Chapitre 51.
Nikolai resta silencieux un long moment, mais cette fois-ci, Cassandra ne partit pas, ne le pressa pas. Elle resta blottie sur ses genoux, attendant qu'il veuille bien se confier. Quand il le fit, ce fut pourtant sur un tout autre sujet.
— Avec Emma, on voulait avoir des enfants.
Cassandra cilla, surprise. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle attendait.
— Ça faisait partie de nos projets, et quand j'ai cru l'avoir tué...
Elle devinait sans peine, mais elle le laissa terminer sa phrase.
— J'ai renoncé à ce projet, j'ai accepté de me faire enfermer, et j'ai accepté le Zoo. Ce que j'ai fait là-bas... ça me hantera tout ma vie, femme. Ce n'est pas glorieux, ce n'est pas beau, c'est une part de moi très sombre et je n'ai pas envie de remuer tout ça.
Cassandra pinça les lèvres.
— Je comprends, je suis désolée.
Contre toute attente, il poursuivit.
— J'étais l'un des meilleurs combattants, je n'avais pas peur de la mort, le seul à m'égaler c'était Tarik, et ils ne nous ont jamais mis l'un contre l'autre. Je pensais... je méritais d'être là-bas, mais je n'avais pas le droit de mourir, je pensais que je devais expier mes fautes, continuer de souffrir pour avoir tué Emma. Et puis, la punition est devenue une habitude, et l'habitude...
Il déglutit.
— Un plaisir, murmura-t-il si bas qu'elle crut ne pas bien entendre.
Nikolai avait l'air hanté par ses propres souvenirs, un air sombre qu'elle ne lui avait jamais vu. Avait-il... aimé être au Zoo ? Elle craignait de lui demander de découvrir que l'homme qu'elle aimait était peut-être plus sombre qu'elle le pensait. Pourrait-elle l'accepter ?
Oui, décida-t-elle. Oui elle le pouvait, mais à une condition.
— Tu aimais être là-bas ?
Il baissa la tête, soutint son regard.
— J'étais puissant, adulé, j'avais des avantages, j'étais assez bien traité pour me satisfaire de mon sort. Dehors, je n'étais rien, un meurtrier. Tu ne sais pas ce que ça fait, d'avoir le sang de quelqu'un sur les mains et d'entendre une foule clamer ton nom. J'y suis resté sept ans, parfois, je me réveil encore avec le goût du sang dans ma bouche.
— Non, je l'ignore, admit-elle. Tu y retournerais ? Si tu pouvais ?
Il lui semblait que le Zoo n'existait plus, détruit par une explosion et démanteler par le conseil changelin.
Nikolai mit un peu de temps à répondre et le cœur de Cassandra se comprima dans sa poitrine.
— Tu m'aurais posé la question il y a six mois, je t'aurais sans doute répondu oui.
Elle souffla doucement, comme pour extérioriser la douleur d'un coup de poing.
— Mais plus maintenant, et plus jamais.
— Parce que Emma n'est pas morte, finalement ?
— Parce que j'ai trouvé une bonne raison de vouloir vivre.
Les souvenirs du Zoo s'effaçaient. Nikolai pouvait encore goûter à l'impression que lui avait laissé les combats, les hurlements de la foule, l'adoration, mais il n'avait plus envie de le revivre. Ça avait commencé avec Cassandra. Depuis qu'il la connaissait, tout le reste, son passé, sa violence, tout ça n'avait plus d'importance. À ses côtés, il devenait un inoffensif ours en peluche, et il aimait ça.
Le fait qu'elle ne se soit pas enfuie après ses confessions était un plus, évidemment.
— Je peux comprends, tu sais... l'attention, l'adoration, l'adulation. J'ai eu tout ça en jouant les poupées parfaites pour le compte de mes parents et de la haute société. C'est dur de s'en défaire, quand on a été programmé pour agir d'une certaine façon... mais ont fini par y arriver.
— Je sais que j'y arriverais.
Pourvu que tu restes près de moi, ajouta-t-il en son for intérieur. Ils restèrent quelques minutes silencieux, l'un contre l'autre.
— Je ne sais pas où on va, toi et moi, avoua-t-elle à mi-voix.
— On pourrait reprendre là où on s'est arrêté, suggéra-t-il sans doute trop confiant.
Cassandra se raidit.
— Je peux pas.
Il entendait la douleur dans sa voix.
— Je suis désolée, Nikolai, mais j'ai trop donné. Je sais ce que ça coûte de jouer avec un changelin qui ne sait pas s'engager sérieusement, et je suis plus d'accords avec ça.
Ce n'était pas vraiment comme ça qu'il voulait lui annoncer, mais soit.
— Quand je t'ai quitté, après notre... semaine... je suis rentré dans ma grotte.
— Je sais, et tu as hiberné, je sais que ce n'est pas de ta faute.
— Ne me coupe pas la parole, femme, grogna-t-il et elle se tue. J'avais pour projet de récupérer mon matériel d'architecture. Parce que je veux m'engager avec toi, Cassandra A'Canda. Je voulais passer des heures sur les plans d'une maison que j'aurais construites de mes mains, pour toi. On l'aurait décoré ensemble. Elle aurait été assez proche de Jaykam pour que tu puisses y aller facilement, mais assez loin pour que tu y sois en sécurité. Il y aurait eux plusieurs chambres, une pour ton fils, d'autre pour nos amis et qui sait, notre famille.
Elle se respirait plus, ne dis plus rien, et il ne savait pas si c'était bon signe ou pas, mais il ne pouvait plus s'arrêter.
— Je t'aurais acheté un cheval qu'on aurait éduqué ensemble à ne pas me craindre pour que tu puisses remonter. Je t'aurais fait chaque matin un petit déjeuner à base de pancake et de miel. J'aurais cédé à chacun de tes caprices pour te rendre heureuse, parce que c'est ce qui m'aurait rendu heureux aussi.
Cassandra déglutit.
— Et maintenant ?
— Et maintenant, je ferais tout ça, et plus encore, si tu voulais bien m'accorder une seconde chance. Bon sang, femme, je t'ai voulu à l'instant où je t'ai vu, et mon ours t'a choisi le jour où je t'ai kidnappé chez toi, pour la première fois. Le kidnapping, c'est une affaire sérieuse, chez les ours...
Il voyait la réponse dans ses yeux, mais ce n'était pas suffisant.
— Mais il me semble que c'est d'usage, chez les humains, alors Cassandra A'Canda, épouse-moi.
Elle hoqueta de stupeur et les larmes lui brouillèrent la vue alors qu'elle hochait la tête.
— Oui.
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JE SUIS EMUE OK ?
Laissez moi une minute m'en remettre... pfff !
C'était le dernier chapitre de cette histoire. La prochaine fois qu'on se voit, c'est pour l'épilogue, si tout ce passe bien !
Allez on pleurs un coup ensemble !
Kiss
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