Chapitre 48.

Les choses avaient changé en son absence. C'était évident, mais Nikolai ne s'était pas attendu que ça soit à ce point ! Et il ne parlait pas des cinq marmots – cinq ! on n'avait pas idée d'en faire autant d'un coup !

Déjà, Cassandra avait une chambre dans la grande Maison, celle qui lui avait toujours été réservée, mais qu'il n'avait jamais investie. Il n'avait que vaguement compris que sa meute l'avait invité à y vivre le temps des travaux, sauf que les travaux étaient terminés, et il se demandait si son humaine avec réalisé que la meute n'avait aucune intention de la laisser partir... c'était donc là le second point, certes, la dernière fois qu'il avait vu Tarik, avant que son ours n'émerge et décide d'hiberner, il lui avait demander de veiller sur Cassandra pour lui, mais tout de même ! L'adopter de façon si vicieuse tel le félin qu'il était, c'était inattendu. Et surtout, toute la meute, même Hunter, la traiter comme l'une des leurs. Là, il avait carrément raté des chapitres !

— Nikolai ! râla Cassandra. Je sais que tu me suis !

Hum, oups, il s'était laissé distraire et sa filature n'avait pas été aussi discrète qu'il le pensait. Sortant de la forêt pour la rejoindre sur le chemin, il prit son air arrogant à toute épreuve, celui qui disait « je suis dans mon bon droit » alors qu'il était en tort.

— Je ne voudrais pas que tu tentes de terrasser un autre ours en le prenant pour moi.

Cassandra s'empourpra et reprit son chemin.

— Ça n'arrivera pas, bonne journée.

Il la suivit dans un mot. Même s'il l'avait voulu, il ne pouvait pas s'éloigner d'elle, son ours le tannait pour qu'il garde un œil sur elle. Nikolai n'arrivait pas à lui faire entendre raison, alors à défaut de l'enrouler dans du coton pour la garder dans sa grotte, il la suivait.

— Nikolai, soupira Cassandra en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule. Tu ne sais même pas où je vais.

Il haussa les épaules, peut intéresser. Son ours exigeait qu'il la prenne dans ses bras pour la réimprégner de son odeur et lui donner de l'affection, se faire pardonner de son absence. Mais Nikolai avait bien compris, la veille, qu'il avait perdu ce privilège et que l'exiger ne serait pas efficace. Il allait falloir que Cassandra accepte de nouveau ses étreintes par elle-même, parce qu'elle en avait envie.

— Bon, si tu veux me suivre, marche au moins à côté de moi ! s'impatienta Cassandra.

Nikolai la rejoignit en trois pas et cala sa vitesse de marche sur la sienne, bien moins rapide. Il avait oublié à quel point Cassandra était lente avec ses petites jambes. Il avait envie de la porter pour aller plus vite, mais il savait qu'elle était trop contrariée pour entendre raison cette fois-ci. Peut-être que pour une fois, Nikolai allait devoir arrêter d'exiger, et se plier au rythme de Cassandra. Voilà qui lui ferait tout drôle.

Ils marchèrent en silence jusqu'à Jaykam. Nikolai se demandait où elle allait jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant un local. Une façade propre et vitrine qui permettait de voir l'intérieur : une sorte de salle d'attente spacieuse. Cassandra en débloqua la porte avec un trousseau de clés et entra, suivie de Nikolai.

— Où sommes-nous ?

Elle se retourna vers lui, se redressant de toute sa petite hauteur, les bras croisés.

— Dans mon agence de décoration d'intérieur.

Une douce chaleur fleurit dans la poitrine de Nikolai, et il savait désormais que c'était de la fierté, pour cette femme incroyable. Il esquissa un sourire.

— Je savais que tu pouvais le faire, tu as déjà des clients ?

— Ilgog, je travaille sur son appartement en ce moment, mais déjà plusieurs changelins sont venus me parler, notamment Fox, le frère de Lilith et sa compagne, ils ont besoin de chambre supplémentaire pour leur nombreuse progéniture.

Le bouche-à-oreille ferait le reste, surtout si elle comptait Ilgog dans ses clients. Le chef rat, qui dominait dans l'ombre une partie de Jaykam, savait tout. Il monnayait les informations comme personne, il parlerait sans doute du travail de Cassandra sans rien demander en retour. Et s'il ne le faisait pas, Nikolai s'assurerait qu'il change d'avis.

— Tu as été très rapide.

Cassandra haussa les épaules et se dirigea dans une arrière-salle où se trouvait un simple bureau avec de nombreux dessins.

— C'est long, deux mois. Les choses changent vite, tu le saurais si tu avais été là.

Le reproche sous-jacent ne lui échappa pas et Nikolai s'approcha avant de s'appuyer dans l'encadrement de la porte.

