Chapitre 63 : Et les pertes ?

- roulements de tambour -
Nous changeons de point de vue pour ce chapitre ! Nous sommes dans la tête de...

- roulements de tambour -
...Daniel Hunter ! (hehe plutôt original je trouve... J'adore ce chapitre je ne sais pas pourquoi, vous me direz si vous avez aimé !)

DANNIEL HUNTER :

- Ce n'est absolument pas possible de prendre la décision de tuer 30 personnes ! m'exclamé-je. La tête froide, en réfléchissant, comment peut-on faire un tel choix ? Et que va penser le public ?

- Mais qui peut prendre la décision de balancer des milliers voir des milliards d'euros par la fenêtre ? rétorque Marcus.

- Ce n'est pas discutable ! m'emporté-je. On parle de gens, d'humains ! Non ce n'est vraiment pas discutable...

- J'ai envie de dire la même la même chose dans l'autre sens. Ça ne devrait même pas être envisageable de dépenser des millions d'euros pour trente individus.

J'abats mon poing sur la table.

- Je suis le gérant, le responsable, le seul et unique responsable du projet Aria, crié-je. Et vous n'avez pas votre mot à dire !

Il se racle la gorge

- Hum, hum, il me semble que ce genre de décision ne peut pas se prendre seul.

- A partir de maintenant si.

Je sors furibond de la pièce et j'arpente les couloirs jusqu'à la sortie. Une fois sur le parking, j'allume une cigarette et j'inspire puis je lève la tête vers le ciel en soufflant la fumée. Le ciel est lumineux en cette soirée d'automne.

Quand on a commencé à plancher sur le projet Aria il y a près de trente ans, nous étions enthousiastes à l'idée de monter le plus grand projet, que personne n'avait jamais osé imaginer. Peu de temps après, j'ai été nommé responsable, depuis, ma vie se résume à ses deux mots : Projet Aria.

J'y consacre mes journées depuis le début de ma carrière. Alors ce minable qui préfère voir mourir les passagers plutôt que d'investir, peut aller voir ailleurs ! Moi, je suis responsable, et j'ai une seule envie, finir de façon majestueuse ce projet, je veux qu'il marque les esprits. C'est l'histoire de ma vie, je prendrai ma retraite seulement après avoir serré les mains des passagers, un par un. J'aspire une dernière bouffée et je jette le mégot au sol. Le plat de ma chaussure s'abat sur l'étincelle qui survivait contre le béton et je rentre dans le bâtiment.

Ce débat ne date pas d'aujourd'hui. Quand j'ai décidé d'envoyer une capsule de secours dans la précipitation il y a cinq mois maintenant, j'ai reçu des milliers de critiques et d'insultes. On a ensuite appris qu'à bord, ils lui avaient refusé l'accès, il y a deux semaines, les médias étaient fous. J'avoue que cette mission était mal préparée mais je suis prêt à retenter le coup. Malheureusement, le temps presse, leur vaisseau atterrit dans 6 mois, et si on ne les prévient pas, nous les envoyons au suicide.

Je frotte mes mains pour les réchauffer et je claque la porte de mon bureau derrière moi. Ma tête s'appuie contre mes coudes tandis que je pousse un profond soupir. Quelle situation compliquée ! Pourquoi a-t-il fallu que la centrale explose à cet endroit-là précisément ? Hein ? Elle aurait pu exploser n'importe où ailleurs...

- M. Hunter, nous recevons des milliers de demandes d'interview, je peux vous demander votre agenda pour trouver des créneaux ? dit Estelle, ma secrétaire.

- Refusez toutes les demandes, ordonné-je.

- Mais monsieur, c'est important que les gens vous voient de...

- Toutes ! Et maintenant ! coupé-je d'une voix sans appel.

Elle ressort prudemment de la pièce.

Je n'ai absolument pas envie d'aller me faire lyncher à la télé, j'ai surtout besoin d'être seul un moment pour trouver une véritable solution.

- Le seul moyen de les prévenir, c'est la capsule, dis-je pour moi-même. Pour qu'ils ne refusent pas l'accès, il faut réussir à leur montrer que c'est une approche très pacifique... comment ?

- M. Hunter, déclare Estelle en entrant à nouveau. J'ai au téléphone le président du consei...

- Raccrochez et sortez !

Je froisse la feuille que je tenais dans mes mains et je vise la corbeille. Je rate le panier de bien cinquante centimètre et je froisse une deuxième feuille que je jette à nouveau. Raté.

- Qu'est-ce qui peut représenter la paix ? me demandé-je sans cesser de lancer des papiers froissés.

J'attrape un post-it.

- La colombe, une poignée de main, le drapeau blanc, ou même PEACE, énuméré-je en griffonnant.

Je reprends mes jets de boulettes de papier en réfléchissant.

