Chapitre 32 : Nooooooon !

KIMIKO : (vous êtes toujours dans la tête de la japonaise pour ce petit chapitre)

J'entends les protestations de Emma, les cris des autres, j'ai des brûlures, et je sais qu'Emma reçoit des gouttes elle aussi. Mais je dois aller le chercher non ? Que ferait-il lui ?

- Kimiko s'il te plaît, murmure Emma en me tirant dans la direction du vaisseau.

Je sors mon talkie-walkie en ignorant superbement la française.

- Carlo ! crié-je dedans.

Aucune réponse.

- Il a du faire une chute, déclare Emma. Une fois au vaisseau, on enverra un groupe équipé à sa rescousse.

Je la vois sortir son propre talkie-walkie pour donner les ordres à Thiago.

- Ils se préparent, m'informe-t-elle. Maintenant on rentre.

Des larmes coulent sur ses joues, de tristesse ? De douleur ? De désespoir ?

Je me laisse relever et Emma recommence à courir en me tenant la main. Sans vraiment que je m'en rende compte, mes jambes s'activent, je cours vers le vaisseau.

Je cours loin de lui.

Je le laisse seul.

Je l'abandonne.

* * *

J'entends Emma, retenir des cris de douleurs, moi je sens les gouttes, mais étonnement elles me font presque du bien. Cette douleur, ce n'est rien comparé à ce qu'il doit subir. Je veux faire demi-tour, je veux souffrir. Mais je me laisse traîner, je cours, je pleure. Nous courons main dans la main, au loin ils sont presque tous rentrés, sauf Gabriel qui appelle Emma.

- Rentre ! hurle-t-elle. J'arrive.

L'islandais franchit à son tour la porte blanche et le sas se referme. La pluie se fait encore plus bruyante, plus présente et plus épaisse. Nous baissons la tête et accélérons encore l'allure. À une dizaine de mètres du vaisseau, Emma crie dans son talkie-walkie.

- On est là, ouvrez !

Aussitôt le sas s'ouvre nous nous y engouffrons de toutes nos forces, sauvées.

Dedans, c'est le chaos, je ne sais pas exactement comment, mais je me retrouve allongée, au sol, des gens se penchent au-dessus de moi, il y a des cris, des rires nerveux, et des paroles paniquées. J'ai l'impression d'y assister de l'extérieur, comme si les cris ne me concernaient pas, que j'étais confortablement installée dans mon canapé en regardant un film.

Emma parle avec animation à Thiago.

- Il faut envoyer une équipe à sa rescousse ! crie-t-elle. Imagine qu'il est coincé sous cette pluie, c'est... terrible.

Je repose ma tête contre le sol. Peut-être que j'aurais dû aller le chercher, j'aurais sûrement dû. Mais comme mon frère, je l'ai abandonné. Les mines sont graves autour de moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je à Emma.

La française s'approche doucement et s'assoit à côté de moi.

- La pluie est devenue très très violente, des grosses gouttes tombent, il y a très peu de chance qu'il soit encore en vie.

Ces paroles me font l'effet d'une gifle. Pourquoi lui ? Pourquoi moi ?

Emma me caresse les cheveux.

- Une équipe y va quand même ? demandé-je d'une voix faible.

- Oui avec des combinaisons résistantes et du matériel, répond-t-elle. Ils partiront dans quelques minutes.

Je me redresse brusquement, des lumières dansent devant mes yeux.

- Je dois les accompagner, je vais avec eux, dis-je.

- Non... commence-t-elle.

Je ne lui laisse pas le temps de poursuivre, je rejoins Thiago avec la ferme attention de le convaincre de me laisser partir avec l'équipe.

Mais sa réponse est nette, claire, indiscutable.

- Non.

- Pourquoi ? Je veux y aller, j'en ai besoin, insisté-je.

- Tu dois te soigner et te reposer, tu es en état de choc, c'est non.

J'ai envie de le frapper ! Jamais je n'aurais dû me laisser faire, j'aurais dû y aller au lieu de me laisser entraîner par Emma. En regardant par le hublot géant qui vient d'être ouvert. Je vois la pluie la plus violente et la plus intense de ma vie. Mais peu importe, je dois le sauver, si Thiago ne veut pas me fournir le matériel, j'irai seule. Je m'avance d'un pas décidé vers le boîtier, je pose mon empreinte et le sas s'ouvre, tout le monde paraît occupé, je ne croise aucun regard... sauf un. La française me fixe sans comprendre, soudain ses yeux s'arrondissent et elle se lève d'un bond.

Je mets un pas dehors, un deuxième. L'eau me brûle, c'est suicidaire je le sais. Tant pis me dis-je, tant pis si je finis défigurée, ou même morte, je ne pourrais pas vivre avec la responsabilité de sa mort sur mon dos. Je m'apprête à courir à découvert mais des mains me ceinturent. Je me débats, j'entends une voix grave gémir de douleur. Mais la prise ne se desserre pas, je suis balancée à l'intérieur comme un vulgaire sac.

Le sas se referme.

Je reste recroquevillée sur moi-même, plus seule que jamais.

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