Chapitre 49 : Nathan
EMMA :
- Gabriel ! crié-je en toquant fébrilement à la porte de son appartement.
- Quoi ? grogne-t-il. Ça devient une manie de me réveiller si tôt !
- Il y a les bébés d'Olaf !
L'islandais me suit dans les couloirs en courant.
- Je me réveille et elle était plus dans le lit à côté de moi, dis-je. Et...
- Depuis quand elle dort dans le lit ? s'étonne celui-ci.
- Bref, elle est dans la salle de bain sur le petit tapis, Kimiko est avec elle.
On rentre en trombe dans l'appartement.
Kimiko frotte la petite tête blanche d'Olaf. Cinq petits tas de poils tout mouillés sont contre elle.
Je m'assois à coté et je caresse Olaf qui lèche ses petits un a un.
- Je vais appeler Elina, elle saura mieux reconnaitre les mâles des femelles, indique la japonaise en se levant.
- Ils sont trop mimis ! s'exclame Gabriel. Il va falloir choisir les noms...
- Non ! Je ne veux même pas savoir quels noms bizarres tu vas proposer.
Il fait une tête vexée mais il ne peut s'empêcher d'être attendri devant ce spectacle.
Elina entre dans la pièce à son tour, avec des cheveux ébouriffés et des petits yeux d'endormie.
- Elle a fait ça toute seule ? Super !
- Je ne me suis même pas réveillée, avoué-je.
Elle les prend dans ses mains un par un. Nous la regardons en silence.
- Je pense que ces trois-là sont des femelles et ces deux-là sont des mâles, finit-elle par dire.
Nous restons tous les quatre dans la salle de bain à observer la portée. Olaf les lèche sans arrêt. Nous passons la matinée avec eux, à débattre des prénoms.
- Gaga, Bribri et Elel ! propose l'islandais.
Kimiko sourit.
- Tobby, c'est mignon, dit-elle.
J'approuve et Gabriel soupire.
- Bonnie, propose Elina.
- On n'a qu'à dire que chacun choisit un nom, propose Gabriel.
- Moi je dis Maya, déclaré-je.
- Lilou, enchaine Gabriel, c'est mignon.
Il reste une petite femelle, sans nom.
- Il faut demander à Inès, son chien est le père.
- Oural, nous dit celle-ci après qu'on lui ait demandé.
Elle nous suit dans les couloirs jusqu'à la salle de bain.
- Regarde comment ils sont chous ! s'exclame Elina.
Nous allons les laisser tous les cinq ensemble jusqu'à leur sevrage, vers deux mois. Inès gardera ensuite Oural, Kimiko Tobby, et Elina aimerait prendre Bonnie. Gabriel et moi garderons Maya et Lilou, deux femelles. Gabriel proteste mais Elina insiste sur le fait qu'il faut faire extrêmement attention à la consanguinité.
Je mitraille de photos nos petits protégés.
Nous passons une grande partie de la journée à les observer, il faut avouer qu'ils sont tellement mignons ! Les jours qui suivent, nous les voyons grandir et Olaf est très protectrice. Kimiko et moi recevons beaucoup de visites et je sens que Gabriel aimerait emménager mais il n'ose pas redemander. La japonaise va beaucoup mieux depuis l'accouchement, mais il manque toujours une petite étincelle dans ses yeux.
Les semaines qui suivent, le groupe poursuit ses essais de verre et commence à créer des plaques. Les plantes grandissent, les maisons dehors se remplissent. Nous continuons à couper des pousses pour récupérer l'eau mais aussi à les cultiver sous différentes formes.
La capsule a été envoyée, nous avons tous écrit un message pour nos proches et Ellias a envoyé toutes les informations. Nous avons aussi mis des centaines de photos et elle doit être à des milliers de kilomètres à l'heure qu'il est.
Kyle grandit énormément et il joue avec toutes sortes d'objets fabriqués. C'est tellement étrange de le voir évoluer ici. Les cinq chiots sont adorables, surtout Tobby qui passe son temps à faire des bêtises dans les quatre coins de l'appartement. Nous les avons installés dans l'ancienne chambre de Mila pour limiter les dégâts. Maya et Lilou ont déjà déchiqueté un oreiller et mâchouillé le tapis de douche.
L'ennui c'est qu'Olaf a gardé son habitude de dormir sur le lit. Quand elle décide de passer la nuit sur ma couette elle entraine avec elle cinq boules de poils surexcitées et ce n'est pas la même chose. Au bout de trois semaines, nous les lâchons dans le vaisseau et Olaf se balade, les cinq diables derrière elle. Les chiots font des roulés-boulés dans les couloirs et courent à toute allure en long et en large, néanmoins ils ne s'éloignent jamais d'Olaf.
Nous construisons la première maison avec un toit en verre. Le verre est gris pâle mais il laisse néanmoins filtrer la lumière. Le groupe y travaille beaucoup et nous les félicitons chaleureusement.
- Tout va pour le mieux, dis-je à Gabriel en surveillant du coin de l'œil les chiots.
- C'est surement le calme avant la tempête, répond-t-il avec son optimisme habituel.
- Je n'espère pas.
Le lendemain, nous nous rendons au sas. La pluie balaie les pousses et les abris. Tous rentrent au vaisseau. Nathan franchit la porte en toussant.
- C'était moins une, souffle-t-il entre deux quintes de toux.
- Personne n'a été brûlé ? s'enquiert Elina.
- Non, non, la rassure Jun.
