~15~ Il est trop bien

PDV Jean

-Sors de là, mon poney, hurle Eren de l'autre côté de la pièce.

-JAMAIS!

-Bordel, Jean, ne fait pas le con, grogne Livai en frappant contre le bois de la porte, les invités vont arriver.

Et c'est bien là le problème... Enfermé dans la salle de bain, je regarde une nouvelle fois mon reflet dans le large miroir. Ce costume est une horreur. Pourquoi ai-je écouté mon crétin de meilleur ami en achetant cette chose immonde ?! Les gens vont tous se moquer de moi, même Marco. J'aurais voulu qu'il me trouve sexy plutôt que de voir ÇA!

-Jean, répète Eren mécontent, ouvre ou Livai va défoncer la porte.

-Ne vous moquez pas...

-Mais non, mon poulain! Sors, maintenant.

J'hésite, mais je choisis de céder. Je pose ma main sur la poignée de la porte, puis dans une grande inspiration je la tourne. Dès que les trois garçons m'aperçoivent, ils ouvrent grands les yeux d'étonnement avant de pouffer. Même Livai rit, ce qui est un exploit. Mon costume est le comble du ridicule. Il s'agit d'une sorte de pyjama en une pièce très douillet qui représente un cheval avec comme capuchon la tête de l'animal.

-Cessez de rire, marmonnai-je en rougissant.

Eren porte un simple costume d'agent secret noir. Avec un chapeau melon et des lunettes de soleil aux verres fumés, le garçon ressemble davantage à un garde du corps de célébrité. Quant à Livai, il a simplement revêtu une longue cape de vampire. Seul Armin est drôle avec sa chemise blanche enculottée dans son jeans trop haut, son nœud papillon rouge et ses bretelles. Il a léché ses longs cheveux vers l'arrière avec du gel et il a même mis un petit ruban adhésif blanc au centre de ses lunettes pour faire croire qu'elles ont été déjà brisées. Au moins, lui il a fait un effort contrairement aux deux autres. Eux, ils devaient trop craindre le ridicule.

Nous attendons dans le salon que les invités commencent à arriver. Mikasa nous tient compagnie, uniquement vêtue de sa tenue de karaté qui met en valeur sa ceinture noire. J'ai longtemps eu un faible pour cette fille fort séduisante, mais son affection à mon égard n'a jamais dépassé l'amitié. Aujourd'hui, j'ai passé à autre chose. Je n'ai d'yeux que pour Marco, ce nouveau qui m'attire plus que quiconque. Ce soir, j'espère avoir le courage de foncer.

Les premiers invités commencent lentement à arriver. C'est très gênant de devoir faire la conversation avec des gens que je connais à peine, mais Eren et Livai gèrent à merveille. L'homme qui agit à titre de barman s'installe sans gêne derrière l'îlot de cuisine, posant ses nombreuses bouteilles d'alcool à la vue du public. Il sourit d'un air chaleureux, offrant des cocktails gratuits pour les dix premières personnes arrivées. C'est légèrement fort, mais le gout fruité du jus prend le dessus d'une agréable façon. Ce Gelgar a du talent.

Alors que j'écoute les gens discuter, un large sourire s'étend sur mes lèvres en reconnaissant trois silhouettes à l'entrée. Sans attendre, je fonce les accueillir. Le grand blond me regarde d'un air sévère, les mains sur ses hanches.

-On nous a informés qu'il y avait une fête ici, ce soir, commence-t-il, vous semblez tous mineurs. Hum... mon partenaire et moi venons faire lever le party!

Reiner sourit en terminant sa phrase, me faisant rire. Portant un costume de policier, il est accompagné par son fidèle Bertholdt qui est habillé de la même façon. Derrière eux, Annie les suit avec les bras croisés et le visage dénué d'entrain. Pour s'agencer avec ses deux camardes, elle porte un habit de prisonnier. Ce trio a eu une très bonne idée.

Le blond décroche un pistolet à eau de sa ceinture, puis il l'approche joyeusement de ma bouche.

-Tu veux en prendre un jet? Demande-t-il.

-Ça dépend. Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?

-Un petit mélange à la Reiner. Goute et tu sauras.

