Chapitre 5.
L'odeur de sa peur réveilla l'ours de Nikolai, qui ronflait dans son esprit. Celui-ci jeta un coup d'œil à l'humaine terrorisée à travers les yeux de l'humain, il la jaugea avec intérêt. Il avait envie de la renifler. Sa réaction était curieuse, mais Nikolai ne s'y attarda pas, plus concentré sur le pouls qui battait follement à sa gorge et qui lui donnait envie de mordre. Nikolai n'aimait pas particulièrement terroriser les petites femmes fragiles, mais il n'arrivait pas à voir ce qui pouvait l'effrayer à ce point. Lui, de toute évidence, mais pourquoi avait-elle été si sage sur son épaule – légère comme une plume – pour avoir peur une fois qu'elle était libre de ses mouvements ?
Si elle avait eu peur sur son épaule, il l'aurait reposé. Il plissa les yeux en s'approchant encore, posant les mains de chaque côté d'elle, sur la barrière. Où était passée l'humaine qui l'avait rembarré, dans le restaurant, et qui lui avait tendu la main. Celle qui s'était indignée qu'il touche ses petites chevilles délicates. Elle semblait s'être envolée. Nikolai se demanda si elle réagirait avec colère s'il lui mordait l'oreille.
Il était à deux doigts de vérifier sa théorie, mais une empêcheuse de tourner en rond intervint.
— Éloigne-toi, Nikolai, tu vois bien que tu l'effraies !
Nikolai renifla en fusillant Nahila du regard. La petite biche avait appris à ne plus avoir peur d'eux, et maintenant elle se comportait comme une vraie petite cheffe. Nikolai ne lui dirait jamais qu'il était fier du choix de Tarik, Nahila était une battante, un excellent choix. Enfin, si elle avait eu le bon sens de ne pas tomber enceinte, ou de ne pas être une biche.
Nikolai s'écarta de l'humaine, qui sembla respirer plus librement maintenant qu'elle n'était plus seule avec lui. Alors c'était ça ? Il était presque vexé, comme s'il pouvait faire volontairement du mal à une femme incapable de se défendre... si encore elle avait eu l'air de pouvoir le battre, il lui aurait peut être cherché la bagarre, mais là il n'y avait aucun intérêt.
— Je ne toucherais plus tes chevilles, promit-il en lui laissant de l'espace.
Elle lui lança un regard tellement surpris qu'il ne résista pas à l'envie de tendre la main pour lui mettre une pichenette sur le front.
— Aïe !
— Arrête d'avoir peur, c'est insultant.
À cet instant Nahila les rejoignit sur le porche après avoir dû le contourner, et sourit doucement à Cassandra ce qui sembla l'apaiser.
— Ne fais pas attention à cet ours mal léché, il n'a aucune manière, mais il n'est pas méchant. C'est toi la décoratrice d'intérieur.
L'humaine hocha la tête en observant Nahila et Nikolai eut envie de tirer sur ses cheveux noir juste pour qu'elle reporte son attention sur lui. C'était lui le prédateur le plus dangereux des lieux, elle l'avait oublié ? Luttant contre ce désir absurde, il présenta la biche.
— C'est Nahlia, elle va avoir un enfant.
Les yeux de Cassandra s'illuminèrent, comme lorsqu'il lui avait parlé d'enfant au restaurant, ce qui le fit grogner. Pourquoi tout le monde avait l'air heureux quand on parlait d'enfant ?
— Félicitation.
— Merci, sourit Nahila. Ne te laisse pas marcher dessus par Nikolai, je suis sûr que tu vas faire un super travail.
— Je ne marche sur personne, grommela Nikolai de mauvaise foi. Tu ne veux pas lui faire visiter ?
Nahila lui lança un regard impatient.
— Non, je dois aller m'occuper des animaux, tu as dit que tu t'en occuperais.
Bien, il ne se débarrasserait pas de sitôt de son job de décorateur, apparemment. La poisse. Soupirant, l'ours ouvrit la porte, il l'avait construite sur mesure, pour qu'il n'ait pas à se baisser constamment à cause de sa haute stature, mais quand Cassandra la franchit, elle avait l'air ridiculement petite dans cet encadrement. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder du coin de l'œil à mesure qu'il lui montrait les différentes pièces. Appréciait-elle la disposition des fenêtres ? La taille, les cheminées ? Les différentes salles de bain ? Il avait créé cette maison de toute pièce, et c'était un projet qui lui avait particulièrement plu de réaliser. Mais à mesure qu'il lui montrait les lieux, elle avait l'air de moins en moins convaincue. Il termina par la pièce dédié aux enfants, à l'étage, côté cours intérieur, au centre de la maison, protégée.
— Un problème ? demanda-t-il lorsqu'elle grimaça.
Elle sursauta.
— C'est que... il n'y a pas de meuble ?
Elle avait l'air surprise. Pourquoi tout le monde voulait désespérément des meubles ?
— Non, marmonna-t-il.
Elle hocha la tête.
— D'accord, dit-elle sur un ton qui indiquait qu'elle n'était pas d'accord.
— C'est votre job, non ?
— Oui, mais... je vais devoir partir de zéro, si j'achète tous les meubles ça va vous coûter très cher, surtout vu la quantité de pièces !
— La priorité c'est la chambre des bébés.
— Des ? tique-t-elle.
— On a une autre femme enceinte.
— Oh.
Elle fronça les sourcils puis se confondit dans un silence. Nikolai ne pouvait pas s'empêcher d'en profiter pour admirer son profil, elle semblait jeune, peut-être vingt-cinq ans, et même avec ses cheveux un peu emmêlés par sa balade sur son épaule, elle était belle.
— Combien de temps ça te prendrait ?
Elle tapota sa lèvre inférieure du doigt, calculant certainement tout ce qu'elle aurait à faire.
— Il me faudrait quelques jours pour dessiner les plans, au moins pour la chambre, ça risque d'être long, puis il faudra que je commence à chercher puis à trouver les meubles, vous voulez du neuf ou de l'occasion ferait aussi l'affaire ? et puis quel est le budget ?
Qu'est-ce qu'il en savait ? Nikolai gronda en sourdine, agacé de devoir faire ce genre de choix.
— Comme tu veux.
Elle lui lança un regard surpris.
— Ce n'est pas tout à fait...
Il l'interrompit.
— Je t'ai engagé pour que tu fasses le travail à ma place, je te paie suffisamment cher pour que tu prennes ce genre de décision, débrouille-toi. Je veux les plans pour cette chambre demain matin.
Puis il tourna les talons. Voilà, il avait fait sa part.
— Quoi ? Attendez ! Vous ne pouvez pas me laisser ici, et puis demain matin ce n'est pas faisable.
— Débrouille toi, répéta-t-il en sortant de la maison comme s'il avait le diable aux trousses, ce qui n'était pas tout à fait faux.
Cette femme... elle allait lui causer des problèmes il en était persuadé. Son ours avait trop envie de se blottir sur ses genoux pour son propre bien.
— Demain matin, cria-t-il en s'enfonçant dans la forêt alors qu'elle s'arrêtait sous le porche.
Elle trouverait comment rentrer, il en était persuadé. Ou alors, elle se ferait croquer par un de ses camarades de meute et ne serait plus son problème.
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