Chapitre 16 : Premiers pas
EMMA :
Quand je reviens à moi, tout est sombre et vert, je suis dans une position extrêmement inconfortable. Je force pour maintenir mes yeux ouverts mais tout m'apparaît flou. Quand la mise au point se fait, je découvre l'origine de la lumière verte, devant moi mon harnais est vert signe que je peux me détacher et c'est la même chose pour tous les autres. Péniblement, comme engourdie, j'active le bouton pour me désharnacher et je me lève. Un peu trop vite et à peine ai-je fait un pas que je manque de m'étaler par terre. Un goût de bile m'envahit la bouche et je reste accroupie au sol quelques secondes, le temps de reprendre mes esprits. La pièce est presque totalement silencieuse, ce qui n'est pas normal vu la situation. Je me redresse brusquement, pourquoi il n'y a aucun bruit ? Devant moi j'ai un drôle de spectacle, je vois tous les adolescents, inconscients, et reposant sur leur harnais éclairé en vert. Je distingue néanmoins deux ou trois lumières éteintes où les passagers ont l'air sonnés mais bien réveillés. Je monte précipitamment les marches pour aller voir Kimiko. Cette dernière est inconsciente, avachie sur son harnais. Je me faufile entre les rangées pour la rejoindre les deux trois réveillés me regardent passer l'air complètement ailleurs.
- Kimiko ? l'appelé-je.
Aucune réaction.
Je lui secoue doucement le bras mais j'obtiens le même résultat. Je m'apprête à la désharnacher quand je suis interrompue par une voix sortant du micro placé devant l'écran. C'est à ce moment-là que je prends conscience que les visages soucieux des hauts responsables du projet apparaissent toujours à l'écran.
- Allo ? Est-ce que quelqu'un me reçoit ? Les Dix, quelqu'un est là ? Allo ?
Je dresse la tête, puis je réalise que je suis la seule Dix consciente. J'abandonne alors Kimiko et je descends les marches. Je vous avoue que passer devant des dizaines de personnes endormies est vraiment perturbant.
- Allo est-ce que quelqu'un m'entend ? Mais pourquoi ne répondent-ils pas ? Allo, allo ? Reprend la voix accompagnée de l'image à l'écran.
C'est vrai qu'eux ne peuvent pas nous voir.
Je m'empare du micro et actionne le bouton.
- Oui allo ? m'écrié-je.
Je vois tous les responsables dresser la tête, avec un immense soulagement visible sur chacun de leur visage. Daniel Hunter attrape son micro et répond aussitôt.
- Allo, qui ai-je à l'appareil.
- Emma, France, dis-je aussitôt. Je fais partie des Dix.
J'entends une clameur lointaine et je comprends que le monde entier était suspendu aux premières paroles qu'ils recevraient ! Ma famille a forcément été connectée sur cette chaîne et m'a donc entendue. Je suis tentée de leur crier que je les aime mais je me retiens.
- Est-ce qu'il y a des blessés ? Demande Daniel Hunter.
- Il ne me semble pas non, réponds-je hésitante.
- Comment ça ? demande aux blessés de lever la main et tu verras bien, s'impatiente-t-il.
- En fait il y a un léger problème, ils sont tous inconscients sauf deux trois.
- Quoi ?!
Je vois qu'il passe nerveusement sa main dans ses cheveux.
- C'est pour ça que nous n'avions pas de réponses à nos appels ? reprend-il.
- Comment- ça ? demandé-je à mon tour.
- Ça fait onze minutes que nous essayons sans relâche de vous joindre, m'informe-t-il.
- J'ai donc été inconsciente aussi, dis-je. Je ne m'en suis pas rendue compte.
À l'écran il hoche la tête.
- Il nous reste moins de neuf minutes de vidéo et seulement quatorze de micro, dit-il à ses collègues.
Je compte mentalement le nombre de harnais éteints et en prenant en compte le mien j'arrive à cinq. J'en informe Daniel Hunter qui prend un air contrarié.
