Chapitre 10 : Nathaniel
Pdv d'un retardataire :
- 'Fait chier, le réveil ! C'est de ta faute, si je suis à la bourre ! Pourquoi t'as pas sonné ?
Je courais le plus vite possible en direction du collège, pestant contre tout et n'importe quoi, mais surtout contre mon réveil. Le pire, c'est que c'est ma faute, c'est moi qui ai oublié de le régler la veille et c'est de ma faute si j'ai loupé mon bus ce matin... Si seulement j'avais accepté la proposition de Marc et que j'étais resté dormir chez lui, au lieu de crois que, comme par miracle, mes irresponsables parents se seraient souvenus qu'ils avaient un fils qui les attend tous les soirs à la maison...
Je m'arrête à la Place des Vosges, le souffle court et le cœur qui bat la chamade, ce qui me procure une atroce douleur aux poumons. Je crois que ça ne fait plus aucun doute...
- Punaise... Cardio merdique ! pestai-je, alors que ma respiration se rapprochait plus d'un râle rauque que d'un souffle d'adolescent.
... je ne suis pas fait pour la course à pied !
Alors que j'essaie de reprendre de l'oxygène pour pouvoir repartir, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, m'arrachant un faible sourire.
- (Surement Marc qui se demande pourquoi je ne suis pas allé le voir avant d'aller en cours...) puis mon sourire disparu : (... Ou alors c'est Marinette qui s'inquiète de savoir si je suis toujours vivant...)
Bingo ! Ça n'a pas manqué : les cours ont dû commencer depuis bien 10 minutes et elle ne me demande que maintenant si je suis « toujours vivant », selon ses mots...
Je lui donne une réponse rapide, avec ma position et lui affirmant que j'arrivais, avant de reprendre ma course, espérant arriver le plus vite possible et ignorant la douleur dans ma cage thoracique.
J'arrive au collège juste avant que Monsieur Haprel ne ferme le portail. Je m'excuse rapidement auprès de lui et je me précipite en quatrième vitesse vers ma classe, espérant ne pas être trop en retard. Il me semble qu'on accueille un nouveau, aujourd'hui, non ? Purée, ça marque mal si j'arrive en retard devant un nouvel élève ! Avec un peu de chance, peut-être que j'arriverai avant que Mademoiselle Bustier ne présente le nouveau...
Je monte les escaliers en 4 par 4, la respiration saccadée et les poumons brulants, et je me précipite vers ma salle. Une fois en haut, je vois Mademoiselle Bustier faire entrer un garçon que je ne reconnais pas dans la classe. Je panique en imaginant les présentations commencer et moi arriver à ce moment-là, sous les regards moqueurs de toute la classe, alors que je venais d'interrompre le nouvel élève...
J'essaie tant bien que mal d'augmenter ma vitesse, mais c'est à peine si mes jambes peuvent encore me porter. Je sens que je pourrai m'écrouler à tout moment...
- (Allez, Nathaniel ! Tu peux le faire, c'est bientôt fini...)
J'ai fermé les yeux, essayant de ne pas penser à la douleur dans mes poumons brûlants, et j'ai continué. Mais, à quelques pas de la salle, je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé, mais c'était comme si une décharge électrique a traversé mes jambes, me donnant une espèce de coup de fouet et me poussant à accélérer durant les derniers mètres.
J'entre dans la classe, essoufflé et ayant du mal à garder les yeux ouverts, et j'ai commencé à m'excuser...
- Bonjour ! Pardonnez-moi pour mon...
... mais je me suis interrompu après être rentré dans un mur.
- Nathaniel !
- Est-ce que ça va bien ?
- Trop chiant, il aurait mieux fait de ne pas venir...
- Toujours le chic pour arriver n'importe comment...
- Nath, t'es vivant ? Tu...
J'entendais les voix d'un peu tout le monde, mais c'était comme si elles tournaient autour de moi...
J'étais écroulé au sol. Pas parce que le choc fut violent, mais plutôt parce que mes jambes n'avaient plus la force de me porter. J'étais à bout de souffle et, mes poumons me faisant souffrir, ma main et venu se poser par-dessus ces derniers. J'avais l'impression que je pourrais perdre connaissance à tout moment...
Une voix insista, pour me faire répondre :
- Nathaniel ! Est-ce que tout va bien ?
