Chapitre 11.

Le lendemain sept heures pétantes Nikolai était à sa porte. Mais cette fois-ci, Cassandra était déterminée à se rendre sur les lieux sur ses propres jambes. Elle esquiva habilement la main de l'ours et prit le chemin de la Grande Maison.

Il la laissa patiemment marcher, puis quand il décréta qu'elle était trop longue, il la jeta de nouveau sur son épaule sans qu'elle ait pu lui échapper. Résignée à être traitée comme un sac à patates, Cassandra se contenta de soupirer. Il n'y avait pas à dire, cet homme n'avait absolument aucune manière. Mais Cassandra savait choisir ses combats, et clairement, elle ne pouvait pas se battre contre Nikolai, elle accepta donc sagement d'être trimballée, ce jours-ci et les jours suivants. Terminer d'isoler la pièce leur prit une journée de plus, et ils purent commencer le lendemain à faire la peinture.

— Tu comptes peindre dans cette tenue ? demanda l'ours d'un air critique.

Cassandra baissa les yeux sur sa robe la plus moche et la plus vieille, un jupon marron délavé et rêche et un corsage râpé sous laquelle elle avait mis une chemise.

— Hum... oui ?

Dans son ancienne agence, il lui fournissait une sorte de robe en plastique pour se protéger, mais elle n'en avait pas trouvé, alors elle s'était résolue à sacrifier cette robe, alors même qu'elle en manquait cruellement.

— Ne bouge pas je vais te trouver quelque chose de plus convenable.

Il disparut et revint une minute plus tard vêtue d'un bleu de travail et il lui en tendit un qui avait l'air à sa taille. Elle s'empourpra.

— Il est hors de question de je mette ça ! s'exclama-t-elle.

Il haussa un sourcil.

— Pourquoi ?

Oh, il allait se moquer d'elle, c'était certain.

— C'est un vêtement d'homme ! murmura-t-elle outragée.

Il la dévisagea froidement.

— Je t'assure que tu n'as pas besoin d'une paire de couilles pour porter ça.

Elle se sentit rougir jusqu'aux oreilles, autant à cause de sa moquerie qu'à cause de sa vulgarité. Nikolai avait eu le temps de se rendre compte qu'elle était assez prude, et il ne se gênait pas pour prononcer des mots indécents dès qu'il en avait l'occasion juste pour l'embarrasser.

— C'est juste que...

Elle chiffonna sa jupe entre ses doigts.

— Va te changer, femme, qu'on puisse commencer la peinture, je t'ai vu en pyjama, et entre nous, une jupe ou un pantalon, je n'en ai rien à faire.

Cassandra pinça les lèvres, mais accepta finalement le vêtement. Elle avait trop besoin de ce travail et puis... il avait raison, ce n'était jamais qu'une combi-pantalon, plein de femmes portaient des pantalons, c'était très moderne...

Mais pas elle ! Oh ciel, si ses parents la voyaient, ils seraient mortifiés. Une fois le vêtement passé elle se força à retourner dans la chambre des enfants, l'air digne. Nikolai l'attendait et lui jeta à peine un coup d'œil avant d'aller ouvrir les pots de peinture.

Elle avait choisi les couleurs lors de leur matinée de shopping, elle avait bien essayé de l'inclure dans le choix, lui demandant s'il préférait telle ou telle nuance de lilas, mais il l'avait froidement dévisagé en grognant jusqu'à ce qu'elle prenne elle-même la décision.

— On commence par le haut du mur, indiqua-t-elle en grimpant sur l'escabeau.

Après le premier jour des travaux, elle avait insisté pour qu'il en achète un. Grimper sur les épaules de l'ours était beaucoup trop embarrassant. Les travaux reprirent dans le calme, Cassandra avait toujours trouvé apaisant de peindre les murs, la peinture adhérait toute seule avec facilité, c'était comme faire du coloriage.