— Je ne voulais pas te laisser.

Elle se raidit, apparemment blessée.

— Mais tu l'as fait, murmura-t-elle.

— Laisse-moi m'expliquer.

Elle déglutit avant de se retourner vers lui, s'appuyant contre le bureau pour le regarder.

— Je suis curieuse de savoir quel genre d'excuse peut justifier de m'avoir abandonnée après t'être servie de moi pendant une semaine.

Nikolai eut l'impression de prendre une droite dans la mâchoire. La douleur de Cassandra transparaissait dans sa voix et la culpabilité l'étreignit.

— Aucune, je n'aurais jamais dû te laisser, mais je n'ai pas eu le choix.

Elle eut un ricanement amer.

— Oui, c'est un peu facile tu ne crois pas ?

Passant une main dans ses cheveux, il essaya de se donner du courage en observant la pièce, mais elle était relativement dénuée et rien ne permettait d'accrocher son regard, pas même une fenêtre.

— Quand je t'ai quitté, à Jaykam, je n'avais pas l'intention de ne plus reparaître. Je suis rentré chez moi pour...

Mais ce n'était pas important.

— Il y avait ton odeur partout, sur les draps, dans la salle de bain, vraiment partout.

— Alors ça va être ma faute, s'étrangla-t-elle les larmes aux yeux.

Elle les retenait courageusement, et Nikolai eut envie de se rapprocher pour l'étreindre et la consoler.

— Non. Bien sûr que non. Seulement, mon ours en sentant ça... a pris le contrôle, et m'a forcé à hiberner.

— Je croyais que tu n'hibernais plus.

— Je le croyais aussi. Il faut croire que te sentir partout dans ma tanière a satisfait mon animal suffisamment pour qu'il daigne enfin hiberner tout l'hiver. Je suis désolé, Cassandra, je ne voulais pas te faire de peine.

Cassandra haussa les épaules en détournant le regard.

— Mais tu m'en as fait, et je ne sais pas comment tu peux réparer ça.

Lui non plus. Dommage qu'il n'existe pas de petit guide de l'humaine pour savoir quoi faire dans ce genre de situation.

Nikolai avait gardé un œil sur Cassandra toute la journée, bien qu'elle l'ait renvoyé dans la salle d'attente pour qu'il ne l'embête pas. Elle ne lui avait presque pas parlé, et l'avait fusillé du regard lorsqu'il était revenu dans son bureau avec de la nourriture. Mais elle avait mangé. Nikolai avait beau savoir qu'elle ignorait sans doute la portée de ce geste, son ours, lui, s'en enorgueillit.

Puis quand elle quitta son agence, il la suivit encore, bien qu'elle ne dise rien. Arrivé à la Grande Maison, l'ours de Nikolai consentit enfin à relâcher son attention. Même s'il conservait un œil sur elle, il la savait en sécurité au milieu des siens.

— Tu ne la mérites pas.

Nikolai releva la tête vers Hunter, qui s'était fendu de ce commentaire non avenue.

— Tiens donc, c'est ta meilleure amie, maintenant ? Je croyais que tu détestais tous les humains ?

— Cassandra n'est pas une humaine, c'est un membre de la meute.

— Elle est au courant ?

— Elle ne finira bien pas l'accepter.

Foutu félin, quand Cassandra s'en rendrait compte, ce serait trop tard. Il aurait peut-être dû le lui dire... il ne le ferait pas. Parce que lui aussi, il voulait la garder auprès de lui.

Il la chercha du regard et la vie revenir dans l'enceinte du campement avec son marmot. Tiens, c'est vrai, il avait grandi aussi.

— Je me fiche de ce que tu penses, Hunter. Cassandra est à moi. Je te déconseille de te mettre au travers de mon chemin.

Hunter ne répondit rien et Nikolai se dirigea vers Raphaël. Celui-ci, en le voyant, eu un sursaut vers lui qu'il contint avant de croiser les bras avec un air d'enfant jouant à l'adulte.

— Salut, monsieur Raphaël, fit Nikolai en s'accroupissant devant lui.

Il gonfla les joues, les bras croisés.

— Je m'appelle juste Raphaël ! bouda-t-il.

Hum, il n'avait pas l'air content.

— Bah alors, on est plus copain ?

L'enfant lui lança un regard parfaitement outré qui ressemblait beaucoup à celui de sa mère.

— Non ! T'es un méchant ! Tu as fait pleurer ma maman !

Et sur ce cri du cœur, il lui tira la langue et partie en courant. Ah... voilà qui allait lui compliquer la tâche.

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Hello mes louveteaux !

Navrée pour le petit retard de ce chapitre ! J'espère qu'il vous aura tout de même plus !

Et à la semaine prochaine !

Kiss

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