J'ai levé les yeux et j'ai cherché du regard la personne qui avait parlé, pour croiser le regard inquiet de ma prof principal. Ma vue était assez troublée, mais j'arrivais à la distinguer et à l'entendre, malgré le bourdonnement ambiant de la classe. J'allais lui répondre, quand je sens une vingtaine de regard braqué sur moi, me faisant paniquer... Pourtant, si la plupart doivent être moqueur, j'en sens un plus intense que les autres.
Je lève les yeux en direction du « mur » que j'ai percuté au moment d'entrer. Qui n'en était pas un, d'ailleurs...
Le garçon – ou plutôt, le « mur » – me regarde par-dessus son épaule, surpris et interrogé que quelqu'un lui rentre dedans dès son premier jour. Il s'est tourné vers moi, surement pour me dévisager... Ce que j'ai fait aussi : je l'ai regardé de bas en haut, gêné... Il était grand... vraiment très grand... immense, même ! Arrivé à son visage, nos regards se sont croisés et j'ai plongé mes yeux dans ses pupilles agrandies... et j'ai senti le temps s'arrêter autour de nous, en même temps que ma respiration sifflante s'est transformée en hoquet de surprise. Je venais de plonger mon regard dans les deux plus belles pierres précieuses du monde ! Deux ambres magnifiques et brillantes remplissaient ses yeux...
Je n'avais jamais vu de tels yeux sur personne ! Et, autour de ses yeux, quelques mèches dorées viennent accentuer la beauté des pierres et transformer son regard en bijou valeur inestimable...
En fait, tout son visage, de la couleur de sa peau à la forme de ses cils, semblait mettre en valeur la beauté de ses yeux ! Ou alors... c'est ses yeux qui mettent en valeur chaque trait de son visage beau ?
En même pas une demi-seconde, j'avais déjà étudié et enregistré ses traits. Je sens soudainement ma cage thoracique me faire atrocement mal. Je déplace ma main au-dessus de la douleur et je sens mon cœur tambouriner sous ma peau. Je sens le rouge me monter aux joues. Son visage passe de la surprise à l'amusement et un sourire malicieux se dessine sur son visage. Je constate alors que sourire fait pétiller ses yeux, c'est magnifique...
Mais je n'avais pas remarqué qu'il s'était avancé pour s'accroupir devant moi et, quand je m'en rends compte, je réalise aussi que c'est moi qu'il regarde comme ça. Embarrassé, j'essaie de me lever, ne voulant pas recevoir les vannes du nouveau venu en plus des moqueries des autres, mais j'avais malheureusement oublié que mes jambes ne pouvaient plus me porter. A peine droit, j'ai commencé à vaciller...
- (Génial... dès la reprise, en plus... Attention, moqueries dans 3... 2... 1... !)
J'ai fermé les yeux en voyant le sol se rapprocher, puis j'ai senti quelque chose me rattraper dans mon dos. J'ai ouvert les yeux et je me suis tourné pour voir qui m'avait rattrapé, pour tomber sur le visage du nouveau et ses yeux ambrés.
- Ça va ? me demanda-t-il, inquiet.
J'ai viré au rouge. Pas seulement parce que son visage est proche du mien ou que ses yeux d'ambre sont braqué entièrement sur moi, mais parce que toute la classe était en train de voir ça et qu'ils ne manqueraient pas de se moquer une fois sorti... J'allais encore subir leurs moqueries, ok j'ai l'habitude, mais hors de question que quelqu'un qui n'a rien demandé se retrouve mêlé à mes problèmes !
Il me regarde, son visage prenant une expression de plus en plus inquiète et je réalise qu'il attend ma réponse... En fait, vu le silence qui semble régner, tout le monde doit attendre que je réponde.
J'ai baissé les yeux, gêné, et j'ai remarqué que mes affaires étaient tombées et s'étaient éparpillé autour de moi. J'ai choisi de sauter sur l'occasion (et pas sur le nouveau, bande de pervers) : je me suis écarté de lui, le poussant un peu plus brusquement que prévu, et je me suis laissé tomber à genou pour ramasser mes dessins, mes cours et mon matériel.
Je le voyais, du coin de l'œil, ne pas me lâcher du regard, toujours inquiet...
