Chapitre 20.
Le vent sur sa peau humide était froid, mais Nahila ne s'en souciait pas. Elle courait, entièrement nue dans une forêt clairsemée pour fuir le prédateur qui voulait sa mort. C'était moins classe que de se battre, mais elle ne se faisait pas d'illusions : elle n'avait aucune chance contre Tarik.
Elle l'avait vue à l'œuvre bien trop de fois, sa manière d'achever ses ennemis... bon sang, il ne ferait qu'une bouchée d'elle. Alors elle courrait pour sa vie.
Elle ne l'entendait pas derrière elle, peut-être qu'il allait la laisser fuir et qu'ils ne se croiseraient plus jamais... où alors il la traquait comme une proie et attendait son heure pour lui bondir dessus toute griffe dehors.
Merde ! elle ne savait même pas où elle allait. Elle avait peur et elle rêvait de se blottir en boule dans un endroit chaud pour pleurer toute la douleur qu'elle avait vécue ces dernières semaines. Mais elle n'avait pas le temps. Nahila avait lutté de toutes ses forces pour ne pas supplier Tarik d'épargner sa vie, si elle devait mourir, ce serait avec honneur et après s'être battue de toutes ses forces.
Tarik ne la laisserait pas fuir.
Cette certitude la prit alors qu'elle trébuchait maladroitement sur une racine. Il fallait qu'elle se transforme, sa biche serait plus adroite, plus rapide.
Nahila tenta de déclencher la transformation. Mauvaise idée. Elle ressentit une douleur si vive dans tout son corps qu'elle dut s'appuyer contre un arbre pour retenir ses nausées, ça dura une bonne minute.
Entendant un bruissement derrière elle, elle se remit à courir, consciente qu'elle venait de perdre sa maigre avance sur le prédateur.
Ses pieds nus s'abîmaient sur les irrégularités du sol, mais elle n'avait pas le temps de s'en soucier. Nahila commit l'erreur de jeter un bref regard derrière elle, rien. Quand elle orienta de nouveau sa tête devant, pour ne pas se prendre un obstacle, Tarik surgit des arbres, trop proche pour qu'elle lui échappe.
Elle le percuta de plein fouet, cherchant déjà à se libérer de son emprise en se débattant alors que ses bras s'enroulaient autour de son corps et la soulevaient de terre. Sans grande difficulté, il lui attrapa les poignets pour l'empêcher de lui crever les yeux avec ses ongles et la plaqua contre un arbre, un bras autour de ses épaules pour préserver son dos déjà blesser par les coups de fouet.
— Tout doux, Nahila, bon sang ! je ne vais pas te tuer !
Elle rua, refusant de le croire avant de réaliser qu'elle frottait son corps – nue – contre les vêtements tendus de Tarik. Elle cessa de se battre bien trop consciente de l'effet clairement pas meurtrier qu'elle faisait au mâle.
— Bien, tu t'es décidé à être raisonnable.
Tarik lâcha prudemment les poignets de Nahila, conscient que sa petite guerrière pouvait bien essayer de le déchiqueter avec ses ongles d'humaine à tout moment. Mais elle n'en fit rien. Pressée entre son corps et l'arbre, les cuisses ouvertes par sa présence, elle était diablement sexy. À la fois furieuse et soumise à son bon vouloir, ce fut plus fort que lui.
Il l'embrassa.
La bouche de Nahila était chaude et soyeuse, ouverte et consentante lorsqu'il la pénétra de sa langue elle le laissa jouer avec la sienne, fondant contre son corps, s'emboitant parfaitement. Il ronronna de satisfaction en glissant un bras dans le creux de ses reins pour protéger son dos déjà blessé de l'écorce des arbres.
Elle était si douce, si chaud, bordel, il mourait d'envie de se glisser en elle et de la faire sangloter et gémir de plaisir.
Ce fut l'exacte raison pour laquelle il s'écarta d'elle d'un bon, la laissant pantelante contre l'arbre.
