Eleandra Woods.
Le lendemain
Jours 19 - 12h00.
Je suis toute seule dans l'appartement depuis que nous avons terminé notre séance en fin d'après-midi.
Je comprends que c'est la fin de ma solitude lorsque la porte d'entrée claque et que Hayes entre dans la cuisine
Je me suis décidée à cuisiner ce soir, pour m'occuper un peu. J'ai opté pour des pizzas, la pâte est prête et je commence la garniture pour qu'elles soient bonnes à manger pour le dîner.
Hayes entre dans la cuisine, le blond observe un instant le bordel que j'ai mis dans sa cuisine puis son attention revient sur moi.
- Tu fais quoi ? Il demande d'une voix blasée.
- Pizzas ! Dis-je d'une voix chantante.
Je remets difficilement une de mes mèches rousses correctement derrière mon oreille avec mon poignet pour ne pas la salir à cause de la farine.
J'applique avec soin la sauce tomate sur la pâte sous le regard de Hayes.
Je l'entends soupirer avant qu'il ne s'approche de moi, il se met devant la deuxième pâte à pizza déjà étalée.
- Qu'est-ce que tu comptais mettre sur celle-ci ? Grommelle-t-il.
Je me retiens de lui faire une quelconque réflexion et me contente de me mordre la joue pour ne pas rire avant de lui expliquer ce que je voulais mettre.
Il s'applique sans manquer de soupirer de temps en temps, comme si c'était moi qui lui avais demandé de le faire et non lui, qui avait pris l'initiative.
- Hayes.. ? Je brise le silence après de longues minutes de réflexion. Quand tu es revenu de Venise, tu as dis qu'il y avait une taupe, c'est vrai ou tu l'as dit pour me faire peur ? Je demande en prenant soin de choisir mes mots.
Je sens l'espace d'une seconde son corps se tendre à côté de moi, et je regrette immédiatement ma demande, surtout lorsque le silence s'allonge de plus en plus.
- Désolée ! Je m'excuse avec empressement. Je... Je sais que toute cette histoire ne me remarque pas ! C'est juste que je suis arrivée dans votre monde si soudainement et sans m'y attendre et ça m'effraie autant que ça me fascine.. Désolée. J'explique avec difficulté, aillant peur qu'il pense que je suis cette taupe, qui n'excite peut-être même pas.
Un long silence suit mon monologue, je ne sais pas s'il finira par répondre ou par dégainer son flingue et me mettre une balle dans la tête. Mon corps bat comme jamais, de peur et d'appréhension.
- C'était vrai, on estime qu'elle est parmi nous depuis deux mois. Brise-t-il enfin le silence en reprenant la préparation de la pizza. Nous sommes en concurrence directe avec la Mafia Muratori, elle gère un trafic de drogue qui commence de plus en plus à empiéter sur notre territoire au niveau mondial. Explique calmement Hayes tout en continuant de faire à manger. Nous avons toujours eu des rapports compliqués avec eux, mais la mort de leur Monsieur Muratori à mis le feu aux poudres, ils veulent se venger.
Il n'ajoute rien de plus, et je ne demande rien de plus. J'ai l'essentiel des informations à savoir à leur sujet, ils sont en guerre avec les Italiens, et je ne choisis visiblement pas le bon moment pour entrer dans leur vie, mais je ne pense pas qu'il ait de bons moments pour entrer dans la vie de mafieux. C'est même une certitude.
- Attends... Deux mois ? Je ne suis pas ici depuis deux mois, pourquoi est-ce que tu m'as suspecté d'être la taupe ? Je demande lorsque mon cerveau fait le lien.
- Pour te faire peur. Il répond en haussant les épaules.
Je reste bouche bée alors que lui se marre légèrement en allant se laver les mains.
- Ma pizza est prête, contrairement à la tienne. Il ajoute avant de disparaître dans les escaliers.
Je baisse la tête sur ma pizza et constate que j'étais tellement pendu à ses lèvres que je n'ai pas avancé. Je râle à voix basse en finissant la tâche que j'aurais finie depuis longtemps s'il ne s'en était pas mêlé.
