Chapitre 23.
Cassandra pesta sur la tête dure de Nikolai en trébuchant sur une racine, se faisant mal aux orteils. Ce qu'il ne lui faisait pas faire, cet ours mal léché, ça faisait bien vingt minutes qu'elle piétinait dans la boue et il faisait de plus en plus froid.
— Nikolai, je te jure que si tu ne sors pas de ta cachette je...
Un ours apparut. Cassandra se figea, sa diatribe mourant sur ses lèvres.
— Nikolai ?
L'ours grogna, montra les dents en s'approchant. Cassandra prit une profonde inspiration.
— Retransforme-toi, Nikolai, il faut qu'on parle.
L'ours grogna de plus belle, menaçant, et Cassandra songea qu'elle aurait peut-être dû penser à une façon de lutter contre un ours en colère. Mais refusant de laisser la peur dicter sa conduite, elle resta bien en place malgré son cœur qui battait des records de vitesse.
Si elle mourait maintenant, son fils serait avec son père. Qu'est-ce qu'il lui dirait pour expliquer ça ? Ta maman était trop idiote pour s'abstenir de confronter un ours très dangereux du coup elle est morte ? Quelle tristesse. Est-ce que Enzo prendrait la peine de se venger si Nikolai la mangeait ? Cassandra n'en avait pas la moindre idée, car si Enzo l'avait à une époque aimé à en mourir, il était très clair que ce n'était plus le cas.
— Nikolai, ne fais pas l'enfant, ajouta-t-elle en prenant une voix aussi ferme que possible compte tenu de la situation.
Sauf qu'au lieu de se montrer raisonnable, l'ours s'obstina, se dressa sur ses pattes arrière et rugie de plus belle. Le cœur de Cassandra se coinça dans sa gorge. Et si ce n'était pas Nikolai ? Non, ça devait être lui. Qu'avait-il dit, déjà ? Que si c'était un ours sauvage, elle serait morte avant de l'apercevoir ? Il essayait juste de l'intimider, elle en était persuadée.
Se calant sur ses jambes, elle posa les mains sur les hanches, comme pour gronder un enfant, faisant preuve de toute l'audace qu'elle possédait.
— Nikolai, ça suffit !
Elle avait presque crié ces derniers mots, et elle sut qu'une pointe de panique avait traversé sa voix. Mais seul un idiot n'aurait pas peur de l'ours de plus de deux mètres qui se dressait, menaçant, devant elle. Et qui s'avançait désormais, continuant de rugir. Si la peur de l'avait pas tétanisé sur place, Cassandra aurait sans doute reculé, mais elle ne le pouvait tout simplement pas. Elle ne pouvait qu'espérer que ce qui contrariait Nikolai ne le pousserait par à lui assener un coup de patte dévastateur. Elle voyait les énormes griffes qui dépassaient de ses pattes de grizzly, et elle savait qu'il pouvait l'ouvrir en deux sans problème avec.
L'animal s'approcha... et retomba sur elle. N'importe qui aurait probablement fermé les yeux, mais pas Cassandra, elle les garda grand ouverts comme pour contempler la mort qui allait s'abattre.
Seulement, quand son dos percuta un arbre, juste derrière, ce fut avec douceur, une main fermement accrochée à sa hanche la guidant dans le mouvement, l'autre entourait son cou, le pouce sur son menton, l'empêchant de bouger.
Haletante, Cassandra s'aperçut que jusqu'à la dernière minute, elle n'avait pas été certaine de s'adresser à Nikolai.
— J'ignore, commença-t-il d'une voix plus grave qu'à l'accoutumée. Si tu es très courageuse, ou très stupide, femme.
Poussant un petit soupire soulager, elle peina à retrouver sa voix.
— Parfois je penche sur la seconde option, vous en avez mis du temps à vous retransformer.
Il plissa les yeux, leur visage si proche qu'elle pouvait sentit son souffle sur ses lèvres, lui aussi respirait vite. Sa barbe avait poussé et mangeait presque la moitié de son visage, lui donnant l'air encore plus sauvage que d'habitude.
— Je voulais que tu t'enfuies, je ne voulais pas te parler, mais tu es une petite femme très obstinée.
Cassandra pinça les lèvres, lui lançant son regard le plus hautain, l'obstination était un de ses traits de caractère préféré. On n'obtenait rien en baissant les bras à la première occasion.
— Je ne me suis pas enfui, dit-elle alors que c'était une évidence.
Il ne parut pas content.
— En effet. Parle, femme, puisque tu voulais absolument parler, je t'écoute.
Cassandra ouvrit la bouche... Et oublia ce qu'elle voulait dire. Il était si proche, et sa main sur sa hanche la brûlait comme si elle ne portait rien, l'autre autour de sa gorge la perturbait. Elle avait l'impression qu'il apprêtait à l'embrasser, son regard se perdait sur ses lèvres entrouvertes et remontait sur son visage, avec une telle intensité qu'elle se sentait démunie. Et surtout, il lui était venu à l'esprit qu'il était nu. Elle n'y connaissait pas autant en changelin qu'elle l'aurait voulu, mais elle savait qu'après une transformation, ils ne portaient pas de vêtement. Elle l'avait constaté avec Enzo, quand elle lui demandait de se transformer pour elle, parce qu'elle aimait voir son loup.
