Titre: Le Bracelet
Thèmes: amour - amitié - mort - suicide

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Elle riait au vent du dimanche matin qui entraînait les morceaux de paille. Elle riait de janvier à décembre, sans jamais s'arrêter. Même dans son sommeil, Cécile riait. Et Amaury, allongé à ses côtés, souriait sans cesse. Même dans ses rêves, il la voyait. Ils étaient fou amoureux tous les deux et rien ne pouvait arrêter leur affection ardente comme au premier jour.

Cécile portait un bracelet brésilien, tressé de fils bleus et roses, par une amie très chère. Elle avait fait un vœu, le jour de ses dix-huit ans, quand Lou avait noué autour de son poignet le cadeau d'anniversaire.

- Au moins tu ne m'oublieras pas...

Le lendemain, Lou se suicidait et Cécile en gardait juste cette marque au poignet : un bracelet. Amaury lui avait maintes et maintes fois demandé qui lui avait fait, mais Cécile gardait le silence. C'était le seul secret qu'elle avait gardé. Amaury savait tout d'elle, sauf qui lui avait tressé ce bracelet.

Cécile était un soleil dans la vie d'Amaury, qui avait plutôt été la pluie. Ensemble, la pluie et le soleil font l'arc-en-ciel, et de cette union étaient nés Gwendoline, Rose, Line et Lou.

- Pourquoi ce prénom-là ?

- C'est joli, Lou. Et puis c'est mixte. Pour un garçon, c'est pas habituel...

Amaury avait cédé : il aimait bien ce prénom, et son enfant le portait mieux que personne.

Pendant ses congés maternités, Cécile tressait des bracelets brésiliens. Elle en avait noué un au poignet de chacun des enfants.

- Pourquoi ? demandait Amaury.

- Pour me ressembler. Si tu veux, je t'en fais un...

Il avait acquiescé et arborait fièrement le bracelet de son épouse. Il avait fait un vœu, comme ses enfants, et comme Cécile.

Comme chaque matin, Amaury se retourna dans son lit. Il était réveillé, mais il ne voulait pas ouvrir les yeux. Il savait ce qui l'attendait. Alors il ouvrit la main, il en cherchait une autre : celle de Cécile. Mais elle ne lui répondit pas.

- Cécile... Cécile !

Il resta prostré au sol, les larmes coulaient sur son visage foncé par ses journées de travail au soleil dans ce jardin qu'avec Cécile ils avaient construite.

Comme chaque matin, il se toucha la gorge, de peur que cette boule qui lui poussait tous les jours dans la gorge ne l'étouffe.

Comme chaque matin, il se leva, prit son petit-déjeuner et réveilla ses enfants. Sur la table, comme sur un autel, brillaient deux bracelets brésiliens tombés des poignets de leur propriétaire et qui n'avaient pas tenu leurs promesses.

- Cécile... Pourquoi t'es partie aussi tôt...

Le bracelet de Lou tenait toujours à son poignet et il murmura que son vœu, à lui, c'était que sa maman ne meure jamais. Mais il savait déjà que ce bracelet ne tiendrait lui aussi pas sa promesse...

Alors, il commença à en tresser un autre, qui, il espérait, tiendrait une promesse superficielle et éphémère.

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Texte de @Mysterieuseamie