Chapitre 6.
Des coups frappés à sa porte comme si quelqu'un cherchait à la sortir de ses gondes réveillèrent Cassandra en sursaut. La nuit avait été courte, trop courte, à vrai dire elle avait l'impression de n'avoir dormi que deux heures. Elle avait travaillé sur les plans de la chambre pour enfant et priait pour que Nikolai approuve. Une nuit pour faire des plans, c'était inhumain, mais Cassandra avait besoin de cet argent. En rentrant chez elle la veille, pied nu après avoir péter son talon dans la boue du chemin de terre, elle avait trouvé un avis d'expulsion placardé à la porte. Si elle ne payait pas son loyer en retard d'ici la fin de la semaine, elle serait à la rue et son propriétaire s'impatientait.
Sortant en grommelant de son lit, Cassandra se précipita vers la porte, priant pour que son propriétaire ne soit pas venu la mettre à la porte tout de suite.
— Je vous ai dit que je pay- oh.
Nikolai se tenait derrière la porte, son immense poing lever, comme pour l'abattre une nouvelle fois. C'était un miracle que la pauvre planche en bois ait survécu à ses assauts.
— Vous avez vu l'heure ? grogna-t-il.
Cassandra se fit la réflexion qu'il grognait, grondait ou grommelait tout le temps, elle n'était pas certaine qu'il sache s'exprimer autrement. L'humaine fit un pas en arrière pour pouvoir voir son horloge pendue au mur, et l'heure la fit sursauter.
— Il est sept heures du matin ! s'indigna-t-elle.
Quel genre de monstre réveillait les gens à une heure pareil ? C'était à peine si le soleil se levait, en ce début d'automne.
Nikolai s'introduisit chez elle sans sommation, l'air en rogne et elle fit quelques pas supplémentaires en arrière.
— Les plans sont prêts ?
— Oui, mais...
— Mettez vos chaussures.
— Mais...
— C'est ça ?
— Oui, mais...
Il ne l'écouta pas, attrapa la pochette cartonnée qui contenait ses plans, les fourra dans le sac sur le comptoir et l'attrapa par le bras.
— Mais...
— Silence.
Elle se tut, n'osant pas le contredire, il claqua la porte derrière lui, et Cassandra songea que son propriétaire allait être ravi de devoir lui ouvrir la porte quand elle reviendrait le soir même. Il la traînait derrière lui, et chaussée de chausson d'intérieur, Cassandra n'arrêtait pas de trébucher. Elle avait tellement de choses à lui dire, mais la menace grognonne qu'elle avait lue dans ses yeux quand il lui avait intimé le silence l'en empêcha.
Quand ils furent dehors, Nikolai du considérer qu'elle était trop lente et trop maladroite parce qu'il l'attrapa par son haut de pyjama et la jeta sur sa large épaule. Cassandra étouffa un grognement mécontent, mais il garda sa main sur son dos, respectant sa promesse de ne plus toucher ses chevilles, et l'emmena tout droit vers son territoire. À une heure si matinale, il n'y avait personne dans les rues, si ce n'est quelques badauds qui ne firent aucun commentaire en les voyant passer.
Désemparée, Cassandra ne put que se laisser porter. Elle s'endormit un instant, car quand elle se réveilla, Nikolai la secouait pour la remettre debout.
— Parfait, tu peux te mettre au travail, maintenant.
Étouffant un bâillement elle frissonna. Quand elle avait été contre lui, elle n'avait pas eu trop froid, mais maintenant qu'il l'avait posée sous le porche, elle priait pour que la cheminée de pierre à l'intérieur soit allumée.
Elle s'apprêtait à entrer lorsque Nahila sortit de la maison. La jeune femme qui l'avait sauvée des griffes de Nikolai, la vieille, se figea en la voyant. Elle la balayant du regard et fronça les sourcils, décontenancés.
— Pourquoi tu es en pyjama ?
Si Cassandra avait pu s'enterrer, elle l'aurait fait à cet instant. Rougissant jusqu'aux oreilles, elle baissa la tête vers son accoutrement, un pantalon et une chemise en tissus rêche et épais, son pyjama d'hiver.
— C'est que...
— Tu es en pyjama ? l'interrompis Nikolai.
Elle releva un regard surpris vers lui et il la détailla. Lentement. Cassandra dut prendre sur elle pour ne pas croiser les bras sous sa poitrine.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais en pyjama ?