Je marmonne, pour tenter de le rassurer :
- Oui, ça va... Inutile de s'inquiéter !
Des murmures moqueurs ont commencé à se faire entendre en provenance de mes camarades. Je me suis arrêté en pleine action, le cœur serré... J'avais beau me dire que j'avais l'habitude, c'est quand même affreusement douloureux...
L'image de Marc, souriant et réconfortant, me vient alors en tête.
- (Marc... Où es-tu, dans ces moments où la souffrance est pire que tout ?)
J'ai soufflé un grand coup, essayant de me détendre et de ne pas me laisser envahir par mes émotions négatives, et j'ai rangé les dessins que je tenais dans mon sac.
J'ai senti un mouvement près de moi, alors, inconsciemment, j'ai regardé dans cette direction et j'ai vu le nouveau. Il fixait Kim, les yeux plissés, puis s'est tourné vers moi pour me sourire. J'ai détourné la tête, sans pour autant le quitter des yeux, et je l'ai vu commencer à rassembler les dessins en tas.
Il en a pris deux pour les regarder, intrigué, et paru étonnement intéressé. J'ai accéléré, pressé de récupérer le reste, et il m'a lancé :
- Tu fais une bande-dessiné ?
J'ai sursauté et je me suis tourné vers lui. Il me tendait les dessins qu'il avait rassemblé, à genou à côté de moi avec un sourire bienveillant au visage. J'ai pris quelques seconde pour détailler un peu plus son visage et imprimer dans mon esprit chaque détail, chaque parcelle de sa peau...
Malgré sa grande taille, nos yeux étaient à la même hauteur quand on était tous les deux à genou... J'ai profité de cette situation pour plonger plus profondément mes yeux dans les siens. Sous cet angle, j'avais l'impression que ses iris étaient soupoudré de poussière d'or...
Je suis sorti de ma transe quand il a cligné des yeux et incliné la tête sur le côté, interrogatif. J'ai compris que je venais juste de bloquer sur son visage sans lui répondre.
Je me suis secoué et j'ai attrapé les dessins avant de les glisser précipitamment dans mon sac. J'ai bégayé :
- Heu... O... oui, je dessine pour un projet de bande-dessiné qu'on a, a-avec... un ami...
Ça s'entendait que j'avais hésité sur ce dernier therme, mais je préfère qu'il ne soit pas au courant pour Marc... pour le moment... Même s'il ne semble pas capable de nous vouloir du mal, je préfère ne pas prendre de risque... C'est plus prudent !
- Et c'est qui, ce fameux ami ? cri Kim depuis sa place, avec un ton moqueur.
Je me suis figé. La prof, dans un geste plein de bonne intention, l'a envoyé chez le directeur, mais cela ne lui a pas plu. J'ai jeté un coup d'œil dans sa direction et il semblait enragé. Il ramassait ses affaires et les jetait dans son sac brutalement... J'essaie de ne pas m'en occuper et de faire comme le nouveau qui continue de ramasser mes affaires.
Ma trousse, en tombant, s'est ouverte et mes crayons se sont éparpillés de partout, alors il les ramasse et les range de manière à ce qu'ils rentrent bien tous à l'intérieur. Comme s'il sentait mon regard sur lui, il s'est tourné vers moi et m'a souri. J'ai rougi, mais je n'ai pas hésité à lui rendre son sourire.
- (C'est sympa, de se sentir soutenu, pour une fois... Pas que je ne n'apprécie pas ce que fait Marinette, mais face aux autres elle a tendance à ne pas trop s'imposer...)
J'y ai tendu mon sac et il y a glissé délicatement ma trousse à l'intérieur. Il ne restait plus grand-chose à ramasser, mais cela suffit pour détourner mon attention le temps que Kim ait fini de rassembler ses affaires et s'avance vers la sortie. Au moment de nous passer à côté, je le vis me lancer un regard haineux et, avant que j'aie le temps de réagir, il envoya son pied en direction de mon visage.
Ensuite... Tout s'est passé tellement vite... Je pensais me faire frapper, mais je me suis senti tiré en arrière et une main est venue arrêter le pied du sportif pendant que l'autre main me gardait appuyé contre mon sauveur. J'ai levé les yeux vers ce dernier : il était en train de foudroyer Kim du regard et semblait retenir sa jambe sans effort.
