
Je t'ai embrassé, près d'une plage qui a toujours été déserte, tu me le garantissais.
Les vacances d'été débutaient et tu étais en maillot de bain. J'ai senti ta peau frissonner lorsque j'ai enfin posé mes lèvres sur les tiennes.
Tu sentais la mer, l'euphorie et l'amour. J'ai prolongé le baiser, et puis nous nous sommes regardés.
Tu as prononcé ces trois mots, que j'espère toujours entendre. Je t'aime.
Je ne t'ai pas répondu. Je t'aimais. Et tu le savais, Ruth. Mais que signifient réellement ces mots ? Nous ressentions quelque chose, lorsque nous les prononcions ?
Nous n'avions pas besoin de ces mots pour décrire notre amour, aussi brûlant soit-il.
Nous avions fumé jusqu'à vingt-deux heures, et nous nous sommes endormis sur le sable.
Juillet.
À notre réveil, tu respirais mal. Tu essayais de me soulager, mais j'étais pris de panique. Ta respiration était irrégulière et bruyante, et tu ne pouvais pas te lever, tu avais trop mal à la tête. Lorsque j'ai pris ton pouls, il était étrangement saccadé.
Je t'ai portée jusqu'à la clinique la plus proche, et le médecin généraliste nous a de suite accepté.
Il nous a dit que tu avais fait une crise de «détresse respiratoire». Mais il nous a rassuré en nous disant que c'était très improbable, et qu'il n'était pas ton médecin traitant. Il ne pouvait pas être sûr.
Et j'y ai cru.
Tu m'as souri, comme si tout allait bien. Comme si nous allions tout surmonter, comme d'habitude.
Lorsque nous sommes rentrés de Floride, je t'ai demandé d'aller chez le médecin. Tu m'as rassuré, en me disant que tout allait bien.
Rien n'allait bien.
Le médecin nous a ensuite demandé de faire des analyses. Nous nous sommes exécutés.
Lorsque les résultats sont arrivés, une employée du laboratoire nous a demandés si tu fumais. Tu as affirmé, d'un hochement de tête, en me regardant.
Elle m'a ensuite regardé, avec des yeux emplis de pitié. Je ne savais pas encore que je verrais ces yeux sur tout les visages de mes proches.
Tu n'as pas voulu les ouvrir, et j'ai failli te les arracher des mains. Tu les as posés sur la table, en attendant d'aller chez le médecin.
Tu as pris rendez-vous chez le docteur quelques jours après et tu es restée silencieuse. Tu souffrais mais tu souriais. Tu souriais tout le temps.
Une idée trottait dans ma tête depuis cinq mois déjà; cela fait 2 ans que nous sommes ensemble et j'aimerais que tu sois ma fiancée.
Ô ciel, j'avais si peur qu'elle refuse que j'ai seulement acheté la bague et elle restera dans mon placard, bien cachée. Mais je ne pouvais pas lui dire. Jamais.
Le rendez-vous chez le médecin arriva enfin, et puis la nouvelle est tombée.
Cancer du poumon en phase terminale. Et soudain, mon monde cessa de tourner.
Je me remémorerai toujours le visage impassible de ma petite amie, qui me regardait l'air de dire: ce n'est rien, tout va s'arranger.
Mais lorsque le docteur décréta qu'il lui restait 9 mois à vivre, je m'en suis allé. Et Ruth m'a suivi. Je ne parvenais pas à retenir mes larmes, et je me suis réfugié dans ses bras.
Comme les rôles s'inversent !
Les semaines suivantes ont défilé vite. Trop vite; trop faible, Ruth devait rester à l'hôpital. Je la voyais tous les jours, mais ce n'était pas suffisant. Elle n'était plus aussi proche que moi, et même si elle était à quelques mètres, jamais elle n'a été aussi
éloignée.
Septembre.
Puis, les mois ont, eux aussi, défilés à une vitesse folle. Elle n'avait plus la même tête; elle avait une perruque, des yeux creusés et un teint pâle. Si pâle, que je me demandais si elle était encore parmi nous.
Janvier.
Un soir, elle m'a appelée. J'ai décroché si vite qu'elle a paru ébranlée. Elle ne m'appelait jamais. Un petit «viens» murmuré de sa voix douce a suffi pour que je débarque à l'hôpital à vingt heures.
Elle était si fragile et frêle. Elle m'a juste murmuré «Je t'aime».
Je lui ai répondu que moi aussi.
«Souviens-toi de moi, Ruth...
- Toujours.»
Elle a fermé les yeux et s'est endormie. Je suis parti quelques heures après.
Février.
Souviens-toi de mon visage, Ruth.
Mars.
Souviens-toi de mes mains sur toi, Ruth.
Avril.
Souviens-toi de mes lèvres longeant ta mâchoire, Ruth.
Mai.
Souviens-toi de mes bras qui t'enlacent, Ruth.
Juin.
16 juin 2016.
Je ne pense plus. Je ne fais plus rien.
Et lorsque j'y arrive, plus rien sauf elle compte.
J'entre dans un bureau, où un médecin m'attend. Il m'a dit qu'il était désolé, et que ton état s'aggravait. Mais ça, je le savais déjà.
Le médecin m'a guidé à ton chevet. Je me suis approché de toi. Je ne laissais rien paraître. J'ai lâché un sanglot étouffé.
Je suis prêt à hurler. Et lorsque je murmure, ta tête se tourne vers moi. Et tu me souris.
Encore.
Et je lâche tout ce que j'ai toujours voulu dire; tout est ma faute. Tu ne m'aurais pas rencontré, tu n'aurais pas fumé.
Elle secoue la tête de gauche à droite et je la sens loin.
Si loin.
Ses yeux se ferment, je lui serre la main.
«Ruth, veux-tu être ma fiancée ?»
Tu as acquiescé.
Et tu m'as souri, juste avant de partir.
Ne m'oublie pas, où que tu sois.
Ton bien-aimé.
*
Texte de @fawnyh
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