PDV Mike

Après un dernier baisé puissant, Erwin se laisse tomber près de moi sur le lit, haletant. Je fixe le plafond en souriant bêtement alors que mon amant se lève pour enfiler son caleçon laissé sur le sol. Mes parents sont sortis passer l'Halloween avec ma petite sœur, donc nous sommes seuls dans cette grande maison avec comme seule compagnie ma grand-mère. Cette dernière doit être installée devant la télévision, attendant patiemment que des jeunes passent quêter des friandises et qu'elle puisse complimenter leur joli déguisement.

Erwin marche vers la commode sur laquelle nous avons laissé la bouteille d'alcool à moitié vide qui nous a servi de préliminaire. S'il ne boit pas ou ne fume pas avant le sexe, jamais il ne passe aux choses sérieuses. Sa honte est évidente. Le pire dans tout ça, c'est que moi, je déteste boire... Il me force à avaler des verres forts, mais ça me répugne. Pourquoi est-ce mal de souhaiter avoir pleinement conscience de ses mains sur mon corps?

Dos à moi, je l'admire se couler un énième verre. Ses fesses sont si belles et son corps est si bien bâti. J'en suis déjà dépendant. Après avoir bu une gorgée, le beau blond se retourne et il vient s'assoir à mes côtés. Il faut que je trouve un sujet de conversion si je ne veux pas qu'il parte en voleur, comme il le fait toujours... Je veux encore le garder près de moi un moment.

-Finalement, est-ce qu'on va à la fête de samedi? Essayai-je, Livai semble être à fond dans l'organisation.

-Tout le monde dit qu'ils y vont, donc je me vois mal ne pas y aller. De plus, Marie m'a dit qu'elle y sera et je crois que je l'allume.

Je baisse les yeux sans répondre, profondément blessé. Pourquoi ne voit-il pas que ce qu'il dit n'a pas le moindre sens? Cela fait maintenant plus d'un an que ce jeu perdure entre nous... Un an qu'il couche avec moi quand il n'a pas de petite amie pour le satisfaire. N'être rien de plus à ses yeux, je connais, mais qu'il ait au moins le respect de ne pas me parler des filles qui lui plait juste après m'avoir utilisé.

Sans un mot, j'agrippe à mon tour mon caleçon que j'enfile. C'est le cœur lourd que je m'allonge comme toujours contre Erwin, une main sur son torse pour caresser tendrement ses abdominaux. Tel un beau con, j'espère encore devenir un jour davantage que son ami à bénéfice. L'amour à sens unique, ça fait mal.

-D'ailleurs, Nanaba semble intéressée par toi ces temps-ci, remarque avec un sourire Erwin, tu devrais lui laisser une chance. Elle n'est pas laide.

-Elle est gentille... mais juste comme une amie.

-C'est parce que tu es trop difficile que tu restes seul. Ça fait combien de temps que tu n'as pas été en couple? Un an?

Plus d'un an... Depuis que je couche avec mon blond, mes yeux n'ont de regards que pour lui et il est le seul capable de faire battre mon cœur. Pourquoi ne comprend-il pas? J'essaie de lui montrer mon amour chaque jour, mais Erwin garde les yeux fermés. Je suis un jouet qu'il ne voit que lorsqu'il s'ennuie.

-Ça ne m'intéresse pas, soufflai-je.

-C'est vrai qu'être célibataire apporte moins de problèmes.

Mon meilleur ami lance l'un de ses magnifiques sourires me faisant rêver. Incapable d'y résister plus longtemps, je l'attire contre mon corps pour capturer à nouveau ses lèvres dans un langoureux baiser qu'il me rend après avoir posé son verre sur la table de chevet.

Je devrais lui dire ce que je ressens...

***

Erwin ne tarde pas à partir, ne souhaitant pas partager plus de temps en ma compagnie après le sexe. J'ai mal au cœur... L'alcool qu'il m'a forcé à boire me donne d'atroces nausées et des maux de tête désagréable alors que je le raccompagne vers la porte d'entrée. Heureusement pour lui, il vit près de chez moi et il peut donc venir à pied. S'il prenait sa voiture, le blond ne pourrait plus partir quand bon lui chante. Où peut-être délaisserait-il enfin la bouteille au profit de véritable tendresse?

Désormais seul, un gout amer se répand dans ma bouche. Encore une fois, je n'ai pas trouvé le courage d'avouer à Erwin mes sentiments. C'est terrifiant. Lorsque je souhaite m'élancer, quelque chose en moi m'empêche de parler, comme pour me retenir de gaffer. Je ne veux pas perdre notre relation simplement parce que j'en suis tombé amoureux.

-Le petit con est enfin parti? S'enquiert ma grand-mère depuis le salon.

Assise sur son fauteuil beige à motif fleuri, la sexagénaire regarde un feuilleton télé avec une grande concentration. Le plat de friandises dédié aux enfants passant l'Halloween trône sur la petite table près de la femme afin qu'elle puisse aisément les distribuer. Depuis que son mari est décédé il y a deux ans, elle vit ici et nous nous sommes beaucoup rapprochés.

Je m'assois sur le canapé avec un petit sourire triste. Ma tête tourne... 

-Erwin n'est pas un con, soufflai-je.

-Moi, c'est ce que je vois de lui avec la manière dont il te traite. Tu mérites beaucoup mieux que ça, Mike. T'es un bon petit gars.

Je soupire tristement en m'enfonçant dans le canapé. Ma grand-mère connait ma relation avec Erwin et elle se moque qu'il soit un garçon. Malgré son âge, c'est une femme très ouverte d'esprit qui me sert fréquemment de confidente. Je n'ai personne à qui parler de mes problèmes, donc ça lui fait plaisir de me tendre l'oreille. Depuis qu'elle connait la manière dont me traite mon blond, elle le déteste. C'est surement normal, mais ça me fend le cœur... Je ne veux pas que l'homme que j'aime soit haï par ma famille.

-Il ne fait pas ça pour mal faire, soupirai-je, je crois qu'il ne comprend juste pas qu'un garçon peut être amoureux d'un autre garçon. Pour lui, il n'y a que les filles.

-Même si ce n'est pas ce qu'il veut, il te fait mal! Tu ne vois pas dans quel état tu es? En plus, qu'il t'incite à boire, ça ne passe pas. S'il a des couilles, qu'il assume ses choix et qu'il cesse de se cacher derrière une bouteille.

Ce qu'elle dit n'est pas tout à fait faux, mais j'ai du mal à l'accepter. J'aime Erwin depuis si longtemps que la simple idée de le perdre est une torture. Que suis-je censé faire?