L'autre rouquin a baissé la tête vers moi et m'a souri. Puis, alors que Kim cherchait à se libérer, il me dit doucement :
- Je m'excuse d'avance, ça va secouer un peu...
Je n'ai rien dit et je l'ai laissé faire. D'un geste ample du bras, il a dégagé la jambe de Kim, le faisant perdre un peu l'équilibre, tout en me serrant un peu plus contre lui et se tournant légèrement pour mettre son corps entre Kim et moi.
Une partie de la classe a crié pour pousser le sportif à arrêter, mais il repartit quand même à la charge.
Cette fois-ci, au lieu de simplement arrêter l'attaque, le nouveau m'écarta avec douceur, comme si je ne pesais rien, et se leva d'un bond pour faire face à Kim et s'interposer. Ils faisaient presque la même taille et avaient presque la même carrure, mais aucun des deux ne fut impressionné. Kim aurait même pu le frapper ici sans hésiter, si Marinette et Mademoiselle Bustier n'avaient pas réagi :
- Kim, ça suffit, arrête ! cria Marinette en s'interposant.
- Tu vas trop loin ! renchérit Mademoiselle Bustier. Suis-moi, je vais parler moi-même au proviseur et je vais m'assurer que tu répondes bien de tes actes !
Kim ne dit rien et suivit notre prof, en nous foudroyant du regard au moment de passer la porte.
- Marinette, Alya, je vous confie la classe ! lança la prof principale avant de fermer la porte derrière elle.
Le silence revint dans la classe et, alors que je réalisais doucement ce qu'il venait de se passer, mon corps a commencé à trembler de plus en plus violemment. J'ai essayé de ne rien laisser paraitre et j'ai remercié Marinette d'un regard, quand un détail a attiré mon attention : le nouveau, droit juste devant moi, serrait les poings tellement forts que ses extrémités devenaient blanches et tout son bras en tremblait. J'ai levé les yeux vers son visage : il fixait l'endroit où avait disparu Kim avec un regard rempli de haine. Il a finalement tourné son regard vers moi et dut me voir trembler, car son expression s'est radoucie et il m'a accordé un sourire rassurant. Surpris, j'ai sursauté et détourné la tête, les joues rouges.
Du coin de l'œil, je le vois se baisser et me tendre une main. J'ai regardé sa main avec surprise et hésitation, ne sachant pas trop quoi faire. Je lui avais déjà attiré beaucoup d'ennui... J'ai levé les yeux vers lui, coupable, et il m'a souri avec bienveillance.
J'ai jeté un coup d'œil à Marinette. Elle semblait hésitante, mais m'encouragea tout de même d'un hochement de tête approbateur. J'ai posé une main tremblante dans la sienne, quand il l'a saisi fermement et a tiré dessus pour me redresser.
Surpris et pas encore capable de tenir sur mes jambes, je suis parti un peu trop en avant et j'ai fini ma course le visage contre le torse du nouveau et mes mains s'agrippant fermement à quelque chose de moelleux dans son dos, sans savoir ce que c'est. Je l'ai senti se crisper contre moi et j'ai compris qu'il était gêné.
- (Il ne supporte peut-être pas d'être collé à ce point à quelqu'un... ou alors il est hétéro et ça le gêne d'avoir un autre garçon collé à lui, surtout s'il a compris pour moi...)
J'ai entendu des petits gloussements s'échapper de quelque part dans la classe et Chloé a poussé l'un de ses ricanements désagréables, me donnant envie de pleurer. Je n'en pouvais plus de tout ça...
Pourquoi à chaque fois que je dois être proche d'un garçon, il faut qu'on se moque de moi ? J'ai serré les dents, voulant retenir les larmes dans mes yeux, et mes mains se sont crispé sur la chose qu'elles tenaient. Je l'ai senti se crisper de plus en plus et il semblait avoir du mal à déglutir quand j'étais contre lui. Les murmures se sont accentués et j'ai même pu entendre Marinette se taper le front et murmurer un « C'est pas vrai » rempli de honte.
Bizarrement, je me disais que mon sauveur ne devait pas, normalement, avoir deux petites formes rondes et tendre comme un bout de viande dans le bas du dos et...
