Chapitre 31.
Nahila observa par la vite les forêts verdoyantes de l'est de Wue. Ça faisait trois jours qu'elle voyageait, son corps était complètement endolori des cahotements de la voiture prêtée par Ilgog, mais elle ne s'en plaignait pas. Au moins cette douleur apaisait-elle celle de son cœur, meurtrie par sa séparation avec Tarik.
C'était mieux ainsi, songea-t-elle pour la millième fois.
Elle s'en voulait un peu d'avoir manipulé Julyam pour s'enfuir, mais elle savait que le côté panthère possessive de Tarik l'aurait empêché de partir. Au moins maintenant pouvait-elle espérer qu'il ne tenterait pas de la récupérer.
Bien sûr, elle voulait que Tarik l'aime et vienne la chercher. Mais elle ne voulait pas de son amour s'il était motivé par de mauvaises raisons. Elle méritait mieux que d'être un objet de possession, sous prétexte qu'il lui avait sauvé la vie. Aussi, le désintérêt soudain et inattendu du mâle lui avait fait terriblement mal, et elle ne voulait plus jamais revivre une chose pareille.
La calèche s'arrêta et en observant son environnement, Nahila s'aperçut qu'elle était arrivée.
— Home, sweet home, chuchota-t-elle en laissant le cochet lui ouvrir la portière.
Elle avait réalisé que ça lui faisait plaisir, alors elle le laissait faire.
Se glissant hors de la calèche, Nahila aperçut les tipis qui composaient son village et plusieurs personnes s'approchaient déjà d'elle.
— Princesse ! s'exclama soudain une voix familière.
Nahila s'efforça de sourire au groupe de femme qui arrivaient et qui avaient absolument ravis de la voir.
— La princesse Nahila est de retour ! s'exclamèrent des voix enjouées.
En quelques minutes seulement la nouvelle fit le tour du petit village de biche qui vivait sur cette portion de territoire. Les biches vivaient en dizaine de petit groupe d'une centaine d'individus répartie sur tout leur territoire. Nahila, elle vivait dans le groupe en son cœur, avec sa mère, la reine, son père le roi et son frère, le prince héritier. C'était là que le cochet les avait emmenées et son frère surgi soudain d'entre les arbres suivit par ses guerriers armés d'arc et de flèche. Les cervidés étaient végétariens, ça ne les empêchait pas de défendre leur territoire farouchement, ainsi que sa faune et sa flore des chasseurs humains et des changelins prédateurs.
Il la prit entre ses bras, suivi de leur mère et de leur père.
— Je suis si heureuse de te revoir, ma fille, sourit sa mère.
— Je suis contente aussi d'être rentrée.
Mais son bonheur fut de très courte durée.
— Prédateur ! hurla un chasseur.
Nahila eut tout juste le temps de voir tous les soldats armer leur arc, visant une panthère noire qui venait de surgir des bois.
— Non ! s'écria-t-elle sans même y penser elle se précipita entre la trajectoire et l'animal.
Pas une seule seconde elle ne douta que cette panthère était Tarik. Elle le sut, instinctivement.
— Princesse, écartez-vous, il est dangereux, ordonna rudement un des chasseurs.
Lysanthir semblait inquiet lui aussi, mais il prit le parti de lui faire confiance et fit signe à ses soldats de baisser leurs armes, ce qu'ils firent avec beaucoup de réticence. En se retournant pour voir la panthère, Nahila comprit pourquoi. Le dos rond, elle montrait les crocs, prête à attaquer. Mais Nahila n'avait pas peur. Elle n'avait jamais eu peur de Tarik, et ce ne serait pas aujourd'hui que ça commencerait.
S'agenouillant, elle fixa le regard doré du mâle.
— Hé, tout va bien, chuchota-t-elle en tendant la main.
