Chapitre 46.

Un panier tressé calé contre la hanche, Cassandra sauta par dessus une racine qui dépassait du chemin. C'était le début de la matinée et le soleil projetait des ombres et des lumières sur le sol de la forêt à travers les branches d'arbre bourgeonnantes. L'hiver avait finalement laissé place au printemps. Deux mois déjà, comme le temps passait vite ! En même temps, elle avait été bien occupée, entre les cinq bambins de Lilith et Hunter et son nouveau travail, elle n'avait presque pas eu de temps pour penser.

Cassandra se pencha en apercevant un buisson gorgé des premières baies de l'année. Elle ramassa celle sur les plus hautes branches quand un bruit dans les fourrées lui fit relever la tête. Hum, quel félin curieux venait l'embêter cette fois ? Malgré le temps qui s'était écoulé depuis qu'elle avait emménagé dans la meute, elle n'avait pas encore trouvé comment les empêcher de venir ronronner sur ses jupes, c'était un mystère qui resterait entier, même si la supposition de son ascendance génétique restait la plus probable. Et après quelques tests avec d'autres changelins, seuls ceux ayant un traumatisme irrésolu étaient sensibles à sa présence. Probablement une réminiscence d'un vieux don de son ancêtre. Enfin, pas que ça gênait vraiment Cassandra, en fait c'était plutôt agréable de faire des câlins aux changelins, ils étaient tellement doux !

— Sort de là, je t'ai entendu, cria-t-elle en se relevant.

Sauf que ce ne fut pas un membre de la meute qui sortit, mais un animal plus vu depuis longtemps. Le cœur de Cassandra tomba à ses pieds pour se fracturer. Un énorme ours brun apparut, amaigri par l'hiver, mais néanmoins bien réveillé.

— Nikolai, murmura-t-elle.

Son premier réflexe fut de faire un pas vers lui, puis elle se souvint de la douleur, encore vive, et elle s'interrompit. Oh non, ça n'allait pas se passer comme ça, il ne pouvait pas disparaître deux mois et reparaître comme une fleur !

Posant les mains sur ses hanches, elle prit l'air intransigeant qu'elle réservait à Raphaël quand il faisait de grosses bêtises.

— Va-t'en, je ne veux pas te voir !

L'ours émit un bruit proche du grognement.

— Je m'en fiche, Nikolai ! T'avais l'air vachement occupé cet hiver, alors n'hésite pas à aller loin continuer ce que tu faisais !

Elle fit un geste des mains vers lui, comme pour le chasser et l'animal recula un instant, avant de faire un pas en avant.

— Non ! les câlins c'est que pour les ours sages ! Oust !

L'hésitation de Nikolai sembla disparaître avec ce dernier mot et il rugit contre elle, mais Cassandra ne céda pas. Droite comme un pique, le cœur battant à tout rompre, elle ne bougea pas.

— Je n'ai pas peur de toi, espèce d'ours mal léché ! On avait déjà tablé sur ça avant que tu te fasses la malle comme le sale lâche que tu es !

Elle avait élevé la voix sans s'en apercevoir et ça ne lui plus pas, car il se remit à rugir et se dressa, menaçant, sur ses pattes arrière.

— L'intimidation marche plus sur moi, rugit tout ce que tu veux j'en ai rien à faire !

Il retomba sur ses pattes avant et fit mine de charger, mais Cassandra ne bougea pas. C'était Nikolai, il ne lui ferait pas de mal.

Deux mains s'enroulèrent autour de ses hanches par derrière et ses pieds quittèrent terre alors qu'un rugissement terrifiant se faisait entendre. L'ours en face d'elle s'arrêta avant de l'atteindre, rugi encore, mais face à la puissance de l'autre, il céda et fuit dans la forêt sans demander son reste. Tétanisée, Cassandra ne respirait plus. En fait, elle n'était même pas sûre que son cœur battait encore, lorsque les mains la reposèrent à terre, heureusement sans la lâcher. Elle avait plus de jambes, elle allait tomber s'il la lâchait.

