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SALLE DE CONTROLE – PROJET BOX
JEUDI 28 OCTOBRE / 8H04
Mme White, le Docteur Charles-Henri et le Docteur Carter entouraient une technicienne à la longue chevelure rousse. Celle-ci tapait frénétiquement sur son clavier, levant de temps à autre la tête pour donner des ordres ou vérifier que tout le monde faisait correctement son travail.
- La climatisation ne marche pas ? Je ne sais pas moi, Demande-lui gentiment ! Mais tu vois ce chrono, Marco ? dit-elle en désignant un gros cadrant rouge.
Le petit homme qui était déjà en nage avant de parler à sa supérieure hocha rapidement la tête.
- Si la climatisation n'est pas allumée quand il sera à zéro, tu es viré, continua-t-elle froidement, Compris ?
- Oui... oui.
Et il repartit en courant de la salle de contrôle. La technicienne replongea la tête vers son écran. Le Docteur Charles-Henri dit à son jeune collègue qu'heureusement il y avait moins de psychiatres qualifiés que de réparateur de climatisation. L'autre rigola par politesse. La porte s'ouvrit et une équipe de médecins en bouse bleu entrèrent. Au centre de leur groupe, sur un brancard, le sujet était allongé. Mme White s'avança.
- Tout est prêt ? Vous pourrez bien la réveiller dans dix minutes ?
- Oui mais là, il y a trop de monde, Madame, répondit un des médecins en désignant les techniciens qui couraient dans tous les sens.
Mme White se tourna vers la femme et demanda d'une voix stressée.
- C'est bientôt fini, Angel ?
- Presque, Madame, Presque.
- Bon, commencez à l'installer dans la BOX, ordonna Christine aux médecins.
Ils l'amenèrent dans le cube. Christine se dirigeait vers ses amis psychiatres, elle sursauta quand la technicienne en chef cria parce qu'un des employés avait presque rayé la vitre. Charles-Henri vint à sa rencontre et essaya de faire descendre son stress à coup de blagues. Pendant ce temps, Carter écoutait la technicienne lui expliquer rapidement pourquoi il ne fallait surtout pas rayer même un tout petit peu la vitre, il comprit les mots : fragilisation, vibration et explosion de verre.
Soudain un souffle glacial parcourut la salle, la technicienne attrapa son talkie-walkie, le régla et hurla au pauvre Marco :
- Bravo, la clim marche ! Mais là, tu vas transformer la salle en banquise et je n'aime pas les manchots ! elle leva les yeux vers le chrono, il te reste 4 minutes 26 secondes.
D'un coup, le souffle devint beaucoup plus agréable.
- Super Marco, je savais que je pouvais avoir confiance en toi ! Il faut juste un peu te brusquer.
Avec un petit sourire, le Docteur Carter annonça qu'il partait observer les médecins.
Dans la BOX, l'atmosphère était beaucoup plus calme, à la limite du silence. Dans un coin certaines personnes révisaient la procédure de « réanimation », pendant que d'autres installées par terre le sujet. Elle avait un visage calme. Sans le bip répétitif qui démontrait que son cœur battait encore, on aurait pu croire qu'elle était morte. Le médecin en chef observait sa montre puisque que de ce côté de la paroi, on ne voyait pas le chrono. 3:53.
- Monsieur ? J'ai une question, demanda un jeune médecin.
- Oui, pose là, répondit l'homme en lâchant du regard sa montre.
- Marion et moi, devons bien partir avec la machine après avoir enlevé les capteurs cardiaques ?
Son supérieur acquiesça. Mme White apparut dans l'embrasure du mur coulissant de la BOX.
- M Carter, il faut les laisser faire leur travail, maintenant.
Celui-ci qui était en pleine discussion avec une dame très grande, il hocha la tête et la suivit jusque derrière la technicienne. Celle-ci expliquait qu'ils avaient été obligés de faire coulisser tout le mur pour ne pas avoir de rayures sur les parois. La salle de contrôle c'était considérablement vidée si bien qu'elle était presque aussi calme que la BOX. Il ne restait à présent que Mme White, les deux psychiatres et Angel la technicienne en chef. Ethan Carter leva les yeux vers le chrono. 0:17.
Mme White annonça dans un micro que l'opération réveil pouvait commençer. Dans la salle de contrôle, chacun retenait son souffle. Les médecins commencèrent à la débrancher, mais on avait beau voir leurs lèvres bouger, aucun son ne parvenait jusqu'ç eux.
- Angel, pourquoi le micro ne marche pas ? demanda Christine.
- Je cherche, Madame.
On voyait les médecins s'agiter à l'intérieur, et c'était extrêmement frustrant de ne pas comprendre pourquoi. Soudain, après le cri de triomphe d'Angel, le micro se ralluma et on entendit les bip... réguliers des machines. Le médecin en chef passa un chiffon à la dame avec qui Carter parlait, puis on entendit :
- Presse-lui ça contre ses voies respiratoires.
Lentement son rythme cardiaque ralentit et le médecin informa sa collègue qu'elle devrait sortir en dernière. Ils reprirent leur travail méthodiquement. Au bout d'un moment, le jeune médecin et la dénommée Marion sortirent avec la machine. Puis, petit à petit, chaque médecin sortit avec une machine ou des tubes dans les bras. A la fin, il n'y avait plus que la grande dame et le médecin en chef.
- A trois, OK ?
Elle hocha la tête.
- Un... Deux... Trois.
Ils se levèrent et se dirigèrent rapidement vers la porte, quand ils furent sortis celle-ci commença à se refermer. Chaque regard scrutait la silhouette au sol. Soudain Carter courra vers la cloison qui avait fait déjà la moitié de son chemin, il entra dans la BOX sous l'incrédulité de ses collègues. Le sujet se retourna face à lui. Il crut voir papillonner ses yeux alors il se dépêcha de faire ce qu'il était venu faire et sorti juste à temps, avant que la porte se referme. Mme White accourra.
- Pourquoi tu as fait ça Ethan !? Elle aurait pu te voir, enfin !
Carter, en train de faire redescendre son pouls, montra le chiffon qu'il avait dans la main.
- Oh ! Je l'avais fait tomber, s'exclama la grande dame, Je suis vraiment, vraiment désolée.
Christine allait remercier le Docteur Carter, mais Angel l'interrompue.
- Je crois qu'elle se réveille...
Tout le monde se retourna vers la BOX. Effectivement, le sujet était maintenant appuyée sur ses coudes. Elle s'accroupit et observa avec appréhension les murs qui l'entouraient. Avec une lenteur extrême, elle fronça les sourcils. Le Docteur Charles-Henri attrapa son bloc note et se mit à noter tout ce que faisait le sujet, même le fait qu'il respirait par la bouche et pas par le nez. Quant au Docteur Carter, lui, l'observait juste, après tout ce n'était pas son tour de garde et il ne voulait rater aucun détail. Elle bougeait presque au ralentie. Soudain elle sursauta, il s'avança vers les parois pour voir ce qui avait provoqué cette réaction. Sa respiration faisait de la buée sur la paroi. Enfin il comprit, c'était à cause de ses mains qu'elle avait sursauté. Elle les regardait bouger avec une si grande curiosité que cela devenait évident.
- Elle découvre son corps... dit le Docteur Carter.
Elle porta ces doigts au visage et d'un geste un peu gauche, elle suivit les courbes de son visage et rigola. C'était un rire pur, léger et simple. Il était impossible de trouver, même une onde, d'hypocrisie, de méprise ou de méchanceté. C'était juste un rire. Un rire d'enfant. Un rire innocent.
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