Chapitre 7 : Les Dix
EMMA
- Tu as tout dans ta valise ma chérie ? demande-maman pour la mille cinq-cents et unième fois.
- Oui, oui. Bon, il fait quoi Edward ? On avait dit neuf heures trente, pesté-je.
À ce moment-là, la sonnette retentit.
- Ce n'est pas trop tôt... dis-je. Vous ne voulez vraiment pas me dire ce que c'est ?
- Non sinon ce ne serait plus une surprise. Tu la découvriras dans trois semaines, à ton retour, déclare papa d'une voix égale.
- Même pas un indice ? insisté-je.
Ils me font à nouveau non de la tête, mais je vois au sourire de Romane que c'est une bonne surprise. Je les embrasse tour à tour et je file rejoindre Edward dans sa voiture.
- Vite, vite, vite ! s'exclame-t-il en guise de bonjour. Mets ta valise dans le coffre et on fonce, on est carrément à la bourre !
- La faute à qui ? rétorqué-je.
Il me sourit d'un air coupable.
- Bon, prête pour la grande rencontre ? Demain tu vas faire connaissance avec tout le groupe, tu vas connaître tes partenaires de chambre et vous allez former des groupes de travail, c'est une des journées les plus importantes du programme, dit-il. Mais bon dans trois semaines c'est ton grand retour à la maison...
- Je le savais ! Tu es complice de la « surprise ».
- Moi ? s'offusque-t-il. Et puis d'abord quelle « surprise » ?
- Arrête tu n'es absolument pas discret, je peux avoir un indice ?
- Bon je capitule, mais non pas d'indice évidemment, sinon ça perd tout son charme, dit-il avec son petit sourire en coin.
Nous roulons pendant près d'une heure jusqu'à l'aéroport. Là-bas on retrouve Gilles et Nathan.
- Quelqu'un veut quelque chose à manger, je vais m'acheter deux trois petits trucs ? propose Edward, tandis que nous attendons l'embarquement.
J'ai déjà pris l'avion pour aller en Angleterre néanmoins je reste stressée. En voyant mon air, Edward me demande de l'accompagner à la boutique.
- Si tu veux être totalement débarrassée de ta peur, l'avion est un bon test. Cette année tu vas le prendre un beau paquet de fois, tu verras à la fin tu n'y prêteras plus attention.
Je hoche la tête moyennement convaincue, en le regardant choisir un paquet de gâteaux.
- Quand on arrivera à Lisbonne il faut qu'on bosse sur le déroulement de demain, parce que je viens de recevoir un mail, et il y a un... nouveau point...
- Quoi ? questionné-je.
- Non il ne vaut mieux pas que je te le dise avant l'avion ça va te stresser encore plus.
- Mais maintenant tu me stresses pour de bon ! m'exclamé-je. C'est une bonne nouvelle ?
- Plutôt oui... enfin je ne sais pas, ça dépend.
- Bon allez crache le morceau tu m'en as trop dit !
Il se dirige vers la caisse, en pianotant sur son téléphone, puis il me le tend.
- Vas-y lis ça, mais n'en parle pas à Nathan ni à Gilles pour le moment.
Je m'empare du téléphone sans me faire prier et commence à lecture.
PROJET ARIA, RENCONTRE LISBONNE A M. EDWARD REMENT.
Bonjour, toutes mes salutations,
Comme vous le savez la journée du 20 juillet est la première rencontre entre les jeunes, nous allons leur donner une foule d'informations dont leur chambre. Il y a douze chambres de quatre et une de cinq pour les filles et pareil pour les garçons. Pour les constituer nous avons pensé à de nombreux critères comme la langue, la nationalité et aussi un nouveau point, jamais abordé jusque-là.
En effet, pour faciliter l'organisation qu'ils auront à effectuer, nous avons sélectionné dix jeunes, parlant chacun une langue différente et venant de pays variés, pour être les porte-paroles du groupe. Évidemment cela est valable le temps de l'organisation, une fois à bord le principe est que les 106 adolescents créent leur propre organisation, seuls.
Emma Keller fait partie des dix, ainsi que :
Chine : Jun, m
Hongrie : Izabella, f
Portugal : Thiago, m
Lettonie : Anna, f
Etats-Unis : Matthew, m
Finlande : Ellias, m
Pays-Bas : Tessa, f
Croatie : Luka, m
Ukraine : Elina, f
Pour préserver un minimum l'anonymat et pour faciliter les choses, nous n'utilisons pas les noms de famille mais les noms de pays, pour différencier deux personnes du même nom.
Cette place que nous offrons à Emma est un grand honneur, nous espérons qu'elle en sera heureuse.
À très vite,
Daniel Hunter, responsable du projet ARIA.
- Ça veut dire quoi ça ? dis-je, en relevant la tête.
- Ça veut dire que tu as une chance incroyable mais à la fois une grosse pression, répond simplement Edward.
- Mais, je ne comprends pas... pourquoi moi ?
- Tu devais avoir le profil qu'ils recherchaient, la France est un pays qui s'investit beaucoup dans ce projet, tu parles une langue nouvelle, tu as réussi le test et ce que les responsables de France ont dit doit avoir un bon écho et puis, peut-être un peu de hasard et de chance, conclut-il.
- Et on fait quoi ? demandé-je.
- Pour le moment on va rejoindre les autres et puis on s'occupera de ça à l'atterrissage, mais ne te stresse pas pour ça, ok ? Allons-y et n'en parle pas aux autres.