Nikolai avait menti. Il ne se fichait pas du tout qu'elle porte une jupe ou un pantalon. Enfaîte, maintenant il comprenait qu'elle préférait ne pas porter de pantalon. Ciel, cette femme avait un de ces culs ! Oh, évidemment, il ne l'avait pas regardé exprès, était-ce sa faute si elle lui agitait le popotin sous le nez, perchée sur son escabeau ? Il n'était qu'un homme !

Le bleu de travail lui avait semblé être une bonne idée, sur le coup, pour qu'elle n'abîme pas sa robe, il avait pris celui que Lilith avait porté pour aider aux travaux. Seul problème, si Cassandra n'était pas beaucoup plus petite que Lilith, elle avait quand même plus de forme, et le vêtement qui avait été trop grand pour l'une était parfaitement cintré pour l'autre et c'était... hypnotisant.

Elle descendit de l'escabeau pour reprendre de la peinture et il fit mine d'être parfaitement concentré sur son pan de mur. Il la regarda à la dérober avec son petit air sérieux et ce fut plus fort que lui. Il tendit son pinceau vers elle et dit :

— Tu as de la peinture juste là.

Elle tourna la tête et le pinceau lui atterrit sur la joue, lui laissant en effet une belle trace de peinture lilas. Cassandra lui lança un regard choqué et il haussa les épaules.

— Oups, dit-il pas du tout désolé.

Et contre toute attente, elle lui mit un coup de rouleau sur la main. Surprit il la dévisagea.

— Tu viens de me peindre sur la main ? demanda-t-il d'un air mécontent.

Mais elle ne se démonta pas.

— Vous m'avez peint sur la joue !

— Je ne l'ai pas fait exprès, mentit-il ouvertement.

Elle ouvrit la bouche, et il lui mit un autre coup de pinceau, mais elle s'écarta et il ne toucha que son bleu de travail.

— Ça suffit ! s'exclama-t-elle en l'attaquant de nouveau avec son rouleau plein de peinture.

Le mouvement fit gicler de la peinture jusqu'à sa barbe.

— Ça va être un enfer à nettoyer ! se plaignit-il.

— Ça vous apprendra !

— Tu ne dirais pas ça si je te mettais de la peinture dans les cheveux ! rétorqua-t-il en se précipitant vers elle l'air menaçant.

Cassandra poussa un petit cri entre la peur et le rire, et tenta de lui échapper, mais le pinceau lui atterrit tout de même sur une mèche qui s'échappait de sa queue de cheval. Puis, sans pouvoir s'en empêcher, elle répliqua. Ce n'était pas logique, ce n'était pas convenable, mais c'était la seule chose à faire quand un ours mal léché vous attaquait à coup de peinture !

Elle commença à peindre sur son bleu de travail et il tenta de l'en empêcher en tendant la main, qu'à cela ne tienne, elle peignit sa main tout entière, mais quand il tenta de l'attaquer à nouveau, elle fit un pas en arrière. Sauf qu'elle trébucha sur son propre pied et la bâche étendue pour protéger le plancher glissa. Elle poussa un cri en se sentant tomber en arrière. Nikolai tendit vivement la main et la saisie à la gorge, mais au lieu de l'empêcher de tomber il accompagna sa chute et elle atterrit avec douceur sur le plancher. L'immense changelin était agenouillé au-dessus d'elle, les jambes de chaque côté de ses hanches, sa grande main couvrant toute sa gorge et son pouce et son indexe lui tenant la mâchoire.

— Tiens-toi tranquille, ordonna-t-il en commençant à lui peinturlurer le front avec son pinceau.

Elle aurait bien voulu se débattre, mais il la maintenait fermement par la mâchoire, sans pour autant lui faire mal.

— Espèce de brute, s'indigna-t-elle en lui saisissant les poignets.

