Chapitre 23 : Noir
EMMA :
J'étais au terrain de foot avec Olaf et Gabriel quand la lumière s'est brusquement éteinte. Je ne savais pas quoi faire, paniquée j'ai appelé Olaf et depuis je n'ai pas lâché son collier, fermement cramponnée à la main de Gabriel de l'autre côté.
- Qu'est-ce qu'on fait ? avais-je demandé .
- On va au réfectoire il y aura du monde, avait dit Gabriel.
Nous sommes maintenant au milieu d'un couloir, lequel, je n'en ai aucune idée, le noir est si complet que je ne distingue absolument rien. Je regrette de pas avoir ma laisse parce que tenir Olaf par le collier m'oblige à me tenir courbée pour ne pas lui faire mal.
- Tu peux la lâcher elle ne va pas s'enfuir, commente Gabriel.
- Imagine qu'elle panique et qu'elle se perde, rétorqué-je. Elle reste avec moi.
Nous avançons, Gabriel a l'air de savoir où il va, moi je me laisse guider. Autour de nous il y a des cris, des gens qui passent en silence.
- On est où ? demandé-je. Pourquoi est-ce si noir ?
- On y est presque, répond Gabriel. Je pense qu'il y a une coupure de courant.
Au fur et à mesure que l'on progresse le son des conversations augmente et très vite on comprend que nous y sommes. Des tables sont éparpillées un peu partout.
- Il faut trouver une place assise, dis-je.
À chaque nouvelle table on se demande à l'aveuglette s'il reste des chaises. Du bout des doigts Gabriel finit par attraper une chaise où il m'assoit et peu de temps après il revient avec une deuxième je ne lâche toujours pas Olaf qui semble inquiète. Je ne vois pas qui est autour de moi, j'entends c'est tout. Il y a des cris, des gens passent en demandant si il y a quelqu'un. Petit à petit, on se tait, on attend. Je ne sais pas où est Kimiko, si elle est seule dans son atelier ? Si elle se perd ? Je suis tentée de me lever et de crier son nom, mais avec le bruit ambiant elle ne va pas m'entendre.
Une voix familière retentit.
- Les Dix ?
- Elina ! m'écrié-je en tournant instinctivement la tête dans la direction de la voix.
- Emma ! répond-t-elle. Il faut qu'on réunissent les Dix vers le bar. Viens !
Je me tourne vers Gabriel même si je sais qu'il ne peut pas me voir.
- Vas-y, dit-il. Je m'occupe d'Olaf.
Il dépose un léger baiser sur mes lèvres et sa main remplace la mienne autour du collier de ma chienne. Timidement, je me lève et après beaucoup de bousculades je réussis à retrouver Elina. On se cramponne l'une à l'autre dans le noir et on avance dans la direction qui nous semble être celle du bar. Tout en marchant, Elina appelle les Dix et nous avons la réponse de Thiago et d'Izabella qui ne tardent pas à nous rejoindre. Nous sommes quatre à avancer jusqu'à rencontrer le métal froid du bar, on ne se lâche pas pour autant.
- Silence ! crit Thiago de sa grosse voix. On aimerait arriver à s'organiser.
Il y a un moment de flottement puis on entend plus que des bruissements et des bruits de mouvement.
- Est-ce qu'il y a d'autres Dix dans la salle ? demande Elina.
- Moi ! lance la voix d'Ellias, groupe de communication. Il s'avance vers nous à tâtons, du moins je le suppose d'après les sons.
- Il faudrait Tessa, c'est la responsable de l'électricité, elle saura quoi faire, dis-je à Elina.
- Tessa ! s'exclame Elina.
Pas de réponse.
- On va attendre l'arrivée des autres, toutes les dix minutes on appellera pour indiquer où nous sommes, décide Thiago. En attendant tout le monde s'assoit, sur une chaise ou par terre et on reste calmes.
L'ambiance est étrange, tendue comme le jour du décollage. D'après ce que j'entends tout le monde s'exécute, nous de même. Je m'assois entre Elina et Thiago en m'adossant contre le bar.
- Et si elle ne vient pas ? demandé-je.
Je n'ai pas de réponse.
Les minutes passent, comme prévu, toutes les dix minutes nous appelons. Des dizaines de personnes nous rejoignent, peut-être parmi eux Kimiko, en tout cas pas de trace de Tessa. Au bout de quatre appels, alors que nous attendons toujours, un nouveau groupe entre maladroitement dans la pièce.
- Asseyez-vous où vous pouvez, il y a Tessa dans le groupe ? dit Thiago.
- Oui je suis là, répond une voix étouffée accueillie par des soupirs voire des cris de soulagement.
Nous nous levons d'un bond et je manque de me cogner à la tête à... je ne sais pas à quoi en fait. J'entends des pas, des bousculades et je comprends que Tessa approche.
- Je suis désolée, j'étais à l'étage tout en bas en salle de sport et j'ai galéré à trouver mon chemin j'ai bien cru être perdue mais je vous ai entendus de loin et j'ai croisé d'autres gens, quel soulagement !
Nous attendons qu'elle trouve une place parmi nous et qu'elle nous explique.
- C'est une coupure d'électricité vous l'aviez deviné, dit-elle. Il y a un système qui permet de maintenir allumé quelques appareils primordiaux le temps de trouver une solution.
