Chapitre 55 : Bague
- roulements de tambour -
Nous changeons de point de vue pour ce chapitre ! Nous sommes dans la tête de...
- roulements de tambour -
... Gabriel !
GABRIEL :
- Qui pense rentrer sur Terre ? demande Thiago lors d'un petit déjeuner.
Nous sommes une quarantaine à lever la main. Si Emma rentre, je rentre.
Samuel semble hésiter, mais ce n'est pas le seul, beaucoup sont partagés. En partant, ils avaient des belles paroles et étaient sûrs d'eux, mais maintenant qu'ils sont ici avec leurs amis et leur nouvelle famille, leurs convictions s'effondrent.
Moi je veux bien rentrer, mais deux ans, c'est trop court, je passerai plutôt dix ans et je rentre après. Malheureusement, ce n'est pas moi qui fais la loi, c'est notre cher ami Daniel Hunter. J'ai hâte de le revoir celui-là !
Olaf est couchée à mes pieds, elle a bien vieilli ces dernières années. Va-t-elle rentrer avec nous ? Kyle aussi a grandi. De même pour Carlo, le petit de Mila, et Chazia, la fille d'Aïsha. Avec tout ça, on ne s'ennuie pas, mais on ne s'est jamais ennuyés ici. Il y a toujours de nouveaux projets et excursions. La pluie, nous avons appris à la reconnaitre et à courir ce n'est plus un réel problème. Pour Kyle, c'est entièrement normal de se mettre à l'abri quand il fait plus sombre et plus chaud. Il a été élevé avec.
- Nous avons un nouveau défi à relever, s'exclame le portugais.
Vous avez vu, dès qu'on a un instant de répit, il en remet une couche !
- Dans deux ans, nous devons réussir à vivre en autonomie complète.
Je n'écoute pas vraiment ce qu'il raconte.
Heureusement pour nous, les vaches aussi ce sont bien reproduites. Nous les lâchons de temps en temps, libres. On essaie de les laisser se balader dès qu'une pluie vient de s'arrêter, quelques fois, nous sommes obligés de les guider vers leur enclos en vitesse, de même pour tous les animaux. Nous avons plus de nourriture que nécessaire pour le moment, mais c'est tant mieux avec l'arrivée des bébés.
En arrivant, le paysage que nous avons découvert était composé d'étendues de rouge. A présent, sur les zones où nous marchons régulièrement, les pousses sont cassées et donc noires, toutes les maisons aussi sont sombres, seule la nôtre et quelques-unes qui nous ont copiés sont peintes de couleurs vives à l'extérieur.
- Rentrer sur Terre a quand même des avantages, dis-je. Je ne dirais pas non à un bon Fast-Food, une promenade en forêt, un parc d'attraction, un tour à la mer, tout ça.
Emma sourit le regard tourné vers le portugais.
- Mais une fois là-bas on n'aura qu'une envie, c'est de toucher des pousses, de manger au réfectoire, de voir les amis, complété-je mélancoliquement.
A présent le vaisseau ne nous sert plus qu'à trois choses.
Primo, pour faire du sport, la piscine par exemple. Deuxio, pour s'abriter en cas de pluie, c'est quand même plus confortable. Et troisio, pour entreposer des affaires. Ah j'oubliais ! Il y a toujours une partie des animaux et des plantes dedans.
Nous avons fini par comprendre pas mal de choses sur la planète. Nous savons que des formes très rondes entourées de fils comme des cheveux ont vécu ici, nous savons que les pousses n'ont pas toujours été présentes. Mais nous nous doutons aussi qu'elle va encore évoluer et nous faire découvrir de nouvelles choses. Malheureusement, je ne serai peut-être plus là, je serai sur Terre loin, très loin.
Je caresse machinalement la tête d'Olaf, cette dernière pousse un profond soupir, fatigué.
- Tu es carrément mémé, maintenant, dis-je.
Elle me regarde de ses grands yeux marrons. Et je lui gratouille derrière les oreilles.
Immédiatement, Maya et Lilou rappliquent, qu'est-ce qu'elles peuvent être jalouses, celles-là. Je me redresse, caresser un chien d'accord mais me faire lécher par trois, non merci !
- Tu as entendu ? me demande Emma.
- Pourquoi on a parlé ? sursauté-je.
Elle soupire.
- Nous venons de soulever un problème.
- Serait-ce possible d'être un chouilla plus claire ?
- Quand on va décoller pour le trajet retour, comme à l'atterrissage on va tout ravager sur trois cents mètres, explique-t-elle.
Je commence à comprendre où ils veulent en venir.
- Ne me dis pas qu'il va falloir déplacer les bâtiments, murmuré-je.
- Pas tous ! Mais certains comme le premier abri avec la station et d'autres, déclare-t-elle. Et puis les panneaux solaires aussi.
- Mais le tuyau va être trop court pour relier la station d'épuration au vaisseau, dis-je.
- Il n'y aura plus de tuyau.