Elle ne sut trop pourquoi, elle tenta de baisser la tête, mais le pouce de l'homme s'enfonça dans son menton la forçant à garder la tête droite.
— Je serais toi, sourit-il d'un air moqueur, je ne baisserais pas les yeux.
— Vous êtes nu.
Apparemment, elle avait perdu sa capacité à dire autre chose que des évidences.
— Oui, et pas que.
Elle fronça les sourcils sans comprendre.
— Je... est-ce que vous pouvez vous habiller ?
Il parut réellement hésiter, puis sa main quitta sa hanche pour se poser sur son visage, au niveau de ses yeux.
— Ferme les yeux, ordonna-t-il.
Cassandra obéit avant même de réaliser qu'elle devenait alors très vulnérable.
— Garde les fermés, femmes.
Elle le sentit se détacher de l'elle et un grand froid l'envahis. Elle s'enserra dans ses propres bras alors que les pas s'éloignèrent. Et elle se retrouva de nouveau seule.
Quand Nikolai revint, après avoir enfilé en vitesse un pantalon qu'il avait, heureusement, laisser non loin de là, Cassandra était telle qu'il l'avait laissé. Quelle obéissante petite femme, elle était contre l'arbre ses jolis yeux de miel fermé, vulnérable, confiante. Elle savait qu'il ne laisserait rien ni personne lui faire de mal. Il eut envie de l'embrasser.
— Ouvre les yeux, dit-il en lui caressant la joue.
Elle avait été si belle, dressée face à lui alors qu'il lui rugissait dessus, une vraie guerrière cachée derrière un air si fragile. Il aurait pu lui faire l'amour à même le tronc d'arbre tant ça l'avait excité. Mais il avait alors songé que Cassandra n'était pas ce genre de femme. Non, elle était plutôt du genre à apprécier le sexe dans un lit chaud et moelleux avec un feu non loin, et un homme qui la baiserait avec douceur. Nikolai était beaucoup trop brute pour elle, il la préférerait à quatre pattes bien cambrée, gémissante sous ses coups de boutoir. Avec ses grandes mains, il lui ferait certainement mal, même sans le vouloir.
Il avait essayé de chasser la petite humaine de ses pensées, l'avait évité, et la voilà qui venait le chercher jusque dans la forêt pour le tourmenter. Elle n'avait aucune pitié.
— Vous n'êtes pas habillé ! s'indigna-t-elle en ouvrant les yeux.
— J'ai mis un pantalon.
Elle ouvrit la bouche, ne trouvant apparemment pas un pantalon suffisant, mais quand elle baissa les yeux, il lui tira les cheveux pour qu'elle reste concentrée sur son visage. Tout ce qui se passait sous sa ceinture était zone interdite pour elle. Parce qu'il avait désormais très envie de la mettre à genoux, et ce n'était pas le moment.
— Parle, femme, je me lasse, que me voulais-tu ?
— Oh, oui.
Puis elle prit un air accusateur.
— Vous m'avez abandonné en plein milieu du projet !
Nikolai pinça les lèvres.
— C'est toi la décoratrice, moi je suis le client, rappela-t-il.
— Oui, mais je n'ai pas d'équipe, je n'ai personne et ça prend beaucoup trop de temps d'attendre patiemment que vous daignez déplacer les meubles parce qu'ils sont trop lourds pour moi, à ce rythme je ne finirais jamais à temps, et je ne peux pas passer autant de temps sur un projet, et vous m'aviez dit que vous m'aideriez.
Nikolai l'avait dit, il ne pensait juste pas qu'elle s'en souviendrait. Zut.
— C'est juste ça ?
Elle s'empourpra joliment.
— Euh... n-non, c'est juste... j'ai été blessée que vous disparaissiez du jour au lendemain, je pensais que nous étions ami, même un peu...
Nikolai songea que Cassandra devait être une amie formidable, il n'en connaissait pas beaucoup prête à affronter un ours pour faire valoir son point de vue. Cependant, il n'avait pas envie d'être « juste » son ami. Et ce qu'il désirait d'elle... il n'en avait pas le droit. Plus jamais ça.
— Nous ne sommes pas amis, dit-il d'un ton glacial.
Il vit dans son regard qu'il l'avait blessée.
— Mais je reviendrais travailler,j'avais juste des choses à faire. Rentrons maintenant, avant que tes pieds ne gèlent.
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Hey ! et voilà la petite confrontation, la première mais croyez moi, certainement pas la dernière entre nos deux protagonistes !
J'espère que ce chapitre vous aura plus et je vous dis à la prochaine !
Kiss
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