- Bien je veux que dans deux minutes trente précises tu reviennes près du micro pour nous tenir au courant en attendant va aider ceux qui en ont besoin.
Je regarde ma montre et j'accepte en reposant le micro sur son socle.
Nous sommes quelques-uns debout et on circule dans les rangs, petit à petit de plus en plus de harnais s'éteignent au fur et à mesure que chacun reprend connaissance. Je me dirige pour aider Soña qui essaye d'enlever sa sécurité.
- Ça va ? demandé-je. J'ai un service à te demander...
Elle lève péniblement la tête tandis que je la désharnache. Après trente secondes où elle semble ailleurs elle se met debout mais vomit aussitôt. Je m'écarte précipitamment et l'odeur envahit rapidement la pièce.
- Désolée ! s'excuse-t-elle.
La bonne nouvelle c'est qu'elle semble à présent bien réveillée.
- Alors c'est quoi ma mission ? s'exclame-t-elle. Pourquoi personne n'est debout ?
- Ça fait plus de dix minutes qu'on a décollé, ils sont tous encore inconscients comme toi il y a une minute, lui expliqué-je.
Elle ouvre des yeux ébahis.
- J'ai besoin de ton aide je dois tenir la Nasa au courant dans moins d'une minute mais j'aimerais que tu t'assures qu'Olaf va bien, dis-je. Et tous les animaux aussi, ajouté-je précipitamment.
Soña hoche la tête d'un air décidé et elle monte les marches à la volée.
En jetant un coup d'œil je constate que Kimiko est toujours inconsciente, en revanche il y a de plus en plus d'activité. Malheureusement Soña n'est pas la seule à vomir à son réveil l'air devient rapidement irrespirable.
- Il se passe quoi ? me demande Elina.
Je lui explique la situation et elle prend aussitôt les choses en main.
- Toi, va recontacter la Nasa, moi je vais prévenir les autres et aider ceux qui ont besoin, s'exclame-t-elle.
- Merci, dis-je avec toute ma reconnaissance.
- Allo ici Emma, France, dis-je dans le micro quelques secondes plus tard.
- Allo, oui où en êtes-vous ?
- Ils se réveillent tous petit à petit, dis-je. On est maintenant une vingtaine réveillés.
Daniel Hunter hoche la tête.
- Soña est partie voir si tous les animaux allaient bien et Elina est entrain de prévenir tout le monde de la situation pour éviter la panique, déclaré-je. Il y a par contre quelques malades.
J'essaye de mettre toute l'assurance possible dans ma voix.
- Bien, bonne initiative, acquiesce-t-il. Tenez nous au courant dans les cinq minutes qui viennent.
Kimiko finit par reprendre connaissance, suivie de plusieurs autres Dix, qui prennent le relais pour informer et aider. Moi je tiens au courant la Nasa.
- Emma, Olaf va bien et Neba aussi, ils sont un peu sonnés mais ils vont bien. Pareils pour les autres animaux, dit Soña à mon grand soulagement.
Au bout de quelques minutes, l'image de la Nasa s'éteint, nous plongeant dans l'obscurité. Il y a un vent de panique avant que quelqu'un trouve l'interrupteur. Les portes restent closes et la Nasa veut que ça reste ainsi jusqu'à leur feu vert.
- Tout le monde est conscient ? lance Elina à travers la pièce. Qui est encore inconscient, est-ce que quelqu'un voit un harnais vert ?
Il n'y a pas de réponse mais avec tous ces gens debouts c'est très difficile de distinguer quoi-que-ce-soit. Elina semble penser la même chose car elle s'écrie.
- Est-ce que tout le monde peut s'asseoir à sa place initiale s'il vous plaît ?
Étonnement tout le monde s'exécute, mis à part les Dix. Nous pouvons alors constater que tous les harnais ont été désharnachés et qu'il n'y a pas de places vides, sauf celle Nina qui n'est pas montée à bord puisqu'elle est restée introuvable.