- (Attend... J'ai pensé « bas du dos », ce qui veut dire que...)
J'ai soudainement compris mon erreur et réalisé à quoi mes mains étaient en train de s'accrocher avec tant de fermeté, étant également la cause des murmures et de l'agacement de Marinette...
Honteux et effrayé qu'il puisse m'en vouloir, je me suis écarté d'un bond, mon visage surement affreusement rouge, mais mes jambes se sont emmêlées et je suis parti en arrière.
Toute la classe a poussé un petit cri de surprise, alors que le temps semblait ralentir et que tout le monde attendait la suite. On se serait cru dans un film comique, mais c'est moins drôle quand on est dans le rôle du bouffon de service...
- (Merde, c'est pas mon jour ! Je déteste les reprises et je hais cette vie !)
J'allais fermer les yeux, quand j'ai senti qu'on m'agrippait par le poignet. J'ai vu le nouveau m'attirer une nouvelle fois contre lui, mais cette fois-ci j'ai bien pris soin de mettre mes mains entre lui et moi, afin de ne pas refaire la même erreur que précédemment, et ma tête est venue s'écraser contre son torse. Ses bras sont venus s'enrouler autour de moi pour me stabiliser et, l'espace d'un instant, je me suis dit que je préfèrerai rester là pour l'éternité.
Autour de nous, certains de nos camarades ont commencé à rire ou se moquer, c'est devenu insupportable...
- (J'en peux plus !)
J'ai enfoui plus profondément mon visage dans les vêtements du nouveau et mes mains, posés sur ses clavicules, se sont crispées sur sa veste. Je m'attendais à ce qu'il se crispe à nouveau et qu'il essaie de me repousser, mais il a simplement posé une main derrière ma tête, caressant mes cheveux au passage, avant de demander dans un murmure :
- Eh, ça va ?
J'ai fait « non » de la tête. Il n'a rien dit, il s'est contenté de poser son menton sur ma tête et de caresser doucement l'arrière de mon crâne, me berçant de douceur. C'était tellement agréable, j'avais presque l'impression d'être dans les bras de Marc.
- Sacha...
- Euh... Quoi ?
J'ai relevé la tête vers le nouveau, tandis que lui l'a baissé vers moi pour me regarder de ses grands yeux brillants.
- Moi, c'est Sacha Hute ! Comme t'as loupé les présentations, je me permets de les refaire pour toi : Bonjour à toi ! Je suis ravi de te rencontrer et j'espère pouvoir bien m'entendre avec toi ! Je m'appelle Sacha Hute et je suis ravi de faire ta connaissance !
Marinette gloussa un peu, visiblement amusé par le caractère jovial et malicieux de Sacha. C'était très sympa qu'il ait refait son discours d'arrivé pour moi...
- (Sacha... C'est joli, ça lui va bien !) pensais-je en baissant les yeux et laissant apparaitre un petit sourire.
- Toi, j'imagine que tu t'appelles Nathaniel ? C'est très poétique, comme nom !
J'ai hoché la tête en rougissant. Etrangement, je me sentais bien, près de lui. Il a quelque chose d'apaisant...
Marinette s'est approchée, avec un petit sourire. J'ai été surpris quand elle a dit :
- Et c'est « Nath » pour les intimes ou les amis proches !
Il lui a souri, la faisant rougir. Ça m'amusait, mais je n'ai pas trop osé rigoler, pensant qu'elle le prendrait mal, ce à quoi le nouveau ne s'est pas gêné, gloussant peu discrètement. Gêné, Marinette a commencé à bégayer, me faisant rire moi aussi, jusqu'à ce que des murmures atteignent mes oreilles : Chloé, Sabrina, Max, Alix, Nino et même Adrien étaient en train de parler de la situation, soit pour se moquer, soit pour commenter son ridicule...
Entendre ça me fit perdre le sourire et me donna envie de pleurer... et il le sentit. Sacha me serra brièvement un peu plus fort, puis descendit une main sous mes jambes et me souleva, pour me porter comme une princesse. Avant que je n'aie le temps de protester, mes pieds avaient déjà quittés le sol.
J'ai senti sens bras plier sous mon poids, alors je me suis accroché fermement à son cou, par réflexe et par peur de tomber. Il fut à peine surpris par mon geste et, quand je l'ai regardé, il m'a souri, amusé.
