4 • Une mort littéraire @justine334
Titre: Une mort littéraire
Thèmes: peur - mort - humanité - révolution
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Une seule infime découverte, et nous voilà à l'aube de ma mort imminente... Un seul détail, un seul ouvrage, une seule personne.
4 Mai 2156 :
Cher journal, il se trouve qu'en ce jour, ta possession m'est devenue illégale, tu demeures en effet caché dans le sol de ma cave. Je suis seul ici, dans cette grande maison, aujourd'hui, tu es là aussi, mais il se trouve que, peut-être, je ne t'aurais plus d'ici quelques jours ...
Il y a à peine une semaine de cela, un message de haine envers les Américains, où les plans d'une attaque terroriste imminente étaient codés, fût découvert par la police française. Peu de temps après, les dirigeants des Etats se sont réunis et ont décidés d'interdire tout livre ou ouvrage papier.
Vois-tu à quoi nous en sommes arrivés ? Moi, un passionné de lecture, ai jeté tous mes précieux ouvrages, mais je t'ai gardé, afin de préserver toujours cette habitude et cette passion dont je ne peux me passer...
J'ignore quand ou même si je pourrai de nouveau écrire ici, seul l'avenir nous le dira.
1er Juin 2156 :
La situation s'empire, dans tout le monde, des fouilles se font de plus en plus fréquentes, moi-même, j'ai échappé plusieurs fois à cette peine. Une nouvelle loi fût mise en place : "Chaque individu, qui à compter de ce 1er Juin, refuserait de se soumettre aux fouilles ou posséderai un ouvrage papier illicite, sera considéré comme traître à la nation, se voyant ainsi subir la peine capitale."
La peine capitale ? Pour un livre me diras-tu, eh bien oui, pour un livre, soit, si quelqu'un venait à te découvrir, je mourrai...
Oh ! J'entends un bruit ! Je te laisse...
15 Juin 2156 :
Des révoltes. Des massacres. Des exécutions. Dans le monde entier se passe d'horribles choses : les gens se révoltent, d'autres se font tuer pour possession de livres, d'autres encore, plus courageux, essaient de se rebeller, discrètement, comme moi.
Avec ma plume et mon papier jaunis par le temps, me voilà fou non ? J'écris ce que je pense et je n'ai même pas peur de mourir, mourir en ayant pût me révolter, cela ne me dérange pas. Mourir de vieillesse en me pliant à la volonté de l'Etat ? Jamais. La mort libre est à mes yeux bien moins terrifiante que la vie contrôlée, enchaînée... Mon voisin s'est fait prendre il y a quelques temps, il avait gardé un très vieux livre d'un certain "Baudelaire" que sa famille se transmettait de générations en générations. J'ai été à son exécution, je pense que c'est comme cela que je voudrais mourir, car il est resté noble et droit jusqu'au bout. J'ai senti quelque chose de nouveau dans la foule après ça... Mais les fouilles se multiplient dans le quartier ; je commence à tout de même à avoir un peu peur cher journal.
18 juillet 2156 :
Ce monde, je ne le supporte plus, les gens se sont pliés à la nouvelle loi. Je suis quasiment sûr que les arrestations vont bientôt cesser ! Les Hommes sont des minables, incapables et bons à rien. Je me promène dans la rue, je mets dans les sacs des messages de haine, pour la dignité de l'espèce Humaine, pour toutes les générations futures... Pourtant, cher journal, aujourd'hui, je sens que ma fin est proche... Si un jour vous trouvez ce carnet, je vous en pris, perpétuez mon oeuvre ! C'est la voix de l'Homme que nous mettons par écrit, aidez-moi...
(L'encre ici a sécher depuis longtemps, plus aucune page n'est remplie après celle-ci.)
(Rapport d'arrestation du 18 Juillet au soir :) "Le suspect avoue pendant l'entretien être coupable d'écrire et de posséder un texte papier, après examination du dossier, la sentence est tombée : La peine de mort sera achevée le 19/07/2156 à 14h00. La sentence sera retransmise en direct à la télévision."
La mort me fixe dans les yeux, ainsi que toutes ces caméras et tous ces visages qui me sont inconnus. Je sens une aiguille dans mon bras, mais je reste droit et stoïque alors qu'un liquide froid entre dans mes veines.
Ma vue se trouble, mais je distingue les visages qui me regardent, non pas avec pitié, mais avec hargne et reconnaissance. C'est donc en puisant rapidement dans les dernières forces que j'ai encore, que je crie aussi fort que possible au travers de la foule :
"-Il vaut mieux mourir debout que de vivre à genoux ! Révoltez-vous contre la tyrannie !"
Mon dernier souffle est ponctué par la foule qui se lève et fend les murs de verres de leurs mains... La Révolution est lancée !
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Texte de justine334
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