- Daniel Hunter ? appelé-je.
- Oui allo ? répond-il aussitôt.
- Tout le monde est réveillé et en bonne santé, dis-je. Que faisons-nous maintenant ?
Dans la salle, c'est le silence complet, tous attendent la réponse.
- Et bien nous vous souhaitons un bon voyage, la radio va couper, restez prudents, et organisés, la pagaille doit être votre pire ennemie. Tout le monde m'entend dans la pièce ?
Sa voix est chargée d'émotions.
- Oui, oui, déclaré-je.
- S'il vous plaît, le temps que l'organisation se mette en place, suivez tous les instructions des Dix, il faut de la discipline. Tout est nouveau pour vous, restez calmes et patients. Bonne chance et merci.
La radio émet un bip sonore et puis plus rien.
Le silence qui suit est pesant, nous sommes seuls. On échange des regards, Jun organise une réunion entre Dix pour savoir quoi faire.
- Attends, on ne peut pas faire ça dans le réfectoire ? Ça pue ici, intervient Elina.
Sa remarque est approuvée par beaucoup de monde et on sort tous à la queue-leu-leu. On circule dans les couloirs blancs avec beaucoup de prudence, tout est inconnu. La salle de réfectoire est vaste, de nombreuses tables rondes, carrées et même triangulaires sont réparties un peu partout et il y a un grand bar, derrière lequel il y a les cuisines.
Sans un mot, chacun prend place à une table, l'ambiance est vraiment étrange, euphorie, stress, calme, trop de choses en même temps. Elina qui semble sûre d'elle prend la parole en première.
- Tout le monde est chamboulé et c'est totalement normal. Je propose un temps calme où chacun va dans sa chambre et essaye de dormir.
Ils hochent tous la tête et Luka s'exprime à son tour.
- Par contre, avant, il faut que chaque groupe prenne les choses en main, la nourriture doit décider qui prend le premier roulement et puis aller voir les animaux, l'hygiène, je suis navré mais c'est à vous de dire qui et comment on nettoie la salle de cinéma et ainsi de suite.
- Bonne idée, enchaîne Jun. On se retrouve demain, enfin tout à l'heure, à huit heures trente du matin ?
Tout le monde à l'air très enthousiaste et acquiesce.
- On vient comment ? lance une fille dans l'assemblée.
- Avec tes jambes, rétorque un autre avec les cheveux blonds, provoquant quelques rires.
- Non mais je veux dire la tenue... insiste elle.
- Ah les filles... soupire le blond, soulevant d'autres éclats de rires.
- On pourrait venir en pyjama, lance Tessa, parmi les Dix.
Le blond secoue la tête d'un air théâtral.
- Oh oui ! crie une amie de Nina. Comme ça on ferait comme une famille, une vraie communauté.
- Entièrement d'accord, dit Mila. Si on vient tous en pyjama tous les matins, on sera vraiment comme une grande famille.
Il y a des rires, mais finalement tout le monde a l'air d'approuver l'idée, ils se tournent alors vers nous comme pour avoir le verdict. Moi, je hausse les épaules.
- Pourquoi pas, ça pourrait mettre en place une sorte de tradition.
Tous les Dix donnent leur accord et c'est décidé. Ensuite chaque groupe de travail se réunit.
- Qui commence la cuisine demain matin ? Demandé-je. Je peux le faire si vous voulez mais...
- Non tu as déjà beaucoup de responsabilités et de choses à régler, intervient un garçon à lunettes.
- Moi je le ferai dans ce cas, propose Soña. Avec mon groupe on prendra le premier tour.
- Non ! Toi il faut que tu t'occupes de l'installation des animaux, tu es passionnée, proteste Agathe. Moi je le ferai avec mon groupe, d'ailleurs je file les prévenir tout de suite.
