Chapitre 17.
La brûlure de l'humiliation empourprait les joues de Cassandra. Elle avait été idiote de penser que sous prétexte qu'ils n'étaient pas humains, ils seraient plus évolués. Elle avait dû faire face, seule, au jugement et au mépris de tous ceux qui estimait avoir leur mot à dire sur comment une femme devait gérer sa vie. Elle savait bien à quel point le monde était cruel.
La main refermée sur celle de son fils, qui ne semblait pas comprendre la tension ambiante, elle fit mine de contourner Nikolai pour s'en aller. Cassandra avait besoin de ce travail, mais pas au point d'être ainsi méprisé. Elle trouverait autre chose, s'il le fallait.
L'immense main de Nikolai se posa sur sa tête, son front et ses yeux, l'interrompant.
— Comment s'appelle le père de ton enfant.
Cassandra cilla, à quoi jouait-il ? Elle fit un pas en arrière pour qu'il arrête de la toucher.
— Enzo Solace.
Ce nom ne leur semblait pas inconnu.
— Où vit-il ?
— Dans la Meute Eclipse.
Impossible qu'ils ignorent qui était cette meute.
— Elle ment, siffla Hunter.
— Pourquoi mentirais-je sur ce sujet ? s'agaça Cassandra.
— Ma maman elle ne ment pas ! s'énerva aussi Raphael.
Il s'agrippait à ses jupes, mais pas comme un enfant apeuré, plutôt comme s'il se retenait pour s'empêcher de se jeter sur les adultes. Raphael avait toujours été un enfant très colérique, Cassandra faisait de son mieux pour lui apprendre à gérer cette émotion, mais ce n'était pas toujours évident. Elle voulait que son fils soit épanoui, il fallait trouver le juste milieu entre contenir sa colère pour ne blesser personne, et la laisser s'exprimer pour ne pas se blesser soit même.
— Je me fiche que vous me croyiez ou non, cingla-t-elle.
— Comment es-tu tombée enceinte ? reprit Nikolai.
Cette fois-ci, son visage rougit de gêne plus que de colère.
— Je croyais que tu savais comment on faisait les enfants.
Il plissa les yeux vers elle, l'air amusé.
— Dans quelle condition, femme, pas de détail biologique.
Comme elle n'avait aucune raison de le cacher, elle haussa juste les épaules et posa les mains sur les oreilles de son fils.
— On vivait ensemble, dans un petit appartement sur les terres de la Duchesse de Flavia, personne ne m'avait expliqué comment on faisait les enfants, à moi, je l'ai découvert un peu tardivement.
Elle voulait faire comme si ça l'importait peu, mais en vérité, cette découverte l'avait ébranlé. Il était simplement malheureux de constater qu'il n'était tout simplement pas venu à l'esprit d'Enzo qu'elle puisse ne pas prendre de contraception. Elle esquissa un sourire amer, intérieurement. Enfin, ce n'était pas comme si ça pouvait se reproduire. L'homme qui l'avait accouché s'en était assuré, et lui avait posé un stérilet en cuivre – sans son consentement.
Cassandra referma les bras autour de son torse.
— On peut y aller maintenant où tu vas aussi me demander un certificat de naissance ?
— C'est une idée, provoqua Nikolai, mais il n'eut pas le loisir d'aller plus loin.
— Je peux savoir pourquoi vous embêtez ma décoratrice d'intérieur ? siffla l'accent chantant de Kana.
Cassandra regarda la serveuse arriver, elle était grande et élancée, une peau olivâtre et de longs cheveux brun, raide comme des baguettes. Elle portait un jean moulant que Cassandra jugea complètement indécent, bien qu'il lui aille magnifiquement – elle aurait aimé avoir autant de confiance en elle – et un chemisier qui laissait deviner son soutien-gorge rouge. Indécent.
— C'est ma décoratrice, râla Nikolai en posant une main sur la tête de Cassandra qui commencer à être vraiment fatigué.
Le regard de Kana se posa sur elle, jaugea ses vêtements froissés et plein de terre puis ses cheveux probablement décoiffés. Elle fronça les sourcils et son regard de vipère se fixa sur Nikolai. Cheveux en bataille, feuille coincée entre ses mèches longues, vêtement froissé. Kana fit la moue.
— Vous avez couché ensemble.
Oh pitié, que quelqu'un l'enterre !
— Non ! s'indigna Cassandra en reposant ses mains sur les oreilles de son fils qui soupira longuement.
Nikolai la regarda en haussant un sourcil.
— On a juste fait un câlin improviser dans la forêt et...
Nikolai s'étouffa à moitié en lui posant une main devant la bouche, et tout le monde lui lança un regard choqué.
— Ce qui Cassandra veut dire, c'est qu'elle a rencontré mon ours.
Kana plissa les yeux de mépris à son encontre.
— J'espère que ce n'est pas un nom de code pour ton asticot, grommela-t-elle.
Cassandra poussa un glapissement et la prise de Nikolai sur sa bouche s'accentua jusqu'à ce qu'elle ait la tête collée à son torse.
— Ça, tu ne le sauras pas, répliqua-t-il, n'ayant de toute évidence aucune intention de clarifier cette méprise.
Cassandra se tortilla jusqu'à ce qu'il consente à la lâcher.
— Pas du tout, rougit-elle, nous n'avons absolument rien... enfin nous n'avons pas... avec lui ? Jamais !
Elle entendit distinctement un sifflement de douleur, quelques parts parmi leur public attentif, et Nikolai lui lança un regard outré.
