Chapitre 45

Cinq bébés, quand on avait que quatre berceaux, c'était toute une organisation. Il avait fallu d'urgence en racheter un, ainsi que beaucoup plus d'affaires de bébé que prévu. Heureusement, la meute avait des fonds, apparemment Nash était un petit génie de la finance, et avait su faire fructifier leur argent durement gagné et mis en commun. Cassandra avait quand même donné toutes les affaires de Raphaël dont il ne se servait plus, mais ce n'était pas suffisant pour cinq bouts de chou.

Maya était restée quelques jours, son compagnon n'était pas autorisé sur le territoire, mais il lui avait apporté un sac de vêtements. Elle était là pour s'assurer que les nouveau-nés allaient bien et que Lilith se remettait de son accouchement. Pour l'instant, rien à signaler, si ce n'est que Hunter avait enfin cesser de se comporter comme un connard. En fait, leur relation s'était grandement améliorée. Il écoutait ce qu'elle disait pour s'occuper des enfants, elle lui avait montré comment leur tenir la tête pour leur donner le biberon. Ils n'étaient pas trop d'une dizaine pour s'occuper de tous ces bouts de chou, qui allait bientôt se mettre à pleurer la nuit, sans doute tous en même temps, ça promettait d'être amusant...

Ça rappelait à Cassandra ses propres débuts – plutôt désastreux – en tant que mère. Un bébé blotti entre ses seins pendant qu'elle lui donnait le biberon, elle se demandait ce qui se serait passé si elle avait fait un enfant dans de bonnes conditions. Avec une famille pour la soutenir, de l'argent pour être à l'aise, avoir de quoi manger et pour lui, et pour elle. Elle aurait sans doute mieux profité des premiers mois de Raphaël, au lieu de toujours s'inquiéter pour le lendemain d'être tout le temps fatigué. Avant de retrouver Enzo et d'obtenir son aide, la seule chose qui lui avait permis de se lever chaque matin, c'était son fils. Même au fond du trou, affamée, sans argent et possibilité d'en avoir, elle s'était battue pour son fils.

Elle pressa son nez dans le duvet roux sur la tête de la petite Harmonie tétant avidement son biberon, inspirant sa douce odeur de bébé. Même si ce n'était pas son enfant, Cassandra n'allait pas se gêner pour s'en occuper autant que le lui permettrait la meute. Jusqu'à ce qu'elle ait fini d'organiser la Grande Maison et qu'elle doive repartir. Elle allait devoir réorganiser la chambre des bébés, peut être en faire une deuxième, pour les futurs enfants, elle avait encore pas mal de travail, même s'il était mis en pause le temps que chacun retrouve son rythme. Les membres de la meute lui avaient déjà assuré leur aide quand elle s'y remettrait. C'était curieux cette sensation d'être... a sa place, tout en ayant l'impression qu'il manquait quelque chose. Quelqu'un.

Cassandra poussa un gros soupire, attirant l'attention de Maya qui descendait les escaliers, apparemment prête à partir. Elle se leva pour la saluer et alla jusqu'à la porte avec elle.

— J'ai été ravie de te rencontrer, Cassandra, ce que disait Raphaël de toi était vrai, tu es une femme exceptionnelle.

Cassandra sentit ses joues chauffer de plaisir à l'idée que son fils ait parlé d'elle dans sa meute. Cependant, c'était son fils, et si lui il la trouvait exceptionnelle, elle n'avait pas dû l'être assez pour Nikolaï. Secouant la tête pour chasser cette pensée intrusive comme elle en avait cent par jours, elle sourit.

— Comme toutes les femmes, je fais ce que je peux.

Maya tendit la main pour caresser la petite tête d'Harmonie qui s'était endormie.

— Est-ce que je peux te poser une question indiscrète ?

Cassandra pencha la tête sur le côté.

— Pose toujours.

— Pourquoi n'as-tu jamais fait de deuxième enfant ?

Les épaules de Cassandra s'affaissèrent. Elle avait passé sept ans à enfouir en elle son désir d'enfanter à nouveau, mais avec l'arrivée des quintuplés, elle n'arrivait plus à ignorer qu'elle désirait plus que tout un second enfant. Et ça faisait mal.

— Le médecin qui s'est occupé de moi a... joué avec mes ovaires, je ne peux plus enfanter.

L'air hanté que prix Maya tordit l'estomac de Cassandra. Elle n'était pas certaine de ce qu'il lui avait fait, elle n'avait jamais pu poser la question et aller voir un gynécologue après ce qu'elle avait vécu... elle y avait souvent songé, ne jamais oser sauter le pas. Le traumatisme l'avait systématiquement figée sur place.

— Je suis désolée, je comprends ta peine, murmura Maya.

Elles restèrent un instant dans un silence qui ne nécessitait aucun mot, deux femmes portant le même fardeau. Puis Maya esquissa un mouvement vers la sortie, mais son expression changea, ses yeux s'éteignirent et elle pencha la tête sur le côté. Cassandra frissonna, ayant le sentiment que, tout à coup, une troisième personne invisible s'était jointe à elles. Maya donnait l'impression qu'on lui chuchotait quelque chose à l'oreille. Ça ne dura qu'une seconde et la grande brune cilla avant de sourire à Cassandra d'un air étrange.

— Je peux savoir ce qui t'empêche de faire un enfant, précisément ?

Cassandra fronça les sourcils, plus perplexe que heurter. Elle avait entendu dire que Maya était une sorcière, et après l'avoir vue s'occuper de Lilith, elle n'en doutait pas une seconde. Peut-être qu'elle savait des choses qu'elle-même ignorait.

— Ils m'ont posé un stérilet en cuivre, pourquoi ?

Le sourire de Maya s'agrandit tellement qu'elle sembla rayonner.

— Alors je peux faire quelque chose pour toi. Si tu veux faire d'autre enfant. Le stérilet en cuivre n'est pas une contraception irréversible.

Cassandra vacilla alors qu'une vague d'émotion se brisait en elle. Elle expira avec le sentiment de ne plus réussir à respirer pendant quelque seconde, et ce fut les pleurs stridents d'Harmonie qui l'empêchèrent de faire une crise de panique.

— Pourquoi je n'ai jamais été mise au courant de ça ! souffla-t-elle d'une voix trop aiguë.

Pourquoi personne ne lui avait jamais appris à faire des enfants ? À se protéger ? Ne lui avait parlé de contraception, de sexe, de consentement ? Pourquoi les autres femmes – elle pensait à sa mère – L'avaient tenu à l'écart de la connaissance de son propre corps ?

C'était tellement injuste.

Maya la guida jusqu'au canapé et s'assied à côté d'elle en lui caressant les cheveux.

— On va discuter un peu, toutes les deux. Aucune femme ne devrait rester dans l'ignorance de son propre corps. Et aucune femme ne devrait subir le savoir ou la méconnaissance des hommes sur le sujet, les deux peuvent être dévastateurs.

Cassandra hocha difficilement la tête, une fois. Plus jamais ignorante.

***********************************************

Hello mes louveteaux !

J'admets c'est pas le chapitre le plus fun que j'ai eu à écrire, je m'en excuses, il à sont importance, pour commencer la clôture des intrigues (funfact cet novela fait la taille d'un roman mdr donc j'ai pas mal d'intrigue secondaire à clôturer)

J'aime quand même bien cette scène, j'écris pas assez de scène de sororité entre mes personnages féminins ! J'espère que vous l'avait apprécier aussi, même un peu.

Mais rassurez vous, dans le prochain chapitre, ça va swinguer !

Kiss



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top