Soña et moi ainsi que quelques-uns, nous nous rendons à l'étage des animaux. Normalement toute la nourriture et les enclos sont automatisés, mais on doit quand même vérifier chaque jour si tout va bien. On passe voir chaque animal, heureusement, on n'observe aucune égratignure ni blessure. On vérifie aussi toutes les mangeoires et l'eau. Trois quarts d'heures plus tard, nous avons terminé.
- Je vais enfin pouvoir retrouver Olaf ! m'écrié-je.
- Et moi Neba, renchérit Soña avec un grand sourire.
Dans la pièce, chaque propriétaire est venu récupérer son animal et il ne reste plus que les notres.
Quand j'ouvre la cage d'Olaf, elle me bondit dessus et me lèche le visage.
- Ça été le voyage ? Tu vas découvrir un nouveau mode de vie ici, j'espère que tu vas t'y plaire, lui dis-je en me dirigeant vers la sortie.
Je monte les escaliers et rejoins l'étage 5, celui des chambres. Quand je me retrouve devant le numéro 307, j'ouvre la porte et Olaf me double pour rentrer le premier dedans. Mila et Amélie sont installées dans le canapé.
- Ça été ? demandé-je.
- Oui tu as été parfaite, me dit-Amélie avec un petit sourire.
- C'est quand même dingue ce qu'on vit, déclare Mila les yeux rêveurs.
J'acquiesce tandis qu'Olaf s'installe dans les jambes des filles pour réclamer des caresses.
- Où est Kimiko ? dis-je.
- Je crois qu'elle prend une petite douche, dit Amélie. Elle avait l'air un peu secouée.
- Tu ferais mieux de prendre exemple sur elle tu as de la bouse de vache sur la joue, lance Mila, sarcastique.
En entrant dans notre chambre je la trouve telle qu'on l'avait laissée, avec ses murs immaculés, la pile de cadeaux de dernière minute dans un coin, je remarque quand même que beaucoup sont tombés au sol, ainsi que quelques livres à Kimiko sur l'étagère. Je les redresse un par un et je ramasse mes cadeaux. Quelques cartons traînent encore ici ou là. Les lits moelleux ne demandent qu'une chose, que l'on se blottisse dedans, mais Mila n'a pas tort, je vais d'abord prendre une douche. Je file dans le « dressing » qui est la deuxième chambre, et je récupère mon gel douche dans un des cartons ainsi que ma serviette. Kimiko entre dans la pièce au moment où je pars à la recherche de mon pyjama tout doux.
- Ça-va ? Lui demandé-je.
- Oui, tu as géré tout à l'heure, et puis le décollage c'était dingue.
Je vois qu'en effet elle paraît bouleversée.
- Je file prendre ma douche et je te rejoins dans la chambre, dis-je en me dirigeant vers la salle de bain.
L'eau qui coule le long de mon corps me fait un bien fou. Avec l'odeur familière de mon savon je pourrais presque me croire de retour chez moi dans ma maison, avec ma famille. À cette pensée les larmes me viennent. Que font-ils eux aux États-Unis à 4h15 du matin ? Sûrement qu'ils dorment, s'ils ont réussi à trouver le sommeil... Ou peut-être qu'ils pleurent eux aussi.
Une fois séchée et emmitouflée dans mon pyjama préféré avec un lama dessus, je rejoins Kimiko. Cette dernière a seulement laissé la guirlande éclairée ce qui produit une douce lumière tamisée. Je me glisse sous les draps en serrant mon doudou contre moi. Pour mon plus grand plaisir, Olaf vient s'installer au pied de mon lit sur le tapis et elle ronfle doucement.
- Tu as peur ? chuchote Kimiko.
- Peur ? Non pas vraiment, dis-je. Mais je me sens déboussolée et loin de chez moi.
- Moi aussi, tu crois qu'on les reverra ?
- Peut-être...