— Comment ça, jamais ?
Oh, mais par Elstrya, ne pouvait-il pas se taire à la fin ! Il la mettait vraiment dans une situation embarrassante !
— Ce... ce n'est vraiment pas le moment, grommela-t-elle.
Il renifla et grogna pour toute réponse et elle songea que ça lui avait presque manqué ce manque de communication de sa part.
— Sinon, intervint Hunter, que Cassandra avait presque oublié – presque. On était en train de se questionner sur la provenance du bébé changelin de notre noble Cassandra.
Kana haussa un sourcil et regarda Raphael, qui lui sourit de toute ses dents manquantes, elle fit de même, exhibant deux crocs de vipère.
— Raphael ? C'est le fils d'Enzo, tu sais, Hunter, le lieutenant de la Meute Eclipse.
— Mon papa il est lieutenant, répéta fièrement le petit.
Hunter perdit contenance, et Lilith lui prit la main. Cassandra, elle, commençait à manquer de patience.
— Alors tout va bien si je suis une mère célibataire tant que mon ex compagnon est un homme influent, c'est ça ?
Nikolai posa une main sur sa tête, encore, et elle s'en sentit étrangement apaisée.
— Ça n'a rien à voir avec ton statut marital, seulement avec notre histoire commune, cesse de dire n'importe quoi. Bien sûr qu'on te préférerait sans engeance du diable, mais on ne va pas remettre en question tes compétences parce que tu as eu le mauvais goût de tomber enceinte.
Cassandra le fusilla du regard, Kana aussi, elle semblait détester Nikolai pour une raison qui échappait à l'humaine.
Tarik se racla la gorge.
— Maintenant que cette question est bouclée, Hunter... excuse-toi auprès de notre décoratrice, tu as été insultant.
Hunter serra la mâchoire et les poings et après un temps qui parut durer une éternité lâcha un pauvre « désolé » avant de tourner les talons. Lilith poussa un petit soupir peiner en se frottant le ventre démesurément rond et après un regard curieux vers Cassandra, suivit son compagnon.
Cassandra se passa la main sur le visage, fatigué.
— Si c'est tout, je vais rentrer.
Rien que de penser a tout ce qu'elle aurait à faire une fois chez elle, Cassandra se sentit épuisée. Elle devait encore nourrir son fils, lui faire prendre son bain, le coucher, si ce petit diable daignait se coucher, et tant d'autre chose alors qu'elle ne rêvait que de son lit.
— Je te raccompagne, fit Nikolai en lui emboîtant le pas.
— Non !
Il la dévisage et elle se passa la main sur le visage.
— Je veux dire, ça va aller, ce serait inconvenant.
— Inconvenant ? répéta-t-il sans avoir l'air de comprendre.
Cassandra lui désigna tous ceux qui les observaient avec beaucoup d'intérêt, mais comme Nikolai ne sembla pas saisir elle lui attrapa la main – bon d'accord, elle ne saisit en réalité que deux doigts ses mains étaient trop grande pour elle – et l'éloigna en traînant son fils derrière elle. Il avait vraiment de très grandes mains, chaudes, sèche et calleuse dans lesquels sa propre main délicate semblait minuscule. Cassandra avait toujours aimé ses mains délicates, sa mère disait que c'était là la marque d'une fille de bonne famille, mais depuis qu'elle n'avait plus de domestique et devait tout faire toute seule ses jolies mains c'était dégradé. Pourtant dans celle de Nikolai elles avaient toujours l'air fragile et les siennes était si immenses elle se demandait ce qu'il pouvait empoigner avec...
Oh non non non ! Elle refusait de penser à ça.
— Je veux dire, se reprit-elle, une fois à distance d'oreille raisonnable. Que votre meute s'imagine déjà qu'on... enfin vous voyez ! rougit-elle.
— Que l'ont fait des câlins dans les bois, sourit-il de toute évidence pas du tout embarrasser à cette perspective.
— Tout à fait, je préférerais éviter que la rumeur se répande et...
— Donc tu préfères que je te laisse rentrer seule.
Soulagée de voir qu'il était raisonnable, elle lui sourit en hochant la tête.
— Tout à fait je suis contente que l'ont soit sur la même longueur d'onde je vous dis donc bonne nuit et aaaah !
D'une poigne ferme, il venait de la soulever de terre pour la faire atterrir sans ménagement sur son épaule. Ouch.
— Nikolai ! s'indigna-t-elle d'une voix aiguë.
— Tu tes perdues en voulant fait cinq cents mètres et tu penses que je vais te laisser retrouver ton chemin, seule, de nuit, jusqu'à une ville mal famée ? Tu rêves, femme.
Il se mit à marcher.
— Nikolai !
— Inutile de protester, je suis peut-être un goujat, mais je suis un goujat bien éduqué.
Oh bon sang, elle sentait qu'il ne la laisserait plus jamais en paix avec ça, sauf que ce n'était pas le sujet.
— Nikolai, mon fils ! Vous êtes en train d'oublier mon fils !
— Eh merde !
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Je suis particulièrement fière de cette fin de chapitre, quand elle m'est venue elle m'a tordue de rire et je rie chaque fois que je la lit X)
Et le prochain chapitre, je viens de finir de l'écrire, c'est une masterclass vous êtes pas prêt !
En attendant, j'espère que ce chapitre vous aura plus ! N'hésitez pas comme d'habitude à laisser votre petit avis en commentaire !
Je vous dis à la semaine prochaine (à l'heure cette fois, j'espère)
Kiss
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