- (Mais... C'est qui ce gars ? Il est de quelle espèce ?)
Il s'est tourné vers Marinette et lui a demandé :
- Il s'assoit où, d'habitude ?
- (Attend... Il ne compte quand même pas...)
- Dernière rangé du fond, à droite, derrière Ivan ! C'est...
- Ça ira, merci beaucoup !
Sans un mot de plus, il s'est dirigé vers ma place, montant les marches comme si de rien n'était, avec moi dans ses bras alors que tout les autres nous regardaient avec des yeux énormes.
Honteux, j'ai fermé les yeux et j'ai caché mon visage dans son cou. Je voulais disparaitre... ce qu'il sentit également ! Il m'a serré contre lui en frottant sa joue contre ma tête et en caressant doucement mon épaule de son pouce.
- Dis-toi que c'est juste des jaloux ! dit-il tout bas.
J'ai levé vers lui un regard surpris, ne comprenant toujours pas ce qu'il se passe depuis 10 min, et il m'a fait un sourire doux.
- Ne te sens pas coupable d'être toi-même juste parce que quelques abrutis ne sont pas capables de t'accepter comme ça ! expliqua-t-il, sur un ton rassurant et déterminé. Si quelqu'un te reproche d'être « différent », c'est juste qu'il est jaloux de ce que tu es et de ce que tu dégages ! En revanche, s'ils viennent te chercher des puces, tu viens me voir et je m'occuperai personnellement de bien les envoyer se faire chier à la figure !
Bien que surpris qu'il tienne ce genre de discours alors que toute la classe l'entend, sa dernière phrase m'arrache un petit rire. Ça le fait sourire, alors qu'il me pose avec douceur sur le banc, pour s'asseoir à son tour à côté de moi et ouvrir son sac, comme s'il venait d'élire domicile ici.
- Ne t'occupe pas des autres ! Le monde n'acceptera jamais les gens comme nous, alors autant l'oublier ! Il ne changera jamais pour toi, mais hors de question que tu changes pour lui ! Fais ta vie, ils feront la leur quand ils auront compris leur connerie !
Il a croisé les bras sur la table et a posé sa tête dessus en fredonnant un air qui m'était inconnu. Il fixait quelque chose devant lui, d'un air nostalgique, alors que je pensais :
- (Comment ça, « nous » ?)
Je le regardais avec de grands yeux impressionnés et une impression de déjà-vu. Le discours qu'il venait de me faire était presque le même que celui que Marc m'avait fait pour me rassurer, le jour où je me suis déclaré...
Il s'est tourné vers moi et m'a souri gentiment. J'ai un peu rougi.
- (Il va arrêter de sourire, lui !)
- Ça dérange si je m'installe ici ? La vue est sympa et j'ai un peu peur de chercher une place ailleurs... T'imagine, s'ils sont méchants avec moi ? dit-il, l'air un peu moqueur.
- Non, pas du tout !
Ce n'était pas moi qui venais de répondre, mais quelqu'un derrière nous. On se tourne vers la gentille petite voix de Rose qui s'était faufilé dans notre dos, avec Juleka. Elles ont salué le nouveau et ont avoué qu'elles s'étaient approchées pour épier notre conversation, ce qu'on aurait pu deviner par le regard curieux avec lequel elles nous dévisageaient. Sacha les a regardés avec ce même air, avant de les saluer, tout sourire :
- Holà, jolies princesses !
Si moi ça m'a surpris, ça a fait rire mes amies. Il leur a souri, ravi et un peu charmeur, je dois bien l'avouer...
Ils ont commencé à parler tous les trois avec légèreté, Rose et Juleka surtout là pour faire connaissance, puis Sacha m'a posé de légère question sur moi ou le collège, plus dans le but de m'associer à la conversation que par curiosité, et je me suis retrouvé à rire avec eux trois. Sur le moment, je ne sais pas ce que j'ai ressenti, mais l'espace d'un instant j'ai eu l'impression que les menaces qui planaient au-dessus de ma tête, tous mes problèmes... Non ! Nos têtes et nos problèmes... que tout s'était envolé et ne reviendrait jamais !
J'ai ri avec eux. Je me sentais bien...