J'essaye de trouver une parole réconfortante et rassurante mais rien ne me vient. À la place je me contente de régler le réveil sur 8h15 et de m'allonger sur le lit. Aucune de nous deux n'a envie d'éteindre la guirlande, et aucune de nous deux ne dort durant la première heure. Vers cinq heures du matin je commence à somnoler, Kimiko sanglote doucement à côté de moi. Je finis par trouver le sommeil, mais je dors en pointillés.
J'émerge avec facilité quand le réveil sonne quelques heures plus tard et à mon soulagement Kimiko dort sur le lit à côté de moi. C'est tellement étrange de me réveiller ici et c'est pourtant ce qui m'attend pour les cinq années à venir. Je me lève et me dirige à moitié endormie vers la salle de bain. Olaf me suit en remuant la queue comme une folle et en se collant contre mes jambes. Quand je reviens dans la pièce quelques minutes plus tard Kimiko dort toujours, je suis contente qu'elle ait fini par trouver le sommeil, mais il faut qu'elle se réveille maintenant. Je lui secoue doucement l'épaule et j'éclaire la lumière de la pièce.
Dix minutes plus tard on retrouve Mila et Amélie dans le petit hall et on descend au réfectoire ensemble. Sur le chemin on croise des adolescents en pyjama et on se sourit. Cette idée de descendre comme ça était vraiment bonne. On commande nos petits déjeuners, pour le moment il n'y a qu'un choix. Puis, on patiente vingt minutes dans la grande pièce. Elina entre peu après nous et elle s'installe à notre table de six, Soña quelques minutes plus tard vient remplir la dernière place vide. Une fois que nous sommes allées chercher nos commandes on mange tranquillement. Voir tout le monde en pyjama est finalement très amusant et on découvre des garçons avec des Spider Man sur leur tee-shirt, ou des combinaisons intégrales pour certains. Petit à petit tout le monde termine de manger, mais personne ne se lève.
- On y va tu crois ? Me demande Elina en désignant Jun et Tessa qui sont debout.
J'acquiesce et on file les rejoindre.
- On leur dit quoi ? dis-je.
Tessa et Jun haussent les épaules mais Elina qui a déjà pris les choses en main hier, recommence.
- Alors pour commencer, lance-t-elle pour obtenir le silence. Aujourd'hui on ne va pas obliger tout le monde à commencer ses activités et l'éducation, aujourd'hui on va s'acclimater.
- Oui, enchaîne Thiago en nous rejoignant. Je n'ai pas envie qu'on soit obligé d'avoir des règles strictes sur qui fait quoi. On est grands on se gère.
- Par contre chacun fait son boulot et respecte celui des autres, conclut Jun.
Tous les visages tournés vers nous acquiescent en souriant, et je prends la parole à mon tour.
- Je propose que nous restions calmes, chacun peut ranger ses cartons et installer sa chambre. On peut découvrir le vaisseau, les salles de sport et les piscines. Chaque groupe doit aussi évidemment remplir son rôle.
Ellias et Matthew hochent la tête derrière moi.
- Ça se passe comment pour le midi ? demande quelqu'un dans l'assemblée.
- Comment ça, tu veux venir en tutu cette fois ? s'exclame le même blond qu'hier.
Il y a à nouveau des rires et je lui en suis reconnaissante de détendre l'atmosphère. Jun me fait signe d'expliquer.
- Alors c'est le début, ce midi vous aurez seulement deux choix, comme ce matin il faudra commander vingt minutes avant et passer récupérer nos plateaux vers le bar. Officiellement c'est ouvert de 11h45 à 13h30 mais ça peut changer si besoin. Juste ! Avant que tout le monde ne parte, pour débarrasser il faut mettre nous même dans une espèce de grand lave-vaisselle ceux qui sont à la cuisine aujourd'hui vont vous montrer.
* * *
- Tu veux faire quoi ? demande Kimiko tandis qu'on remonte dans notre chambre.
Elle caresse pensivement Olaf qui se dandine de plaisir.