Son rouleau avait disparu elle ne savait où et elle ne pouvait même pas répliquer ! Sur ses paroles distinguées, la porte s'ouvrit et Nikolai cessa de lui peindre sur le visage pour regarder l'intrus. Comme la porte était juste au-dessus de sa tête, Cassandra la releva pour découvrir, à l'envers, Neo. En une semaine elle avait eu le temps d'apprendre le nom des quelques membres de la meute, Neo était un jeune homme sympathique, même si elle aurait été bien en peine de deviner son animal : il ne laissait rien paraître.

— Euh... dit-il d'un ton mal assuré en avisant Cassandra, puis Nikolai, puis leur position.

Cassandra réalisa à quel point elle était compromettante ! Ce n'était pas acceptable pour une jeune femme bien née de laisser un homme au-dessus d'elle de la sorte, s'il n'était pas son époux et elle rougit jusqu'à la pointe des oreilles.

— J'avais une question à vous poser, mais maintenant j'en ai deux.

— Neo, menaça Nikolai sans faire mine de se relever ou de la lâcher.

— La première fit Neo en l'ignorant joyeusement. Cassandra, est-ce que tu as besoin que je vienne te sauver ? Tu n'as rien à craindre de lui je ne le laisserais pas te faire du mal.

De plus en plus mortifiée, Cassandra aurait voulu disparaître six pieds sous terre.

— Elle va bien, grogna Nikolai d'un air mauvais.

Neo le fusilla du regard.

— Ce n'est pas à toi que je m'adresse.

— Ça va, répondit la jeune femme avant que la situation ne s'envenime. On était juste en train de... en train... enfin... on...

Mince, il faisait quoi au juste ?

— Vous jouiez avec la peinture comme des gosses de quatre ans, suggéra Neo.

— Eum... oui, bien résumé.

Cassandra rougit de plus belle en poussant la main de Nikolai qui bougea enfin. Mais il n'enleva pas sa main, il se leva, et la tenant toujours par le cou et la mâchoire, la remit sur ses pieds sans lui faire le moindre mal.

Elle en resta un instant pétrifiée, réalisant avec un temps de retard à quel point elle avait été vulnérable entre ses mains, sur ce plancher. Il l'avait entraîné au sol sans problème, l'avait maintenu sans effort. Il aurait pu lui briser la nuque, lui écraser la trachée ou pire... lui écarter les cuisses pour la violenter. Elle frissonna alors qu'il lâcha la gorge. Elle ne cessait d'oublier que cet homme était dangereux.

— Bien, fit Neo, la ramenant au présent.

Elle se tourna vers lui et il écarquilla les yeux en découvrant sa face pleine de peinture, ouvrit la bouche un instant, jeta un coup d'œil à Nikolai puis regarda de nouveau Cassandra avec un sourire idiot.

— Ma deuxième question était : est-ce que vous avez faim ? Nash et Nahila se sont alliés et nous ont préparé des tacos.

Alors qu'il demandait, le ventre de Cassandra se tordit, lui indiquant qu'en effet elle avait faim. Elle jeta un coup d'œil à Nikolai.

— On arrive, affirma Nikolai.

Neo hocha la tête et repartie en fermant la porte derrière lui.

— Hum, bon, on n'a pas fait trop de dégât, marmonna Cassandra en faisant mine d'observer la pièce pour oublier qu'elle avait...

Qu'elle avait quoi, d'ailleurs ? Jouer avec un ours ? Bon sang ! Neo avait raison elle s'était comporté comme si elle avait quatre ans !

— Je crois que je ferais mieux de me débarbouiller, soupira-t-elle.

— Non.

Hein ?

— Hein ?

— J'ai faim, allons manger tout de suite, tu vas mettre des plombes à te nettoyer et après il n'y aura plus rien.

Il lui attrapa le poignet pour l'entraîner derrière lui et Cassandra grommela quelque chose au sujet des ours mal léché et grosse brute par-dessus le marché. Cela dit, il avait raison, la peinture allait être une horreur à enlever, autant le faire le ventre plein.

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Hello mes louveteaux !

Le chapitre suivant est mon préféré pour l'instant !

j'espère que celui ci vous aura plus et je vous dis à la semaine prochaine !

Kiss


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