Elle n'avait encore jamais eu l'occasion d'admirer Tarik sous sa forme animale. Son pelage soyeux et noir comme la nuit luisait sous les derniers rayons de soleil du jour. Se détendant, tout en lançant des regards méfiants par-dessus son épaule, la panthère s'approcha et tel le gros chat qu'elle était poussa sa grosse tête contre sa main avant de se laisser mollement tomber sur ses genoux, réclamant sans aucune honte ni pudeur des gratouille sur le ventre.
Malgré elle, Nahila gloussa en accédant à la requête de l'animal, la gorge serrée d'émotion. Des murmures de stupeur se firent entendre derrière elle et elle sut que son peuple était choqué de voir leur princesse câliner un grand méchant prédateur.
Nahila sentit les larmes lui monter aux yeux et elle serra la grosse tête du mâle entre ses bras, les laissant couler en silence.
— Et bien, ma fille... il semblerait qu'on a un invité, ce soir... souhaite-t-il des vêtements ou compte-t-il continuer de terroriser nos compagnons sous sa forme de félin ? demanda sa mère avec une pointe d'humour dans la voix.
Tarik se leva, la repoussant doucement de ses grosses pattes, sans sortir les griffes. Puis s'asseyant royalement à ses côtés... il miaula.
Essuyant nerveusement ses larmes, Nahila gloussa.
— Ça veut dire oui pour les vêtements, je crois bien.
***
Tarik termina de s'habiller dans un des immenses tipis qui composaient le village de Nahila.
Lorsqu'il était parti, il avait eu beau se dire qu'il ne s'épuiserait pas à essayer de la rattraper, il l'avait quand même fait et il avait retrouvé sa piste lors de la seconde nuit du voyage, où elle s'était arrêtée dans une charmante auberge. Il avait eu pour première idée de s'introduire dans sa chambre pour la confronter, mais alors qu'il grimpait dans l'arbre près de la fenêtre entrouverte de celle-ci, il l'avait entendu pleurer, et son cœur s'était brisé.
Alors il s'était dégonflé et avait dormi toute la nuit dans l'arbre, sous sa forme de félin, attendant le lendemain pour suivre sa voiture de loin.
Nahila avait eu besoin de rentrer chez elle, et il ne voulait pas l'en empêcher, aussi il lui avait semblé, sur le moment, une bonne idée de l'y suivre.
Mais maintenant qu'il se préparait à dîner avec ses parents, il revoyait à la baisse sa super idée vraiment merdique. Il fallait qu'il confronte Nahila avant le repas. Il préférait autant ne pas avoir à passer plusieurs heures à faire semblant que tout allait bien entre eux alors que pas du tout.
De toute évidence, les dieux étaient d'accord avec lui, cas lorsqu'il sortit pieds nus dehors – il était absolument hors de question qu'il enfile ces espèces de godasses bizarres que les cerfs appréciaient – Nahila discutait avec son frère à quelques pas de lui.
Ils semblaient se disputer à voix basse, mais lorsqu'ils le virent, ils s'interrompirent. Le regard brun de Nahila se posa sur lui, et elle sembla troublée un instant, muette.
— Quoi ? j'ai l'air d'une proie ?
Lysanthir renifla.
— Non, tu as l'air d'un cerf.
Tarik grimaça en se souvenant que le terme « proie » était injurieux. Il commençait bien.
— Nahila, il faut qu'on parle.
Elle balaya le village de son regard, en soupirant.
— Je suis d'accord.
Ils attendirent un instant. Puis d'un même mouvement, dévisagèrent Lysanthir.
— Oh ! oui bien sûr, je m'en vais !
Le cerf s'éloigna, suffisamment pour qu'il ne puisse pas surprendre leur conversation, tout en restant assez prêt pour réagir. Tarik fut légèrement vexé, il n'allait pas faire de mal à Nahila.
Les deux jeunes gens restèrent sans se regarder pendant plus d'une minute. Tarik songea qu'il allait falloir qu'il dise quelque chose, sauf qu'il n'arrivait pas trop à savoir quoi.
— Nahila, j'ai merdé... commença-t-il.
— Tarik c'était de ma faute... dit-elle en même temps.