- Je vais ranger un peu et installer mes photos et puis j'aimerais bien faire un tour à la piscine. Faut aussi que je passe voir Nathan... Et toi ?
- Je ne sais pas vraiment, murmure Kimiko, je pense que je vais aller aider côté médecine.
Comme prévu, je suspends toutes mes nouvelles photos à la guirlande et j'en glisse dans les cadres. J'insiste aussi pour qu'on prenne une photo ensemble Kimiko et moi que je l'imprime avec le cadeau que mes parents m'ont offert. Je la punaise ensuite au-dessus de nos lits en disant.
- Dans quelques mois au pourra se souvenir de notre premier jour à bord.
Kimiko hoche la tête en souriant.
Après, je fourre mes affaires de natation dans un sac de sport et je sors avec Olaf. On se balade dans les couloirs en flânant. Ma chienne trottine fièrement avec son bandana rouge autour du cou. En arrivant à l'étage sport on se dirige vers le terrain de foot. Sans surprise il est entièrement vide. Le sol est recouvert de pelouse synthétique et quelques gradins bordent chaque côté. Je fais courir Olaf, je me sens étrange, seule sur un terrain de foot loin de chez moi. Alors je me défoule et je cours, Olaf court derrière. Je fais ensuite un tour à la piscine. Ça m'avait tellement manqué de nager, de sentir l'eau qui me porte et me berce ! Olaf par contre ne peut pas en profiter, elle se contente de soupirer, la tête posée sur ses pattes à quelques mètres du bassin. Je fais la planche et je me laisse dériver tranquillement.
- Ah tu es là ! Je m'en doutais...lance une voix derrière moi.
Je me redresse brusquement, faisant gicler des gerbes d'eau. Nathan me regarde.
- Coucou ! m'écrié-je. Tu m'as fait peur ! Tu ne peux pas savoir à quel point ça fait du bien de parler français. Justement j'avais prévu de passer te voir.
- Je sais j'ai croisé Kimiko, elle non plus ne savait pas trop où tu étais, mais ce n'était pas dur à deviner...
Je nage jusqu'au bord du bassin et je me hisse hors de l'eau.
- Ça me manque de parler français. Alors, quoi de neuf ?
- Bah rien de spécial, je commence à m'habituer à mes colocataires, même s'il y en a un qui est vraiment bizarre...
On parle un moment puis il lance.
- C'est midi, on va manger, non ?
J'acquiesce en m'enroulant dans ma serviette.
- Tu me gardes une place je vais me changer dans la chambre, et une pour Kimiko aussi, ajouté-je.
- Pas de problème, on commande maintenant par contre, dit-il.
Après le repas du midi, je m'allonge un moment dans la chambre, je trie mes affaires et je prends des photos. J'essaye de lire aussi, de me reposer. Je vais aussi à la cuisine pour aider, et avec Soña on va faire un tour vers les animaux. Vers quatre heures je descends au réfectoire pour voir ce qu'il s'y passe. Visiblement je n'ai pas été la seule à avoir eu cette idée, plein de petits groupes se sont formés autour des tables. Autour d'une, je reconnais Anissa d'Indonésie qui aurait dû être avec Nina. Je m'approche prudemment du groupe.
- Tu es Emma, dit le blond qui faisait rire tout le monde hier et ce matin.
- Oui, je réponds simplement. Vous parliez de quoi ?
- De Nina, répond-il aussitôt.
- Elle n'a prévenue personne qu'elle ne venait pas, sauf sa famille apparemment, je trouve ça choquant, commente Anissa.
- Tout ce temps et cet argent gâchés pour rien, ajoute un garçon.
- Maintenant si elle pointe le bout de son nez les journalistes vont lui sauter dessus, renchérit une fille aux boucles bien dessinées.
- Daniel Hunter aussi à mon avis, ricane le blond.