- Pourquoi ?
- Nathan n'a pas été sélectionné, je préfère qu'il l'apprenne en même temps que tout le monde. Et puis Gilles ne pourrait pas s'empêcher de rajouter son grain de sel sur ta façon de faire.
J'acquiesce et nous partons rejoindre les garçons.
Maman : Bon vol ma chérie !
Je lui réponds rapidement puis coupe la connexion pour le vol. Calée sur mon siège, j'écoute le bourdonnement du moteur, en serrant les dents. À côté de moi, Nathan paraît totalement détendu et à l'aise.
- Pourquoi tu stresses ? demande-t-il. Tu n'as jamais pris l'avion ?
- Si mais j'ai le vertige, réponds-je sans desserrer mes dents.
- Ah... sinon tu crois qu'ils vont être sympas les autres ? En tout cas ça va être galère de parler tout le temps anglais...
L'avion se met à rouler, Edward placé devant moi me tend un de ses éternels chewing-gum à la fraise avec un petit clin d'œil d'encouragement. Je le remercie du regard et crispant mes mains sur mon siège. Je me suis tenue au bord du quatorzième étage et j'ai peur lors d'un décollage ? Qu'est-ce que ça va être quand c'est le vaisseau qui décollera dans un an ? Je chasse ces pensées de ma tête et respire un grand coup. Je sens que l'engin accélère de plus en plus... puis, il y a comme un moment de flottement et nous voilà dans les airs. Durant l'heure et demie de vol je ne fais rien, je contemple le siège devant moi en attendant que ça passe.
Dans ma tête la même pensée tourne en boucle : je suis parmi les Dix, je suis parmi les Dix, mais comment je vais faire ?! J'étais déjà angoissée à l'idée de rencontrer tout le monde mais, après ça, je ne vous dis pas.
Quand enfin, les roues se posent sur le sol de l'aéroport de Lisbonne je pousse un immense soupir de soulagement.
Dehors, l'air est chaud et le ciel éclatant, nous marchons jusqu'au dépose-minute où un taxi nous attend pour nous emmener dans notre hôtel.
- C'est ça la vie des stars, commente Edward tandis que le chauffeur lui ouvre la portière.
- Ça vous dit une petite visite de la capitale pour occuper notre après-midi ? propose Nathan.
Gilles acquiesce mais Edward intervient :
- Amusez-vous bien alors mais nous on va partir de notre côté avec Emma.
- Ah bon ? s'étonne Gilles.
- Oui on a deux trois trucs à régler, réponds Edward, évasif. On se retrouve pour le dîner ce soir, je crois que le restaurant de l'hôtel est très bon.
En arrivant à la réception, Edward tente vainement de se faire comprendre par le réceptionniste portugais et nous réussissons finalement à avoir la clé de notre chambre d'hôtel. Je suis mon agent à l'étage et il déverrouille la porte.
- Waouh ! Ce n'est pas n'importe quel hôtel qu'ils nous ont réservé ! lance-t-il.
En effet la moquette étincelante, la baie vitrée dominant la capitale, les deux chambres côte à côte, et la belle salle de bain font rêver.
- Tu sais ce qui détermine la chambre d'un hôtel ? C'est le lit, décrète-t-il. Tant que je n'ai pas vu le lit je ne peux rien dire.
J'éclate de rire et je pousse la porte de ma chambre.
- Je crois que ça devrait faire l'affaire, dis-je, en souriant.
Devant moi un beau lit deux places rempli de coussins occupe l'espace de cette pièce si lumineuse.
- Je confirme ! s'exclame Edward de l'autre côté de la cloison.
Je vide ma valise dans ma penderie et change mon jogging et mon tee-shirt contre une tenue plus estivale. Je détache mon chignon et laisse mes cheveux châtain clair reposer sur mes épaules.
Je prends ensuite une photo de ma chambre pour Anna et je n'oublie pas de prévenir mes parents de mon arrivée. Quand je sors de la pièce, je trouve Edward au téléphone sur le canapé.
- Oui, c'est ça deux glaces et un coca... merci beaucoup... c'est parfait... à tout à l'heure, dit-il en anglais.
Puis il se tourne vers moi avec un grand sourire.
- Il y a un room service, je nous ai pris de quoi survivre, aller maintenant au travail !
Il m'explique le déroulement de la journée de demain. Edward dit que c'est une journée déterminante ou je dois essayer de rencontrer le plus d'enfants possible et de créer des liens. Toutes les informations vont être données en anglais il faut donc que je sois bien réveillée et attentive pour les saisir, je ne retrouverai Edward que le soir. Il m'a aussi demandé de prendre un carnet et de quoi noter pour me souvenir des choses importantes. Il me parle de l'attitude à avoir, des choses à dire ou pas quand nous serons par groupe... etc.
Une fois notre boulot terminé il me propose un petit tour dans la grande piscine de l'hôtel et j'accepte avec joie. Je n'hésite pas à prendre plein de photo que j'envoie à ma famille et à Anna car je crains que les semaines suivantes, j'ai plus de travail et de choses à penser.
Le soir, nous descendons retrouver Nathan et Gilles. Ils nous racontent leurs visites et au soulagement d'Edward ne posent pas de questions sur notre travail.
Ce soir-là, je m'endors épuisée par l'heure de décalage horaire, stressée parce qui m'attend demain, et heureuse de cette belle journée.
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