Nous attendons la suite.
- Là tout est coupé, les portables, les lumières et tous les appareils, il ne faut pas que ça dure, ça pourrait devenir catastrophique...
- Les portables ne marchent plus, pourquoi ? Ça n'a pas besoin d'électricité, demandé-je.
- Oui mais le serveur qui fait passer les messages et les mises-à-jour est éteint, et automatiquement ils s'éteignent eux aussi.
- Quel intérêt ?
- On en parlera avec Ellias, il faudrait faire une sécurité pour qu'ils continuent de fonctionner, mais...
- Comment on le met en marche ton système ? coupe Elina à côté de moi.
- Il faut l'activer manuellement, lâche Tessa. Mon groupe sait s'y prendre, mais nous ne sommes que 6.
Elle semble se lever d'après la hauteur de sa voix, et elle appelle. Deux lui répondent.
- On y va à trois ? demande-t-elle, la voix légèrement tremblante.
- C'est où ? demande la voix de Thiago.
- Dans une pièce de l'étage juste en dessous, c'est faisable je crois.
- Bon on va en envoyer 5 et vous resterez groupés, décide la voix de Thiago. Qui veut y aller avec eux trois ?
- Moi je veux bien, dit la voix d'Elina.
Il y a un silence et je dis.
- Thiago reste pour gérer le groupe et continuer à appeler toutes les dix minutes pour qu'on se repère, j'y vais avec eux.
Ce dernier me remercie et je m'accroche aux bras d'Elina et de Tessa. J'ai peur de marcher sur une main et je laisse glisser mes pieds au sol. Les deux personnes du groupe de Tessa nous rejoignent.
- En route, déclare Tessa d'une voix mal assurée.
Nous sortons du réfectoire à tâton et je suppose que nous sommes vers l'escalier qui mène un étage plus bas, je n'ai jamais été très forte pour me repérer alors encore moins dans le noir le plus complet.
- On s'approche des premières marches, indique Tessa. Il faut être très prudent une chute pourrait être...
Elle ne termine pas sa phrase mais nous comprenons le sens.
Nous faisons glisser nos pieds au sol en guettant la première marche. Quand mon pied rencontre le vide, je comprends que nous sommes dans l'escalier. Notre progression est lente et laborieuse et nous entendons l'appel des autres dans le réfectoire.
Nous descendons au ralenti une volée de marches jusqu'à la salle des machines.
- Nous y sommes allés plusieurs fois pour apprendre, dit Tessa. La commande de secours est tout au fond. Faites attention il y a des machines tout autour.
De l'air balaie mes cheveux, il me semble percevoir un mouvement, un bruissement.
- Il y a quelqu'un ? demandé-je, pas rassurée.
Je ne reçois pas de réponse.
- Allez on avance, me dit Elina. Plus vite on aura activé cette commande et plus vite on verra.
Après une traversée laborieuse de la pièce, nous arrivons devant un panneau, du moins c'est ce que l'on suppose au toucher.
- Je vois où la commande se situe dans ma tête, déclare Tessa. Mais j'ai peur de faire une erreur.
Nous restons silencieux le temps qu'elle se concentre.
Je me sens tellement impuissante, je ne saurais pas revenir au réfectoire. D'ailleurs nous entendons très étouffé leur appel là-haut. Encore une fois je sens une présence.
- T'as senti ? demandé-je à Elina.
- De quoi ?
- Il y a quelqu'un dans cette pièce.
- Ça ne m'étonne pas, tu crois que l'électricité s'est coupée comment ? dit-elle.
- Tu penses que c'est volontaire ? m'étonné-je.
- Je ne peux rien affirmer, mais se serait logique, déclare-t-elle simplement.
J'entends les mains de Tessa chercher quelque chose sur le panneau.
- J'ai la commande sous les doigts, dit-elle.
- Vas-y ! l'encourage-t-on.
On entend un déclic et puis... plus rien. Nous attendons quelques secondes et au moment où je m'apprête à commenter, une minuscule lumière s'allume dans un coin, puis une deuxième, une troisième, et ainsi de suite. Un ronronnement discret se fait entendre, certaines machines redémarrent.
- Attendez, murmuré-je. Il en faut deux qui se placent devant la porte et le reste on fouille le coin.
Ils me regardent avec des yeux étonnés. Qu'est-ce que c'est étrange de les voir à nouveau !
- Vite ! dis-je.
Un peu sonnés, ils s'exécutent sans poser de question. Tessa et un des garçons se dirigent vers la porte d'un pas rapide et j'échange un regard avec Elina.
- On sera fixée, dit-elle.
Je m'apprête à commencer une fouille minutieuse mais très rapidement, nous entendons des pas pressés. Nous nous mettons immédiatement à courir entre les machines dans cette direction. La lumière est très douce et tamisée mais c'est déjà un miracle de voir quelque chose. Les pas accélèrent et se mettent à courir eux aussi. L'air fait flotter mes cheveux tandis que l'on court tous les trois à la même allure.
- Il arrive vers la porte ! crié-je.
J'entends un cri, et un bruit de choc. Très vite, nous accourons. Tessa et le garçon qui l'accompagne bloque une silhouette qui se débat au sol...
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