J'apprends au fur et à mesure de la conversation que le blond s'appelle Gabriel et qu'il vient d'Islande. La fille aux jolies boucles est Lucia et elle vient d'Italie, le dernier garçon est Samuel et il vient de Slovaquie comme Soña. Olaf a un de ces succès ! Elle va même jusqu'à se mettre sur le dos, les quatre pattes en l'air pour réclamer plus de caresses. Gabriel lui grattouille le ventre et ma chienne lui lèche goulûment la main.
- Je crois qu'elle m'aime bien, constate-t-il.
Kimiko nous rejoint une bonne heure après et elle semble elle aussi bien s'intégrer, je me sens parfaitement bien. Comme si j'étais à la cafétéria du lycée avec un groupe d'amis et que dans une heure les cours reprenaient.
Ce soir-là, nous remettons le réveil à 8h15 et comme la veille on laisse la guirlande allumée. Je prends mes écouteurs et je me repasse toutes les vidéos de la cérémonie que mes parents avaient organisée avant mon départ avant de m'endormir. Je pleure silencieusement. Pendant la journée, ils m'étaient sortis de la tête mais Anna me manque et ma famille aussi. Ils laisseront pour toujours un vide dans mon cœur.
Le lendemain, un autre groupe prend le relais à la cuisine et la même journée se déroule. Je fais courir Olaf, je me baigne et vers quatre heures de l'après-midi je rejoins Lucia, Anissa, Gabriel et Samuel au réfectoire. Olaf a l'air de se satisfaire de ce mode de vie rempli de caresses et d'attention. Le soir après le repas, Soña et moi allons vérifier que tout va bien chez les animaux et on donne à manger à Olaf et Neba. Ensuite de retour dans la chambre 307, je me douche rapidement et je discute avec Kimiko jusqu'à tard dans la nuit.
La fin de semaine se passe tranquillement, puis c'est à notre tour de cuisine. Là aussi tout est automatisé mais on doit quand même se lever deux heures plus tôt pour superviser. On commence par récupérer des œufs que l'on fait cuire. On les coupe ensuite en quartier. On cueille aussi des fruits que l'on pèle et que l'on coupe. On lance la production de café en faisant bouillir de l'eau et on fait chauffer du lait. Finalement on se croirait un peu à la ferme, tout vient de chez nous. C'est un principe à cercle fermé, rien ne se jette, on est autonome. Tout ce qui n'est pas mangé va au compost qui sert à rendre fertile la terre où pousse actuellement aux étages 11, 12 et 13, des milliers de légumes et de fruits. Il y a aussi un petit champ de maïs et un moulin. On peut donc avoir du pain tous les matins. Ce système a été énormément travaillé, et nous avons reçu plusieurs formations complètes pour être au point.
Les premières commandes arrivent et je dois avouer que c'est plutôt satisfaisant de remplir les plateaux. Surtout qu'il y a une très bonne ambiance car dans notre groupe il y a Gabriel et Samuel, qu'on ne connaissait pas avant, c'est un coup de bol d'être avec eux. Il y a aussi Kimiko et Elina et deux autres filles que je ne connais pas vraiment.
Une fois toutes les commandes servies, il faut ranger et finalement c'est seulement en fin de matinée que l'on termine, mais c'est l'heure où il faut préparer le repas du midi. On cuisine cette fois un plat typique d'Islande, en faisant revenir des légumes. À côté Elina se lance dans un risotto. Le soir, on fait une soupe et des roulés aux oignons et au fromage. Tout le monde a l'air satisfait et c'est avec soulagement qu'on quitte la cuisine à 21h.
- Eh bah c'est extrêmement crevant mais pas désagréable, conclut Gabriel.
J'ai placé Olaf sous la garde de Soña toute la journée et elle a l'air plutôt contente de me retrouver. Elle s'installe au pied de mon lit pour la nuit et c'est la première à s'endormir. Kimiko et moi ne tardons pas trop non plus, épuisées par notre journée.
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