- Je pourrais envoyer la même capsule en la peignant en blanche, avec une colombe et PEACE inscrits, songé-je à voix haute. Il faut qu'au premier coup d'œil, ils acceptent la demande...

Je gribouille toute la soirée sur mon post-it des notes. J'envoie un rapport à l'équipe technique et je ferme ensuite l'ordinateur, satisfait.

Quand je sors de mon bureau, il est déjà vingt-et-une heure, tout est calme. Je ferme les locaux et je monte dans ma voiture. Les rues sont éclairées en jaunes par les réverbères, la circulation est dense. Rapidement, l'orage gronde et la pluie se met à tomber. Je rentre chez moi, les essuie-glaces à pleine vitesse en ne voyant pas deux mètres devant ma voiture.

Depuis quelques temps, des journalistes attendent devant mon immeuble. Je contourne donc le bâtiment et je me gare derrière, vers le local à poubelles et je passe par les garages pour ne pas être repéré. C'est avec soulagement que je pousse enfin la porte de mon triste appartement. Depuis mon divorce il y a plus de vingt ans, je vis seul. De toute façon je rentre tard et je pars tôt, je ne suis définitivement pas fait pour la vie de famille.

De temps en temps, j'imagine ma vie quand tout cela sera fini... Est-ce que je serai considéré comme le connard qui a tout raté ? Ou le héros qui les a sauvés ? J'aurai une petite maison éloignée de tout et je vivrai seul, mais heureux.

En attendant, je déchire l'emballage d'une poêlée surgelée que je balance sur la casserole, je n'allume pas la télé, je sais sur quoi sont portés les commentaires et je ne suis pas d'humeur. Je mange donc seul dans ma petite cuisine, avec mes idées et mes pensées. Mon téléphone vibre soudain, quand je vois le nom « Marcus » je refuse catégoriquement l'appel et je reporte mon attention sur le cadre en face de moi. Une photo de mon enfance. Je fixe le jeune homme à lunettes que j'étais, qu'aurait-il fait lui ?

* * *

- Exposez -moi les gains, ordonne Marcus lors du meeting de ce matin.

- La vie de plus de trente personnes !

- Et les pertes ?

- De l'argent et du matériel.

Il soupire.

- Il y a quelque chose qu'il faut que vous compreniez M. Hunter. La vie ne marche pas comme ça, la vie est injuste. Avec les millions d'euros que vous comptez dépenser, vous pourriez sauver bien plus de trente personnes dans les hôpitaux ou les pays défavorisés.

- Ça n'a rien à voir, contré-je.

- Au contraire, ça a tout à voir ! s'exclame Marcus. Pourquoi refusez-vous de comprendre ? Avec tout cet argent, vous pouvez faire des choses bien plus incroyables...

- Plus incroyables que de sauver des héros qui ont tout sacrifié pour faire avancer les connaissances et les progrès humains ? Non je ne vois pas. Ce sera tout pour ce matin, je vais voir l'équipe technique pour mettre en place un protocole.

Son regard noir me suit tandis que je sors de la pièce, la tête haute.

- Estelle ? Mets-moi en liaison avec la presse je vais donner une interview, dis-je.

Elle semble étonnée mais elle décroche immédiatement le téléphone.

Quelques heures plus tard, j'exprime mon opinion devant des dizaines de caméras. J'implore le soutien, j'explique mon projet.

- Pourquoi tant de ferveur dans vos principes ?

- Je veux le meilleur pour ces jeunes gens partis il y a maintenant dix-sept ans, ils méritent d'être sauvés, autant que des héros de guerre, réponds-je.

- Et que répondez-vous quand on vous parle de l'échec de la première mission ?

- Je réponds que je suis désolé, et que je reconnais mes torts, nous bossons sur quelque chose de plus prometteur.

- Un petit mot de conclusion ?

- Je sais que ça coutera encore très cher. Mais faites-moi confiance, cette fois, je n'échouerai pas, je vous en fais la promesse.

Je quitte la pièce sous les flashs et les cris et je rejoins un taxi en protégeant ma tête de la pluie. Juste avant que je ne claque la portière, on m'attrape le bras.

- S'il vous plait ! crie un homme d'une cinquantaine d'années.

Je secoue mon bras pour que ce morveux me lâche.

- S'il vous plait, répète-t-il.

- Quoi ? m'exclamé-je, de plus en plus agacé.

- S'il vous plait, ramenez ma fille, je vous en supplie.

Je dégage mon bras de sa poigne et je réponds sèchement.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Lindsay ! Ma fille est à bord pour rentrer ! Je veux la revoir, ramenez-là saine et sauve !

Je distingue des larmes mêlées aux gouttes de pluie sur le visage de l'homme.

- S'il vous plait, murmure-t-il une dernière fois.

Je ferme la portière.


Qu'en avez-vous pensé les chers lecteurs ? 🤔🤔 Bonne lecture de la suite !
💜💜💜


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top