Échange 2 : " Odd Eyes „ ²

ᵖᵃʳᵗᶤᵉ ² / ˀ

     Vendredi vingt-quatre janvier. Il était huit heures cinquante-six du soir. Le soleil avait disparu derrière la mer depuis bien longtemps déjà. L'eau était calme et se jetait doucement sur la plage au sable épais. Les grandes bottes de Yeongho s'enfonçaient un peu dans ce sable humide. Il faisait froid. Yeongho attendait ici depuis seulement une demie heure mais cela commençait déjà à être long pour lui. Il était fatigué. Ses lèvres sèches étaient pincées entre elles soucieusement alors que ses yeux plissés scrutaient à travers ses jumelles infrarouge les remous de l'eau. À son cou pendent une paire de jumelles et un talkie-walkie. Celui-ci grésilla en allumant un voyant en rouge. Suite à cela, on entendit la voix d'un homme en sortir.

« Alors, tu vois quelque chose ? »

     Yeongho bailla silencieusement puis prit l'appareil de radiocommunication entre ses doigts gantés. Il poussa un petit interrupteur qui alluma une lumière verte et répondit :

« Il n'y a rien pour le moment. J'attends toujours Lucas. »

     En effet, il n'y avait rien. Rien ni personne à part lui. Droit comme un piquet sur cette plage. Il faisait noir maintenant. Le clapotis des vagues était oppressant. Le bruit de la brise faisait l'effet d'une complainte fantomatique ou d'un souffle de mort. Tout était beaucoup trop calme pour que cela puisse être la veille d'une apparition glaçante. Yeongho fixait toujours l'eau bleue nuit. Elle se confondait presque avec le ciel. Les deux surfaces était si similaires que Yeongho ne pût affirmer si ce n'était des cieux qu'apparaîssaient ces dizaines de têtes aux yeux comme des perles scintillantes.

     Vendredi vingt-quatre janvier. Il était neuf heures dix-sept du soir. Ils sortaient enfin de sous les vagues. Impressionnants, majestueux et effroyablement silencieux. Leur écailles toujours luisantes et leur pupilles fendues. Ce sont ceux qui gardent la vie humaine au creux de leur mains palmées.

« Du nouveau pour les Aquariens ? »

     Vendredi vingt-quatre janvier. Il était neuf heure dix-huit du soir. Les pieds encrés dans le sable. Ridicule, impuissant et résolument silencieux. Sa peaux suintante et ses pupilles écarquillées. C'était celui qui garde la vie des océans au creux de son esprit.

« Yeongho ? »

     Sa main tremblante attrapa avec difficulté le talkie-walkie. Il poussa le petit interrupteur en ne détachant pas les yeux de cette apparition hors-norme. Le petit voyant tourna au vert et c'était la voix tremblante qu'il souffla :

« Ouvrez tout. »

     Rien que dix petits mètres séparaient Yeongho des bêtes. Elles le fixaient avec leurs prunelles aux couleurs si diverses. L'Américain ne pût s'empêcher d'être fasciné. Ils étaient magnifiques quand même, ces démons des eaux. Et si envoûtant... Leur écailles presque scintillantes soulignaient cette image de personnages oniriques. Yeongho ne pût s'empêcher de plonger son regard dans leurs yeux.

     Le soudain tremblement de la terre ne l'inquiètait pas.

     Leurs iris étaient saphirs, jades, améthystes, rubis, ambre... De si près leurs pupilles étaient comme des trous noirs dans lesquels s'engouffreraient des centaines de milliers d'étoiles.

     La montée des eaux et les cris strident ne l'inquiètait pas.

     Mais parmi toutes ces paires d'yeux il y en avait une qui se détachait des autres. Ces yeux là, Yeongho les connaissait. Il en était certain. Ceux qui sont orangés et brûlants comme le couché du soleil. Oh oui il les connaissait. Cette peau flétrie sur le visage de la bête, Yeongho la connaissait aussi, c'était lui-même qui l'avait causé.

    Yeongho n'avait jamais connu une colère aussi grande que celle qui l'avait prit sur l'instant. Il avait envie de rendre à cette horrible chose le même traitement qu'elle avait réservé à son père. Mais il ne devait pas toucher la bête qu'ils cherchaient tous à attraper depuis des années et quand bien même il le faisait, il savait qu'il était bien trop faible par rapport au monstre. Alors il se contenta de serrer les poings aussi fort qu'il le pouvait pour ne pas lui sauter à la gorge.

« Yeongho, les Aquariens arrivent à s'enfuir. Charge deux pour celui devant toi. Lucas arrive avec Ten et le coffre. »

     Tiens ? Changement de plan se dit Yeongho. S'il tendait assez le bras il pourrait certainement frôler la créature du bout des doigts. La sirène était assez proche pour qu'il puisse l'électriser. Mais cela le rendait lui aussi vulnérable : la chimère pourrait facilement lui sectionner la tête. Ils étaient tous les deux dans une situation aussi délicate que dangereuse. C'était à qui sera le plus rapide.
     Ne perdant pas une seconde, Yeongho décrocha avec vivacité l'arme attachée à sa ceinture. Sans détourner le regard de celui de la bête, il abattit le pistolet à impulsion électrique contre sa proie. Mais il n'eut pas le temps de pousser l'interrupteur au deuxième cran que le monstre attrapa sa gorge. S'il mettait la charge maintenant, il sera électrisé avec la chimère.

Ah... se dit-il. Tant pis.

     C'est alors qu'il passa les deux crans.

     Et ce fut rapide, à peine avait t-il allumé l'appareil qu'il ressentit la brûlure électrique dans tout son corps.

     Leurs muscles se contractaient en un même spasme soudain. La prise de la sirène sur son cou se resserra et les ongles commencèrent à perforer sa peau.

     Yeongho parvint avec grande difficulté à arrêter la charge électrique. Son esprit était embrouillé et c'en était certainement de même pour l'Aquarien. La respiration lui revint difficilement et il se mit à vaciller dangeureusement. Ça va aller de toute manière se convainc-t-il en regardant la chose s'effondrer devant lui. On a enfin réussi...

     Il poussa un faible rire et s'écroula à son tour en entendant au loin le son vrombissant d'un moteur.

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ʲᵉ ˢᵘᶤˢ ᵖᵃˢ ˢᵉʳᵉᶤᶰ ˡᵒˡˑ

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