Il s'est tourné vers moi et m'a rendu le sourire que j'avais, mais en presque plus éblouissant.
- (Bon sang, c'est quoi ce gars ? Et pourquoi je me sens si bien ? Pourquoi c'est si simple de sourire, près de lui ?)
Mais mon sourire s'évanouit bien vite, quand je vois que l'une de mes amies semble mal à l'aise, comme si elle craignait quelque chose...
- Rose ? Tout va bien ? m'inquiétai-je.
Sacha reporta son attention sur la blonde, inquiet. Il lui prit les mains, dans un geste de réconfort.
- Eh ! Bin alors, Jolie Princesse ? Que t'arrive-t-il ? C'est quoi cette mine ?
Elle sourit et Juleka posa sa main sur son épaule, dans un geste d'encouragement.
- Rien, ne t'inquiète pas ! a répondu Rose, peu sûre d'elle. En fait, j'hésite te poser une petite question...
- Oh, je vois... c'est mignon !
Cette simple phrase a réussi à nous faire rire tous les trois et à rapporter un peu de légèreté. Sacha a repris sur un ton si léger qu'il ne parut pas sérieux :
- Bon, après, si c'est pour me demander de sortir avec toi, je serai à regret de refuser !
Rose et moi n'avons pas pu nous retenir de rire, alors que Juleka a entouré ses bras autour des épaules de la petite blonde, en marmonnant un petit « à moi ».
- Non, ce n'est pas ça ! a ri Rose. Juste, je voulais savoir... Est-ce que, par hasard, tu serais... disons, plus attiré par les hommes que les femmes ?
Je me crispe et écarquille les yeux de surprise, alors que mon cœur se barre au galop. Je retiens mon souffle, pensant que ça expliquerait son attitude à mon égard.
- (Merde, j'espère que je ne l'attire pas ! Ça me ferait de la peine de le repousser alors qu'on vient juste de devenir amis...)
Le souffle coupé, j'appréhende sa réponse. Dos à moi, je ne vois pas son visage, ce qui m'énerve un peu. J'aurai tellement aimé voir son expression...
Il est resté étonnement silencieux, jusqu'à ce que la cause de tous mes malheurs ne se pointe et nous vole ce nouvel allié, nous provocant un fort mélange de stress et de peur...
- Bien sûr que non ! s'est exclamé Chloé en tapant sur notre bureau et nous faisant sursauter. Il aime les femmes belles et riches et il n'a absolument rien à faire avec un groupe de pédales comme le vôtre !
Elle ponctua sa phrase d'un regard méprisant à mon égard. Son sous-entendu me crispa et l'angoisse m'a nouée le ventre. J'aurai tellement aimé pouvoir m'enfuir, me cacher et disparaitre...
Je ne devais pas être le seul, car la soudaine présence de la peste de la classe a effrayé Rose et Juleka, qui se sont éloignées de Sacha, la plus grande serrant la plus petite dans un geste protecteur. Sacha ne sembla pas comprendre nos réactions, nous regardant tour à tour, les filles et moi, et Chloé, fidèle à elle-même, se jeta à son cou en se l'accaparant.
- Sacha d'amour ! s'est-elle exclamée, toute mielleuse. Tu viens t'assoir à côté de moi ! Je me sens si seule, au milieu de tout ces moins que rien...
- Euh...
Elle avait un air apitoyé, comme si c'était vraiment horrible, mais le nouveau ne semblait pas partager son ressentiment. Elle l'a entrainé avec elle, ne lui laissant pas la possibilité de répondre.
- Tu verras, tu seras bien, avec moi, au premier rang, pour étudier... fit-elle, hautaine, avant de feindre la surprise : Oh, mais c'est vrai ! Nous on n'a pas besoin d'étudier, vu qu'on est déjà riche !
Elle a ri de son habituelle manière détestable, mais Sacha est resté étonnement froid et impassible face à sa blague de snob, nous jetant des petits coups d'œil à Rose et moi.
Sacha n'a pas lutté et a suivi Chloé sans rire à son humour. Il s'est retourné, comme s'il hésitait à retourner dans ce « cercle de pédale », comme dirait Chloé, mais j'ai détourné le regard. Bizarrement, je me sentais soudainement moins à l'aise avec ce « nouvel ami ». J'ai entendu Kim et Alix l'interpeller grossièrement, avant que Mylène ne les réprimande pas très gentiment.
