Chapitre 3.

Tarik regarda la douce créature endormie près de lui. Pour la millième fois depuis le début de la nuit, il se demanda ce qu'elle foutait là. Ce n'était pas la place pour un être aussi naïf. Qu'avait-elle fait pour que Lord Arthus décide de la jeter là. Dans sa cage, qui plus est. Sa panthère rugit silencieusement à l'idée qu'elle aurait pu se retrouver dans la cellule de n'importe qu'elle autre prédateurs beaucoup moins sympas que lui. Même si l'animal était considérablement affaibli par les drogues qu'on lui administrait chaque jour, il était toujours là, bien présent dans son esprit. Furieux d'être enfermé, désireux de détruire tous les humains qui s'approcheraient de lui. Et plus encore.

Il n'avait pas retiré sa main de la gorge gracile de la jeune femme, sous ses doigts, il sentait son pouls battre régulièrement, signe qu'elle s'était rendormie après s'être réveillée au son d'une patrouille.

Tarik savait qu'il y avait quinze patrouilles en tout, durant la nuit, la quinzième apportait le seul repas de la journée. Le soleil se lèverait bientôt, mais pas l'ombre d'une lumière du jour ne les atteindrait.

Le félin entendit le bruit de la dernière patrouille de la nuit. La biche se réveilla en sursaut, et comme à chaque fois, elle parut perdue quelques secondes, puis ses grands yeux bruns se posèrent sur lui, et elle comprit. Son regard se fit suppliant, comme si elle craignait qu'il ne la vende, et elle resta immobile et silencieuse.

Au moins, avait-elle rapidement compris. Elle avait encore peur de lui, et il ne ferait rien pour calmer cette peur, car elle la maintiendrait en vie.

Pas qu'il s'en soucie. Loin de là. S'il l'avait protégé cette nuit, c'était uniquement parce qu'il n'était pas du genre à laisser une petite créature fragile à la merci de ces grosses brutes de soldat.

Ça faisait un moment qu'il était dans cette prison pour changelin, un long moment, mais ça ne durerait pas. Bientôt, il s'enfuirait et il renverserait Lord Arthus pour mettre fin à la terreur de son règne. Et avoir une petite biche entre les pattes étaient tous sauf une bonne idée.

Se levant brusquement, il s'approcha des barreaux de la cage. Il entendit distinctement les battements affoler du cœur de la jeune femme, qui resta planquer dans l'interstice qu'il avait lui-même creuser.

Qu'elle fasse ce qu'il lui chante, il n'irait pas lui expliquer comment fonctionnait cet endroit, il n'avait ni le temps ni l'envie. Et surtout, ici, le moindre signe de faiblesse le conduirait à sa perte et à celle de tous ses compagnons d'infortune. C'était envers eux qu'il était d'abord fidèle.

***

Nahila sursauta en sentant le félin bouger lorsqu'un énième régiment de garde arriva. Une panique inexplicable la prit. Avait-il décidé que finalement ça l'agaçait de s'occuper d'elle ?

Allait-il la vendre ?

Elle n'osa pas bouger, il ne lui avait rien dit, mais elle était inquiète à l'idée de faire n'importe quoi et de se mettre dans une situation compliquée. Plus compliquée que celle où elle était actuellement.

Mais une odeur de nourriture l'attira.

— Recule, le chat ! rugit un des soldats en avançant son bâton.

Une fois de plus, la petite biche se demanda ce que pouvait bien faire ce son bâton noir pour forcer un homme aussi terrifiant que Tarik à s'éloigner de l'entrée de la cage.

La porte de la cage s'ouvrit doucement et un plateau glissa au sol, puis dans un claquement sec et terrifiant, elle se referma. Le manège se répéta avec les autres cellules, et les gardes s'éloignèrent. Pourtant, même après que la lumière se fut éteinte, elle continua d'entendre raisonner les bruits des cellules. Elle cessa de s'en soucier et quitta sa cachette, encouragée par le gargouillement de son ventre. Depuis combien de temps n'avait-elle rien avaler ? elle n'arrivait pas à s'en souvenir.

— Tarik, dit Kana d'une voix réprobatrice lorsque le félin lui tourna volontairement le dos et commença à manger.

Celui-ci poussa un grondement terrifiant et la jeune biche se recroquevilla sur la pierre en se demandant si finalement il ne valait pas mieux mourir de faim que de prendre le risque d'être le prochain repas de l'homme.

— Cesse de faire ta sale tête et donne-lui quelque chose, félin ! réprimanda la vipère.

— Je ne suis pas son gardien, protesta-t-il.

— Je ne te demande pas d'être son gardien, mais de lui donner de quoi ne pas s'évanouir tout à l'heure !