Curieux, j'ouvre grand la bouche et Reiner m'envoie un jet de ce liquide qui me fait grimacer de dégout. C'est atrocement mauvais, mais j'aime la sensation de l'alcool fort qui coule dans mon œsophage.

-J'ai mélangé plusieurs trucs, avoue-t-il fièrement, je trouvais que ça allait bien avec le costume.

-Il va finir saoul, c'est certain, se plaint Bertholdt.

Je ris en continuant de parler avec mes deux policiers favoris. Annie reste à l'écart, muette comme une carpe et regardant autour d'elle avec ennui. J'espère que Armin va essayer de l'aborder ce soir, depuis le temps qu'il attend cette occasion. Je suis de tout cœur avec lui, même si je ne comprends pas ce qu'il trouve à cette fille. Elle est jolie, mais son caractère est une horreur. J'ai déjà essayé de la faire rire avec des blagues, cependant, c'est une mission impossible.

Les invités continuent de franchir la porte, de plus en plus nombreux. C'est angoissant de voir tant de gens à une fête que j'ai aidé à organiser. Je croise les doigts pour que tout le monde s'amuse.

Mon corps se fige lorsque Marco pénètre dans la maison. Mon cœur s'accélère agréablement avant que mon regard se pose sur le costume qu'il porte. Oh non...

***

Je tourne en rond avec angoisse, cherchant le courage nécessaire pour aborder le beau garçon que j'ai invité. La cible est en vue, discutant avec un couple vêtu en superhéros des condiments, soit ketchup et moutarde. Il s'agit de Conny et Sasha, deux petits rigolos de ma classe que j'apprécie. Marco semble heureux, facile à approcher. Pourquoi a-t-il choisi ce costume ?! Peut-être est-ce seulement un signe du destin? Je mordille ma lèvre avec angoisse, cherchant quoi lui dire. Je me lance.

En chemin, je retire deux bières des mains d'un garçon que je ne connais pas. Ce dernier cri des insultes, mais je le fais taire d'un signe de main. Cet inconnu ne doit pas briser ma concentration en ce moment fatidique. D'ailleurs, j'ai aidé à organiser cette fête, donc j'ai tous les droits. Mon rôle est d'être un roi alors que mes invités sont de simples sujets.

Je m'arrête derrière Marco. Ce dernier ne m'a pas encore remarqué, donc je prends une grande inspiration avant de déclarer simplement : 

-Hey.

Le beau brun réalise que quelqu'un s'adresse à lui, cherchant du regard celui qui a prononcé ce mot. Lorsque ses yeux se posent sur moi, un large sourire s'étend sur ses lèvres. Ce pli de bouche est si sexy... Mon cœur s'accélère agréablement.

-Salut Jean, répond-il. 

-Salut... Tu veux une bière? Je t'en ai amené une.

Timidement, je lui tends l'une des canettes que je viens de voler à l'inconnu. Marco la prend avec joie.

-Merci, c'est vraiment gentil, me remercie-t-il.

-Ouais... euh... nos costumes s'agencent bien ensemble. Moi, un cheval et toi, un cowboy. On pourrait presque croire que tu aimerais me chevaucher!

Marco penche la tête sur le côté pour me dévisager curieusement. Ai-je dit quelque chose de mal? Son déguisement de cowboy est très mignon avec son chapeau et ses bottes d'équitation. Le beau garçon porte une chemise à carreaux qu'il a enculotté dans un jeans haut, laissant paraitre une large ceinture à laquelle est accroché un faux lasso. Ça lui va bien, à croire qu'il est né pour vivre sur une ferme.

Derrière lui, Conny et Sasha sont pliés de rire. Suis-je si mauvais pour aborder les gens? Je cherche une explication à ces réactions, puis j'ouvre grands les yeux en comprenant le sens pervers de ma phrase.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire! Me repris-je avec embarras, je n'avais aucune arrière-pensée perverse! Quand je parlais de chevaucher, c'était pour rire. Tu sais, puisque je suis un cheval... Je ne parlais pas vraiment de toi sur moi...

Rouge de honte, je prends une gorgée de ma bière pour me faire taire. Le brun doit me prendre pour un gros obsédé. J'ai tout raté et il ne reste plus qu'à m'enfermer dans un placard, là où je ne pourrai plus m'humilier davantage. Je vais y faire ma vie et ne plus jamais en sortir. Avec quelques oreillers, ça devrait être confortable.