Au premier rang, Sacha a regardé la place que Chloé lui désignait, où Sabrina était en train de ranger ses affaires sous la pression de la blonde, et s'en est offensé :
- Chloé, quelqu'un occupe déjà cette place ! Tu ne peux pas demander aux autres de changer de place pour toi et encore moins les forcer ! s'est exclamé le rouquin en attrapant la main de Sabrina.
- Et pourquoi donc ? demande Chloé avec indifférence. Tu vois bien que ça lui fait plaisir, de faire ça pour moi !
Sabrina ne l'a pas contredit, baissant même les yeux quand Chloé l'a interrogé du regard.
- Et puis, on s'en fout des autres, nous ! a-t-elle repris, hautaine. Toi et moi, nous venons d'un monde différent de ces ploucs ! Toi, tu es un prince, et moi je serai ta princesse !
Elle a conclu sa phrase en venant se pendre au cou du plus grand, se mordant les lèvres avec un regard et un sourire effrayant. J'ai senti de l'amertume remonter le long de ma gorge, réalisant qu'elle n'avait pas tort... C'est vrai, ils se connaissent et se ressemblent, ils viennent du même milieu... ils sont tous les deux beaux, riches et célèbres... Ils seront surement ensemble avant la fin de l'année, c'est sûr !
J'ai jeté un coup d'œil à Rose et Juleka, mais elles semblèrent aussi tristes et déçues que moi en retournant à leurs places. En reportant mon attention sur le nouveau et son « formidable couple », je croise le regard ambré et perplexe du nouveau tourné vers nous. Je le vois s'agacer, soupirer et s'adresser à Sabrina :
- Tu n'es pas obligé de ranger tes affaires ! a-t-il dit avec un léger sourire. En revanche, peux-tu te lever quelques secondes ?
Bien que surprise, Sabrina s'est levée et décalée. Sacha lui a sourit à nouveau... et a subitement écarté Chloé de lui, la poussant sur le banc et la faisant tomber en arrière.
La surprise fut collective, personne ne s'attendant à ce que le si gentil (pas) petit nouveau traite ainsi celle que tous pensaient être son ami d'enfance.
Chloé, à moitié allongé sur le banc, ne comprend pas ce qu'il se passe. Avec surprise et outrance, elle s'exclame :
- Mais... que... Qu'est-ce qu'il t'a pris ?
Sacha, dans la provocation, posa son pied sur le bord du banc, entre les jambes de Chloé, et se penche vers cette dernière, presque menaçant.
- Alors comme ça je suis un « prince » ? demande-t-il avec un air et un ton moqueur.
Chloé eut l'air horrifié, n'ayant visiblement jamais vu son ami comme ça. Il faut quand même dire que le sourire de Sacha se faisait de moins en moins rassurant, même pour moi qui l'avait vu rayonnant quelques secondes plus tôt...
Sacha s'est penché davantage, prenant appui sur le bureau de la blonde, le visage proche de celui de Chloé.
- Dans ce cas, permet-moi de te contredire, petite princesse, poursuivit Sacha : je ne suis pas intéressé par les princesses comme toi ! Je suis un prince qui aime les autres princes !
Il avait scandé la dernière phrase, provocant un grand froid dans la classe, mais allumant également une flamme d'espoir dans mon cœur battant la chamade.
* * *
(Yo mes amoureux de BL ! Ca faisait longtemps que je n'avais pas posté ici...
Et oui : Après "Marc et la Malédiction des Royaumes", j'ai choisi de passer ma pause dans cet univers, beaucoup moins reposant, faut se le dire...
J'ai la flemme de faire un résumé, je dirai juste que ce chapitre a, déjà, été réécrit presque entièrement. Je n'ai gardé du brouillon que les dialogues et certains moments... (ex : le duel entre Kim et Sacha a été rajouté)
Ensuite, c'est avec ce chapitre que je finis le premier carnet de brouillon. Le second aura des vibes un peu différentes, mais "une lueur d'espoir" sera aperçue !
Je ne dirai rien de plus, à part que je suis un peu triste que peu de monde lisent cette fiction, même si je comprend un peu...
Sur ce,
Bye, mes chatons !😘)
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