Nous renonçons à sortir étant donné qu'il est déjà tard et que la pluie vient de démarrer. Après une quarantaine de minutes, ça se calme. Nous mangeons au réfectoire. Pour le moment ceux qui ont emménagé dehors continuent à rentrer en cas de pluie. Ils passent toutes leurs journées dehors, dans leur « maison » et reviennent pour les repas et le sport.
Les jours suivants, je remarque que Nathan tousse de plus en plus et il n'est pas le seul.
- Oui c'est étrange, remarque Elina quand je lui fais part de mes soupçons. Mais je ne remarque rien d'anormal, ça doit être un rhume...
J'acquiesce, un peu rassurée.
Nathan continue son travail de verre, d'autres déménagent et plus de la moitié vivent en partie dehors maintenant.
- Nous devons penser à installer la nourriture et une petite cuisine à l'extérieur, annonce Thiago.
A chaque étape, nous progressons. Pour l'électricité, l'eau et maintenant la nourriture. Aria devient chez nous, nous nous adaptons.
* * *
En pleine nuit, je suis éveillée par des chuchotis précipités.
- Viens vite, dis une voix.
- J'arrive, c'est grave ? marmonne Kimiko.
- Je ne pense pas. Je t'attends à l'étage médecine, dépêche-toi, enchaîne la voix.
J'arrive à identifier les cheveux blonds d'Elina.
- Que se passe-t-il ? grogné-je.
- Nathan, il a du mal à respirer, dit Kimiko. J'y vais, rendors-toi.
Elle sort de la pièce, Maya tente de la suivre mais la porte se referme devant son museau. La petite chienne s'assoit, dépitée. Aussitôt Lilou lui saute dessus et elles roulent avec des petits couinements. Je me redresse sur le lit, le cœur battant. Je faisais un rêve étrange qui impliquait les pousses et ma chambre, celle que j'avais sur Terre. Les pics rouges grandissaient et envahissaient ma chambre d'avant, je ne pouvais plus bouger.
Je sais d'avance que je ne pourrai pas me rendormir, je me lève. Tant qu'à faire, je vais me rendre utile, j'enfile une veste et je monte à l'étage médecine.
Quand j'entre dans la pièce, je vois Nathan assis sur un lit, Kimiko et Elina l'entourent. La respiration du français est sifflante.
- Ça va mieux, je pense dit-il.
- Tu as de la fièvre, tu devrais te rallonger, indique Elina.
- Non ça va, insiste Nathan.
Il se tourne vers la porte et me voit.
- Ah tu es là, remarque-t-il en se levant malgré les protestations d'Elina.
Je lui souris et il s'apprête à parler.
- Je vais retourner me coucher mer...
Soudain, sa respiration se bloque et il crache par terre. Elina se précipite mais se stoppe nette en voyant le cracha. Il est rouge. Du sang.
- Nathan ? appelle-t-elle d'une voix anxieuse.
Le français semble vouloir répondre mais il plaque la main à sa gorge comme s'il était bloqué.
Kimiko le force à s'allonger sur le lit.
- Qu'est-ce qu'on fait ? Il n'arrive plus à respirer ! s'exclame-t-elle.
Elina jette un regard paniqué autour d'elle mais reprend rapidement ses esprits. Je m'écarte pour la laisser passer. Elle court au bout du couloir et Kimiko me fixe avec des grands yeux terrorisés.
- Je vais chercher Inès et les autres de médecine, indiqué-je.
Elle ne semble pas vouloir se retrouver seule mais elle acquiesce. Je croise Elina qui revient avec une mallette.
Je cours à toute allure dans les couloirs. Je sais que nous sommes en plein milieu de la nuit, mais je sais aussi que Nathan ne respire plus.
- Inès ! crié-je en tambourinant à sa porte.
- Quoi ? dit-elle en ouvrant après d'interminable secondes.
- Nathan n'arrive plus à respirer, ça s'est bloqué et...
Je n'ai pas besoin d'en dire plus que l'algérienne file déjà à l'étage. Je vais aussi réveiller Ryan mais les autres médecins sont dehors. Je ne sais pas si j'ai le temps de franchir le sas et je ne connais pas leur maison. Je décide de remonter à l'étage médecine. Des curieux sortent de leur chambre, alertés par les cris.
- Kimiko, place lui des électrodes, il faut surveiller son pouls. Inès, passe-moi le respirateur, dit la voix précipitée d'Elina.
- Etant donné la fièvre et le sang, je miserais sur une infection pulmonaire, dit Ryan en branchant le respirateur.
- Ça se soigne ? demandé-je inquiète.
- Oui avec des antibiotiques mais il faut s'en occuper tôt, dit Elina.
Je m'écarte une nouvelle fois alors qu'elle s'élance dans le couloir chercher du matériel. Nathan perd rapidement connaissance et je sors de la pièce pour ne pas gêner. Je les vois lui donner des claques dans le dos puis effectuer des pressions sur ses abdos.
Sans que je me rende compte des larmes me piques les yeux. Comment est-ce possible ? Si rapidement ? Ryan démarre un massage cardiaque et je panique. Il ne peut pas mourir ! Ses amis accourent mais Elina ferme la porte.
- Il va mourir ? demande Simon, son meilleur ami.
- Je n'en sais rien, murmuré-je.
Il donne un coup de poing dans le mur.
- C'est pas possible bordel !
Je ne l'entends presque pas, mon sang bat contre mes tempes, je me sens si impuissante.
Elina ressort quelques minutes plus tard, la tête basse, des larmes inondent ses joues. Je ne veux pas savoir. Je m'en vais. Ce n'est pas possible.
Si seulement ça ne pouvait être qu'un cauchemar.
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