J'acquiesce. On va s'amuser encore un peu visiblement.
- Et pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt ? On aurait pu directement la mettre à 400 mètres, remarqué-je.
- Dans ce cas-là on n'aurait pas pu être reliés au vaisseau dans un premier temps, répond-elle. Nous avons suivi le protocole.
Autour de nous il y a un brouhaha de conversations mais Thiago réclame une nouvelle fois le silence.
- On ne va pas se précipiter, il reste deux ans, mais pas mal de changements doivent avoir lieu durant cette période, je compte comme toujours sur votre motivation pour que ce soit fait de manière rapide et efficace.
Nous commençons dès les jours qui suivent à planifier le déplacement des bâtiments. Comme toujours lors des nouveaux projets, nous nous réunissons dans le sas, nous préparons le matériel et les roulements. J'aime cette ambiance, cette organisation, cette pression et cette volonté que tout se déroule comme prévu.
Nous enfilons nos vestes et nous remontons la structure métallique de l'abri qui remplacera celui de la station, à plus de cinq cents mètres du vaisseau. Au fils des semaines, certaines maisons sont reconstruites ailleurs, notamment la nôtre.
Quelques mois plus tard, après avoir réaménagé les tuyaux souterrains qui menaient aux différents abris, nous transportons pour la seconde fois la station sur la plaque qui roule. Comme la dernière fois, c'est difficile et laborieux mais nous nous y sommes mis juste après une pluie pour ne pas être dérangés. Après plus de deux heures de galère, la station est à nouveau en marche, pour le plus grand soulagement de Thiago.
Emma était en train de terminer de transporter nos affaires. Nous avons gardé les mêmes pousses pour bâtir notre nouvelle maison qui est strictement identique à la première mais pas située au même endroit. Dormir dehors, c'est tellement particulier. Quand nous sortons en pleine nuit, il n'y a pas d'étoile ou de lune, le ciel est complètement noir. La couche qui rend le ciel si blanc et lumineux en journée nous empêche d'avoir vue sur une quelconque galaxie.
Il y a deux ans, Ellias a accompli avec notre aide une des étapes déterminantes de notre mission. Il a projeté un mini satellite en orbite autour d'Aria pour recueillir de nouvelles informations. En résumé nous ne nous sommes jamais dit, « ça y est c'est bon ; on a tout fait », nous sommes sans arrêt occupés, par un projet, toujours plus important que le précédent.
- Tu penses à quoi ? demandé-je à Emma le soir alors que nous sommes assis sur le seuil de notre chez nous.
- Je me demande comment va se dérouler notre retour, répond-elle.
- Nous serons accueillis sur un grand tapis rouge à notre descente avec du champagne, des jets de pétales et...
- On se croirait dans un mariage, coupe-t-elle
- D'ailleurs il faut y penser, commenté-je innocemment.
- Tu veux que l'on se marie à notre retour ? questionne-t-elle.
- On n'est pas obligé d'attendre le retour, contré-je.
Elle incline la tête, un regard interrogateur.
Je m'accroupis et j'attrape le premier bout de pousse qui me passe sous la main. Je m'agenouille et je lui tends.
- Emma, veux-tu m'épouser ?
Elle éclate de rire et répond.
- Oui, mais il va falloir revoir ton choix de bague, je ne suis pas fan des bouts de pousse tout fripés.
- J'attends de voir ton choix de robe, je ne crois pas qu'il n'y ait grand-chose à disposition.
- Comme ça, on sera quitte, dit-elle en m'embrassant.
Nous sommes interrompus par des cris, je ne m'étais même pas rendu compte que la lumière avait faibli et que la température était montée. Nous rentrons en vitesse dans notre petite maison, le charme est rompu. Je m'affale sur le lit, un sourire aux lèvres mais Emma reste près de la porte.
- Tu entends ? me demande-t-elle.
- Quoi ?
Je m'approche en tendant l'oreille. Au début, je crois simplement qu'elle délire -ça peut lui arriver- mais je finis par entendre comme un aboiement. Je jette un coup d'œil à l'intérieur, Lilou est couchée mais Olaf et Maya manquent à l'appel.
- J'y vais, décide Emma, en enfilant un gilet.
Je ne proteste pas, je me contente d'enfiler à mon tour ma veste de protection et on sort sans se concerter, d'un même mouvement.
La pluie n'est pas trop violente pour le moment. Nous courons vers les aboiements, j'entends Emma qui marmonne entre ses dents, elle prie pour ses protégées.
- Là-bas ! crié-je en apercevant la petite chienne blanche.
Olaf aboie en tournant sur elle-même. En nous voyant elle se précipite dans notre direction et repart vers les quads en jappant.
- Où est Maya ? demandé-je pour moi-même.
Nous accélérons l'allure, j'aperçois le pelage duveteux de la chienne qui semble coincée par un quad. Olaf aboie dans sa direction et saute sur place.
- Il faut sortir Maya de là ! s'exclame Emma.
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