(...)
Eleandra Woods.
Deux jours plus tard
Jours 21 - 15h00.
Je sens une perle de sueur descendre le long de mon dos, nous prenons une courte pause pour boire quelques gorgées d'eau fraîche.
Le combat au corps à corps a pris un rythme bien plus soutenu maintenant que je me défends comme Hayes le veut.
Je dois avouer que je commence à apprécier ce moment de la journée que je redoutais tellement avant. Je sais que je progresse vraiment maintenant, mon corps se fait toujours aussi douloureux, mais il suffit que l'adrénaline du combat envahisse mes veines pour que tout s'atténue. Je me surprends à de nombreuses reprises à imiter des actions de Hayes sans qu'il ne me le demandent, nos combats s'éternisent de plus en plus même si mon dos finit toujours par claquer au sol.
La différence est que, maintenant, Hayes me laisse quelques secondes de répit, il retient ma chute à chaque fois aussi et je sens qu'il met bien moins de force lorsqu'il frappe.
- Tu le sens aussi ? Me demande Hayes alors que je vide mon troisième verre d'eau consécutif.
- Sentir quoi ? Je lui demande en remplissant un quatrième.
- Tu progresses, tu le fais même bien plus rapidement que je ne le pensais.
Une pointe de fierté naît dans le creux de mon ventre alors que les mots de Hayes montent jusqu'à mon cerveau.
- J'aime de plus en plus ça, alors je pense progresser encore plus vite. J'avoue en posant le verre vide dans l'évier.
- Il va vraiment falloir que tu augmentes ta force de frappe, mais en attendant, tu dois apprendre sans.
- Comment ? Je demande en fronçant les sourcils.
- En augmentant ta vitesse, tu es petite et agile, il faut que tu en profites en agissant plus vite que ton adversaire, ne lui laisse aucune chance de réfléchir. Je vais t'apprendre les zones de frappe que tu dois viser au maximum.
J'acquiesce et entreprends de me refaire une queue-de-cheval, mais ma tignasse met un temps fou avant de bien vouloir coopérer en toute tranquillité.
Nous nous replaçons au centre de l'espace dédié à l'entraînement, tous les deux en position de combat.
Un violent coup de poing me transperce le ventre, et pour une fois, ce n'est pas Hayes qui vient de me le donner, j'aurais préféré, croyez-moi.
- Attends. Je gémis de douleur alors qu'un autre me transperce littéralement le ventre.
- Quoi ? Soupire Hayes, visiblement soûlé que je l'arrête alors qu'on en vient que de recommencer.
Merde !
- J'ai... Putain de merde ! Râlé-je alors qu'une nouvelle douleur me traversait le corps, me pliant en deux.
- Qu'est-ce que tu as ? Demande Hayes, avec une réelle inquiétude que je parviens à apercevoir malgré mes douleurs.
- J'ai mes règles. Soupiré-je en m'appuyant à la première chose qui me passe par la main... le bras de Hayes.
- Tu as rangé où ce que je t'ai acheté ? Il me demande très calmement.
- Dans mon placard. Dis-je alors que je n'ai qu'une envie, aller me rouler en boule avec une bouillotte et de la bouffe dans mon lit et y rester pour la semaine à venir.
- Je vais te chercher ça, va aux toilettes. Ordonne Hayes toujours aussi détendu.
Évidemment qu'il est détendu ! Il ne souffre pas, lui.
- Je peux le faire. Dis-je en me séparant de lui.
- Ça ne sert à rien que tu montes les escaliers, pour les redescendre alors que tu as mal au ventre. Me répond-il. Attends-moi devant les toilettes, je te rapporte ce qu'il te faut.
Je ne discute pas plus, parce que rien que l'idée de monter les escaliers et les redescendre me donne encore plus mal au ventre.
Je me dirige alors vers les toilettes alors que Hayes part dans la direction opposée pour aller me chercher une serviette hygiénique.
Il revient au près de moi quelques minutes plus tard, avec une serviette et un sous-vêtement propre.
Je le remercie rapidement, une chance pour moi que la douleur m'empêche de trop penser au fait qu'il a été fouillé dans mes petites culottes...