-Tu t'enfonces, Jean, sourit gentiment Marco.

-Je le sais. Hum... Tu as envie de jouer au beer pong? On a aménagé la table de la cuisine pour ce jeu. Je n'ai jamais joué, mais il parait que c'est amusant. Du moins, dans les films d'ados ils y jouent toujours.

-Je suis d'accord.

Je suis surpris qu'il accepte mon offre, mais ça me fait plaisir. Un premier point pour Jean! En essayant de cacher ma joie pour ne pas lui faire peur, j'invite le garçon à me suivre vers la cuisine. La foule est de plus en plus dense, rendant le passage compliqué. Inquiet à l'idée de perdre Marco, je tourne la tête vers ce dernier et je suis soulagé de constater qu'il réussit à me suivre. J'aimerais tant lui prendre la main, mais le courage me manque. Le brun pourrait trouver ça déplacé. 

La maison de Eren est un vrai manoir, reflétant les moyens aisés de son père en tant que docteur. Ce dernier adore tout ce qui est luxueux, achetant sans honte des tableaux et des sculptures à des prix exorbitants pour montrer sans scrupule leurs richesses aux prolétaires. Les bourgeois sont tous les mêmes. Quand j'étais plus jeune, cette immense maison me faisait envier. Mon meilleur ami avait plein de place pour jouer et même une balançoire dans le sous-sol rénové.

C'est seulement avec le temps que j'ai compris que malgré tout, il devait continuellement faire attention pour ne rien briser. Derrière ces murs blancs, ces planchers de bois et les meubles faits sur mesure se cachait un petit garçon aux mains liées. Faire tomber un simple vase était le pire crime que Eren pouvait commettre, attirant la colère de son père très stricte. La petite maison familiale où j'ai grandi est bien plus chaleureuse.  

Quelque chose de chaud se glisse entre mes doigts. Mon cœur fait un agréable bond lorsque je réalise qu'il s'agit de la main de Marco, puis je me retourne vers ce dernier pour le voir sourire timidement.

-Il vaut mieux éviter que l'on se perde dans toute cette foule. Tu ne crois pas? Explique-t-il.

-Tu as raison.

Je serre fort sa main avec un sourire victorieux, refusant de la lâcher même lorsque nous arrivons devant la table de beer pong où deux équipes s'affrontent déjà. L'attente risque d'être longue avant que ce soit notre tour, mais avec la main de Marco dans la mienne, je pourrais patienter toute la soirée.

Lorsque vient notre tour, j'aide mon ami à placer les six verres en pyramide allongée, puis nous vidons deux bières à l'intérieur. L'équipe adverse fait de même et après une victoire à pierre, feuille, ciseau, nous commençons. Marco et moi devons chacun lancer une balle de ping-pong vers les verres adverses. Si elle arrive à tomber dans sa cible, l'ennemi doit boire cul sec le liquide à l'intérieur du gobelet. Les premiers à avoir tout bu perdent et doivent terminer les breuvages du côté opposé.

Mes deux premières lancées sont des réussites, mais par la suite, je n'arrive plus à atteindre ma mire. Marco est bien meilleur que moi. Nous ne parvenons pas à empocher la victoire malgré son talent. Comme je suis galant, c'est moi qui bois le verre restant de nos adversaires. Terminer une bière complète en si peu de temps, ça donne mal au ventre...

-La prochaine fois, on va être meilleurs, affirme en souriant Marco, on devrait mettre au point une technique pour tous les battre.

-Ouais! Je sais, la prochaine fois tu retires ta chemise et comme ça, ils seront tous déconcentrés.

Marco me lance un regard amusé. Pourquoi est-ce que je dis toujours n'importe quoi en face de lui? Heureusement, il ne semble pas dérangé par ma mauvaise langue. Au contraire, il parait me trouver drôle. 

Lorsque quelqu'un annonce le début d'une partie d'action ou vérité, Marco agrippe ma main pour que nous allions y jouer. Je doute que ce soit une bonne idée...

Ce chapitre est un peu plus long que les autres^^. J'espère que vous aimez toujours!

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