Nahila se demanda ce qui allait ce passé après le repas, mais n'eut pas le temps de poser la question à Kana que Tarik se tournait vers elle en lui lança un petit pain encore chaud.

Malgré sa fatigue elle réussit à avoir un réflexe suffisamment rapide pour s'en saisit.

— M...Merci, bégaya-t-elle.

Il recommença à l'ignorer et elle dévora le petit pain jusqu'à tomber sur un cœur de viande. Surprise, elle grimaça, les biches étaient végétariennes, pour des raisons évidentes, malheureusement elle savait qu'elle n'était pas en position de refuser la nourriture, quoi que la journée lui réservât, elle allait avoir besoin de force, ne serait-ce que pour tenir tête au gros félin dans sa cage et ne pas être à sa merci. Alors elle mangea, elle se força à avaler chaque morceau de viande jusqu'au dernier, essayant tant bien que mal de ne pas penser à l'animal qui avait fini hacher, à ce que penserait son père d'un tel comportement.

Est-ce que son père s'inquiétait pour elle ? Avait-il lancé ses hommes à sa recherche ? Nahila aurait aimé savoir, avoir ne serait-ce qu'une lueur d'espoir dans ce lieu sordide.

Un sursaut la prit lorsque le bruit de pas des gardes arriva vers eux. Elle lança un regard paniqué au félin dans sa cage, mais il ne lui prêta aucune attention et se contenta de se lever. La biche entendit les gardes vociférer en ouvrant les cellules, et bientôt un troupeau de prisonniers comme elle traversait le couloir, fermement escorter. La plupart avaient le visage amaigri, et les yeux vide. L'un d'entre eux était sous forme loup, le pelage gris sale, il suivait lentement un autre homme à la peau bardé de cicatrice rose. Comme s'il avait été torturé.

Les soldats s'arrêtèrent devant la cellule de Kana et la firent sortir. Comme pour les provoquer celle-ci leur offrit un baiser volant et esquiva de justesse le bâton d'un des gardes qui tenta de la frapper. Puis ce fut leur tour, les humains firent sortir Tarik, puis lui lancèrent un regard curieux et lui firent signe de prendre place dans l'étrange cortège.

Nahila sentit les battements de son cœur accélérer en réalisant que toutes les personnes présentes étaient des changelins prédateurs. La jeune femme sentait son instinct se battre pour prendre le dessus, cet instinct qui lui hurlait de fuir cette menace. Petit à petit, sa biche revenait au premier plan. Elle savait à la manière dont ses compagnons d'infortune la regardaient que sa terreur ne leur avait pas échappée. Un groupe d'hyène lui lançait des regards furtifs en riant, ça la mettait mal à l'aise.

Tarik lui semblait totalement désintéresser d'elle. Kana aussi, comme si le moindre intérêt pouvait leur être fatale. Nahila n'était jamais allée en prison, pourtant, il lui semblait qu'elle commençait à en comprendre la mécanique. Si la vipère ou le félin la défendait, elle deviendrait une cible, que des personnes mal intentionnées pourrait agresser pour faire céder l'un ou l'autre.

Soudain, ils furent mis en rang, et par un coup du sort elle se retrouva juste derrière Tarik. Il était si grand qu'elle ne voyait pas ce qui l'attendait, et ça l'angoissait terriblement. La file parut duré des heures, même si ça ne faisait probablement que quelques minutes qu'elle y était lorsqu'enfin ils en arrivèrent au bout. Tarik offrit docilement son bras à un humain en blouse blanche qui baissa immédiatement le regard face à l'air assassin du prédateur. Une fois de plus Nahila se demanda pourquoi il ne réagissait pas. Elle déglutit en voyant une aiguille s'enfoncer sous la peau du mâle, dont les muscles se raidir imperceptiblement.

Puis il reprit son chemin et ce fut à son tour. Elle rechigna à donner son bras, mais le médecin s'en empara sans douceur, lui arrachant un petit couinement pathétique lorsqu'il enfonça la grosse aiguille sous sa peau. Par réflexe elle tenta de retirer son membre, mais il la retint sans ménagement et elle ne put que regarder le liquide transparent disparaître dans ses veines.

La panique la prit lorsqu'elle réalisa que sa biche, qui avait à peine commencer à refaire surface, venait de se taire à nouveau. Qu'importe ce que contenait la seringue, elle annihilait son animal. Cette constatation la terrifia. Était-il possible que ce soit définitif ? elle ne voulait pas devenir humaine !

Le prisonnier derrière elle la poussa en avant et Nahila entra... dans un enfer comme ce n'était pas permis.

**********************************

Hello! j'espère que ce chapitre vous à plus, pour la première fois on à un point de vue de Tarik!

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez penser ;)

et je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau chapitre ^^

Kiss

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top