Il passa deux mains dans ses cheveux, son corps protestant vivement de son arrêt brutal. Bordel, mais quel connard ! Il se jetait sur elle comme un sauvage alors qu'elle était blessée, fatiguée, effrayée et qu'elle sortait peut-être des mains d'un homme qui l'avait violentée.
— Je ne t'ai pas trahi, Tarik...
La voix de Nahila la sortit de ses pensées et il se retourna vers elle. Les bras croisés sur sa poitrine, les cuisses serrées, elle protégeait sa nudité comme elle le pouvait. La peau avait séché durant sa course effrénée, mais ses mèches de cheveux étaient encore humides et laissaient couler quelques gouttes d'eau sur ses épaules et entre ses seins.
Connard, s'insulta-t-il en retirant son t-shirt.
— Je sais, tu vas me raconter tout ça, d'accord ? demanda-t-il avec douceur en lui passant le vêtement d'autorité.
Elle se laissa faire et son corps mince et doux fut entièrement couvert par le vêtement. Elle se détendit et Tarik sentit une étrange satisfaction de lui avoir apporté ce dont elle avait besoin.
— Tu me crois ? s'étonna-t-elle en triturant le bas du t-shirt.
— Je ne demande que ça, te croire, alors s'il te plaît, dis-moi la vérité, toute la vérité, même si elle est moche.
Nahila hocha la tête alors qu'il se laissait glisser en bas d'un arbre, conscient que ça prendrait du temps.
— Ces derniers jours, la drogue à déserté mon organisme et quelques souvenirs me sont revenus, complétant le puzzle de ce qui s'est passé et de comment j'en suis arrivé là, commença-t-elle en s'asseyant face à lui.
Elle s'enserra dans ses bras, comme si elle cherchait du réconfort et Tarik tendit d'instinct la main vers elle et comme si sa petite biche n'avait attendu que ça elle s'approcha. Elle s'assied sur ses talons, entre ses jambes, et lui prit la main.
— J'ai été enlevé il y a un peu plus d'une lune, en bordure de mon territoire. Je m'étais aventuré sous forme de biche à la recherche d'un pâturage plus calme et j'ai été surprise par un chasseur de changelins. Je n'ai pas eu le temps de m'enfuir il m'a tiré des fléchettes tranquillisantes. Quand je me suis réveillée, j'avais été vendu à Lord Arthus, il m'a fait une proposition.
Nahila s'interrompit pour lever les yeux et croisa son regard. Tarik sut que la suite n'allait pas lui plaire.
— Il a proposé de m'épouser, m'offrant une vie d'oisiveté et d'aisance, sans jamais être forcé au devoir conjugal... en échange, je devais séduire et faire parler un homme afin qu'il me révèle ses plans de rébellions.
Tarik serra les dents.
— Moi, devina-t-il.
Elle hocha la tête.
— Mais j'ai refusé, assura-t-elle rapidement avant de baisser les yeux. Pas parce que l'idée de trahir quelqu'un me révoltait, mais parce que je refusais de l'épouser, je voulais juste rentrer chez moi.
Tarik tendit la main pour saisir une mèche de cheveux brune et joua distraitement avec.
— Continue.
— J'ai encore du mal à me souvenir de la suite, mais je suppose qu'il m'a injecté cette drogue qui empêche ma biche de sortir et une autre pour flouter ma mémoire. Puis ils m'ont jetée dans la cellule d'un homme absolument terrifiant qui ma menacée de mort ! s'exclama-t-elle d'un air outré.
Tarik écarquilla les yeux.
— Quelle idée stupide ! s'amusa Tarik en tirant sur son bras pour l'inciter à venir s'installer à califourchon sur l'une de ses cuisses. J'espère qu'il ne t'a pas fait trop de mal.
— Il m'a d'abord fait très peur... mais après j'ai compris que c'était un protecteur, et je me suis senti en sécurité avec lui.
Tarik soupira, faisant voleter quelques mèches brunes de la jeune biche.