— Tu ne m'en as pas laissé le temps ! s'indigna-t-elle face à son ton accusateur. Les cheveux en pétard, pas de maquillage, la trace de l'oreiller sur ma joue, l'heure, autant d'indices que tu aurais dû relever pour t'en rendre compte toi-même.
— Pourquoi tu ne dors pas nu ?
Cassandra glapit d'indignation. Cet homme était... c'était quoi d'ailleurs ? Un changelin, d'accord, mais de quelle race ?
— Ce... ce n'est pas une question que l'on pose à une dame !
Il leva les yeux au ciel, et Nahila gloussa discrètement.
— Viens, je vais te prêter des vêtements.
Cassandra s'abstint de lui dire qu'elle était plus petite et moins fine qu'elle, et que ses vêtements serait probablement trop petit, et la suivit diligemment jusqu'à une chambre encombrée de carton entrouvert, et sans le moindre meuble. Elle l'avait vu la veille, d'après Nikolai c'était un débarra.
— N'en veux pas trop à Nikolai, il n'est pas très bien élevé, je suis désolée qu'il t'ait tiré de chez toi si tôt.
Cassandra hocha la tête.
— Et toi, qu'est-ce qui t'a fait te lever à cette heure ?
Nahila lui sourit, d'un air doux, elle était magnifique.
— Je m'occupe des poules et des vaches, je ne sais pas si tu t'en es rendu compte, mais je suis une changeline biche, tout les autres changelins de la meute sont des prédateurs, alors je suis la seule à pouvoir m'occuper des animaux sans les terroriser.
Cassandra hocha la tête, se souvenant du réflexe de son cheval quand Enzo avait voulu s'en approcher. Ce jour-là, elle était sortie de chez elle sous le prétexte d'une promenade à cheval, mais en réalité, c'était pour retrouver l'homme qui faisait battre son cœur. Quand le loup était sorti du bosquet, son cheval s'était cabré de peur, et elle avait bien cru qu'elle en tomberait.
— Nikolai peut être effrayant, mais c'est lui qui a construit notre maison.
Elle prit un petit air attristé.
— Je crois, ajouta-t-elle. Que la décorer ne lui fait pas trop plaisir, je suis désolée que ça te retombe dessus. En plus, à cette période de l'année il est encore plus grognon que d'habitude.
— Pourquoi ? ne pût-elle pas s'empêcher de demander en se glissant derrière un paravent pour se changer.
La jupe était pourvue d'une ceinture élastique et lui arrivait à mi-mollet, mais la chemise était définitivement trop petite. Sa poitrine était tellement comprimée qu'elle craignait qu'un des boutons lâche, et elle ne put pas la refermer jusqu'en haut, tant la pression était forte. Super, une journée entière vêtue ainsi, ce serait un miracle qu'elle ne perdre pas un bouton. De plus, aucun soutien-gorge à l'horizon, ses tétons pointaient à travers le tissu, la faisant rougir.
— Oh, tu sais, à l'arrivée de l'hiver, les ours ne sont jamais très joyeux, surtout si on les empêche d'hiberner.
Un ours. Pourquoi ça lui semblait tellement logique ?
Cassandra se coiffa sommairement avec ses doigts et laissa ses boucles brunes tomber devant ses seins dans l'espoir d'en cacher le plus possible.
— J'ignore ce qu'il attend de moi, avoua-t-elle en sortant de derrière le paravent.
Il n'y avait aucune chaussure à sa taille, mais elle n'était pas censée avoir besoin de sortir ce jour-là, avec un peu de chance, Nikolai la ramènerait.
— Que tu décores cette maison en deux jours, gloussa Nahila. Ne le laisse pas t'intimider, et il finira par se lasser. Les ours sont des brutes, alors n'hésite pas à lui répondre.
Heureuse d'avoir eu ces informations, Cassandra hocha la tête et elles sortirent de la pièce. Mais lorsqu'elles arrivèrent dans le salon au rez-de-chaussée, elle s'aperçut qu'il y avait plusieurs autres hommes qui s'étaient réveillés entre temps et ils relevèrent la tête vers elle d'un seul et même mouvement prédateur.
Cassandra se figea, respirant à petite goulée, terrifiée à l'idée que son chemisier ne cède. L'un d'eux, aux cheveux brun clair et aux yeux vert pâle sembla humer l'air comme un animal avant de la clouer sur place du regard.
— Une humaine, souffla-t-il d'un ton clairement hostile.
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Oups, on dirait que c'est le début des problèmes !
J'espère que ce chapitre vous à plus ! moi il m'as fait bien marré ! Et je vous dit à la semaine prochaine !
Kiss
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