Il ne lui avait fallu qu'une seconde pour reconnaître l'homme qui l'avait soulevé, et il ne fit pas mystère de son identité puisqu'il la tourna vers lui. Nikolai la dévisageait d'un air si féroce qu'elle ne put que souffler lentement sans réussir à reprendre son souffle.

— Putain, femme, mais je peux savoir à quoi tu joues ?

Cassandra aurait volontiers répondu, mais elle venait de réaliser qu'elle avait défié un ours sauvage et elle ne retrouvait plus sa voix. Nikolai avait... changé. Il avait une grosse barbe vraiment mal entretenue, ses cheveux avaient poussé, il avait maigri, mais il restait toujours aussi fort, c'était comme si la graisse qui faisait de lui un gros nounours avait fondu pendant l'hiver, ne dévoilant qu'un homme immense et sec et terrifiant.

Mais pas assez pour empêcher Cassandra de lui mettre une claque. Sa main atterrit sur son torse, un peu trop petite pour atteindre sa joue, mais toute la force qu'elle voulut y mettre avait été soufflée par l'expérience de mort imminente qu'elle venait de vivre.

Il leva un sourcil, l'air de se demander si elle venait d'essayer de l'attaquer.

— Tu m'as vraiment pris pour cet ours ? C'est super vexant, je suis un grizzli moi, madame, ça, c'était un ours kodiak.

Cassandra supposait qu'elle aurait dû connaître la différence, mais pour elle, un ours, c'était un ours, et pour sa défense, il était brun, comme Nikolai.

— Lâche-moi.

Cassandra aurait aimé que ces mots claquent dans l'air comme un ordre, mais en réalité ce fut à peine un filet de voix et quand il obéit elle tomba comme une poupée de chiffon désarticuler. On repassera pour la confrontation pleine de colère qu'elle s'était imaginée mille fois. Elle avait dépensé tout son courage face à l'ours et là elle se remettait du choc. Ses dents se mirent à claquer et elle fut prise d'un irrépressible frisson qui la secoua depuis le milieu de son corps. L'air furieux de Nikolai se mua en douceur et il s'agenouilla devant elle.

— Eh, femme, tout va bien, je ne l'aurais pas laissé te faire de mal.

Cassandra hyperventilait maintenant, et sa gorge serrée l'empêchait de déglutir.

— J'ai cru que c'était toi ! cria-elle, hystérique.

— J'ai entendu ça ! Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie.

— Comment tu as su que j'étais en danger ?

Il ouvrit puis ferma la bouche avant de hausser les épaules.

— Je le savais, c'est tout, ça m'a réveillé en sursaut et je t'ai retrouvé.

— Réveillé ? ça fait deux mois que je me fais un sang d'encre et toi tu faisais la sieste tranquillement ?

Plus elle parlait, et plus sa voix montait dans les aiguës.

— Pas tout à fait, j'hibernais, femme ! C'est ce que font les ours en hiver !

— Alors tu m'as menti ?

— Quoi, non ! Oh bon sang, femme, tu ne vas pas rester là, aller on rentre.

Il tendit les mains vers elle et la remit debout. Cassandra s'écarta de lui, et elle parvint à réaffirmer ses jambes.

— Moi je rentre, je n'ai rien à te dire.

Attrapant son panier à moitié vidé sur le sol de la forêt, Cassandra tourna les talons pour retourner à la grande maison.

— Femme, l'ours rôde peut-être encore...

Cassandra fit demi-tour sans réfléchir, revint près de lui et lui agrippa le bras.

— Raccompagne-moi. Mais uniquement parce que j'ai failli mourir à cause de toi.

— Presque certains de t'avoir sauvé la vie.

— Avance, ours.

— À tes ordres, femme.

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IL EST VIVAAANT !

X) bon, moi je le savais jpp, certains d'entre vous l'avais devinez félicitation ! C'est le grand retour de Nikolai ! Sur une scène bien inspirée, ceux qui savent, savent X)

J'espère que ce chapitre vous aura plus ! On approche peu à peu de la fin, mais ils sont pas au bout de leur peine, je le crains.

Je sais plus si je l'ai dit, mais ce livre n'est définitivement plus une Novella mdr :') c'est clairement un roman maintenant. Autant pour les "petite histoire courte et sans prise de tête" que devait être cette séries X)

Kiss




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