— Quelle idée stupide, répéta-t-il.
Elle hocha la tête, elle avait l'air si vulnérable, dans son grand t-shirt, ses mèches mouillées encadrant son visage doux.
— J'ai été emmené dans une grande pièce blanche à plusieurs reprises, et parfois ma mémoire me faisait défaut. Furieux de mon refus, Lord Arthus a décidé de faire une pierre de coup, comme j'avais survécu aux premières nuits dans la cellule du changelin prédateur, il y avait possibilité que mon innocence et ma fragilité le pousseraient à tenter de me protéger. Ainsi, le prédateur deviendrait vulnérable en ma présence, à mon insu je suis devenu une arme contre toi.
Nahila fit glisser ses doigts le long de la joue de Tarik, jusqu'à son cou puissant.
— Quand mes souvenirs me faisaient défaut, j'étais emmené dans une clinique où un médecin me faisait des examens, ils vérifiaient que j'étais fertile, et conscient que l'acte sexuel ne se provoquerait pas de lui-même, ils m'ont drogué et ont essayé de droguer le prédateur. Ils voulaient que je produise un bébé chimère, mi-proie, mi-prédateur pour en faire une arme insoupçonnable.
Tarik retint son souffle, il avait bien compris le principe de bébé chimère, mais outre la curiosité scientifique, il ne l'avait jamais abordé comme une possible arme. Voilà encore une preuve de sa naïveté face à l'esprit pervers des humains.
— Imagine un changelin que les autres prédateurs ne percevraient pas comme un prédateur et qu'ils sous-estimeraient comme une proie. Un changelin capable de s'introduire et de gagner la confiance de n'importe quelles meutes ou groupes de changelins, mais animé de l'instinct de tueur et pourvue de croc et de griffes.
— Les prédateurs, après s'être laissé prendre, cesseraient de faire confiance aux proies, ce serait une déchirure pour l'espèce, poursuivit Tarik. Mais comment as-tu su tout ça ?
— Lord Arthus aime parler lorsqu'il pense qu'il a gagné, marmonna-t-elle.
Tarik lui caressa doucement la mâchoire pour l'inciter à relever la tête.
— Poursuis.
— Un matin j'ai été emmenée dans une autre pièce que celle habituelle et j'ai rencontré Lord Arthus. Il m'a tout dit. Il a dit qu'il allait se servir de moi pour faire te faire parler, Tarik, et qu'à la fin, tu me haïrais. Il voulait te briser, je n'étais qu'un dommage collatéral. Quand je suis entrée dans cette pièce, je savais ce qui allait se produire, j'ai essayé de te prévenir, mais je ne pouvais pas parler ! je suis tellement désolée Tarik !
Nahila prit une profonde inspiration, tentant de refouler les larmes qui emplissaient ses yeux.
— Chuut, ne pleure pas, ma belle, tout va bien... consola Tarik en la serrant contre lui.
— J'ai essayé d'être forte, mais ça a fait si mal... et quand il est arrivé... je suis désolée !
Le poing de la panthère se serra de rage dans la chevelure douce de la jeune femme.
— Ce n'est pas de ta faute, Nahila, ce n'est pas de ta faute. Ce lui le monstre, tu n'y es pour rien, gronda-t-il tenté de trahir la promesse faite à Ethan quelques heures plus tôt et d'aller arracher la tête du loup sur le champ.
Nahila se redressa en prenant une profonde inspiration et essuya les traces laissées par ses larmes.
— Je comprends que tu puisses encore me détester de t'avoir forcé d'avouer vos plans.
— J'en veux à Lord Arthus de s'être servi de toi, pas à toi.
Elle sembla soulager et s'agita contre lui pour prendre une position plus confortable. Tarik serra les dents, essayant en vain d'empêcher son corps de réagir favorablement à la présence de la jeune biche. Heureusement elle ne sembla pas s'en rendre compte et poursuivit.
— Et puis le prédateur m'a sortie de la pièce et m'a emmenée dans une chambre.
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