Même si je m'en suis rendue compte assez vite - comment ne pas s'en rendre compte ? - le sang a déjà taché mon legging de sport.
Je relativise en me disant que mon t-shirt est assez grand pour me couvrir un minimum les jambes, mais je suis quand même super gênée de sortir ainsi, surtout quand on prend en compte le contexte.
C'est les joues rouge tomate que je sors des toilettes et fils mettre les vêtements sales dans la machine à laver, tête baissée pour ne pas croiser le regard de Hayes.
Putain, quelle journée de merde.
J'avais pour projet d'aller jusqu'à ma chambre, pour enfiler un short et m'écrouler dans le lit, mais une nouvelle pointe de douleur me parcourt le ventre et j'opte pour m'écrouler dans le canapé et couvrir mes jambes nues avec un plaide aussi doux que Mon Pote.
- Tu as besoin de quoi pour avoir moins mal ? Demande la voix de Hayes qui vient d'entrer dans mon champ de vision.
- Ne plus te voir... Une bouillotte et je ne dis pas non à un truc à manger, un truc que je ne devrais pas manger à cause du nutri-score trop élevé. Je lui réponds dans un grognement de douleur.
Le premier jour est toujours le pire, après ce n'est déjà plus supportable...
- Je vais voir ce que je peux faire, mais avale déjà ça. Il me répond en me donnant un médicament contre le mal de ventre.
Il quitte ensuite le salon sans même relever ma première demande qui m'a échappé sans le vouloir. Il revient quelques minutes plus tard avec un paquet de kitkat, un autre de kinder schoko-bons.
- Je n'ai que ça.
- Que ça a mangé, ou que ça de ma demande ? Je demande désespérée.
Il grimace, signe qu'il n'a que ça de ma demande.
Non, mais qui n'a pas de bouillotte chez lui ?
Lui.
Je soupire en me tortillant de douleur alors qu'un putain de couteau me transperce le bide...
- Assis toi. Ordonne-t-il en s'approchant de moi.
- Quoi ? Je demande presque en crachant le mot.
- Redresse toi.
Je plisse les yeux et finis par faire ce qu'il me dit.
Il dépose les paquets de nourriture sur mes jambes, fait de même avec la télécommande qui était non loin puis, sans rien dire, il vient s'installer de sorte qu'il soit dans mon dos, il me force, toujours sans rien dire, à m'allonge entre ses jambes, sur son torse.
- On m'a toujours dit que j'avais les mains chaudes, ça a bien servi à ma sœur quand on était plus jeunes. M'explique-t-il à voix basse près de l'oreille.
Je suis soulagée lorsqu'il passe ses mains sous mon t-shirt et les pauses où j'ai l'habitude de mettre la bouillotte. Mon corps se détend en une fraction de seconde, ce qui me fait prendre conscience qu'il était, jusqu'ici, tendu au plus haut point.
- Ça va mieux ? Il me demande après quelques minutes de silence.
- Oui... murmuré-je en attrapant ses poignets pour être sûr qu'il ne retire pas ses mains.
- Je ne te laisse pas, alors ouvre les schoko-bons et allume la télé. Dit-il en réponse à mon geste.
Je lâche ses poignets, puis je lance le premier film d'action qui me passe sous la main avant d'ouvrir le paquet de friandises comme il me l'a demandé.
Nous passons la journée comme ça, l'un contre l'autre à regarder des films tout en mangeant les cochonneries qu'il a ramenées, je ne me suis jamais sentie aussi bien un premier jour de règles, ses mains ne sont pourtant pas un miracle, les douloureux bien que moins fortes sont toujours là, mais je me sens étrangement bien... Peut-être trop bien entre les mains d'un meurtrier...
À suivre...
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Salutations !
On avance, on avance... Eleandra prend de plus en plus confiance, je suis limite fière d'elle !
Ne vous attachez pas trop au Hayes de ce chapitre, on sait tous qu'il change de comportement comme de chemise.
J'espère que ce chapitre vous a plu ! on se dit à la prochaine pour le suivant.
<3
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