Ils se regardèrent.
— Quoi ? Non pas du tout...
— Oui tu as fait de la merde...
— ... Tu n'es nullement responsable !
— ... Mais j'ai ma part de responsabilité !
Un autre silence incrédule. Et Nahila gloussa.
— On est ridicule, je suis désolée.
— J'essaye de m'excuser, tu ne m'aides pas beaucoup.
— Tu n'as pas à t'excuser, Tarik, je... je crois que je me suis trop attachée, c'était une erreur.
— Quoi ? Non !
Tarik fit un pas en avant. Il avait envie de la toucher, de l'attirer contre lui, mais il n'était pas sûr d'en avoir le droit.
— Nahila, chuchota-t-il en interrompant son mouvement. Tu es la seule lumière qui est apparue dans ma vie depuis... vraiment longtemps. J'ai...
Merde, il n'avait pas l'habitude d'être si émotif, mais Nahila le regardait avec ses grands yeux de biche, et il ne pouvait plus revenir en arrière.
— J'ai tellement peur de t'entacher de mes péchés, Nahila, si tu savais. Je suis tellement désolé de mon comportement, je sais bien que c'est ma faute si tout a foirée entre nous, je ne voulais pas te donner l'impression de ne pas être assez bien ou que je t'aimais moins... parce que merde, je t'aime. Mais je porte tellement de culpabilité, je n'arrive pas à m'en défaire.
Nahila pinça doucement ses lèvres, puis baissa brièvement la tête et la releva.
— Je ne peux pas t'aider à régler ce problème, Tarik. Il va falloir que tu te pardonnes et que tu guérisses et malheureusement, quoi que je dise où que je fasse, je ne peux pas t'aider, il faut que ça vienne de toi.
— Je sais.
Elle sourit doucement et tendit la main pour lui effleurer la joue. Malgré lui, il la lui saisit pour garder un peu plus longtemps son contacte. Mais elle se déroba.
— Je ne peux pas te soutenir dans cette démarche. C'est trop dur, ton désintérêt soudain pour moi... ça m'a blessée et je sais que tant que tu n'auras pas soigné cette culpabilité, tu continueras à me faire mal. C'est peut-être égoïste, mais j'estime ne pas avoir à subir ça.
Elle fit un pas en arrière et Tarik eut le sentiment qu'il était en train de la perdre.
— Va-t'en, Tarik. Je ne peux pas te promettre de t'attendre. Mais quand ça ira mieux, reviens-moi... si tu m'aimes encore et si tu es prêt à m'offrir un futur, alors reviens.
Puis elle lui tourna le dos, comme incapable de le voir s'en aller. Tarik savait que c'était la chose à faire, Nahila avait raison. Il l'avait blessé et désormais il en payait le prix.
C'était une rupture, il le savait, Nahila le quittait et elle avait raison de le faire.
Mais on va la récupéré, assura la panthère en lui.
Tarik se détourna à son tour. Il n'irait pas au dîner, mais ça valait mieux ainsi que de donner de faux espoir aux parents de Nahila.
Alors que la forêt enténébrée l'accueillait en son sein, Tarik se promit de faire en sorte de devenir assez bien pour ça biche. Pourvu qu'elle l'aime encore lorsqu'il reviendrait. Car il reviendrait, elle pouvait en être sûre.
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Bon ben voilà ! c'est la fin de l'histoire, j'espère qu'elle vous à plus...
*part en courant avant de se faire taper par les lecteurs* je plaisaaaanteuh !
XD avouez vous avez eut un peu peur quand même !
Non, en vrai il reste un chapitre avant l'épilogue, c'est fou de ce dire que c'est presque terminée je suis toute émue ! et en vrai j'ai aussi très hâte de commencer une nouvelle histoire de Proie et Prédateur Oo
Bref! j'espère que ce chapitre vous à brisé le coeur... heu je voulais dire, vous à plus ^^
et je vous dis à la semaine prochaine pour le dernier avant épilogue ^^
Kiss
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